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> dit le cartulaire de Fosses, menace Mettet pour › enlever les hommes et les bêtes. »

Cette indication (remarque l'Echo de Givet) peut faire naître quelques doutes. D'abord Mettet est très-éloigné de Linchamps; ensuite, le château fut, dit-on, détruit en 1635. ›

<< N'est-il pas dès-lors difficile d'admettre, après > plus de vingt ans d'intervalle, l'existence d'une > garnison de Linchamps, ou même l'organisa>tion de bandes échappées à la prise de la place?

» En 1554 déjà, pendant les guerres contre › Charles V, le château de Linchamps avait été pris par les troupes françaises.

› En 1556, Anne de Clèves dut exercer des droits » sur la principauté de Château-Regnault dont Lin› champs dépendait, puisqu'elle réunit la Couronne » d'Aiglemont à la seigneurie. ›

Le territoire de Linchamps fut cédé en 1629, » avec le reste de la principauté, à Louis XIII, > par la veuve du prince de Conti, en échange de › Pont-sur-Seine.

> Une question surgit ici :- Le roi de France, ‣ possesseur de Linchamps à dater de 1629, en fut› il privé momentanément? On peut le croire, puis➤ que six ans plus tard, en 1635, nous voyons les » Français recourir à la force des armes pour se rendre maitres de la forteresse.

Le traité des Pyrénées (7 novembre 1659) plaça > définitivement Linchamps sous la domination » française. >

On sent, en lisant avec attention ce récit, combien l'auteur lui-même, M. Lecatte, en est peu satisfait. Il ne comprend pas comment Louis XIII, étant devenu

possesseur de Linchamps en 1629, a pu le faire assiéger et prendre en 1635? Comment, détruit en 1635, il put avoir une garnison entreprenante et menaçante en 1656 ?

S'il avait étudié les faits plus à fond, aurait-il mieux compris que Anne de Clèves exerçât des droits sur la principauté de Château-Regnault en 1556 ? A cette date, le seigneur incontesté de Château-Regnault était François de Clèves, duc de Nevers, qui mourut en 1562. Il eut trois filles: Henriette, Catherine et Isabelle. Pour trouver le nom d'Anne dans la famille des princes souverains de Château-Regnault, il faut aller cent ans plus tard, chercher Anne de Gonzague, la fameuse princesse Palatine, dont Bossuet a fait l'oraison funèbre. Qu'est-ce que la Couronne d'Aiglemont? Ce village, appelé alors Ès-le-Mont, ou Sur le Mont, appartint à Catherine de Clèves à la mort de son père, en 1562. Elle le réunit à la sou veraineté de Château-Regnault; mais Ès-le-Mont ne donnait point de couronne!

Nous ne trouverons donc point encore ici la vérité historique.

Enfin, pour ne rien omettre, et ajouter une variante à tant d'autres, nous analyserons ce que raconte de Linchamps M. Alphonse de Prémorel, l'auteur cité plus haut, d'un voyage humoristique d'Arlon à Monthermé, intitulé: Un peu de tout à propos de la Semoy (1).

(1) Un peu de tout à propos de la Semoy, par A. de Prémorel-Arlon. J. Laurent, 1851, in-12. C'est à lui que M. Pimpurniaux a emprunté quelques faits que l'on reconnaîtra prochainement,

Le château de Linchamps fut bâti au XIIe siècle. Il était flanqué de tours de différentes formes, les unes rondes, les autres carrées. Les diverses parties du château se communiquaient avec des pont-levis ou par des souterrains. Plusieurs châtelaines de Linchamps furent de ravissantes créatures, chevauchant par monts et par vaux... Un jour, le maître de la forteresse reçut l'avis qu'un château voisin a été ruiné et pris en quelques jours par de lourdes machines en fer appelées des canons. Que veut dire notre cousin, s'écrie le châtelain de Linchamps; sommes-nous au premier avril pour entendre pareilles billevesées ?

A quelque temps de là, le stathouder de Hollande vint lui demander la reddition de sa forteresse. Il refuse. On dresse une batterie sur une montagne voisine, on perce les murailles, on brise les échauguettes en tuant les sentinelles qui s'y croyaient à l'abri Une brèche est pratiquée, l'intérieur de la place est en butte à tous les coups. Bientôt les boulets rougis au feu incendient les toitures, les greniers, les magasins. Enfin, une mine faisant explosion, soulève la grande tour, la renverse sur ses défenseurs. Le châtelain désespéré, veut aller croiser le fer avec les Hollandais. Hélas! on ne lui en laisse ni le temps ni les moyens. Tous ses hommes sont abattus de loin à coups de mousquets, et lui-même tombe le dernier, renversé par les balles, sur une terrasse tellement escarpée, que personne n'alla troubler le repos qu'il y trouva dans les bras de la mort. Maîtres du château, les Hollandais achevèrent de le démolir; l'histoire dit que ce fut en 1696.

En résumé pour M. Viot, Linchamps date de Charles IX, après 1560. Dom Lelong le fait bâtir au

XII siècle, il est suivi par M. de Prémorel et M. J. Hubert. La Sentence générale de Château-Regnault en fixe la construction à 1560, tandis que le P. Norbert la recule à 1550. Et pourtant, suivant lui, comme suivant de Thou, il avait été pris après 15 ours de siége, par les troupes de Charles-Quint et de François Ier, avant 1545.

D'autre part, s'il fut pris en 1550 par Henri II, selon de Thou et le P. Norbert, il le fut aussi en 1554, si l'on en croit la Sentence de Château-Regnault et l'Echo de Givel; ce qui n'empêche pas M. Pimpurniaux de faire conquérir par les Français en 1635, ce même Linchamps qu'ils avaient pris en 1629. Il est vrai que M. de Prémorel lui assigne pour vainqueur le stathouder des Hollandais M. Viot le croit assiégé par Messeigneurs les princes de Conty (ce qui ne put avoir lieu que vers le milieu du règne de Louis XIV), et il en place la destruction, dans la suite des temps, en 1670, par ordre de Louis XIV luimême. Selon l'auteur d'Un peu de tout, ce malheureux château aurait vécu jusqu'à 1696, et il aurait eu pour destructeurs les Hollandais, commandés alors par Guillaume d'Orange.

Irons-nous plus loin? Et n'en voilà til pas bien assez, sinon beaucoup trop, pour montrer combien sont épais les nuages qui cachent à tous les yeux la vérité historique sur Linchamps?

A nous donc, maintenant, de l'établir solidement sur des données authentiques, en prouvant que nous ne venons pas ajouter un roman à tant d'autres.

LES

MASSACRES A REIMS EN 1792

D'APRÈS DES DOCUMENTS AUTHENTIQUES

Par M. A. BARBAT DE BIGNICOURT

MEMBRE CORRESPONDANT

Ceci est de l'histoire.

On la dirait écrite d'hier, elle date de quatreving's ans.

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Mais les tristes événements qui ont dernièrement désolé la France, ont une analogie telle avec les sanglants épisodes dont j'ai à parler, épisodes qu'on essaierait en vain d'effacer de nos annales rémoises, qu'un enseignement utile ressortira peutêtre de l'exposition simple et succincte - - scrupuleusement exacte aussi, puisqu'elle a été puisée à des documents authentiques des faits qui se produisirent à Reims, pendant la Terreur, en 1792.

L'heure des méditations graves est venue. Que ceux qui pensent que les mêmes causes engendrent souvent les mêmes conséquences, ne perdent pas de

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