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menté le mérite; l'abbé Dicquemare, non moins célèbre par ses ouvrages sur la physique que par ses travaux hydrographiques; de Gaule, né à Honfleur, hydrographe distingué, dont les savantes leçons donnèrent, à la marine du commerce, des officiers du talent le plus élevé. Dussions-nous blesser la modestie d'un savant dont s'honore aujourd'hui la ville du Havre, nous citerons parmi nos contemporains, M. J. B. Eyries, auteur de plusieurs . ouvrages justement estimés sur toutes les branches de la géographie, et l'un des fondateurs de cette société où l'amour de la science est le titre d'admission, et où une conformité de goûts et d'intention inspire un zèle et un dévouement égal pour contribuer aux progrès des connaissances géographiques. Nous ne terminerons pas cet article sans rappeler ici la mémoire de l'estimable Noël de La Morinière, de Dieppe, inspecteur général des pêches maritimes, trop tôt enlevé à son pays, victime de son zèle et du dévouement le plus désintéressé au milieu de travaux qu'il avait entrepris pour contribuer au succès des expéditions commerciales de sa ville natale et à l'avancement des sciences naturelles.

Nous ne pourrions pas, dans un si grand

nombre de marins illustrés par les plus brillans services, citer tous ceux que la Normandie s'honore d'avoir vu naître, mais nous rendrons hommage à tous les genres de mérite, en nommant ici notre savant compatriote, M. Dumont d'Urville, à qui il fut réservé d'ajouter à des découvertes et à des observations du plus haut intérêt, l'honneur d'inscrire aux funestes parages de Vani-Koro, l'hommage de la France à la mémoire de Laperouse et de ses compagnons,

le 14 mars 1828.

Après avoir exposé les progrès et la splendeur du commerce des Dieppois au xvio siècle, nous disons les causes de sa décadence successive; nous traçons imparfaitement l'état où il est réduit, nous indiquons les seuls moyens de le faire renaître. Malheureusement cette prospérité future est hypothétique; mais celle du port du Havre est évidente et positive. C'est à la vue de cette métropole du commerce du nord, du centre de la France, et qui le deviendra de celui de la Suisse et du midi de l'Allemagne, en voyant dans ses bassins ces nombreux navires chargés des productions de toutes les parties du globe, qu'un Français conçoit la pensée consolante que le génie de la navigation n'est pas mort chez les Normands,

et ne demande qu'à être dégagé de ses entraves, pour reprendre son essor sur l'élément où doit régner la liberté.

« La mer aussi bien que l'air est chose libre « et commune à tous, et une nation particulière n'y peut prétendre droit à l'exclusion des <«< autres, sans violer les droits de la nature et << de l'usage public. »

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Cette réponse, qui fut celle de la reine Elisabeth à une insolente sommation de l'ambassadeur de Philippe II, serait celle que nous ferions à toute nation qui, à l'exclusion des autres, voudrait dominer en souveraine sur le domaine commun.

DES

NAVIGATEURS

NORMANDS.

Les Normands, long-temps avant de se fixer dans la Neustrie, connaissaient les côtes de la France, de l'Espagne et du Portugal. Ces barbares, dès le ve siècle, se livrant avec une audace née de l'habitude, à tous les dangers de la navigation, s'étaient fait connaître et redouter par leurs ravages dans les Gaules. « Devant eux, dit Sidoine Apollinaire, le courage et la crainte étaient également inutiles. » Les Gaulois, dégénérés et avilis, étaient pour eux une proie facile; mais, comme le remarque judicieusement le savant auteur de leurs invasions, la présence des intrépides compagnons de Clovis, mit un frein

à leur audace. La prospérité de l'empire, sous Charlemagne, réveilla leur cupidité; le refoulement des barbares vers le nord avait augmenté leur nombre, avait ajouté à leur puissance. Dès les premières années du IXe siècle, leurs innombrables vaisseaux apparurent sur les deux mers, et menacèrent tous les rivages de l'embouchure du Tibre aux extrémités de la Germanie, il fallut pourvoir à la défense du territoire; les immenses mesures prises par Charles préservèrent ses états'. Mais, après sa mort, les Normands, rompant les digues imposées à leurs incursions, ravagèrent toutes les contrées littorales depuis l'Elbe jusqu'au détroit de Gibraltar, et, pénétrant dans la Méditerranée, désolèrent les côtes d'Espagne, d'Italie et de Provence. En 825, selon Fauchet, ils prirent et saccagèrent Séville.

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En 845 ils avaient abordé en Galice; repous

« Molitus est et classem contra Nordmanos, ædificatis ad hoc navibus juxta flumina quæ et de Gallia influunt Oceanum, et quo Nordmani gallicum littus atque germanicum assidua infestatione vastabant, per omnes portus et ostia fluminum, quo naves recepi posse videbantur, stationibus et excubiis dispositis, ne qua hostes exire possent, tali munitione prohibuit.

EGINARD. (Vita de Cæs.)

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