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Remi. Cette séparation se nommait triage et provenait du cantonnement. Ordinairement le seigneur prenait le tiers des biens indivis et les deux autres restaient à la communauté. Vers 1669, une ordonnance royale accorda aux seigneurs le droit de demander le triage, quand leur concession était sans redevance et que les deux tiers suffisaient aux paroisses. Ces arrangements furent un vrai progrès en supprimant par le bornage la cause de tant de conflits, en permettant aux particuliers de clore leurs propriétés et en attribuant aux communautés des terrains moins vastes, sans doute, mais libres.

Dans les deux premières années de la République, il existait encore deux triages indivis entre le Châtelet et Bergnicourt; l'un, dit de la Madeleine, grevé d'une redevance de 400 liv. en dîmes, et l'autre, dit des Rapports. Ils suscitèrent de nombreuses difficultés jusqu'à la réd action du cadastre, qui fixa enfin nettement les limites des terroirs communaux.

2o Des biens communs appartenaient aussi à chaque paroisse. Chaque habitant était libre d'y cultiver ce que bon lui semblait, à charge seulement de payer un certain droit du genre de la dime ou terrage et proportionné à l'étendue du terrain exploité. Cependant, par exception, les habitants de Bergnicourt payaient leur redevancé sur la terre du Loup, soit qu'elle ait été vuide ou pleine, c'est-à-dire cultivée ou non. Cette mesure simplifiait les formalités et rendait la redevance bien plus faible. En l'an V et l'an VI, l'agent municipal du Châtelet requérait, du conseil municipal, « l'autorisation de faire arpenter, selon l'usage antique, avant la moisson la portion de terre que chacun des plus diligents ensemence à

volonté, afin de pouvoir exiger les deniers de la location, à raison de deux quartels par septier. » La portion laissée en friche était pâturée par les bestiaux de la communauté; les comptes annuels du syndic portaient aux recettes le revenu de ces locations.

Nos paroisses possédaient deux sortes de biens. communaux, les terres usagères et les prés-marais. Les Jours à Jallois du Châtelet doivent cette dénomination au mode de culture et de redevance que nous venons d'indiquer. Un setier de terre s'appelait indifféremment un jour de terre, et la mesure de redevance, mine ou jallois. Comine on donnait un jal lois de grains par chaque setier ou jour, on désigna naturellement le terrain communal par le nom de Jours à Jallois qu'il porte encore.

Ces aisances contiennent 135 setiers ou 81 arpents, (40 hect. 75); elles sont situées à l'extrémité sud-ouest du territoire. Une si belle propriété devait exciter la convoitise d'un habile et puissant voisin, le baron Poupart, de Neuflize. Se prétendant héritier de tous les droits des anciens seigneurs de Neuflize auxquels il succédait, ce nouveau propriétaire voulut s'appuyer sur les vieux dénombrements pour s'approprier les Jours à Jallois. Ce fut le 6 février 1817, qu'André Poupart fils assigna la commune en restitution dudit terrain, puis il en réclama le cantonnement en deux tiers pour lui et le reste pour la commune, et finit par se contenter d'une rente foncière. Après plusieurs audiences pardevant le tribunal d'arrondissement, l'indécision continua jusqu'en mai 1827. Quatre audiences furent de nouveau consacrées aux débats de cette affaire, dans lesquels Poupart, plaidant lui-même

sa cause, s'efforça d'assimiler sa terre de 105 setiers 10 verges avec les Jours à Jallois, dont la contenance est de 135. Mais l'avocat des défendeurs démontra sans peine le peu de fondement des prétentions de l'adversaire par les titres anciens, l'historique de la propriété communale, la forme, la situation et la contenance des deux pièces qui sont dites royées l'une à l'autre et, par conséquent, distinctes, les variations et contradictions du réclamant, son défaut de titres de propriété, la caducité des anciens aveux, la possession par la commune depuis 38 ans, et enfin il invoqua le bénéfice des lois de l'ancien et du nouveau régime, qui toutes adjugent aux communes tout terrain litigieux sans qu'on puisse leur opposer la possession antérieure, quelque longue soit-elle. Ces conclusions furent adoptées par les juges le 26 août 1828. Les frais furent très-considérables; ceux de la commune s'élevèrent à plus de 1,580 fr. Poupart, qui en appela devant la cour de Metz, n'y fut pas plus heureux.

