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Fr 44.2

Harvard College Library

AUG 28 1912
Gift of

Prof. A. C. Coolidge

DE

L'ACADÉMIE NATIONALE DE REIMS

SÉANCE PUBLIQUE

Du JEUDI 17 JUILLET 1873 (1).

DISCOURS D'OUVERTURE

Prononcé par M. l'abbé TOURNEUR, PRÉSIDENT ANNUEL.

Messieurs,

1. Trois années se sont écoulées depuis que l'Académie se réunis ait pour la vingt-huitième fois en séance solennelle. Tout alors semblait lui sourire!

(1) Autour du bureau se pressaient sur l'estrade, avec les membres titulaires, un grand nombre de correspondants accourus du dehors pour cette solennité. Des places d'honneur étaient occupées par les autorités et notabilités de la ville, Parmi lesquelles on distinguait M. le sous-préfet, M. le président du tribunal civil et M. le procureur de la République, M. le maire, MM. les colonel et lieutenant-colonel du 79e de ligne, MM. les vicaires-généraux, M. le président du comice.

Elle écoutait son président annuel (1), démontrant quels nombreux services l'industrie rémoise peut tirer des sciences, des arts et de vos autres travaux académiques: et vous vous demandiez ce que vous deviez admirer le plus, ou l'expérience consommée de l'industriel, ou la forme si littéraire et si pure dont il savait revêtir sa pensée.

Quelques jours s'écoulent, et voilà la guerre essayant de nous fasciner par son décevant mirage! Mais hélas! le canon de Froschwiller a trop tôt dissipé nos illusions et ouvert dans nos cœurs français. des blessures qui saigneront toujours ! Ce n'est point assez l'histoire nous envahit et se déroule sous nos yeux. Reims est devenu un camp; Courcelles, désormais historique, décide de nos destinées; notre armée s'enfonce dans le nord-est, attirant ainsi sur les malheureuses Ardennes tous les fléaux. Falaise et Voncq sont détruits, Beaumont est surpris, Bazeilles brûlé; et Sedan donne pour les siècles à venir son nom, jusque-là sans tache, à un second Waterloo, plus lamentable que le premier.

Le 3 septembre 1870, nous nous endormions avec l'espérance! Dès le 4 septembre, au matin, les

agricole et plusie urs membres du conseil général et du conseil d'arrondissement.

Après le compte-rendu des travaux fait par le secrétairegénéral, M. Soullié a lu une ode sur la Saint-Barthélemy. Après la lecture des rapports sur les divers concours et la distribution des médailles, deux morceaux de musique de la composition de l'un des lauréats, M. H. Dallier, ont été entendus avec le concours de Mine Vidal, ancienne élève du Conservatoire, et de deux amateurs de cette ville.

(1) M. S. Dauphinot, maire de Reims, député depuis 1871.

hulans pénétraient dans nos rues. C'est alors que votre ancien président, tout entier aux préoccupations et à l'effrayante responsabilité d'un maire de Reims, se dévouait pour sauver du moins notre honneur, quand on ne pouvait déjà plus sauver autre chose !

C'en est fait le palais qui nous abrite est devenu le quartier général de l'invasion et la demeure provisoire du futur empereur d'Allemagne. Ici, où nous sommes, les fanfares ennemies célèbrent nos défaites; et de la salle de nos séances, transformée en bureaux, partent à tout instant ces ordres qui vont porter autour de nous la désolation et la ruine! Alors, nos réunions sont rendues impossibles pendant dix-huit mois !... Il fallut attendre trois années avant de reprendre le cours interrompu de nos séances publiques.

Ah! qu'elle passe, qu'elle passe bien vite, cette histoire contemporaine! Ce n'est point à nous qu'il appartient de la raconter. Puisse-t-elle, du moins, nous rapporter bientôt l'union, la paix, la concorde et la réparation complète de nos désastres! Messieurs, puissions-nous, dans notre sphère d'action, y contribuer autant que nous le désirons tous, par l'accomplissement de notre paisible tâche !

En étudiant les discours prononcés devant vous, j'ai remarqué que chacun de vos présidents annuels choisissait, comme d'instinct, le sujet le plus conforme à ses goûts et à ses études spéciales. L'un vous parlait des lettres, l'autre des arts, l'autre de l'histoire locale, l'autre de l'industrie. Elle vibre encore à vos oreilles, cette parole éloquente et sympathique, qui vous racontait naguère les grandes ac

tions d'Hincmar et les origines de la monarchie carlovingienne. Pourquoi, au même titre, ne viendrais-je pas vous entretenir aujourd'hui d'archéologie et d'histoire? C'est sous leurs auspices que l'Académie daignait m'accueillir, il y a vingt-neuf ans; c'est pour un travail archéologique sur les vitraux de Notre-Dame de Reims, qu'elle voulait bien m'honorer d'une récompense en 1856. Comment relierai-je mieux, au sein de l'Académie, mon passé au présent et à l'avenir, qu'en vous parlant d'archéologie et d'histoire?

II.

L'Histoire et l'Archéologie! Ne séparons jamais ces deux sœurs, car elles sont nées pour vivre ensemble. Appuyées l'une sur l'autre, elles se grandissent, elles s'illustrent réciproquement; ce serait les diminuer de beaucoup que d'essayer de les désunir.

L'histoire ne sera-t-elle pas plus saisissante et même plus vraie, quand je verrai de mes yeux le théâtre des faits qu'elle me raconte ? Le monument m'intéressera par ses beautés architecturales et plastiques! Mais, si l'histoire vient me raconter, par son organe, les faits dont il a été le témoin, il s'élèvera promptement jusqu'à l'éloquence; il aura une voix pour me toucher.

Notre cathédrale est émouvante par sa grandeur, par sa majesté. Qui en doute ?... Ajoutons-y les souvenirs de l'histoire, elle deviendra attendrissante et sublime. Sur cette dalle a prié celle dont Reims attend encore la statue, Jeanne Darcq, présente au sacre de Charles VII; c'est ici que brillait à l'honneur l'étendard par elle exposé au péril dans tant de

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