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indépendant de la lumière et de toute fonction organisatrice il suffit de citer les mouvements du plasmode, l'agitation des zoospores et les recherches des anthérozoïdes. La formation des cellules a lieu dans l'obscurité, témoin les racines, la zone génératrice, etc. Les mesures qui ont été prises pour constater l'allongement de certaines hampes florales ou des chaumes de bambou ont montré que cet allongement se manifeste au moins aussi bien la nuit que le jour. Des parasites, comme le Rafflesia, ou des saprophytes, comme le Neottia nidus-avis, les champignons en grand nombre se passent de lumière pendant toutes les phases de leur végétation et ne la recherchent que pour fructifier. D'ailleurs, chaque fois que la végétation peut se manifester à l'aide de matériaux organisés, elle est indépendante de la lumière, témoin le développement des turions sur les rhizomes, la fleuraison des bulbes, etc. On sait que les fleurs peuvent se former et s'épanouir dans l'obscurité pourvu que le feuillage reçoive l'action vivifiante de la lumière. La nutrition proprement dite se manifeste parfaitement dans la nuit tant que les matériaux alimentaires préparés à l'avance suffisent à ses besoins. Ainsi les graines germant à l'obscurité donnent des plantes dont le développement n'a d'autre limite que la quantité d'azote organique dont elles disposent. Ainsi les tubercules de pomme de terre, les racines de chicorée émettent dans les celliers des pousses allongées ou des feuilles blanchies qui se développent en épuisant leur réserve alimentaire absolument comme des animaux qui pourraient s'en nourrir. Les parasites sans chlorophylle, insouciants de la lumière, grandissent et respirent: ils vivent aux dépens de leur nourrice sans que nous puissions reconnaître en quoi leur nutrition diffère de celle des animaux. Il en est de même des parties incolores dans les feuillages atteints de variegation. Les

enveloppes colorées des fleurs, les organes de la fécondation, les fruits, vivent aux dépens de la plante qui les porte. Les feuilles elles-mêmes et tous les organes verts ou autres s'alimentent dans le fond commun. Il serait trop long d'épuiser la liste des citations et des exemples.

En résumé, la nutrition des plantes consiste, comme la nutrition des animaux, dans une consommation de matière organique; elle est accompagnée de phénomènes respiratoires et elle nous semble, pendant la période d'activité, manifester, au moins à un faible degré, des mouvements de composition et de décomposition.

La formation de la fécule et celle de l'albumine servent de base et de point de départ à la nutrition générale de tous les êtres organisés. Cette formation est un phénomène de la plus haute importance et dont la manifestation est dévolue aux plantes. Ces mêmes plantes puisent dans leur propre fond la fécule et l'albumine nécessaires à leur développement et à leur respiration, comme pourraient le faire les animaux qui absorberaient ces plantes pour s'en nourrir. Il n'est pas exact de dire, à proprement parler, que les végétaux se nourrissent de matières inorganiques. Ils absorbent ces matières et dans des organes particuliers ils ont en général, dans certaines circonstances, le pouvoir de les transformer en substances organiques. La nutrition met en œuvre les produits de la réduction chlorophyllienne. Ainsi comprise, la nutrition végétale est un phénomène simple toujours semblable à lui-même et, dans son essence, le même que chez les animaux.

Nous n'avons rien dit de la génération parce qu'on sait qu'elle est identique partout. Nous n'avons point parlé non plus des actes d'excitabilité, d'évolution et de mouvements que manifestent les plantes: ils constituent des phénomènes de biologie végétale qui sont presque des manifes

tations de la vie animale. Leur étude, du plus haut intérêt, conduit, sans hésitation, à des conclusions synthétiques.

Dans les plantes le travail s'empare de la matière; chez les animaux, les forces prennent leur essor; mais il n'y a pas deux manières de vivre, il n'y en a qu'une seule.

La voie que nous avons suivie nous a conduit au point où l'on peut reconnaître l'unité dans le règne de la vie et c'est bien la vérité puisque tous les chemins qu'on peut prendre aboutissent au même point de vue. De même que nous constations, en commençant, l'immuabilité de la matière au fond de ses variations et de ses métamorphoses, de même, dans l'activité organique, sous la plus féconde diversité d'apparence, nous découvrons le principe le plus sublime parce qu'il est le plus simple, celui de l'unité.

Les applaudissements de la salle ont accueilli cette lecture.

M. le secrétaire perpétuel a proclamé, de la manière suivante, le résultat du concours et des élections.

JUGEMENT DU CONCOURS POUR 1872.

Deux mémoires avaient été reçus en réponse aux 5o et 6 questions du concours actuel de la classe:

Le premier, portant pour épigraphe : En physique la critique est facile, mieux faire difficile, avait pour but de répondre à la 5o question, ainsi conçue: On demande une discussion complète de la question de la température de l'espace, basée sur des expériences, des observations et le

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caloul, motivant le choix à faire entre les différentes températures qu'on lui a attribuées.

Le second, portant pour épigraphe : Les roches sont les incommensurables du règne minéral (Haüy), avait été envoyé en réponse à la 6 question rédigée en ces termes : Faire connaître, notamment au point de vue de leur composition, les roches plutoniennes, ou considérées comme telles, de la Belgique et de l'Ardenne française.

La classe appelée, dans sa séance du 16 de ce mois, à procéder au jugement de ces mémoires, a adopté les conclusions de ses commissaires, lesquels, tout en faisant ressortir le mérite de ces travaux, n'ont pas cru devoir proposer de leur décerner le prix.

Dans l'espoir que leurs auteurs prendront de nouveau part à la lutte, en tenant compte des observations que renferment les rapports qui seront imprimés au Bulletin, la classe s'occupera, lors de la formation de son prochain programme, de la remise au concours de ces questions.

PRIX QUINQUENNAL DES SCIENCES NATURELLES.

Par arrêté royal du 4 du mois de décembre actuel, le prix de cinq mille francs, de la cinquième période du concours quinquennal des sciences naturelles (années 1867 à 1871), a été décerné, conformément aux propositions du jury chargé de juger ce concours, à M. l'abbé J.-B. Carnoy, docteur en sciences naturelles, pour son ouvrage imprimé intitulé: Recherches anatomiques et physiologiques sur les champignons.

ÉLECTIONS.

La classe avait eu le regret de perdre, au commencement de cette année, l'un de ses membres titulaires les plus estimés, M. Antoine Spring : elle avait perdu également sir John Herschel et Ch. Babbage, qui faisaient partie des associés de la section des sciences mathématiques et physiques, et sir Roderick Impey Murchison, Granville et Barrat, qui faisait partie des associés de la section des sciences naturelles.

Dans sa séance, également du 16 de ce mois, la classe, procédant à ses élections annuelles, a porté ses suffrages sur M. ÉDOUARD VAN BENEDEN, l'un de ses correspondants, pour la place de membre titulaire, sauf approbation royale.

MM. DOVE, membre de l'Académie royale des sciences de Berlin, et HIRN, ingénieur civil à Logelbach (Alsace), ont été élus associés, en remplacement de sir John Herschel et de Babbage, et MM. HOOKER, directeur des jardins royaux de Kew (Angleterre), RAMSAY, directeur des Geological Surveys de la Grande-Bretagne, à Londres, et STEENSTRUP, Secrétaire de la Société royale des Sciences de Copenhague, ont été élus associés en remplacement de sir Murchison, Granville et Barrat.

M. FRANÇOIS CRÉPIN, conservateur au Musée royal d'histoire naturelle à Bruxelles, a été élu correspondant de la section des sciences naturelles.

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