Imágenes de páginas
PDF
EPUB

livres pour la dot d'une fille indigente; c'est la preuve que sur les trois à élire en « la ville et prévosté de Rethel et du Châtelet, il y en avait une à prendre en notre châtellenie. Ce n'est qu'après les guerres de la Ligue et de la Fronde qu'on voit le Châtelet et Rethel réunis quand il s'agit de droits seigneuriaux.

Les paroisses de notre ressort qui concouraient étaient Le Châtelet, Bergnicourt, St-Remi-le-Petit et Regnicourt-l'Ecaille.

Une si belle œuvre ne pouvait manquer d'être applaudie et bénie par l'Eglise. Sixte Quint, instruit des paternelles bontés du duc et de la duchesse de Rethel envers leurs vassaux, voulut aussi encourager tous ceux qui devaient en assurer l'exécution, par l'octroi d'une indulgence plénière. (Nov. 1586.)

Il avait bien mérité cette distinction, le prince, que son biographe nous représente toujours à la recherche de voies et moyens d'améliorer le sort de ses sujets et des occasions de leur faire du bien. Italien d'origine, il avait sans doute rapporté l'idée de ses dotations matrimoniales de Rome, où il y a d'œuvres pareilles qui fonctionnent sous l'œil des papes (1). Elle était également digne de cette grâce, la princesse, son épouse, dont un historien résume ainsi les vertus: « La piété, la libéralité, la douceur, la modestie et l'étude des bonnes lettres ont été les

(1) Pendant notre séjour à Rome, au moment du Centenaire (29 juin 1867), il nous a été donné de pouvoir juger par nous-même du nombre, de l'importance et de la beauté morales de ces institutions dotales que possède la ville des papes. (Voir le récit de notre pèlerinage, intitulé: De la Retourne au Tibre, chap. xxxi, no II.)

vertus qui l'ont le plus rendue recommandable. » C'est le nom de tels hommes que l'histoire doit éterniser, et à eux que la postérité reconnaissante devrait ériger des statues. Ne sont-ils pas les bienfaiteurs de l'humanité et les pères du peuple? Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner les principales conséquences du sage institut dont nous venons de nous occuper.

Ce n'est pas sans étonnement qu'on constate le chiffre considérable des naissances. Ce chiffre surpasse celui de nos jours pour des populations une fois moins fortes que celles d'aujourd'hui. Ainsi, en 1675, il y eut 20 baptêmes à Tagnon, bien que 25 ans plus tard il n'y eut encore que cent feux; actuellement ce bourg renferme 1,300 habitants, et le nombre des naissances est à peine d'un tiers en plus. En 1668, le Châtelet eut 10 baptêmes, cependant plus de 30 ans après, sa population n'était que de 60 feux: aujourd'hui que cette population dépasse le nombre de 400 âmes, la moyenne des naissances ne dépasse jamais 10.

L'absence absolue de naissances illégitimes doit aussi fixer notre attention. Dans l'espace d'un demisiècle de guerre succédant à des temps de désordres et de misère extrême, les registres de Tagnon (16281676) ne renferment qu'une seule naissance illégitime pour les deux paroisses réunies; ils en mentionnent bien deux autres, mais avec l'observation expresse que les mères sont étrangères à la paroisse. La morale d'un pays est en raison directe de sa foi religieuse et en raison inverse de la liberté du mal.

Le but des généreux fondateurs, entretenir la pureté des mœurs, fut donc atteint.

[ocr errors]

Tant d'efforts de vertu tournaient évidemment au bien de la société, qui recueillit les bienfaits de cette fondation pendant plus de deux cents ans. En effet, les religieuses volontés de Louis de Gonzague furent scrupuleusement executées jusqu'en 1789. On a encore pu nous nommer les deux dernières élues qui participèrent, dans notre prévôté, à cette royale libéralité Marie-Berthe DEREIMS, du Châtelet, et Antoinette CAMUZEAU, de l'Ecaille.

