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par cela seul, qu'elle est en harmonic avec les besoins in tellectuels de la nation.

La Commission royale d'histoire, depuis son origine, a vu se renouveler la majorité de ses membres. Elle n'en compte plus que trois, des sept qui furent appelés à la former en 1834. Tous ceux qui en ont fait ou en font aujourd'hui partie, ont concouru, elle ose le dire, avec le même zèle, avec le même dévouement, à l'exécution de l'entreprise nationale que la confiance du gouvernement a commise à leurs soins.

Les actes et les travaux de la Commission sont connus de vous, monsieur le Ministre, comme ils le sont du public. Elle croit devoir cependant, au moment où elle entre dans la vingt-sixième année de son existence, vous présenter un tableau raccourci de ce qu'elle a fait, et vous dire en même temps ce qu'elle se prépare à faire.

L'intérêt que vous avez toujours pris à l'histoire nationale nous persuade que vous jugerez ce résumé digne de votre attention.

I.

Comme vous le rappeliez, monsieur le Ministre, avec autant d'exactitude que de précision, dans votre rapport au Roi, le projet de réunir et de publier les chroniques belges inédites avait été conçu à différentes époques; il allait même se réaliser sous les auspices du roi des Pays-Bas Guillaume Ier, lorsque la révolution de 1850 vint rendre à la Belgique, avec ses vieilles libertés, son ancienne indépendance.

Un gouvernement national ne pouvait négliger un objet dont des gouvernements étrangers eux-mêmes avaient ap

précié l'importance; il ne pouvait abandonner une œuvre qui, selon les expressions de l'acte que nous allons citer, <devait contribuer puissamment au développement du › patriotisme et au progrès des lettres. » De là l'arrêté royal du 22 juillet 1834.

Installée le 4 août suivant, la Commission s'occupa, dès cette première séance, du plan qu'elle adopterait pour la publication des chroniques. Elle décida, sous l'approbation du gouvernement, qu'elle commencerait par les monuments inédits dont nous allons donner l'indication :

I. Les Acta Sanctorum Belgii selecta, ou complément du recueil dont Ghesquière fit paraître six volumes in-4° au siècle dernier;

II. La chronique des ducs de Brabant, d'Edmond De Dynter, en latin (xvme siècle);

III. L'histoire diplomatique du Brabant, aussi en latin, par Pierre Vander Heyden, dit A Thymo (xvme siècle), à laquelle serait jointe la chronique rimée, en français, de Philippe-Auguste, par Philippe Mouskés (xime siècle);

IV. La chronique, en vers flamands, de Jean Van Heelu, contenant une description de la bataille de Woeringen, à laquelle il assista, en 1288;

V. La chronique, en vers flamands, connue sous le nom de Brabantsche Yeesten, par Jean De Klerk et son continuateur;

VI. Un corps de chroniques de Flandre disposées de manière à en faire voir en quelque sorte la liaison et la généalogie;

VII. La chronique liégeoise, en prose, de Jean d'Outremeuse (xivme siècle);

VIII. Les Antiquités de la Flandre, de Philippe Wielant (xvme siècle);

IX. La relation française du voyage de Philippe le Beau en Espagne, en 1501, par Antoine de Lalaing, seigneur de Montigny (xvime siècle);

X. La relation des troubles de Gand sous Charles-Quint, par un témoin oculaire, anonyme (xvime siècle).

Tous ces documents avaient été compris, soit dans le programme formé sous le règne de Marie-Thérèse et le ministère du comte de Cobenzl, soit dans le Prodromus de l'évêque d'Anvers de Nélis, soit enfin dans le prospectus que fit paraître la Commission nommée par le roi Guillaume Ier en 1827.

L'histoire des provinces de Hainaut, de Namur et de Luxembourg était restée, en quelque sorte, en dehors des plans de nos devanciers. C'était une lacune que la Commission se proposait de combler dès qu'elle aurait eu le temps de faire les recherches nécessaires. Elle la combla, en effet, en décidant, dans ses séances du 4 novembre 1837 et du 10 février 1838, qu'elle publierait

XI. Un Recueil des monuments les plus intéressants de l'histoire de ces provinces.

Nous avons à vous rendre compte, monsieur le Ministre, de l'exécution que ce plan a reçue jusqu'aujourd'hui, des développements qui lui ont été donnés, des modifications qu'il a été jugé utile de lui faire subir.

