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bancs, chaire, etc..., produit 450 liv. 10 sous. Châtelet 137 liv., la chaire adjugée à 26 liv.

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Cet aperçu prouve surabondamment que les spoliateurs de 93 ont fait maigre curée dans nos églises de campagnes. Depuis ce hideux pillage, la gêne de nos populations ne leur a guère permis de doter leurs églises de plus riches mobiliers. Depuis un quart de siècle seulement, leurs dons pieux et le système de location annuelle de places ont notablement diminué ce triste dénûment. La reconnaissance veut que nous consignions ici le don 1° du graduel infolio et de l'antiphonier in folio, fait par le cardinal Gousset en sa visite de juin 1853; 2o d'une chasuble (style moyen-âge), fait par l'impératrice Eugénie en 1856, à l'église du Châtelet. Celle de Bergnicourt reçut, en 1869, un riche dais de l'Empereur Napoléon III.

Il nous semble naturel de faire connaître, en terminant ce chapitre, comment autrefois s'administraient les fabriques de petites paroisses. Deux marguilliers étaient nommés chaque année par les paroissiens pour aider le curé dans ce soin des deniers. Ces Coustres demeuraient deux ans en exercice, et vers Noël se faisait l'élection de l'un d'eux. Le dernier entré en charge quêtait pour les trépassés, et le plus ancien gérait les finances et faisait les dépenses. Au mois de février avait lieu la clôture des comptes, qui devait être ratifiée par l'assemblée des fidèles. L'article 47 du règlement de justice de 1584 dit «Que dans les villages où il y a prévôté, les comptes seront ouis et examinés par les juges d'icelle, y assistant le substitut du procureur général, les curés, procureur, échevins, syndics et principaux

habitants; quant aux autres villages, ils seront rendus en la manière accoutumée, le tout gratuitement. » La convocation des conseils de fabrique dans les églises rappelle que ces édifices servirent longtemps de maisons communes et qu'on y tenait les réunions et fêtes religieuses et profanes. De là, sans doute, les plaids tenus à la porte des églises.

Nous avons retrouvé les noms de quelques-uns de ces anciens cousteurs, ainsi nommés du coutre de charrue dont les gardiens d'église étaient autrefois armés :

1737. Louis Georgin et Pierre Jonet.

1757. André Vanier et Nicolas Bony.

1768. François Grandfebvre et Denis Tailliart. 1785. Jean-Baptiste Tailliart et Sébastien Charlot. 1792. Gérard-Vanier,

1793. Vincent Lambert et Jean-Baptiste Petit, nommés par la municipalité.

Nous ne connaissons que deux custodes de Bergni

court.

1757. Gérard-Legros.

1785. Jacques Legros.

Depuis 1800, mentionnons les trésoriers de nos fabriques qui ont été le plus longtemps en exercice : au Châtelet, MM. Charlot-Misset, Charlot-Lecoq, Picot-Lefèvre, Ponce Pierre, Napoléon-Pierre Chéruy ; à Bergnicourt, MM. Gatinois et Thomas Fortin. Citons, parmi les marguilliers du Châtelet, Benoit-Faynot, Eugène Mélingé, Louis Vannier, Charles Barbier; parmi ceux de Bergnicourt, MM. Bart Nicolas, et Gouin Nicolas.

CHAPITRE VIII.

Histoire du pays pendant les XIV®, XV®
et XVIe siècles.

1. Etat du Châtelet jusqu'à la fin du xve siècle. - 20 Etat de Bergnicourt à la même époque. -3° Déluge de maux fondant sur notre contrée au moment de la Réforme. probable de la ruine de nos paroisses.

