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EXPLICATION DE LA PLANCHE.

Fig. 1. Jupiter le 30 janvier 1872, à 8 h. 5 m.
2. Jupiter le 2 février 1872, à 8 h. 5 m.

Note sur les aurores polaires; par M. D. Leclercq, directeur honoraire de l'École industrielle de Liége.

L'hémisphère sud a eu du 4 au 5 février dernier, et à peu près aux mêmes heures qu'en Europe, en tenant compte de la différence des méridiens, des phénomènes auroraux qui lui étaient propres. Suivant une lettre adressée au père Secchi par un évêque missionnaire, et dont un extrait a été publié par des journaux, la colonie de Swan-River, en Australie, a joui d'une aurore qui a commencé le 5 février à 1 heure du matin et a duré jusqu'à la pointe du jour. C'était la plus brillante qu'elle eût vue depuis sa fondation; au sud, l'atmosphère avait le même aspect qu'à l'heure du crépuscule, au levant et au couchant des amas d'un rouge obscur. Cette description, sobre de détails, n'en est pas moins précieuse; elle établit que les phénomènes auroraux du 4 février ont enveloppé le globe entier.

Quoiqu'il soit constaté que les cirrhus et leurs divers composés sont les nuages les plus spécialement en rapport avec la formation des aurores polaires (1), des halos

(1) Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles, 1870.

solaires et par suite des phénomènes brillants crépusculaires, cependant bien des savants prétendent que les manifestations aurorales peuvent avoir lieu par les ciels les plus sereins et en l'absence de tout nuage. Mais si l'on considère que par les temps les plus froids et les plus transparents, il tombe souvent une neige des plus fines et des plus soyeuses, que par les temps les plus chauds et une atmosphère des plus pures, il tombe des gouttelettes de pluie, peut-on inférer que l'air le plus transparent soit exempt de tout nuage? c'est ce qu'il y a de plus difficile à admettre.

Quoi qu'il en soit, les cirrhus et leurs composés sont aussi les nuages les plus en rapport avec la formation des orages, et encore que j'aie déjà rapporté bien des faits qui démontrent que ces nuages, quand ils sont très-amoncelés, deviennent, sous l'influence solaire, assez orageux pour émettre des éclairs d'un gris blanchâtre et produire des détonations, je tiens néanmoins à relater les quatre manifestations électriques suivantes, car elles tendent à établir que les autres nuages ne deviennent électriques que par l'influence des premiers.

Le 18 mai dernier, on a été à Liége sous trois orages différents. Le premier a eu lieu à 3 heures de l'après-midi et a duré 25 minutes; neuf coups de tonnerre successifs, à roulements pleins, ont été annoncés par des éclairs rougeâtres et à traits de Jupiter; la pluie qui les accompagnait n'a pas été fort considérable. Voici comment cet orage

s'est formé :

SO.

SSO.'

Vers 23 heures les vents étaient un nuage assez étendu très-noir du côté de la terre, d'un blanc éclatant vers le haut, vint s'arrêter au zénith; la portion du ciel sous laquelle il se trouvait était d'une pureté admirable. Vers le

milieu de la limite NO. de ce nuage, il se produisit un foisonnement considérable; des portions très-blanches en descendaient pour s'étendre en draperies et parcourir le nuage en allant vers le SE.; le vent inférieur changea alors de direction pour souffler du NO. On s'attendait à une violente manifestation électrique; il en fut autrement: ce nuage quitta la place qu'il occupait pour se porter vers I'ESE. sous un petit amas de cirrho-stratus d'un gris roussâtre et se mouvant par SO.; aussitôt qu'il fut recouvert, le tonnerre se fit entendre et la pluie commença ; à 3 h. 25 m., ils continuèrent leur mouvement par SO.; à ce moment les vents étaient c'est ainsi que se termina cet orage qui s'annonçait sous des apparences tout à fait contraires.

So.

NO."

A 4 heures, le ciel était entièrement couvert, les cirrhostratus étaient très-nombreux, quelques cumulo-stratus assez étendus venaient à leur suite; des coups de tonnerre pleins et élevés partaient des cirrho-stratus : ils suivaient des éclairs d'un gris blanchâtre et n'étaient pas trèsbruyants, mais assez forts pour se faire entendre.

SO.

A 5 1/2 heures, les vents étaient encore NO; un stratus formé de cirrhus d'un gris roussâtre, très-massé, recouvrait presque tout le ciel; il ne cessait de faire entendre des coups de tonnerre pleins et élevés après des éclairs blancrougeâtre et à traits de Jupiter. Un nuage noir et de l'espèce que nous venons de faire connaître venait par SSO. pour se placer en dessous du stratus; à mesure qu'il l'atteignait, les coups de tonnerre devenaient plus forts et les éclairs plus rougeâtres. Trois minutes après qu'il fut en dessous et à la suite d'un foisonnement analogue au précédent, mais beaucoup plus étendu, il est tombé une quanlité très-considérable de grêlons de quatre à cinq milli2me SÉRIE, TOME XXXIV.

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mètres de diamètre et consistant en neige roulée recouverte d'une mince couche de glace; cette grêle fut suivie d'une pluie fort abondante. Les coups de tonnerre, tantôt très-rapprochés, tantôt très-éloignés, ont été si nombreux qu'il a été impossible de les compter. A 6 1/2 heures, l'atmosphère vint à s'éclaircir, et l'orage à cesser; l'air se trouvait encore surchargé de cirrho-stratus et de cumulostratus; aussi fut-il sillonné toute la nuit d'éclairs rougeâtres à pleins nuages et à traits de Jupiter, et par des vents qui ne changèrent nullement de direction.

SO.

NO.

Le 27 juin, à 2 heures de l'après-midi, un nuage trèsnoir et très-étendu avec appendices d'un gris sale venait par ONO. pour passer sous une plaque de cirrho-stratus arrivant par SO. Une succession de détonations trèsrapides se firent entendre à mesure que ses parties s'engageaient sous l'amas électrique; après qu'il l'eut dépassé, il reprit la direction commune SO-NE et le vent inférieur continua à souffler par NO.

Ainsi, plaques dites magnétiques pour les aurores polaires, plaques dites électriques pour les orages; les premières produisent des phénomènes colorés et des fulgurations; les secondes des éclairs et des détonations d'autant plus intenses que ces plaques électriques sont plus accumulées, surtout quand elles sont en rapport avec des cumulostratus dits orageux, auxquels elles communiquent la puissance électrique, si toutefois elles la transmettent.

Déjà, depuis plusieurs années, j'ai constaté qu'il n'y avait point d'orages sans cirrho-stratus; les phénomènes auroraux du matin et du soir sont dus à des nuages de la même espèce; aussi, lorsqu'ils ont lieu le soir, on trouve bien souvent du côté de l'est des nuages qui ont la teinte bleu-rougeâtre des plaques magnétiques.

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