NOTE Ire, PAGES 7 ET 8. NOUVELLE RELATION DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE, CONTENANT UNE DESCRIPTION EXACTE DU SÉNÉGAL ET DES AUTRES PAYS SITUÉS entre le caP-BLANC ET LA RIVIÈRE DE SERRE-LIONE, ETC., PAR LE PÈRE LABBAT, DE L'ORDRE DES FRÈRES PRÊCHeurs. 5 vol. in-12.- Paris, 1728. Les Portugais, quoiqu'un peu moins voisins de l'Afrique que les Espagnols, prétendent l'avoir découverte avant eux, et comme les Espagnols ne leur ont pas contesté cette prétention, ils ont cru que les autres Européens auraient la même honnêteté. Ils se sont trompés, par malheur pour eux; il s'est trouvé des gens aussi amateurs de la gloire que les Portugais mêmes, qui n'ont eu garde de leur céder cet avantage : ces gens sont les Normands, qui, ayant connu les côtes d'Afrique, et s'y étant établis et dans les îles voisines plus d'un siècle avant que les Portugais songeassent à sortir de leur pays, ne prétendent point du tout imiter la condescendance des Espagnols, et leur céder l'honneur de cette découverte. Leurs raisons sont si bonnes, leurs preuves si évidentes, qu'il ne m'est pas possible d'hésiter à me déclarer pour eux, et à leur adjuger au moins l'honneur de la découverte, puisque le malheur des temps leur en a fait perdre une bonne partie du profit. CHAPITRE II. ÉTABLISSEMENT DES NORMANDS AUX CÔTES D'AFrique. Il y a des apparences très bien fondées que les Normands, et particulièrement les Dieppois, avaient reconnu, fréquenté et visité les côtes d'Afrique dès le commencement du xive siècle, puisqu'on sait positivement, et d'une manière à n'en point douter, que leur commerce était établi à Rufisque et le long de la côte, jusque bien au delà de la rivière Serre-Lione, dès le mois de novembre 1364. Or, il est à présumer y qu'ils n'avaient pas été d'un plein saut s'établir en cet endroit; qu'ils avaient reconnu la côte, étaient descendus, avaient fait alliance avec les naturels du pays; qu'ils avaient reconnu l'avantage qu'ils pouvaient tirer du commerce, et qu'après avoir examiné et pesé toute chose, ils s'étaient enfin déterminés à s'y établir. Une preuve évidente que le commerce des Dieppois était établi aux côtes d'Afrique en 1364, c'est qu'ils y associèrent les marchands de Rouen en 1365: cet acte est du mois de septembre. L'incendie de Dieppe, en 1694, est cause que je ne rapporte pas ici l'acte tout entier; mais la date, et d'autres circonstances qui vont être rapportées, sont tirées des annales manuscrites de Dieppe, dont l'ancienneté et la vérité ne peuvent être révoquées en doute. On les pourra voir dans le cabinet de M. 1....., I L'auteur a laissé en blanc le nom de ce particulier. Le portrait qu'il en fait étant, sous beaucoup de rapports, applicable à plusieurs de ses contemporains, nous nous abstiendrons de donner ici nos conjectures; nous nous bornerons à dire, avec un véritable regret, que toutes nos recherches et celles que, de son côté, a faites avec soin M. Feret, membre de plusieurs sociétés savantes, et auteur de plusieurs ouvrages intéressans sur les antiquités et l'histoire de sa ville natale, ne nous ont point fait retrouver les manuscrits qui furent |