Sans doute il eût été utile de réunir en un seul corps d'ouvrage tout ce qui a trait à l'historique de l'art de terre depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours. Suivant l'accueil que fera le public à la publication actuelle, j'ai la promesse d'hommes dévoués à la science de la compléter dans une édition postérieure. La tenter actuellement n'était pas possible. Attelé neuf ans à ce travail, c'était beaucoup pour un écrivain qui a d'autres attelages à conduire. J'ai songé aux érudits qui entassent notes sur notes, renseignements sur renseignements, les jettent dans le tonneau des Danaïdes de la science et meurent sans jamais arriver à le remplir, et je me suis gardé de les imiter. Il fallait un arrêt. La fin de 1880 m'a paru répondre à ce que l'érudition moderne est en droit de demander à un semblable ouvrage. On y constatera évidemment des omissions; c'est la misère attachée aux travaux de cette nature. Malgré le concours plein de zèle qu'a bien voulu me prêter pour la revision et la traduction des textes étrangers M. Auscher, ingénieur attaché au service de la fabrication de la Manufacture de Sèvres, des fautes de détail ont pu être commises; j'espère que tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des arts céramiques voudront bien me les signaler. Le sujet est minutieux; il a son importance, et je ne crois pouvoir mieux conclure qu'en citant l'appréciation suivante de M. Pottier, un des premiers qui, dans ce siècle, aient compris l'importance des arts céramiques. Analysant dans une brochure les procédés de fabrication des anciennes poteries normandes, l'archéologue concluait ainsi : « Pour conserver un but philosophique qui seul peut mériter l'attention des gens sérieux, la recherche à laquelle nous nous livrons. doit avoir pour objet principal de constater, pour chaque époque, le point d'arrivée d'une industrie déterminée, afin d'en tirer les arguments pour fixer la marche ascendante ou rétrograde de la civilisation. » CHAMPFLEURY. Sèvres, 1872-1881. |