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CHAPITRE XVI.

Administration civile.

1o Organisation de l'administration proprement dite. 20 Liste de nos anciens syndics.

1° L'administration proprement dite de la Champagne était dévolue à l'intendant, qu'il est essentiel de ne pas confondre avec le gouverneur militaire. Le ressort de chacun de ces grands dignitaires n'était pas absolument le même; ainsi, la généralité de l'intendant ne comprenait ni la Brie-Champenoise, ni le Sénonais, tandis qu'elle embrassait Sedan et Mouzon, deux villes du gouvernement de Lorraine, depuis 1692 La généralité se divisait d'abord en 18, puis en 24 subdélégations; on multiplia ces districts, qui ressemblent assez à nos sous-préfectures ou arrondissements, afin de causer le moindre déplacement possible à ceux qui avaient quelque intérêt à défendre auprès du tribunal. On avait fait en sorte qu'ils n'eussent pas plus de six lieues à parcourir, et qu'ils pussent rentrer chez eux le même jour. Rethel fut toujours chef-lieu de subdélégation. En dessous venaient les coinmunautés; leur composition était des plus simples. Un syndic, élu par ses concitoyens, était chargé de mettre à exécution les décisions prises par l'assemblée des habitants. Nic. Charlot, dans le mémoire que nous avons analysé au chapitre précédent, dit que le syndic doit veiller aux convois, aux corvées, faire la collecte des tailles, et qu'en

cette qualité, on lui envoie les garnisons au commencement de chaque année. » La déclaration royale de 1724 suppose qu'il y a plusieurs syndics, ou un syndic et des échevins dans chaque paroisse; mais ordinairement il n'y avait qu'un échevin, qui jouait à peu près le rôle d'adjoint. Il n'existait point de commission administrative ressemblant à nos conseils municipaux, qui agissent pour le reste de la commune. La communauté se réunissait elle-même, dans des plaids généraux, y discutait et décidait ses propres affaires. La présence de dix habitants était requise pour valider les résolutions ordinaires. Le procès du saunier démontre que le syndic n'avait là que les droits de simple paroissien, et que tout son rôle se bornait à convoquer les réunions, à en indiquer l'objet, et à provoquer une décision.

Au terme de son mandat, qui n'était que pour un an, cet agent municipal rendait ses comptes à la communauté, qui pouvait le maintenir en charge ou le remplacer. Mais par un louable sentiment d'estime mutuelle et d'abnégation, conformément au règlement ducal de 1581, tous les habitants étaient successivement élus. Les comptes du syndic étaient ensuite présentés à l'approbation du subdélégué par l'agent sortant, accompagné de deux ou trois paroissiens; alors on lui en donnait décharge (V. la note du chap. XV).

Avant le règne de Louis XIII, les communautés étaient affranchies de presque tout contrôle supérieur c'était bien l'image du vrai citoyen, participant au pouvoir de faire les lois et au devoir d'y obéir, imperandi et parendi particeps. Mais au XVIIe siècle apparait la centralisation; l'autorité royale va

exiger son approbation pour rendre exécutoires les délibérations de la communauté ; l'intendant autori; sait sur l'avis du subdélégué. L'art. 44 de l'Appendice II prescrit la marche à suivre pour les impositions extraordinaires.

Les habitants se choisissaient tous leurs commis, messiers, maîtres d'école, marguilliers, échevins, syndic, juré, etc..., leur imposaient des conditions et recevaient leurs comptes de gestion. Le plaid de la paroisse n'avait rien de commun avec un conseil municipal le suffrage universel y était une vérité, s'exerçait en public, et tout le monde pouvait librement manifester son opinion. Les chefs de famille seuls votaient, et c'est la vraie raison pour laquelle on comptait la population par feux. Mais tout électeur était connu et connaissait les autres électeurs; son vote était un jugement dont il ne déclinait pas la responsabilité. Un citoyen n'avait qu'un domicile dans toute sa vie, celui de sa naissance; et cette fixité donnait un prix et une sanction au droit de suffrage. Enfin, le vote électoral était soumis à mille influences de famille et de localité, qui en assuraient la sincérité. Peut-on comparer tous ces pères de famille, si graves et veillant à leurs intérêts, avec cette foule d'ouvriers nomades qui n'ont aucune attache pour quoi que ce soit?

