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CDXL.

LE CARDINAL MAURY

A S. É. LE CARDINAL SECRÉTAIRE D'ÉTAT A ROME.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 10.

Monseigneur,

Montefiascone, 9 novembre 1794.

Le sieur Pierre Suvies, prêtre du diocèse de Cahors, placé par Sa Sainteté dans le couvent des Conventuels de cette ville, fut transporté, en vertu des ordres de Votre Éminence, à l'hôpital de Viterbe, et il y mourut au commencement du mois d'août.

L'hôpital de Viterbe ne m'a point instruit de cet événement, qui a précédé de six semaines mon arrivée à Montefiascone, mais il en a rendu compte, comme il le devait, à Votre Éminence.

Une considération particulière n'a pas permis de disposer de cette place, qui est encore vacante. Outre qu'il était juste de dédommager les Conventuels des frais qu'ils avaient faits pour le malade avec la charité la plus exemplaire, le sieur Suvies est mort de la poitrine, maladie contagieuse qui oblige de faire recrépir et blanchir sa chambre et d'en renouveler les meubles. L'estimation en est faite, et les religieux, qui n'ont point d'autre logement vacant, demandent 26 écus pour payer cette surcharge.

Je pourrai en faire les frais, Monseigneur, si Votre Éminence veut bien avoir la bonté, comme je l'en supplie instamment, d'accorder la place vacante à M. François de la Roue, docteur de Sorbonne et curé de SaintCosme dans la ville de Paris. Il est le seul curé de Paris qui demande, jusqu'à présent, de venir dans les États de Sa Sainteté, il vit en Suisse depuis trois ans à ses dépens, il soit absolument de l'ordre commun, il est généralement estimé, et j'ai pour lui la considération la plus particulière. Voilà ses titres, Monseigneur, je les expose avec un extrême intérêt aux bontés de Votre Éminence, et la grâce que je sollicite pour lui me pénétrera de reconnaissance, si j'ai le bonheur de l'obtenir.

Dans le cas où Votre Éminence condescendrait à ma prière, je la supplierais d'adresser à Bologne le passe-port de M. de la Roue, et de vouloir bien m'en donner avis en m'envoyant sa nomination, afin que je puisse l'autoriser à partir.

Ma discrétion écarte avec soin toutes les demandes de ce genre dont je peux m'affranchir; mais il est des exceptions auxquelles je suis obligé de céder, et je prie Votre Eminence de compatir à ma situation, qui ne ressemble à aucune autre.

Je demande encore à Votre Éminence la permission de lui adresser quelques bouteilles de mon vin des Grottes, qu'elle recevra la semaine prochaine. Il y a plus d'un mois que je cherche et que j'attends une occasion pour lui envoyer ce faible hommage. Il est bien juste que je paye la dîme de

ma vigne à mon consécrateur. La reconnaissance que je dois à vos bontés, et qui durera autant que ma vie, voudrait pouvoir se manifester d'une manière plus proportionnée au tendre et profond respect avec lequel je suis,

Monseigneur,

De Votre Éminence

Le très-humble et très-obéissant serviteur,

LE CARDINAL MAURY.

Je prie Votre Eminence de vouloir bien donner ses ordres à la porte du Peuple pour qu'on y laisse passer librement le panier de vin qui lui est destiné.

CDXLI.

BILLET DU CARDINAL MAURY

A Mgr CALEPPI.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 7.

Montefiascone, 26 novembre 1794.

J'ai eu l'honneur, Monseigneur, d'écrire dernièrement à S. É. Mgr le cardinal-secrétaire d'État, que M. l'abbé de la Sépouze, vicaire général de Tours, auquel il avait bien voulu, de concert avec vous, accorder une place à Ascoli, ne viendrait point l'occuper. J'ai adressé, à cet effet, sa lettre en original, par laquelle il m'apprend qu'il s'est fixé en Hollande.

Il y a du malentendu à cet égard, si l'on suppose encore à Rome que l'abbé de la Sépouze doit venir à Ascoli : c'est un poste parfaitement disponible.