40 Date

1o Le peu qui subsiste encore de l'ancienne église du Châtelet, semble indiquer une assez vaste construction de la fin du XIIIe siècle ou au moins du commencement du siècle suivant. Nos restes forment le sanctuaire; l'architecte a donné à cette partie la forme quadrangulaire qui, selon de savants archéologues, réunit le double avantage de l'économie et de la solidité. La hauteur sous voûte est de plus de dix mètres, et chaque côté présente une longueur de six mètres; une magnifique arcade ogivale donnait accès du choeur. Ce sanctuaire était éclairé, à droite et à gauche, par des fenêtres géminées et, derrière l'autel, par une autre du style rayonnant le plus pur. Aujourd'hui, il est surmonté d'un énorme clocher à quatre pans (1). La chapelle de l'Immaculée-Conception fut construite dans ces dernières années. La partie de mur renversée pour établir la

(1) Il n'est pas invraisemblable que cette tour ait été primitivement surmontée d'un ou même de plusieurs étages.

communication avec l'église, contenait une quantité considérable de pierres sculptées, de chapiteaux brisés, de nervures, de fûts de colonnettes, d'entablements mutilés, etc... ; plusieurs de ces pierres avaient reçu primitivement une décoration et en conservaient les traces bien visibles (1). A l'angle formé par le mur de la nef et celui du bas de la chapelle, les maçons mirent à nu le socle d'une des anciennes colonnes. Cette base, qui est énorme, porte la naissance des colonnettes cantonnées; elle a été laissée religieusement à la place qu'elle a probablement toujours occupée comme un précieux témoignage de la primitive splendeur du temple qu'elle soutint et embellit. Le monument était, en outre, orné de vitraux historiés, et nous conservons en notre possession un médaillon et autres verres coloriés qui ont appartenu au tympan de la fenêtre centrale du sanctuaire. Leurs tons clairs et jaune-pâle semblent aussi assigner le XIIIe siècle comme l'époque qui les aurait vu fabriquer.

Cette magnificence ne doit pas nous étonner; les populations du moyen-âge, poussées par une sainte rivalité, produisaient un effort général pour relever le plus possible le culte divin. Mais nous avons une raison spéciale qui explique la beauté de la maison de prière. A l'époque à laquelle nous sommes arrivés, le Chatelet, honoré du titre de ville, jouissait d'une véritable prééminence sur les villages voisins. Son doyenné, sa prévôté, ses foires et ses marchés, son

(1) Les églises voisines de Saint-Loup et d'Isles laissent encore apercevoir de ces peintures murales sous un ignoble badigeon.

château-fort et ses remparts, sa léproserie, ses poids et mesures, sa constitution communale, etc..., en sont autant de signes caractéristiques. Associé à la prospérité générale, notre bourg était un centre où la contrée venait s'approvisionner et un lieu de sûreté où, en cas de péril, elle accourait se réfugier. L'archevêque Guillaume de Trie réorganise, en 1334, la hiérarchie de son diocèse; il retranche du nombre des décanals Montmarin, détruit 32 ans auparavant, et transfère son titre à la cure voisine d'Attigny. Il en eût fait autant du Châtelet, s'il avait été aussi malheureux; son maintien dans la possession du doyenné est la meilleure preuve de sa splendeur.

Mais l'orage gronde et menace notre région; Reims et Rethel passent un traité par lequel ces deux villes s'engagent à se secourir mutuellement contre les ennemis du royaume (1358). Fidèle à sa parole, Louis III de Rethel a refusé la main de sa fille au roi d'Angleterre Edouard, furieux d'un tel affront, porte la désolation dans tous les environs de Rethel et jusqu'à Donchery (1360). Mais, au sein d'une anarchie politique la plus complète, on avait encore à se garder d'un autre fléau aussi redoutable. Réduits à l'extrême limite de la misère, les paysans épouvantaient le monde de leurs jacqueries. Pour se soustraire au brigandage de la guerre et de l'insurrection, nos villages, alors bien peuplés, durent pourvoir à leur salut par des remparts improvisés. Heureux ceux-là qui, comme le Châtelet, purent résister à l'Anglais et surtout à la famine, qu'il répandait en ruinant les moulins. En 1403, nos foires étaient encore les plus considérables de la contrée; H. de Vouziers, gouverneur du Rethélois pour le duc de

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