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Nous présenterons d'abord une lettre du savant André du Chesne, adressée de Paris, le 12 février 1627, à Rogier, prévôt de l'échevinage de Reims, pour le remercier de son mémoire sur l'élection du Cardinal Briçonnet à l'archevêché.

<< Monsieur j'ay receu vostre mémoire concernant l'élection du Cardinal Briçonnet en l'archevêché de Rheims, avec vos lettres dont je vous remercie trèshumblement. M. Noiron (1) a prins la peine de me les rendre et de me chercher à diverses fois pour ce que j'aye changé de logis à ce commencement de l'année, et suis bien marry de la peine qu'il a prinse. J'eusse fort désiré avoir l'honneur de le voir avant son départ, mais il a esté un peu pressé. J'attends encore quelques pièces de l'abbaye de Saint-Remy de Rheims, avant que de mettre à bon escient la main à l'ouvrage, car j'ay esté retardé de commencer par mon déménagement, et à cause de la quantité de mes livres qui m'ont consumé beaucoup de tems à les transporter et ranger. Mais j'espère commencer en caresme avec la grace de Dieu, et si l'occasion se présente de vous consulter en quelques difficultés, je vous prie l'avoir agréable. De quoy je me sou

(1) Conseiller de ville, envoyé par le Conseil à Paris, pour affaires dudit Conseil, notamment avec le Conseiller d'Etat Henri Pussort.

viendray au lieu de l'histoire où je me serviray de votre travail. Et sur ce je demeure, etc.

>> DUCHESNE >>

II.

Vient ensuite une lettre de l'académicien Perrot d'Ablancourt, dont les autographes sont excessivement

rares.

Monsieur, j'ay beaucoup d'obligation à votre courtoisie de la faveur qu'elle me fait, et le public en aura beaucoup à M. Blanchard de la peine qu'il se donne. Je sais si peu de choses, que je ne mérite pas que ni l'un ni l'autre se souvinst de moy, aussi prens je cela plus tost pour un honneur qu'on rend à ma famille qu'à ma personne. J'ay dressé un mémoire tel que vous me l'avez demandé : j'y ajouteray seulement que la famille des Desforges, dont je suis du costé de ma mère, est assez ancienne, et qu'on en pourra prouver la noblesse depuis près de deux cents ans il y en a même pour la robe des Lieutenants-Généraux dans la province il y a plus de cent ans ou six-vingt ans. Mais je croy qu'il n'est pas besoin de faire mention de cela, c'est pourquoi je ne l'ay pas mis dans le mémoire. Je suis, etc.

A Ablancourt, ce 20 décembre.

» PERROT.

>> Je vous demande la permission de mettre icy des baisemains pour M. du Bouchet: il scait assez que je suis son serviteur. »

III.

Voici maintenant la lettre de Linguet: Je ne crois pas qu'on puisse publier une lettre plus curieuse à son sujet et où il montre plus de naïf orgueil.

Je suis impertinent, Monsieur, par obéissance: je rougis des louanges dont je m'affuble sur le chiffon ci à côté. Mais vous l'avez exigé, vous m'avez constitué votre secretaire, et j'ai tâché de readre vos idées plus tost que les miennes. Je n'ai dit que ce que je vous ai entendu dire de mon épitre.

Je vous ai toujours mille graces de l'intérest que vous prenez à moi : il y a des gens auprès de qui je n'ai pas si bien réussi. Le journaliste encyclopédique qui m'avait déjà lâché un libelle dont le Mercure vient de redoubler dans sa propre feuille avec un acharnement indécent, même aux yeux des personnes désintéressées il m'en promet encore autant pour le mois prochain. Il m'a dit poliment, en propres termes, que je suis un plat écrivain, un traducteur niais, et un imbécille.

» Je vois que dans le chemin de la littérature comme dans celui du ciel il faut s'accoutumer de bonne heure aux attaques du malin esprit. La seule différence que j'y trouve, c'est que le rituel donne des exorcismes contre les diables de l'enfer, mais il n'y a en ce point rien contre ceux de la littérature. Je vous prie de me faire scavoir des nouvelles de votre santé qui m'intéresse bien vivement: votre amitié que vous m'avez promis me dédommagera des tracas insépa

rables des succès littéraires quelque petits qu'ils soient.

J'ai l'honneur, etc.

» Linguet. »

Et à la suite de cette lettre est ce qui suit:

« Aux nouveautés dont j'ai rendu compte à V. M. j'ai cru devoir en joindre une qui ne lui déplaira peut-être pas c'est l'ouvrage d'un jeune homme dont j'ai déjà eu l'honneur de lire, de vous envoyer et de vous indiquer quelques productions. Vous jugerez du ton de l'histoire qui y est annoncée par celui de cette Epitre Il m'a paru noble, dégagé et tout à fait dans le goût du seigneur de Ferney: il doit par conséquent être du votre, et je n'ai point hésité à me rendre caution envers l'auteur que vous voudriez bien accueillir son présent avec bonté.

» Si V. M. voulait, par la suite, recruter son académie d'un sujet capable de lui faire honneur, je crois qu'Elle le trouverait dans M. Linguet qui, de sa part serait extrêmement flatté de s'y voir associé. Le barreau auquel il commence à se livrer avec distinction ne lui a pas encore fait oublier entièrement la littérature, et malgré ses occupations, il serait assez laborieux et assez reconnaissant pour enrichir de tems en tems de quelque morceau de sa main les recueils de l'Académie. »

IV.

La lettre qui suit du roi Charles VI est une pièce d'un grand intérêt historique pour Reims : nous l'avons copiée dans la vente d'Hervilly, et elle a été achetée par M. le baron Feuillet de Conches. Elle est écrite sur parchemin in-quarto oblong.

a De par le Roy. -Chiers biens amez, vous scavés assés comment nostre-ancien ennemy et adversaire d'Angleterre s'est appresté pour monter en mer et descendre brefvement en nostre royaulme à toute sa puissance pour grever et destruire de tout son pouvoir nous et nos subgés et autres, scavés que plusieurs bannis de nostre dict royaulme et autres sont enserable par manière de compaignies en diverses parties de nostre dict royaulme, et font tous maulx qu'ennemis peuvent faire et mettent peine de prandre et desja en ont de fait plusieurs prinses tant és mettre (sic) de par là comme en aultres en divers lieux; par quoy est nécessaire de pourvoir hastement à ces choses et aux dommages irréparables qui en pourroient venir. Et pour ce avons ordonné par délibération de nostre grant conseil de envoier pour la sureté dudict pais dix gentilshommes à nos gaiges au chasteau de porte Mars. Mais afin que vous n'aiez ou doyez avoir ymaginaison que nostre entencion ait esté ne soit de vouloir mestre garnison en nostre ville de Rheims ne oudict chastel, ainçois la vouloir préserver à nostre pouvoir de tous inconvénients et dommaiges, Nous,

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