J'avais proposé d'envoyer à Ascoli le prêtre français qu'on destine à Montefiascone, et j'avais prié qu'on voulût bien le remplacer ici, en m'adressant M. François de la Roue, curé de Saint-Cosme de Paris. Cet arrangement me semblait raisonnable, en faveur du seul curé de Paris qui soit, à ma connaissance, dans le cas d'être placé, et qui jouit d'une considération trèsdistinguée. J'ignore la détermination qui sera prise sur ma demande : si j'obtiens cette grâce, j'en serai très-reconnaissant ; si les circonstances, ou d'autres raisons que je ne cherche point à pénétrer, s'y opposent, je n'en aurai pas moins la satisfaction d'avoir rempli mon devoir en recommandant un sujet tel que M. de la Roue.

M. de François, protégé de Mme Victoire et ami particulier de son confesseur, a été placé par vous, Monseigneur, dans le diocèse de Viterbe. En passant ici pour se rendre à son poste, il me pria d'écrire en sa faveur à S. É. Msr le cardinal Gallo; je ne pouvais pas lui refuser ce faible service. J'ai appris ensuite qu'on avait pris une simple recommandation pour une demande de place, et il est bien évident qu'il ne pouvait pas en être ques

tion, puisque la place était accordée depuis plusieurs mois sans que j'y eusse aucune part.

Au surplus, mes anciennes relations m'ont attiré une multitude inévitable de sollicitations fort importunes. Je profiterai de l'expérience pour ne pas me rendre moi-même importun: c'est un rôle que je n'ai jamais fait nulle part, Dieu merci, pour mon compte. Pardon de ces inutiles détails qui ne m'intéressent pas tout seul, et que votre bonté pour nos émigrés excusera sans doute. Personne ne sait mieux que vous combien leur respectable indigence est attendrissante; personne n'est plus reconnaissant que moi du bien qu'on leur fait dans les États de Sa Sainteté.

Je saisis toujours avec empressement, Monseigneur, l'occasion de vous renouveler les assurances de mon respectueux attachement.

LE CARDINAL MAURY.

CDXLII.

LE MÊME AU MÊME.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 34.

Corneto, 2 décembre 1794.

Je croyais, Monseigneur, que Mer l'évêque de Lombez était servi à Pérouse par un domestique des Olivetains. Je lui écris par ce courrier de la manière que vous m'avez proposée, et qui est parfaitement conforme aux premières conventions dont je fus le médiateur. Je ne doute pas qu'il ne profite de l'avis, que j'ai cherché à assaisonner de toute la délicatesse convenable.

J'ai demandé, comme vous le savez, à M. le cardinal secrétaire d'État la place vacante dans mon diocèse pour M. de la Roue, curé de Saint-Cosme de Paris. Cette Éminence m'a fait l'honneur de me répondre que vous receviez seul directement les ordres du Pape à l'égard des prêtres français, qu'elle n'accordait des places et des passe-ports que sur votre requête, et qu'elle n'y participait que par sa signature.

D'après sa réponse, je croirais ne plus entendre ni l'italien ni le français si je me permettais de l'importuner encore à ce sujet. Ma discrétion est donc trop bien avertie pour ne pas se renfermer dans les bornes d'un silence respectueux, et je ne le romprai pas sans y être contraint par mes devoirs d'évêque.

Vous avez la charité, Monseigneur, d'accorder à M. le curé de Saint-Cosme la place de Montefiascone, que vous aviez destinée à un autre prêtre émigré qui occupera le poste vacant à Ascoli, par la démission de M. l'abbé de la Sépouze. Je suis très-touché, très-reconnaissant de cette grâce, et je vous en remercie de tout mon cœur. M. de la Roue ne pourrait en profiter que

dans le cas où votre bonté y ajouterait la faveur essentielle et ordinaire d'un passe-port.

C'est en vertu d'une lettre ministérielle de S. É. Mgr le cardinal-secrétaire d'État, que M. des Frannesis a été placé dans le diocèse de Viterbe. On m'a donc fait beaucoup trop d'honneur quand on m'a écrit qu'il devait ce poste à la lettre de recommandation que j'avais adressée à M. le cardinal Gallo. Il est évident qu'on s'est trompé en me manifestant de si favorables intentions, et qu'on s'aperçoit de l'instructive confidence qu'on m'a faite: mais elle est faite, elle ne sera pas oubliée. Les erreurs qui motivent des refus doivent être respectueusement relevées par un solitaire qui n'est pas tout à fait un imbécille, et qui ne se fait illusion sur rien dans ce monde. Recevez, Monseigneur, les fidèles assurances de mon sincère et respectueux attachement.