I. La continuation des Acta Sanctorum Belgii fut confiée à M. de Ram, qui s'est occupé tout spécialement de l'hagiographie de la Belgique. Vous n'ignorez pas que ce recueil, considéré à juste titre comme l'une des sources les plus précieuses de notre histoire au moyen âge, s'arrête à l'année 729 on calculait que trois ou quatre volumes in-4° pourraient le compléter.

M. de Ram se mit à l'œuvre aussitôt que le programme de la Commission eut reçu l'approbation du gouvernement. Il s'appliqua d'abord à extraire, de la grande collection des Bollandistes, de celles dont nous sommes redevables aux Bénédictins, et de tous les monuments historiques qu'il pouvait consulter avec fruit, les actes propres à former la suite de Ghesquière. En même temps, il prit à tâche de rechercher et de réunir les vies des saints belges que n'avaient pas données les Bollandistes.

Cependant les amis de l'histoire désiraient ardemment que l'œuvre des Bollandistes, qui a répandu tant de lustre sur notre pays, et que nos anciens souverains se firent gloire d'encourager, fût reprise et poursuivie jusqu'à son entier achèvement. M. de Ram joignit ses démarches à celles que firent, dans ce but, auprès du gouvernement et des pères de la compagnie de Jésus, des hommes zélés pour tout ce qui peut honorer la nation et servir la science. Ces démarches furent couronnées de succès. L'association des Bollandistes se reconstitua en 1836; elle établit son siége au collège de Saint-Michel, à Bruxelles.

Le dernier volume des Acta Sanctorum publié avant la réunion de la Belgique à la France était le 55°, le 6o du mois d'octobre. Les nouveaux Bollandistes ont fait paraître le 54, correspondant au 7° du même mois. Le 55° est sous presse.

Nous aimons à consigner ici le témoignage, rendu par ces savants et laborieux compilateurs, de la part que notre collègue a prise à leur établissement : « Longum esset, > disent-ils, retexere, nomina civium nostrorum quorum > largitionibus aucta fuit Hagiographorum bibliotheca. > Quosdam tamen, ne beneficiorum memoriam abolevisse > videamur, praeterire non possumus.... R. D. Petrum

> Franc. Xav. de Ram, catholicae Universitatis rectorem, » qui primus curavit ut Bollandiniani operis continuatio > societati nostrae crederetur (1). »

Du moment que l'association des Bollandistes était reconstituée, il paraissait juste et convenable de leur réserver une publication dont ils ont tous les matériaux sous la main, et à laquelle ils seront jaloux sans doute d'attacher leurs noms. La Commission résolut donc, conformément à l'avis de M. de Ram, de ne pas comprendre dans sa collection les Acta Sanctorum Belgii.

II. Ce fut aussi M. de Ram que la Commission chargea de mettre au jour la grande chronique des ducs de Brabant, d'Edmond De Dynter.

Les recherches auxquelles il se livra afin de s'assurer si d'autres chroniqueurs latins du Brabant ne pourraient pas être joints à De Dynter, lui firent découvrir des documents

(1) Voy. la préface, p. 2, du 7me volume d'octobre, publié à Bruxelles en 1845. Dans le même volume, les nouveaux Bollandistes, après avoir parlé d'un projet de continuation des Acta Sanctorum formé à Paris en 1836, ajoutent, p. xx: « Dum haec ab eruditis Gallis agitantur, R. D. Petrus » Franciscus Xaverius de Ram, Academiae catholicae Lovanii rector ma>gnificus, vir de religione, patria et re literaria multis nominibus optime > meritus, eorum conatus praevertendos censuit. Data itaque die 17 octo>> bris epistola ad equitem de Theux, qui tunc res Belgii internas admi» nistrabat, scribit constitutam Parisiis dici societatem hagiographicam, » sibi videri hanc palmam ab alienigenis praeripiendam non esse : degere > adhuc in patria viros, qui hanc provinciam et susciperent in se et pares > essent oneri ferendo; nullos autem aptiores habendos ad opus perficien> dum quam qui incepissent. Huic sententiae accinebant, quotquot cupie> bant hoc eruditionis opus patriae conservatum. Una omnium vox fuit, > patrium illud coeptum, cum respublica floreret, a Belgis esse complen> dum. >

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