§ III. Caisse de secours diocésaine.

en

3° Les villages se composaient de maisons bâties ordinairement en bois et en terre, couvertes chaume. Le rez-de-chaussée était tout au plus en pierres ou moellons de craie, souvent en carreaux de terre, sur lesquels on édifiait une charpente légère remplie de torchis et du plus disgracieux effet. L'usage de la tuile et de l'ardoise était fort rare; des portes et fenêtres très-basses et très-étroites permettaient à peine à l'air et au soleil de pénétrer en ces demeures, dont le pavé était le sol naturel et dont l'humidité tapissait l'intérieur de vert.

Cette fâcheuse absence de bien-être amenait une autre cause de ruine. Des incendies considérables éclataient fréquemment, et en quelques heures, anéantissaient des villages entiers. Bâties sur les anciens plans, les habitations s'élevaient agglomérées et serrées en de faibles espaces, ne laissant que des rues étroites et irrégulières; le feu enveloppait en un instant tout un quartier. Les pompes n'étaient guère connues qu'en ville: Sedan et Rethel n'eurent leur première pompe qu'en 1757, et Château en

1783. D'énormes crochets, que nous voyons encore suspendus comme souvenir à certaines églises, ne suffisaient pas à arracher sa pâture au terrible élé

ment.

La sollicitude de l'Eglise dut donc encore se tourner vers ce besoin des peuples; ce fut un des prélats les plus éminents du siége de Reims qui eut l'honneur de cette initiative.

Désolé des nombreux incendies qui dévoraient les villes et villages de son diocèse, Mgr TalleyrandPérigord, par un Mandement du 22 février 1780, établit deux quêtes générales dans toutes les paroisses, l'une à Pâques et l'autre à la Toussaint. Le but était de créer une caisse de secours en faveur des malheureuses victimes du feu; cette institution vint aussi en aide à ceux qui voulaien! couvrir leurs maisons en tuiles ou ardoises, à ceux qui avaient éprouvé des pertes d'empouilles par suite de la grêle, ou des pertes de bestiaux par maladie, et enfin aux inondés.

Avant cette admirable création, l'archevêque accordait aux incendiés des autorisations de quêter, qui donnaient lieu aux plus graves abus; le règlement de l'œuvre fut dressé le 3 décembre 1779, et fut l'origine de la Caisse départementale que toute la France nous a empruntée.

De 1780 à 1788, les offrandes recueillies dans notre doyenné et nos paroisses ont varié:

Au Châtelet, entre 44 liv. et 57 liv.; en 1783, elles s'élevèrent à 124 liv.

A Bergnicourt, entre 18 et 48 liv.; en 1783, elles s'élevèrent à 64 liv.

A Alincourt, entre 23 et 43 liv.; en 1783, elles s'élevèrent à 54 liv.

Dans tout le doyenné du Châtelet, entre 1,076 et 1,572 liv.; ea 1783, elles atteignirent la somme de 3,108 liv.

Dans tout le doyenné du Vallage, entre 679 et 1,085 liv.

De 35,277 liv. que reçut la caisse diocésaine en 1780, le total des collectes s'éleva, en 1787, à la somme de 126,694 liv.

Le Châtelet fut malheureusement une des paroisses qui éprouvèrent les premières les bons résultats de cette sage inspiration. Chaque année, le prélat envoyait à ses curés le compte-rendu des opérations de l'institut. Cet état était presque toujours accompagné d'une instruction fort pathétique, où étaient déployées toutes les ressources du zèle et de l'éloquence pour combattre les obstacles de l'indifférence et de l'avarice.

Le compte-rendu de 1783-84 contient le récit d'un grand incendie, survenu au Châtelet le 23 mars 1783; mais à son défaut, la tradition nous en eut conservé les détails circonstanciés. C'était le III dimanche de carême, pendant la messe, que le feu éclata; c'est ce qui explique la raison pour laquelle on dit que le sinistre arriva à la Notre-Dame de mars. On voulut d'abord désigner l'époque, qui plus tard fut prise pour le jour même de l'accident.

Le feu prit dans la dernière maison de la rue du Château, actuellement du Moulin, du côté de la ri. vière, et en moins de deux heures réduisit 66 maisons en cendres. Ecoutons le récit du compte-rendu : « Le feu prit à l'extrémité du village, vers huit heures et demie du matin. Comme les maisons qui furent incendiées étaient presque toutes couvertes en chaume,

« AnteriorContinuar »