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de Verzy n'auraient-ils pas été attirés en ces lieux déserts par la réputation de sainteté que s'était acquise l'ami et l'émule de leur maître ?

L'histoire nous a conservé très-peu de choses concernant Epinois; nous savons par le plus ancien Pouillé qu'il était annexe de Bergnicourt. Un chemin direct existait, en effet, entre les deux localités; le plan cadastral le désigne encore sous le nom de vieille voie de Bergnicourt. Mise en culture depuis un temps immémorial, cette voie reliait certainement l'annexe à la paroisse matrice; une légère attention aux terres qui la longent ou qui y aboutissent, la font reconnaître de suite et sans peine.

Nos investigations ne nous ont rien procuré sur Epinois avant la seconde moitié du XIIe siècle. Une charte de 1166 porte le signe de Henri de Spineto. Le fils de Witer, Hugues de Rethel, dit le moine, donnait par cet acte, « à Saint-Remi, 40 sous de revenu sur Tanion, ses propriétés de Gerson, ses droits sur les moulins de Rethel, deux étangs à Juniville et le four de Saint-Souplet » (1).

Le chapitre IV no 1 nous fera connaître la part prise par deux sieurs d'Espinoy aux démêlés du comte de Rethel avec l'archevêque de Reims, vers 1263.

Nous trouvons la mention d'un Renaus d'Espinoy vers 1325. En 1365, Ogier d'Unchair, désirant être enterré dans l'église d'Espinoy, laissait 8 liv. par. à Mer Saint-Denis de Reims, 10 liv. de pitance au même couvent et un demi-muid de seigle à prendre à perpétuité sur la terre d'Espinoy pour y célébrer deux messes à son intention.

(1) Varin, Arch. adm., tome I, p. 346.

Le 16 mai 1382, Marie de Saponay, sœur d'Ogier, donnait aussi à Saint-Denis sa terre d'Espinoy, contenant environ 20 livrées, avec jouissance viagère en faveur de Girard de la Bellière. Le 12 janvier 1387, les religieux en prirent possession en présence de Démangel-Logart, mayeur d'Espinoy, de Poncelet et de Jean le taignon, échevins, et des officiers du comté de Rethel, auquel la haute justice appartenait; la moyenne et la basse étaient la propriété de Saint-Denis. Au mois de mai 1389, le comte Philippe' délivrait à la même abbaye 16 livrées de terre à Espinoy, mais données depuis longtemps par Marguerite de Saponay. Les religieux doivent célébrer, le 2 janvier et le 2 juillet, deux messes, l'une du Saint-Esprit et l'autre pour les parents trépassés du comle. Cel acte réserve formellement la haute justice et autorise les religieux à établir un maire et d'autres officiers de moyenne et basse justices. Ces particularités nous révèlent qu'alors Espinoy était une communauté parfaitement organisée, jouissant des franchises municipales et s'administrant elle-même. Le personnel des trois justices y paraît au complet : le maire des religieux n'était pas un magistrat tel que nos maires actuels, mais un fondé de pouvoirs pour recevoir leurs deniers et défendre leurs droits (1).

Les dimes de l'annexe d'Epinois se partageaient entre l'abbaye de Saint-Denis et le Chapitre métropolitain de Reims. La part de celui-ci était affermée en 1673 20 septiers de seigle et d'avoine par moitié. Au chapitre VII, n° 4, nous parlerons du droit du curé de Bergnicourt sur les mêmes dîmes.

(1) Bib. de Reims, fonds de St-Denis, Espinoy, boîte 102.