Les plaids généraux étaient congrégés au son de la cloche à l'issue de la messe paroissiale, et devant le portail de l'église (1). Cette monographie nous en a

(1) Comme reste de cette coutume, jusqu'à ces dernières années, on a assemblé les habitants du Châtelet, par le tintement de la cloche après la messe, pour la lecture des lois et arrêtés préfectoraux.

fourni plusieurs exemples. L'importance de l'affaire traitée attirait plus ou moins d'assistants à la discussion. Dans ces réunions populaires, le curé, les vieillards et les notables s'efforçaient de concilier les différends qui pouvaient s'être élevés dans la paroisse. Ces audiences de justice de paix proprement dite, rappellent le chêne de St Louis. C'est qu'en effet, vers 1608, Sully, grand amateur d'arbres, ordonna d'en planter au moins deux devant chaque église, pour abriter ces réunions patriarcales. Nous croyons que c'est à cet édit que nous devons le majestueux marronnier qui décore la place de l'église. La tradition lui donne plus de deux cents ans; c'est dire qu'il fut un des premiers plantés en France; le premier le fut en 1615 et le second en 1656. Il faut nous rappeler qu'il y eut après la Ligue des arbres plantés, comme nos arbres de liberté après la Révɔlution. Notre arbre mesure 4 m. de tour à hauteur d'homme, et cinq au pied. Son ombrage séculaire a donc protégé bien des réunions sérieuses, comme bien de bruyantes réjouissances. Bergnicourt a aussi son orme devant l'église les anciens se rappellent avoir vu deux arbres devant chacune de nos deux églises.

A la liste des syndics, nous ajouterons le tableau des recettes et dépenses annuelles.

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1. SYNDICS DU CHATELET.

1740 Moreau, échevin.

1742 G. Galloteau, manouvrier. Réparations de l'église.

1749 Prilleux. Réparations au presbytère, exécutées par Antoine Hotte.

1770 Jean-Nic. Charlot. Procès du Saunier.

1772 Pierre Gardebled. Prés-marais loués 153 liv. 4s. 1776 Nicolas Frougnu.

1777 Albert Morbois. R. 238 liv. 15 s. D. 158 liv. 1778-79 Michel Pierre. R. 894 liv., dont 240 des prés. D. 847 liv. Refonte de la petite cloche; 24 liv. pour le banquet et les rubans, offerts aux parrain et marraine, ainsi qu'aux invités. 92 liv. pour réparation du pont. Il y avait un reliquat de 408 liv. des exercices précédents.

1780-81 Gérard Georgin. R. 344 liv. D. 284 liv. 40 liv. pour remonter les cloches qui sont tombées. 1782 François Sumui. R. 261 liv. D. 223 liv. 1783 Arnould Catelin.

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- R. 223 liv. D. 229.

1784-85 J.-B. Pideux. R. 1,034 liv., dont 250 liv. en 1783, et 453 liv. en 1784, de la location des marais. D. 1,046 liv. Le gouvernement accorda 170 liv. pour le presbytère incendié. 199 liv. pour réparations au beffroi, exécutées par J.-B. Livoir et J.-B. Faynot, charrons. 100 liv. aux pompiers et pour le sel des incendiés. 50 liv. à Sébastien Charlot, qui a logé M. le curé pendant 14 mois. 1786-87 Henri Dereims. - R. 887 liv., dont 379 liv. des prés, en 1786. D. 863 liv., dont 102 liv. pour achever de payer les frais de l'affaire que la communauté eut avec Mgr l'archevêque et les religieux de St-Remi. Il s'agit probablement du procès des dîmes de sainfoin.

1788-89 Paul Lecocq.

R. 535 liv. D. 171 liv.,

nommé maire le 31 janvier 1790.

II. SYNDICS DE BERGNICOURT.

1757 Jean Douzamy.

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