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Du temple renversé les pierres recueillies
Par lui bénignement se verront accueillies.
Un ministre chargé de ce soin généreux
Saura s'en acquitter et faire des heureux :
La vertu près de lui trouve une honnête aisance,
Et le génie encore reçoit sa récompense.

Vainement contre lui s'arme un tas d'assassins;

Il pourrait d'un seul coup confondre leurs desseins;
Mais Pie, à les frapper ne pouvant se résoudre,
Pour mieux les convertir, suspend sur eux la foudre.

Virgile, dans ses vers fit l'éloge d'Auguste,
Pourquoi ? parce qu'il fut grand, bienfaisant et juste.
Le prince que je loue, outre ces attributs,
Unit à la bonté les plus hautes vertus '.

CDII.

L'ABBÉ GAY

A S. E. ME LE CARDINAL SECRÉTAIRE D'ÉTAT, A ROME.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 22.

Éminence,

Montalboddo, 26 novembre 1797.

Les circonstances fâcheuses viennent de rejeter encore du territoire français les prêtres déportés que leur zèle pour leurs ouailles avait engagés au retour. Je viens donc, Éminence, vous

Le manuscrit autographe de l'auteur se trouve conservé aux archives du Vatican, et a pour titre : Josué, ou la Conquête de la terre promise, poëme en douze chants. Ce poëme, qui ne manque pas de charme et contient près de huit mille vers, n'a jamais vu le jour; les circonstances politiques de ce temps n'y étaient guère favorables. Mg Caleppi honora l'auteur de la lettre suivante à cet égard :

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Monsieur,

Rome, 8 avril 1797.

J'ai reçu votre dernière lettre avec les pièces qui se trouvent à la suite de votre poëme : il est superbe, et ceux à qui je l'ai donné à lire avant de le présenter au Saint-Père m'en ont assuré de la manière la plus expresse. Ainsi je vous en fais bien mon compliment, et Sa Sainteté en accepte volontiers la dédicace. Recevez, je vous prie, les nouvelles assurances des sentiments d'attachement et d'estime avec lesquels je suis, etc.

représenter l'état triste d'un frère curé en France, dont l'âge de soixante ans environ, les infirmités et les fatigues d'un voyage de mer réclament les secours de cette charité dont il a, pendant quatre ans, éprouvé les bienfaits et dont il espère la continuité. Il est actuellement à Florence, où il existe une loi de ne souffrir aucun prêtre français. Que deviendra-t-il? où ira-t-il? Il est accompagné de deux de ses amis, dont l'un à peu près du même âge, et l'autre d'environ cinquante années, tous les deux curés et placés auparavant par le gouvernement à Mont-Alboddo, diocèse de Sinigaglia. Ils sont persuadés que le gouvernement vraiment paternel de Sa Sainteté accueillera encore des malheureux que la religion a semblé appeler en France, mais à qui les circonstances ont fait la loi la plus rigoureuse d'en sortir sous peu de jours et sous des peines très-graves.

S. É. Mgr le cardinal Honorati aurait voulu les placer de nouveau dans leur poste: l'ordre exprès de ne faire aucun colloquement sans y être autorisé par Votre Éminence suspend l'exercice de cette bonté dont il aurait voulu leur donner un prompt témoignage: il m'invite à adresser cette supplique à votre cœur. J'espère le trouver favorable à la religion et à l'humanité souffrante.

Je suis avec respect,

De Votre Éminence,

Le très-humble et très-obéissant serviteur,

ANDRÉ GAY,

Prêtre français.

CDIII.

LE COMTE DE ROSSIGNAC

A SA SAINTETÉ.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 30.

Rome, 8 janvier 1798.

Le comte de Rossignac, premier chrétien du Limousin, capitaine de cavalerie au service du roi de France, et issu d'une des plus illustres familles de la province du Limousin, qui compte

T. II.

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même dans ses alliances la nièce du pape Innocent VI, qui était de cette province, se voit dans la position de recourir aux bienfaits que Sa Sainteté a si souvent et si généreusement accordés au soulagement de tant d'émigrés dont elle a reconnu les droits à son estime comme à sa bienfaisance. Il arrive d'Espagne, et il se trouve réduit (par les circonstances cruelles dans lesquelles il s'est trouvé) à une douloureuse situation. Il lui reste un long voyage à faire pour se rendre auprès de ses parents et de ses pro

tecteurs.

très

Le comte de Rossignac ne voudrait pas fatiguer Sa Sainteté par les motifs puissants qui pourraient appuyer sa demande; mais il ne peut s'empêcher de rappeler qu'il était proche parent de feu M. l'abbé de Rastignac, très-connu des ouvrages par estimés en matière ecclésiastique, qu'il a composés depuis la révolution, et dont Sa Sainteté a bien voulu agréer la dédicace. Il a eu le malheur de perdre ce parent si précieux par ses vertus, et si illustre par ses connaissances et par ses ouvrages. Cet ecclésiastique a été à Paris un des martyrs de la foi le 2 septembre 1792. La famille de Rossignac reçut saint Martial lorsqu'il vint prêcher la foi dans les Gaules. Les annales du Limousin rappellent ce fait mémorable, et ajoutent que c'était la seule maison chrétienne de son pays. Le comte de Rossignac se flatte de n'avoir point dégénéré de la foi et de la piété que ses ancêtres lui ont transmises. Il espère que Sa Sainteté lui donnera les moyens dont il a besoin pour continuer son voyage en Allemagne, et vivre et mourir, s'il le faut, pour la défense de sa religion et de son honneur.