Le Châtelet possédait encore, lieudit les GrandesCôtes, deux pièces de terre, vendues en 1825, au baron Poupart, qui voulait ouvrir une large voie de communication directe entre son établissement industriel et la route nationale. Le marché fut conclu pour la somme de 2,300 fr., el ce qui révèle le caractère tracassier de l'acquéreur déjà en lutte judiciaire avec la commune, à la condition expresse qu'en cas de contestation au sujet des terres vendues, on s'en rapportera à un arbitrage (1).

La propriété des prés-marais du Châtelet était considérable, puisque le total de leur location monta, en 1802, à la somme de 620 fr. Mis à la disposition

de la caisse d'amortissement en 1813, leur vente a procuré à la commune une rente de 273 fr. servie par l'Etat. Une partie de ces prés était propriété indivise entre le Châtelet et Neuflize: l'ancien régime ne permettant pas le partage, celui-ci n'eut lien qu'au moment de la levée du cadastre.

Le 4 août 1789 vit l'abolition des priviléges seigneuriaux sur la pêche et la chasse; les communes purent se créer de nouvelles ressources capables d'alléger leurs charges budgétaires. La pêche produit annuellement un revenu moyen de 50 fr. ; celui de la chasse a été longtemps négligé et de 2,000 fr. qu'il est actuellement, moitié pour les propriétaires et moitié pour la commune, il pourrait facilement s'élever å 3,000 fr., s'il existait, chez les habitants, plus d'union et d'énergie, moins de rivalité et d'indifférence pour la chose commune.

Bergnicourt possédait environ 200 setiers de terre, 2 ou 3 de marais et quelques petits bois. Le tout fut vendu, en 1816, 4,025 fr., qui devaient produire une rente de 201 fr. 25 cent., et pourtant la commune n'a jamais perçu que 25 fr. chaque année.

Le recensement de 1772 donne, à Alincourt, 244 arpents d'usages et marais; le questionnaire dit que les marais produisaient un revenu de 200 liv. Ces prés étaient situés en amont du village sur les deux rives de la Retourne: les habitants se les partagérent; chacun d'eux eut 4 verges au midi et 3 au nord; l'arpenteur fut payé par la vente d'une portion de ces marais réservée à cet effet.

(1) La commune possède encore au même lieu, 6h 90a de terre; aux Petites-Côtes, 2h 43a et 1h 82a au Chemin-du-Mesnil, le tout récemment planté de sapins.

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1° Nos paroisses jusqu'au xive siècle. 20 Le doyenné du Châtelet jusqu'au xvIe siècle.

1o Le Polyptique de Saint-Remi mentionne formellement Alincourt et Bergnicourt comme paroisses relevant de cette célèbre abbaye dans le pays de Porcien. Nous sommes convaincu qu'on doit aussi y voir le Châtelet désigné au premier rang sous cette rubrique De Castello. Mais le premier document qui parle distinctement de cette paroisse, est l'inventaire de Saint-Denis; sous la date de 1106, nous y lisons Donation par Manassès, archev. de Reims, de la cure du Châtelet à l'abbaye. » Désormais Bergnicourt sera toujours mentionné comme autel du même monastère. Ce changement s'explique par le grave abus des Personnals, qui s'était introduit dans l'église. Les évêques donnèrent leur part des revenus des paroisses à leurs amis et à des clercs qui avaient le titre et non la charge; la responsabilité des âmes retombait sur de pauvres vicaires. Sous Charles Martel, les évêchés et les cures étaient accordés aux grands seigneurs qui avaient rendu des services militaires. Ces singuliers titulaires furent même autorisés à conserver viagèrement les biens ecclésiastiques, qu'on ne pouvait leur faire restituer, à condition de payer à l'église dépossédée, un cens annuel d'un sou d'argent par ménage de colons. Ces bénéfices scandaleux se transmettaient en effet de père en fils, et il fallut toute la sévérité des papes et des conciles, qui employèrent l'excommunication, pour extirper cette

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