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tèrent de ces favorables dispositions; ils armėrent, au mois de novembre 1364, deux navires de cent tonneaux chacun, qui firent voile vers les Canaries. Ils arrivèrent vers Noël au Cap-Vert, etmouillèrent devant Rio Fresco, dans la baiequi portait encore le nom de Baie de France en 1666. Après avoir parcouru la côte de Sierra Leone, ils s'arrêtèrent au lieu nommé plus tard par les Portugais Rio Sestos. Frappés de la ressemblance qu'ils trouvèrent de cette situation avec celle de leur ville natale, ils la nommèrent PetitDieppe. Les échanges qu'ils firent avec les naturels leur procurèrent, pour des objets de la plus médiocre valeur, de l'or, de l'ivoire et du poivre, dont ils tirèrent des profits immenses à leur retour, en 1365. Ce premier succès devait les encourager: aussi, au mois de septembre de la même année, les marchands de Rouen s'associèrent avec ceux de Dieppe', et la compagnie arma quatre navires, dont deux devaient traiter depuis le Cap-Vert jusqu'au Petit-Dieppe, et les deux autres aller plus avant pour découvrir les

tous les autres Européans y paroistra dépeinte avec tant

. de nayveté, qu'ils n'en pourront plus douter. »

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Voyez, aux pièces justificatives, l'extrait de la nouvelle relation de l'Afrique occidentale, par le père Labbat, de l'ordre des frères Prêcheurs. Paris, 1728.

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côtes. Ces instructions subirent des modifications qui furent heureuses pour les armateurs; l'un des bâtimens destinés à passer outre s'arrêta au grand Sestre, sur la côte de Malaguette, parce que, trouvant en ce lieu grande quantité de poivre, il en prit sa charge. L'autre navire trafiqua à la Côte-des-Dents, et poussa jusqu'à la Côte-d'Or. Il rapporta beaucoup d'ivoire et un peu d'or. Les peuples de ce rivage n'ayant pas fait aux navigateurs un accueil aussi hospitalier que ceux de la côte de Malaguette, la compagnie résolut de fixer désormais ses établissemens au Petit-Dieppe et au grand Sestre, que les navigateurs avaient alors nommé Paris, en l'honneur et mémoire de la capitale de leur patrie.

Des expéditions furent faites tous les ans pendant la durée du règne de Charles V. Des comptoirs, qu'on appelait alors loges, furent établis pour faciliter les relations avec les indigènes. Les vaisseaux trouvaient ainsi leurs cargaisons préparées, et n'avaient plus, en arrivant, qu'à déposer leurs chargemens et à en reprendre à l'instant de nouveaux. Trop faibles pour tenter de dompter les naturels et de les réduire au servage, les colons et les marins sentirent la nécessité de gagner leur affection et de captiver

leur confiance. Ils y parvinrent sans peine; il leur suffit d'être humains et justes, et surtout de ne pas mêler à leur principale affaire le fléau du prosélytisme religieux, prétexte si odieux et si funeste, dont les Espagnols et les Portugais firent un si cruel usage pour légitimer les atrocités que la soif de l'or leur fit commettre dans les pays qu'ils conquirent. Il ne paraît pas que les relations bienveillantes qui unissaient les Africains avec leurs hôtes se soient jamais altérées: elles laissèrent au contraire de profondes racines dans leur souvenir; ils conservèrent même long-temps, dans leur langage, une infinité d'expressions françaises, que Villaut de Bellefond, dont nous empruntons ces détails, retrouva dans ses rapports avec eux. « Le peu de langage, dit-il, que l'on peut entendre (en 1666) est français; ils n'appellent pas le poivre, à la portugaise, sextos, mais malaguette, et, lorsqu'on aborde, s'ils en ont, ils « crient: malaguette tout plein, tout à force de malaguette, qui est le peu de langage qu'ils << ont retenu de nous 1. »

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'Theodore Debry, dans sa collection des Voyages, doune celui de Samuel Braun sous ce titre : Samuelis Brunonis civis et chirurgi Basiliensis peritissima navigatio tertio in

L'abondance des épices que les Normands rapportaient dans leurs voyages annuels, produisit une diminution dans leur valeur. Cette branche de commerce n'offrant plus d'aussi grands profits, la compagnie expédia, en 1380, un navire de cent-cinquante tonneaux, appelé la Notre-Dame-de-Bon-Voyage, qui partit de Rouen au mois de septembre, pour traiter à la Côte-d'Or, et y former, s'il était possible, un

Guineam ad provinciam More, ubi Castellum Nessovicum in regno Sabou. Pag. 40.

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In hoc tractu castelloque adeo ipso, sicut et in provincia Acarensi, homines vidi qui centesimum supra trigesimum annum jam attigerant. Hi mihi percunctanti narrabant : Castellum Minam jam ante multos annos a Gallis negociatoribus fundari extruique coeptum fuisse. Cum enim quatenus per tres integros menses assidui imbres cum validissimis ventorum turbinibus (quos imbres ventis mixtos nautæ Tranadas vocant) ibi dominantur, petiisse gallos istos, uti sibi cum incolarum venia armamentarium vel domum servandis mercibus extruere liceret : qui nihil mali suspicati, cum a Gallis læsi hactenus non fuissent, libenter indulserunt. Coepta est inde domus mediocris magnitudinis, in quam merces et bona sua a navibus eo perducta congessere. Hinc gallorum negociatio in dies felicius succedere, ob eam præcipue causam, quod illo tempore rudiores Afri aurum neque numeraverint neque ad libram appenderint, sed ex bono et æquo, prout existimabant, cum mercibus Gallorum permutaverint. »

établissement. Ce bâtiment arriva, vers la fin de décembre, aux mêmes attérages où, quinze ans auparavant, la seconde expédition avait fait des échanges avantageux. Cette expédition eut un résultat fort heureux; la Notre-Dame revint à Dieppe, neuf mois après, avec le plus riche chargement. « Ce fut, dit Bellefond, ce

"

qui commença de faire fleurir le commerce à « Rouen. »

la

L'année suivante (1382) trois vaisseaux, Vierge, le Saint-Nicolas et l'Espérance, mirent à la voile le 28 septembre. La Vierge s'arrêta au premier lieu qui avait été découvert sur la Côte-d'Or, qui fut nommé la Mine, à cause de la quantité d'or qu'on y trouvait. Le Saint-Nicolas traita à Cap-Corse et à Mouré, au dessous de la Mine, et l'Espérance alla jusqu'à Akara, ayant trafiqué à Fantin, Sabou et Cormentin. Dix mois après, l'expédition revint saine et sauve avec de riches cargaisons. Ses rapports fixèrent l'attention de la compagnie, qui, dès lors, conçut le dessein d'y diriger exclusivement toutes ses spéculations. Pour cet effet, trois vaisseaux furent expédiés en 138 1383, deux grands et un petit; ce dernier devait passer à Akara pour découvrir les côtes au midi. Les deux grands étaient lestés de matériaux propres

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