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les comtes et les évêques, dont le pouvoir s'élevait alors sur les débris de l'autorité royale, dont les États naissaient du fractionnement du territoire, ne se sentaient pas encore assez forts, assez indépendants, pour inaugurer une législation nouvelle. Nous ne rencontrerons qu'au XIIe siècle leurs premiers essais en ce genre.

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» Il ne nous est également parvenu aucun traité d'alliance conclue, soit entre ces princes, soit entre eux et les princes voisins. De l'acte d'inféodation du comté de Hainaut à l'évêché de Liége, en 1071, on n'a pas conservé la rédaction véritable, mais uniquement une analyse empruntée au chroniqueur Gilbert de Mons (1). Il faut arriver jusqu'à la première année du xime siècle pour rencontrer un traité d'alliance, celui que le comte de Flandre, Robert de Jérusalem, conclut avec le roi d'Angleterre.

» Les chartes de priviléges accordées aux villes, chartes auxquelles les annales de nos provinces pendant le moyen âge empruntent une physionomie toute particulière, font également défaut, à l'exception de celles concédées à la

(1) Plusieurs auteurs, et notamment Chapeauville (Gesta pontificum Leodiensium, t. II, pp. 11 et 13), ont publié deux textes d'une charte par laquelle le roi Henri, du consentement de la comtesse Richilde et de son fils Baudouin, donne à l'évêque de Liége les châteaux de Mons et de Beauinont, la marche de Valenciennes, les abbayes de Mons, de Maubeuge, etc. Le texte de cet acte important que Chapeauville dit avoir emprunté au livre des chartes de l'église de Liége, n'est pas à l'abri de tout soupçon de fausseté ou d'altération, car il est daté du 25 juin 1070. Or, la bataille de Cassel, où périt le fils aîné de Richilde, le comte Arnoul III, ne fut livrée qu'en 1071, et ce jeune prince paraît encore dans des chartes de cette année, particulièrement dans une donation de serfs à l'abbaye d'Hasnon (Gallia Christiana, t. III, instrument. col. 85). Le texte reproduit par Chapeauville d'après le chroniqueur Gilles d'Orval et qui est daté du 11 mai 1071, semble mériter plus de confiance.

ville de Huy par l'évêque de Liége, Théoduin, en 1066, et à Grammont par Baudouin, comte de Flandre et de Hainaut, vers la même époque. Encore ne possède-t-on de la charte de Huy qu'un texte incomplet, et de la charte de Grammont qu'une confirmation octroyée, vers l'an 1195, par un autre Baudouin, comte de Flandre et de Hainaut. Quelques diplômes impériaux ou royaux, fixant les droits et les obligations des avoués et des sujets des principales corporations religieuses, présentent un grand intérêt, en ce qu'ils font connaître la loi sous laquelle vivait la majeure partie de la population de notre pays.

» Pour les temps qui précèdent immédiatement l'an 1100, il n'existe donc, en réalité, qu'une seule catégorie de documents nombreux, c'est celle des donations de biens et des concessions ou confirmations de priviléges aux siéges épiscopaux, aux chapitres et aux monastères. A part l'intérêt qu'ils présentent pour la connaissance des faits se rattachant plus particulièrement aux maisons religieuses, ces documents sont en outre une mine inépuisable de données authentiques sur l'ancienne topographie du pays, l'histoire des grandes familles, la condition et les droits des différentes classes de la société. C'est pourquoi on ne saurait trop en recommander l'étude aux personnes qui veulent sérieusement connaître ces temps reculés, ni trop engager à reproduire les chartes inédites ou des textes plus corrects de celles qui sont éditées.

› La correspondance de quelques personnages illustres, tels que le savant Gilbert (le pape Sylvestre II) et l'un de ses successeurs, le célèbre Grégoire VII, ne doit pas être oubliée leurs lettres compensent parfois l'aridité ou le manque de documents officiels.

Ne croyez pas, messieurs, qu'en augmentant l'impor

tance du travail, j'en ai considérablement accru l'étendue. Je me suis particulièrement attaché à faire la comparaison des analyses, presque tous, je pourrais ajouter tous les actes anciens ayant paru à différentes reprises, et souvent avec des variantes qu'il est bon de signaler autant que possible. Cette circonstance ne se reproduit plus aussi fréquemment dans la suite, alors que les chartes deviennent plus communes et, par conséquent, d'une réimpression plus difficile.

» Je saisis cette occasion pour vous prier d'agréer,` messieurs, l'expression de mon entier dévouement.

» ALPHONSE WAUTERS. »

DISTRIBUTION DES CHRONIQUES ET DES BULLETINS.

Dans sa séance du 7 novembre dernier, la Commission a résolu de proposer à M. le Ministre de l'intérieur différentes modifications à la liste de distribution des Chroniques belges.

M. le Ministre, par une dépêche du 15 février, informe la Commission de la décision qu'il a prise.

COMMUNICATIONS.

M. de Ram présente :

1° Huit lettres inédites de Gerardus Magnus;

2o Douze lettres inédites de Laevinus Torrentius, écrites, dans les années 1583, 1584 et 1585, à Jean Fonck, garde des sceaux pour les affaires des Pays-Bas, à Madrid;

3o Une requête adressée par les états de Brabant à la

duchesse de Parme, le 16 novembre 1566, pour engager le roi à faire convoquer les états généraux.

Ces pièces seront insérées dans le Bulletin.

Il en sera de même des communications suivantes : 4o Notice d'un manuscrit intitulé: Cartulaire de Van den Berg, conservé aux archives de l'État, à Liége; par M. Stanislas Bormans, conservateur adjoint de ce dépôt;

5o Notice sur différents dépôts d'archives d'Allemagne et d'Italie, tirée du recueil publié par feu M. Friedemann, sous le titre de Zeitschrift für die Archive Deutschlands; par M. Ph. Gigot, employé de première classe aux Archives générales du royaume;

6o Chronicon Diestense, avec des notes de l'éditeur et des chartes concernant la ville de Diest, par M. Raymaekers, prieur de l'abbaye de Parc.

COMMUNICATIONS.

I.

Lettres de Ldevinus Torrentius à Jean Fonck, garde des sceaux pour les affaires des Pays-Bas, à Madrid.

(Communiqué par M. DE RAM, membre de la Commission.)

L'intérêt que présente pour l'histoire littéraire et politique de la fin du seizième siècle la correspondance de Laevinus Torrentius, nous engage à publier encore, d'après le manuscrit autographe de la Bibliothèque royale de Bruxelles, numéro 15704, douze lettres, adressées de 1585 à 1585, à Jean Fonck, qui résidait alors à Madrid et qui y jouissait de toute la confiance du roi Philippe II, pour la direction des affaires des Pays-Bas.

Jean Fonck ou Foncq (Fonck van Ameronghen) naquit à Amersfoort, dans la province d'Utrecht. Il avait le grade de docteur és droits, qu'il obtint, si je ne me trompe, à l'université de Cologne et non pas à celle de Louvain, où son nom ne se rencontre pas dans les listes ou séries des

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