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CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 16 décembre 1872.

M. J.-B. D'OMALIUS D'HALLOY, directeur, président de l'Académie.

M. AD. QUETELET, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. B.-C. Du Mortier, J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, le vicomte B. du Bus, H. Nyst, Th. Gluge, L. Melsens, J. Liagre, F. Duprez, E. Quetelet, H. Maus, M. Gloesener, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Al. Brialmont, E. Dupont, Éd. Morren, membres; Ph. Gilbert, associé; F. Folie, correspondant.

CORRESPONDANCE.

Une lettre du Palais exprime les regrets de Sa Majesté de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe. Des regrets semblables sont exprimés au nom du Comte et de la Comtesse de Flandre.

M. le Ministre de l'intérieur a fait connaître qu'il assistera à cette solennité.

Le même haut fonctionnaire transmet: 1o une expédition d'un arrêté royal du 4 décembre, décernant à M. J.-B. Carnoy, docteur en sciences naturelles, le prix quinquennal des sciences naturelles pour la période de 1867-1871; 2° cinquante exemplaires du rapport du jury chargé de décerner ce prix; 3o un exemplaire des modifications au projet de budget du Ministère de l'intérieur pour l'exercice 1875.

M. Éd. Morren fait hommage d'un exemplaire d'une note imprimée portant pour titre : La tératologie de Charles Morren. -Remerciments.

Conformément à la demande de M. Dewalque, la classe désigne en son remplacement, pour examiner la note rectificative de M. H. Schuermans concernant l'époque de l'érection des tumuli en Belgique, MM. Dupont, P.-J. Van Beneden et de Selys Longchamps.

ÉLECTIONS.

La classe se constitue en comité secret pour procéder aux élections annuelles aux places vacantes.

Les noms des membres, correspondant et associés élus seront proclamés en séance publique du 17 décembre.

JUGEMENT DU CONCOURS DE 1872.

CINQUIÈME QUESTION.

On demande une discussion complète de la question de la température de l'espace, basée sur des expériences, des observations et le calcul, motivant le choix à faire entre les différentes températures qu'on lui a attribuées.

On croit devoir faire observer aux concurrents que la question posée dans les termes les plus généraux se rattache à la connaissance du zéro absolu, définitivement fixé à - 272°, 85 C., mais qu'une recherche historique et analytique des travaux entrepris, avant 1820 environ, pour résoudre cette question, pourrait offrir un intérêt scientifique réel. On appelle particulièrement l'attention sur les travaux de la fin du dix-huitième siècle et du commencement du dix-neuvième, entre autres ceux de Black, Irvine, Crawford, Gadolin, Kirwan, Lavoisier, Lavoisier et de Laplace, Dalton, Désormes et Clément, Gay-Lussac, etc... On signale aussi la température 160° C. qu'indique Person; d'après sa formule, qui lie la chaleur latente de fusion aux chaleurs spécifiques, ce nombre représenterait le zéro absolu. Comme il se rapproche de celui que donne Pouillet, il serait important de rechercher quelle en est la signification, le sens ou la valeur physique exacte.

Un seul mémoire a été reçu en réponse à cette question du concours de cette année; il porte pour devise: En physique, la critique est facile, mieux faire difficile.

Rapport de M. Melsens,

« L'auteur du travail soumis au jugement de l'Académie est certainement un savant de mérite. Il traite quelques parties de la question avec un talent si incontestable que ce n'est qu'avec un profond regret que je me vois forcé de ne pouvoir lui décerner le prix en ce qui concerne les parties du mémoire que j'ai particulièrement examinées; j'ai cependant l'espoir fondé que l'auteur, ayant un peu plus de temps devant lui, donnerait un travail revu et complété, car l'esprit vraiment scientifique qui le guide ne l'abandonnera pas, et j'ose croire que notre critique loyale, loin de le décourager, sera un stimulant, si l'Académie veut bien donner sa haute sanction à nos conclusions.

Les conditions de nos concours ne nous permettent malheureusement pas de donner à l'auteur une mention trèshonorable autrement que sous le voile de l'anonyme pour lui permettre de revoir son travail, en lui conservant ses droits à tout ce que le mémoire renferme de neuf et d'original.

Ces préliminaires posés, j'applique à votre rapporteur la devise même de l'auteur, mais je crois pouvoir ajouter que la tâche n'est peut-être pas aussi facile qu'il le pense; ce n'est même qu'avec quelque peu d'hésitation que je l'aborde et en vue surtout de motiver mes conclusions.

Dans la revue à grands traits que je me propose, je ferai complétement abstraction du style de l'auteur; il est étranger et c'est pour moi un grand mérite d'oser affronter une rédaction sur une question des plus difficiles dans une langue que l'on ne parle pas habituellement; j'ajoute, comme correctif, que de très-légers changements, que l'on

pourrait considérer comme de simples corrections typographiques, suffisent, dans beaucoup de cas, pour rendre la pensée plus claire, plus nette et parfaitement définie; d'autres passages, au contraire, ne se comprennent que difficilement.

L'auteur commence son mémoire par quelques considé rations sur les travaux de Fourier et de S.-D. Poisson. Comme les idées théoriques qui guident l'esprit d'un écrivain ont souvent une influence considérable sur la position des questions et sur les moyens d'arriver à une solution, il est peut-être regrettable que l'auteur n'ait pas fait une analyse succincte de leurs opinions à ce point de vue; les principes une fois posés ne permettent pas qu'on s'en écarte et ils pèsent nécessairement de tout leur poids dans un travail de longue haleine.

Fourier, dans son ouvrage : Théorie analytique de la chaleur (1), publié une quinzaine d'années avant celui de Poisson: Théorie mathématique de la chaleur (2), est trèsréservé sur la théorie de la chaleur.

Son opinion est résumée en quelques mots (page 18, section II): « On ne pourrait former que des hypothèses > incertaines sur la nature de la chaleur, mais la connais»sance des lois mathématiques auxquelles ses effets » sont assujettis est indépendante de toute hypothèse; » elle exige seulement l'examen attentif des faits princi>> paux que les observations communes ont indiqués » et qui ont été confirmés par des expériences précises.

Le calcul sera donc basé sur la méthode expérimentale. S. D. Poisson n'a pas la réserve de Fourier: dès la pre

(1) Édition de 1822.

(2) Édition de 1835. Paris. Bachelier.

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