Dans la ferme confiance d'obtenir l'effet de sa demande, il ne cessera de faire les voeux les plus ardents pour la conservation des jours de Sa Sainteté, et il lui demande avec le plus grand recueillement sa paternelle et apostolique bénédiction.

CDIV.

LES PRÊTRES FRANCAIS DE PÉROUSE

AU CARDINAL SECRÉTAIRE D'ÉTAT A ROME.

Monseigneur,

Perugia, 22 novembre 1800.

Les prêtres français réfugiés à Pérouse ont l'honneur de représenter à Votre Éminence qu'ils ont cru pouvoir se réjouir à la première nouvelle du décret consulaire portant radiation, comme en masse, de la fatale liste des émigrés et déportés : ils se flattaient déjà d'avoir enfin obtenu une entière liberté de porter à leurs compatriotes les secours de la religion en conformité du devoir de leur état: mais leur joie a cessé au moment où ils ont eu connaissance de la condition apposée à leur rentrée, laquelle condition est de promettre fidélité à la constitution. Tous les susdits prêtres ont une répugnance extrême à faire une semblable promesse; et voici bien sommairement quelques-unes des raisons de cette répugnance:

1° Tous les serinents et promesses si variés, prescrits depuis dix ans par le gouvernement français, n'ont été que des détours et des astuces imaginés pour dérouter, surprendre, diviser et multiplier les prévarications;

2o Cette constitution garde un silence profond et affecté sur la religion, sans laquelle pourtant il ne peut exister ni ordre public ni société;

3o Cette même constitution laisse subsister une multitude de lois, tant impies qu'injustes, publiées par les précédents législateurs: ces lois ont tous les jours leur exécution, et il n'est pas permis de réclamer contre.

4 Sans parler des impiétés, cette constitution contient ellemême et consacre des injustices révoltantes.

D'après ces considérations générales, les susdits prêtres français, retenus d'un côté par la crainte de manquer à ce qu'ils doivent à leurs frères, et de l'autre par la crainte de trahir leur conscience par la promesse dont il s'agit, n'osent prendre aucune détermination.

Dans cette perplexité, Monseigneur, les susdits prêtres ont

recours à Votre Éminence, et ils osent la prier de leur procurer, de la part de la sacrée congrégation établie pour les affaires ecclésiastiques de France, une décision sur la question suivante: Estne licitum pure et simpliciter emittere promissionem fidelitatis constitutioni in Gallia vigenti anno currente 1800.

Cette décision servira à régler leur conduite, soit pour accélérer leur départ, soit pour les résoudre à attendre un meilleur temps; et cependant ces prêtres ne cesseront d'offrir leurs vœux au Seigneur pour la conservation et prospérité de Votre Émi

nence.

Nous avons l'honneur d'être, avec le plus profond respect, Monseigneur,

De Votre Éminence,

Les très-humbles et très-obéissants serviteurs,

Les prêtres français réfugiés à Pérouse :

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Jos. GARCIN, vicaire-général de Riez. JACQUES-MI-
CHELI, chan. d'Avignon. DENIS BRULON, curé de
Saint-Félix. PIERRE GARCIN, prêtre. HENRI-
CHARLES BEL, de Saint-Martin, prêtre.-J. B. LATTIL,
prêtre.-J. B. N. GUEROU, prêtre. —JACQUES-MICHEL,
d'Embrun. JEAN AUBES, curé de Visos. - FRANÇOIS
LACROIX, curé de Saint-Honorat. PIERRE-CAR.-
BERN. -ETIENNE COUSTOU, curé de Lieuran. - BONA-
VENTURE CHIROL, de Vienne. JOUESNE, prêtre.

RÉPONSE DE S. É. Mgr LE CARDINAL SECRÉTAIRE D'ÉTAT

A LA LETTRE PRÉCÉDENTE.

Conoscendo il Santo Padre di quanto peso fosse la questione sul potersi o no prestare lecitamente dai cattolici della Francia la promessa di fedeltà alla nuova costituzione colà pubblicata, volle dar campo ai vescovi e a tanti altri degni ecclesiastici francesi di produrre in iscritto i loro sentimenti, e commise l'esame di questo scabroso affare ad una particolare congregazione. Non ha questa mancato di applicarvisi indefessamente, e la tardanza

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