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alphabétique le plus généralement usité, le nom de l'auteur d'un livre ne donne pas la clef des matières contenues dans son ouvrage; par contre, le classement par ordre de matières ne fait pas connaître le nom de l'auteur. Aussi ai-je jugé utile, pour faciliter les recherches, de dresser un classement en partie double : le premier par noms d'auteurs de toutes les publications françaises et étrangères sur l'art céramique; le second, également alphabétique, par noms d'auteurs, en faisant rentrer chaque publication dans des séries spéciales.

Ce n'est pas à dire que certains ouvrages ainsi enregistrés ne forcent parfois le cadre. Il est peu d'écrivains, même ceux voués aux monographies, qui n'aient formulé quelques vues d'ensemble; toute biographie pourrait également être détachée de sa série et prendre un autre rang chronologique, historique ou géographique.

Plus d'un point douteux se présenta, semblable à celui qui dut préoccuper Brongniart lorsqu'il entreprit le classement scientifique du Musée céramique de la Manufacture de Sèvres. J'ai dû passer outre, aucun système ne me paraissant remédier à ces difficultés d'enregistrement.

Le chercheur trouvera toutefois dans cette bibliographie, grâce au double système employé, les matériaux que l'érudition moderne a rendus si nombreux.

J'ai cru pouvoir enfreindre les lois qui régissent la bibliographie, en faisant entrer dans ce travail certains ouvrages contenant d'utiles renseignements pour l'étude des arts céramiques. Des notes destinées aux érudits qui s'occupent de l'histoire de l'art de terre doivent en outre faciliter leurs recherches; c'est ce qui m'a conduit insensiblement à abandonner mon projet

de bibliographie sèche pour adjoindre aux principales publications quelques observations.

N'était-il pas délicat de juger brièvement des publications considérables ou de prendre parti pour ou contre d'autres qui avaient déjà donné lieu à d'ardentes polémiques? Elles sont si nouvelles les recherches sur les diverses formes de l'art de terre, tant d'enregistrements de documents sont venus surprendre les érudits en cette matière, les détails sont si considé rables qu'ils entraînaient forcément des erreurs de lieux, de dates, d'attributions qui seront rectifiées avec le temps.

Un seul écrivain a rendu ma tâche difficile. Ayant attaqué d'un ton acerbe la plupart de ceux qu'il mettait à contribution, il devait s'attendre à de légitimes. représailles; aussi était-ce surtout avec M. Demmin qu'il convenait de faire appel à la plus large impartialité. Étranger et cordialement accueilli de tous en France, il a dans ses livres systématiquement rabaissé la nation qui lui donnait l'hospitalité; après avoir fait appel aux lumières des savants et des chercheurs, il a essayé d'entamer la réputation de ceux qui avaient mis leurs connaissances à son service. Connaissant plus qu'imparfaitement la langue française, M. Demmin l'a malmenée avec brutalité dans ses écrits; plus ignorant encore des termes scientifiques, il parle technique, chimie, fabrication, comme s'il jetait en l'air tous les mots du dictionnaire pour les rattraper au vol.

Loin de chercher à faire oublier son manque de méthode, son ignorance par la modestie, M. Demmin s'est montré arrogant, se donnant comme possédant à lui seul la connaissance de la céramique industrielle et artistique. Et cependant, malgré de

nombreuses bévues, les livres de M. Demmin auront offert peut-être quelque utilité à ceux qui, posant un pas prudent au seuil de toute science, réfléchissent, contrôlent et rectifient. Pour le gros des lecteurs qui croient à toute affirmation d'un auteur, une cacologie aussi considérable que le Guide de M. Demmin eût été nécessaire 1.

Je ne suis pas de ceux qui opposent les nationalités les unes aux autres dans les questions d'art ou de science, et la défaite en 1871 de la France par l'Allemagne ne me fera pas rabaisser d'un cran la statue de Goethe; mais le confusionisme germain des petits esprits se montre aussi clairement que de l'huile dans du vinaigre quand il prétend se mêler à la clarté française, et il n'apparaît que plus lourd alors que des Demmin le font servir à leurs jalouses polémiques.

