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heureusement occasionné la perte de beaucoup de nos chroniques, comme d'une quantité considérable de nos chartes les unes ont été détruites, d'autres sont passées à l'étranger; toutefois il nous en est resté qui méritent l'attention des savants: telle est la chronique de Vander Heyden, dit A Thymo, pensionnaire ou secrétaire de la ville de Bruxelles pendant près d'un demi-siècle, et de plus chanoine et trésorier de Ste-Gudule, mort en 1473; on crut longtemps qu'elle avait été la proie des flammes, lors du bombardement de Bruxelles en 1695. Tels sont encore: la chronique d'Edmond De Dynter, qui fut successivement secrétaire des ducs de Brabant Antoine Ier, Jean III, Philippe Ier et Philippe II; les chroniques flamandes rimées de Jean Van Heelu et de De Klerk; les voyages de Philippe le Beau et de Charles-Quint, et d'autres ouvrages sans doute qui ne sont pas

connus.

Je viens proposer à Votre Majesté la publication de ces chroniques.

Bien des fois déjà, Sire, la même entreprise a été tentée, sans avoir eu jamais un résultat satisfaisant.

Dans le xvime et le xviime siècle, des savants isolés en concurent le projet; mais leurs plans reçurent à peine un commencement d'exécution.

Sous le règne de l'impératrice Marie-Thérèse, ce fut le gouvernement lui-même qui le forma: le comte de Cobenzl fit faire beaucoup de recherches et d'écrits dans ce but; il s'assura de la coopération d'hommes distingués par leurs connaissances dans l'histoire du pays, le comte de Nény, chef et président du conseil privé, l'abbé Paquot, historiographe de l'Impératrice, l'abbé Nélis, bibliothécaire de l'université de Louvain, MM. Van Heurck et Verdussen. Différentes circonstances, mais principalement la mort du comte de Cobenzl, arrivée en 1770, rendirent infructueux tous les travaux préparatoires qui avaient été faits pour la publication du recueil dont le plan avait été adopté par lui.

Plus tard, l'Académie impériale et royale des sciences et belleslettres de Bruxelles créa dans son sein un comité qu'elle chargea de la mise au jour des chroniques, mémoires et autres monuments propres à servir de matériaux à une histoire générale de la Belgique.

Cette création semblait promettre de grands résultats : mais, soit défaut de zèle ou de loisir de la part des membres du comité, soit manque des fonds nécessaires, tout ce qui en sortit se réduisit à l'édition, par le marquis du Chasteler, de la chronique de Gilbert, chancelier des comtes de Hainaut sur la fin du XIIme et au commencement du XIIIe siècle.

L'œuvre pour l'accomplissement de laquelle l'Académie et le gouvernement lui-même s'étaient en quelque sorte montrés impuissants, M. de Nélis, devenu évêque d'Anvers, crut pouvoir l'entreprendre, aidé de ses seules forces. Il s'était livré à des recherches étendues sur l'histoire de la Belgique; il avait eu accès aux bibliothèques et aux chartriers qui contenaient le plus de richesses: il annonça, en 1783, le dessein de publier, en trente à trente-cinq volumes in-4o, une collection d'historiens des Pays-Bas.

Cette entreprise, ainsi que toutes celles dont le projet avait été précédemment conçu, n'eut point de suite. Il faut d'autant plus le regretter que, dans son Prodromus rerum Belgicarum, le seul monument que nous possédions de ses longs et importants travaux, le savant évêque d'Anvers a prouvé qu'il eût été capable de s'acquitter de la tâche difficile qu'il s'était imposée.

Dans les dernières années de notre communauté politique avec la Hollande, le gouvernement avait résolu de faire publier, aux frais de l'État, les chroniques belges inédites, et il avait institué une Commission à cet effet (1).

Au mois de septembre 1830, la Commission dont je viens de parler n'avait encore livré au public aucun des ouvrages qu'elle avait annoncé l'intention d'éditer; seulement deux de ces ouvrages se trouvaient entre les mains de l'imprimeur : le premier volume de la chronique d'A Thymo et quelques feuilles de la chronique flamande de Jean Van Heelu venaient de sortir de la presse.

(1) Cette Commission fut composée de MM. Bernardi, bibliothécaire de l'université de Louvain; Raoul, professeur à l'université de Gand; le baron de Reiffenberg, professeur de philosophie à l'université de Louvain; Sylvain Vande Weyer, bibliothécaire de la ville de Bruxelles; Van Hulthem, membre des états généraux; Willems, membre de l'institut des Pays-Bas. M. J -J.

Je viens proposer à Votre Majesté de reprendre une œuvre nationale, aussi souvent abandonnée ou interrompue qu'entreprise. Je ne m'arrêterai pas à démontrer que c'est sous les auspices des gouvernements seuls que de pareilles entreprises peuvent aujourd'hui être exécutées; seuls ils possèdent les ressources de tout genre qu'elles exigent d'une part, en effet, les dépenses qu'elles entraînent ne sauraient être bien onéreuses pour eux, et, de l'autre, ils sont dépositaires des matériaux les plus importants qui doivent y être employés. Des individus isolés, quels que fussent leurs efforts, n'obtiendraient que des résultats partiels et nécessairement bornés.