En 1522, le village devait encore exister, puisqu'il payait alors à l'archevêque de Reims le droit, dit de poyture, sur les poids et mesures. Cependant, le Pouillé de 1481 le mentionne comme détruit ou réuni. Cette divergence peut provenir de ce qu'en 1522, il restait encore quelques maisons échappées à la ruine. Mais, vers 1561, le procureur du Rethélois ne fit saisir que la terre d'Espinoy comme garantie des réparations à exécuter aux moulins de Bergnicourt et du Châtelet, détenus par les religieux de Saint-Denis. Les Indices d'élections de Champagne et le Dictionnaire des Gaules, d'Expilly, diront désormais que le territoire d'Epinois est joint à celui du Châtelet. Néanmoins, nous doutons qu'Epinois ait jamais fait partie de notre prévôté, et par conséquent du Rethélois son terroir fut partagé entre les trois limitrophes du Mesnil, de Bergnicourt et du Châtelet. Par honneur pour le chef-lieu de la prévôté, ou peut-être même par ignorance, les documents, inexacts sur ce point, ont indiqué ce terroir comme réuni à celui du Châtelet seul. Mais cette incertitude nous a paru un motif suffisant de comprendre cette localité disparue dans le plan de notre ressort prévôtal (IV).

CHAPITRE III.

Moulins, Fours.

1. Situation et histoire des moulins du Châtelet et de 2o Moulin et domaine de Mondrégicourt.

Bergnicourt.

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30 Fours.

1° Par ce qui précède, nous savons déjà que le Châtelet avait un moulin à l'intérieur de son enceinte, sur le Pilot, à l'entrée du village et avant la séparation des chemins qui conduisent à Tagnon, SaintLoup et Bergnicourt. La chaussée servait de digue à l'étang, alimenté par le ruisseau et le bras de la Retourne. Le territoire de Bergnicourt, qui s'étendait jusque sous les murs de notre château, possédait deux autres moulins sur la Retourne et connus l'un et l'autre sous le nom de Moulin de Bergnicourt. Le premier, que désormais nous appellerons supérieur, était assis près et en dessous de notre forteresse. L'aveu de 1669 en précise l'emplacement

près un quartel de terre entre deux eaux et un champ de 8 verges près la fontaine La froide eau. r Ce quartel de terre, désigné encore de la même manière, est une petite île au confluent du Pilot. Du reste, en cet endroit, la rivière est remplie de pièces de bois qui ont servi au moulin ou au pont qui y donnait accès. Une chaussée, dont il reste un tronçon près du chemin rural des Bouges, aboutis

sait à cette usine. La chaussiette partant du pont de la Retourne sur la route nationale no 51, descendait au moulin, traversait la rivière et remontait vers Bergnicourt par le chemin de Marie Bonnel. Quant à la froide eau, c'est aujourd'hui la fontaine de Saint-Nicolas; elle est située à l'endroit où le Pilot quitte subitement le sentier de Bergnicourt; elle fut plus considérable autrefois; des remblais l'ont forcée à sourdre plus bas. Ce moulin profitait donc de toutes les eaux de la Retourne et du Pilot. Le second moulin, que nous appellerons simplement de Bergnicourt, était situé près de cette localité. Enfin, un quatrième moulin était établi à Mondrégicourt. Nous réunirons d'abord ce qui concerne les trois premiers, puis nous résumerons l'histoire du dernier et nous terminerons par les fours (I).

Avant l'an mil, l'archidiacre Rogier avait fait don à Saint-Denis de Reims, du moulin de Bergnicourt, d'une masure et d'une ferme situées près de ce moulin et de moitié du moulin supérieur. Hugues I, de Rethel, avait, de son côté, donné à la même abbaye une maison et un alleu près de ce dernier établissement. Les religieux furent confirmés en ces diverses possessions par Manassès, archevêque de Reims (1100) et par son successeur Raoul (1124). Une charte de Manasses IV, de Rethel, fait supposer qu'en 1196, il était survenu quelque changement dans la propriété de ces immeubles. Le comte y dispose du moulin supérieur comme lui appartenant en entier. Il en concède à Saint-Denis la moitié ainsi que celle du moulin de la Pontolie, à condition que les religieux supporteront tous les frais d'entretien, partageront avec le prince et à égales parties le produit

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