LE CARDINAL MAURY,

CDXLIII.

LE MÊME AU MÊME.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 34.

Montefiascone, 27 décembre 1794.

Je m'empresse de vous renouveler, Monseigneur, les remercîments particuliers que je vous dois pour la bonté que vous montrez à M. l'abbé de la Roue, curé de Saint-Cosme de Paris. Je lui écris à Véronne pour lui en faire part. Je vous prie de vouloir bien m'adresser la lettre de la secrétairerie d'État, et de donner des ordres pour qu'on le laisse passer à Bologne, et entrer par Aquapendente pour se rendre à Montefiascone. J'aime à vous avoir sans cesse de nouvelles obligations en faveur de ces pauvres émigrés, et c'est de tout mon cœur que je vous en offre l'hommage de ma sincère reconnaissance. Agréez mes souhaits de bonnes fêtes et de bonne année, ainsi que les fidèles assurances du respectueux et inviolable attachement que je vous ai voué, Monseigneur, pour toujours.

LE CARDINAL MAURY.

CDXLIV.

BILLET DU CARDINAL MAURY

A MS CALEPPI.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 34.

Montefiascone, 31 décembre 1794.

J'ai l'honneur de vous envoyer, Monseigneur, l'original d'une lettre que

je viens de recevoir de M. le comte d'Artois, avec la copie que j'en ai fait faire pour en rendre la lecture plus facile.

Une pareille recommandation est trop au-dessus de mes faibles moyens pour que j'ose me permettre d'y ajouter mes sollicitations personnelles. Vous devinerez aisément combien j'ai à cœur d'exécuter les ordres d'un prince qui mérite tant d'égards, et qui m'honore de tant de bontés.

Je me borne donc, comme je le dois, Monseigneur, à vous prier de mettre cette lettre sous les yeux de Sa Sainteté, qui m'a toujours parlé de M. le comte d'Artois avec une prédilection particuliere. Vous voudrez bien ensuite me la renvoyer, et me faire part des dispositions du Saint-Père. Je n'ai pas besoin de vous dire que je ne perdrai pas un instant pour faire valoir avec tout le zèle dont je suis capable une grâce demandée avec tant d'intérêt par cet excellent prince en faveur d'un évêque qui est son premier aumônier. Il promet d'en être très-reconnaissant, et il tiendra parole d'autant plus fidèlement qu'il est très-dévoué à notre Saint-Père.

Oserais-je vous prier, Monseigneur, de mettre aux pieds du Pape l'hommage de mon profond respect, au moment où vous lui proférerez mon nom?

J'écris au prince que c'est par votre canal que j'exécute ses ordres, et que j'espère pouvoir lui rendre compte dans huit jours de la réponse favorable de Sa Sainteté.

Je vous remercie de la grâce que vous venez d'accorder au curé de SaintCosme, et je vous renouvelle les sincères assurances du fidèle et respectueux attachement que je vous ai voué, Monseigneur, à tant de titres.

LE CARDINAL MAURY.

Agréez mes tendres félicitations de la nouvelle grâce que le Pape vient de vous accorder. Je me réjouirai toujours de tout ce qui vous arrivera d'heu

reux.

CDXLV.

LETTRE DE S. A. R. MET LE COMTE D'ARTOIS

A MS LE CARDINAL MAURY.

De Charitate S. Sedis erga Gallos, vol. 34.

Au quartier général de l'armée anglaise, à Arnheim,
ce 26 novembre 1794.

M. l'évêque de Saint-Omer, mon cher cardinal, s'est adressé à Sa Sainteté pour obtenir de ses bontés un asile honorable à Rome et des secours qui lui donnent les moyens de subsister pendant ces temps de malheurs et de persécutions. Plusieurs autres évêques français ont obtenu la même faveur. L'évêque de Saint-Omer est mon premier aumônier; il était chargé de la feuille

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