Le projet d'arrêté ci-joint a été basé sur cette donnée.

L'article premier institue une Commission pour la recherche et la mise en lumière des chroniques belges inédites.

Il est évident qu'un aussi grand travail réclame le concours d'un certain nombre de coopérateurs. Les hommes que je désigne au choix

Raepsaet avait aussi été appelé à en faire partie, mais son âge avancé ne lui permit pas d'accepter.

La Commission tint sa première séance à Bruxelles, au mois de juillet 1827, sous la présidence de M. Van Gobbelschroy, ministre de l'intérieur.

D'après le prospectus qu'elle fit paraître au mois de septembre 1829, ses publications devaient comprendre :

1o La chronique rimée du Brabant, de Nicolas de Clerck;

2o La chronique de Jean Van Heelu;

3o L'histoire diplomatique du Brabant, par Ed. De Dynter;

4 L'histoire diplomatique du Brabant, par P. Vander Heyden, dit

A Thymo;

5o La Relation du voyage de Philippe le Beau en Espagne, par Antoine de Lalaing;

6o La relation des troubles de Gand sous Charles-Quint;

7o Le journal des voyages de Charles-Quint, par Vandenesse;

8 La chronique de S'-Bavon;

9° La chronique de Gilles li Muisis;

10o Les mémoires de Jean de Haynin. (Voy. le Journal de la Belgique

des 5 et 24 août 1827, 11 et 13 septembre 1829.)

La plupart de ces ouvrages ont été mis au jour par la Commission actuelle; d'autres sont en cours de publication en ce moment.

de Votre Majesté, se recommandent à cette distinction par leurs connaissances et par leurs travaux sur l'histoire nationale.

L'art. 2 porte que la Commission, aussitôt après qu'elle aura été installée, s'occupera de rédiger un plan pour ses travaux.

Je pense, Sire, qu'à cet égard une grande latitude doit être laissée à la Commission.

Par l'art. 5 du projet d'arrêté, une somme annuelle de cinq mille francs, à prélever sur le crédit alloué au budget du département de l'intérieur pour l'encouragement des sciences et des lettres, est mise à la disposition de la Commission, jusqu'à ce qu'elle ait rempli la tâche qui lui est confiée.

Il m'a paru de toute nécessité, pour assurer aux travaux de la Commission une marche régulière, de lui allouer un subside fixe et sur lequel elle puisse compter; elle fera ses arrangements en conséquence. Il arrivera que, une année, les 5,000 francs ne seront pas dépensés, une autre année ils auront été insuffisants: le déficit de l'une sera couvert par l'excédant de l'autre.

Au surplus, la Commission est tenue, d'après le même article, de rendre compte, chaque année, au département de l'intérieur, de l'emploi des fonds affectés à ses travaux.

La somme annuelle de 5,000 francs est destinée à faire face aux frais de copie, aux frais de déplacement des membres de la Commission, et aux frais d'impression que ne couvrira pas la vente des

ouvrages.

Dans l'art. 4 et dernier, le gouvernement fait espérer aux membres de la Commission les distinctions ou les récompenses que leurs travaux auront pu mériter: c'est un encouragement dont Votre Majesté reconnaîtra l'opportunité autant que la justice.

J'ose me flatter, Sire, que l'ensemble de ces dispositions répondra aux vues libérales de Votre Majesté, et je les soumets avec confiance à son approbation.

Le Ministre de l'intérieur,

CH. ROGIER.

LÉOPOLD, ROI DES BELGES,

A tous présents et à venir, salut.

Considérant que tous les travaux qui ont pour objet de répandre des lumières sur l'histoire de la Belgique, méritent notre sollicitude; Qu'ils doivent contribuer à la fois au développement du patriotisme et au progrès des lettres;

Que déjà, mu par ce motif, nous avons ordonné la publication des catalogues des Archives de l'État et celle des documents intéressants pour l'histoire générale du royaume, qui existent tant dans ces Archives que dans les autres dépôts de titres du pays;

Considérant que la mise au jour des chroniques belges inédites doit concourir puissamment au même but;

Sur le rapport de notre Ministre de l'intérieur,

NOUS AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS :

ART. 1er. Une Commission est instituée à l'effet de rechercher et mettre au jour les chroniques belges inédites.

Cette Commission est composée de :

MM. de Gerlache, premier président de la cour de cassation, membre de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles;

L'abbé de Ram, archiviste de l'archevêché et professeur au séminaire archiepiscopal de Malines;

Le baron de Reiffenberg, professeur à l'université de Louvain, membre de l'Académie de Bruxelles (1);

Dewez, inspecteur des athénées et colléges, secrétaire perpétuel de l'Académie de Bruxelles (2);

(1) M. de Reiffenberg est décédé le 18 avril 1850; un arrêté royal en date du 23 octobre de la même année a nommé, en son remplacement, M. Ad. Borgnet, membre de l'Académie royale de Belgique et professeur d'histoire à l'université de Liége.

(2) M. Dewez est décédé le 26 octobre 1854. M. le chanoine Joseph de

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