Les véritables érudits n'ont pas la même morgue; la science qu'ils ont pu acquérir, ils se la communiquent comme les pierres que se passent les maçons pour élever un monument. La Bibliographie céramique, que j'entreprenais depuis longtemps, me mit en relations avec un certain nombre d'archéologues qui, sachant la difficulté d'une entreprise qui n'avait pu aboutir jusqu'alors, s'empressèrent de m'aider dans ma tâche.

1. Les erreurs de M. Demmin ont été relevées dans les Revues par M. Alfred Darcel et d'autres écrivains; l'auteur du Guide de l'amateur de faïences y a répondu, et c'est par une omission involontaire, que je m'empresse de réparer, que sa brochure de combat n'a pas été mentionnée dans cette Bibliographie: « Les pseudo-critiques de la Gazette des Beaux-Arts », par A. Demmin. Paris, Renouard, 1864. In-8.

2. La bibliographie céramique tenta quelques écrivains au cours de leurs travaux; ils se rendaient compte par leurs recherches com

En première ligne, je dois citer M. A.-W. Franks, un des principaux conservateurs du British Museum; avec l'obligeance particulière aux savants, il me fournit un certain nombre de notes en ce qui touche la bibliographie céramique anglaise, et sollicita en outre divers collectionneurs de Londres, auteurs de somptueuses publications sur leurs richesses céramiques, pour en faire don à la bibliothèque du Musée de Sèvres. M. Frédéric Fétis, de Bruxelles, un légiste dont les loisirs sont employés à rechercher les origines des arts céramiques en Flandre, agit avec autant de libéralité et de bonne confraternité en même temps qu'il m'envoyait d'utiles indications pour la Bibliographie en préparation, il m'aidait à rendre la Bibliothèque de la Manufacture un des dépôts européens les plus complets en ouvrages sur l'art de terre.

MM. A. Thibaudeau, Charles Davillier, Schawb, de la Bibliothèque nationale, Lorédan Larchey, de la bibliothèque de l'Arsenal, ont contribué également à rendre mon travail aussi complet que possible; mais je dois des remerciements particuliers aux nombreux membres de Sociétés savantes de province qui

bien elles étaient difficiles, le nombre des publications sur les arts céramiques étant très restreint il y a vingt ans et la plupart des monographies imprimées en province et à l'étranger n'entrant pas dans le courant de la librairie. Ce fut ainsi que M. Demmin, dans la troisième édition de son Guide de l'amateur des faiences (1867), le journal le Moniteur céramique, en 1869, M. Smith Soden dans A list of works on pottery and porcelain, etc., publiée à Londres en 1875, M. G.-W. Nichols dans Pottery how it is made, édité à New-York en 1878, ajoutèrent à leurs ouvrages les titres de quelques livres spéciaux, mais qui ne pouvaient représenter une Bibliographie céramique proprement dite. L'ensemble des indications de chacun de ces auteurs ne comporte pas plus de 150 numéros, auxquels sont mêlés des ouvrages sur la céramique antique.

ont apporté un appoint précieux aux richesses de la Bibliothèque de la Manufacture en m'envoyant, sur les nombreux ateliers de céramique sillonnant l'ancienne France, des Mémoires tirés à petit nombre et non mis dans le commerce.

V

On a sans doute remarqué, il suffit de lire le soustitre de l'ouvrage, que j'ai systématiquement laissé de côté les mémoires touchant la céramique préhistorique, la céramique grecque, romaine et galloromaine. Je me suis gardé de mettre le pied sur ce vaste terrain, quoique des enseignements de diverse nature pussent en être tirés; mais en même temps que l'archéologie y dominait, le champ prenait trop d'extension et dépassait les forces d'un travailleur.

Une bibliographie de la céramique préhistorique et gallo-romaine ne peut guère être tentée que par les conservateurs du Musée de Saint-Germain; l'enregistrement et l'analyse sommaire des nombreux Mémoires publiés par les sociétés scientifiques de l'Italie, de l'Allemagne et de la France sur la céramique grecque et romaine appellent forcément l'attention des conservateurs des musées du Louvre.

1. La Bibliothèque du Musée de Sèvres fournit ainsi un grand nombre de matériaux pour l'étude des plus importants comme des plus humbles centres de production; une source de documents est à la disposition de ceux qu'intéresse l'histoire des arts céramiques, histoire qui se poursuit, se coordonne et offrira d'ici à quelques années tous les éléments nécessaires pour un groupement complet de tout ce qui concerne l'art de terre.

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