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Pie VII fut tellement touché de la piété montrée par le peuple valentinois envers la mémoire de son prédécesseur et du zèle déployé, en cette circonstance, par l'évêque et le maire de cette ville, qu'il leur en fit exprimer sa haute satisfaction et sa gratitude par l'organe du cardinal Consalvi. Voici la lettre qu'écrivit, dans ce but, au nom du Saint-Père, ce dernier au cardinal Caprara :

« Rome, 18 mai 1803.

« Votre Eminence peut s'imaginer la consolante impression qu'a faite sur le cœur sensible de Sa Sainteté le récit contenu dans les deux lettres du maire et de l'évêque de Valence, des honneurs accordés à la mémoire de Pie VI, à l'occasion de l'arrivée dans cette ville de la caisse contenant les entrailles et le cœur de ce grand pontife, et des sentiments de piété qu'ont manifestés, en cette circonstance, les habitants de cette ville. Sa Sainteté n'a pu s'empêcher de remarquer avec complaisance la gloire qui rejaillit de tout cet événement non moins sur la Religion que sur le gouvernement luimême, qui a si bien répondu aux efforts de Sa Sainteté pour rétablir cette même religion en France, et à la condescendance de qui les habitants de Valence doivent d'avoir vu leurs vœux satisfaits, et le sacré dépôt qui leur avait été ravi, rendu en partie à leurs vœux. C'est à cette bienveillance du gouvernement et à la demande formelle qu'il en fit à Sa Sainteté que l'on doit encore, non-seulement le retour de ces vénérables restes, mais les honneurs particuliers dont ils ont été l'objet et que l'on continue à rendre encore à la mémoire de ce grand Pontife.

« Le Saint-Père désire pourtant que Votre Éminence ait l'obligeance de faire connaître au maire et à l'évêque de Valence, dans les termes les plus obligeants, la consolation qu'elle a éprouvée à cette consolante nouvelle, et la bienveillance particulière qu'elle porte au peuple valentinois. »>

L'évêque de Valence remercia le cardinal-légat, au nom de ses diocésains, des sentiments si paternels du Saint-Père, en le priant de vouloir bien lui transmettre le sincère hommage de leur respect et de leur gratitude. Voici la lettre qu'il écrivit en cette occasion, et par laquelle nous mettons un terme à notre compte rendu :

a Monseigneur,

«Valence, 20 prairial an XI.

« J'ai communiqué à nos bons habitants de Valence la lettre que Votre Éminence a eu la bonté de m'adresser, par laquelle elle m'annonce la sa

été

tisfaction qu'a éprouvée notre Saint-Père le Pape Pie VII, lorsqu'il instruit du respect religieux qu'ils ont manifesté pour les précieux restes de son prédécesseur Pie VI, de sainte mémoire, à leur arrivée et réception dans notre ville. Ah! Monseigneur, les fidèles de cette cité, ainsi que moi, nous ne pouvons être assez reconnaissants des bontés de Sa Sainteté, de ce grand Pape qui gouverne l'Église de Jésus-Christ avec tant de sagesse. Nous ne cesserons de former des vœux pour que Dieu le conserve longtemps sur la chaire de saint Pierre. Il a rendu la paix à la France, et la religion y reprend son ancien lustre. Il a enrichi l'église de Valence des reliques vénérables d'un Pape qui l'a édifiée par ses vertus et par une mort qui l'a porté dans le sein de son Dieu. Nous ne cesserons d'invoquer l'auteur de tout bien pour la conservation de son successeur, et nous tâcherons de mériter de plus en plus sa bienveillance, en rendant à la mémoire de son prédécesseur les hommages de notre profonde vénération dans la cérémonie qui nous reste à faire, lorsque le mausolée qui doit renfermer ses entrailles et son cœur nous sera parvenu de Rome.

e

« J'avais proposé au gouvernement de convoquer à cette pompe funèbre tous les évêques de la province. Le gouvernement ne l'approuve point. Je suppléerai à tout autant qu'il me sera possible, et j'espère que cette seconde fête de deuil n'aura pas moins d'appareil que la première. C'est à vous, Monseigneur, c'est à vos soins que nous devons le témoignage flatteur que notre Saint-Père a bien voulu rendre au zèle que nous avons montré dans la dernière cérémonie pour recevoir d'une manière digne d'elles une portion des dépouilles de Pie VI; recevez-en, je vous prie, l'expression de toute notre gratitude. »

En terminant cette Introduction, qui nous a paru nécessaire au recueil des documents que nous livrons au public, qu'on nous permette une dernière réflexion dans les pièces que nous avons parcourues, en lisant la touchante correspondance des ecclésiastiques français émigrés et réfugiés à l'abri de la paternelle protection du Saint-Siége, rien n'est plus fréquent que de rencontrer, parmi les formules de leur reconnaissance, la promesse solennelle et sacrée de publier dans leur patrie les bienfaits dont ils furent l'objet, et l'inépuisable tendresse du vicaire de Jésus-Christ. Ils partirent, et certainement, dans les causeries intimes de la famille, dans les veillées du presbytère, ils auront raconté, les yeux humides de larmes, à leurs confrères plus jeunes, tout ce que l'Église de Rome fit pour eux en ces mauvais jours d'autrefois; mais ces récits

sont oubliés depuis longtemps, sans doute. Puisse donc le présent ouvrage, écho tardif mais sincère de leurs pensées, solder d'une manière plus durable la dette de leur reconnaissance! Puissent les héritiers de leurs travaux et leurs successeurs dans le ministère divin des âmes, lorsqu'ils viennent visiter les parvis sacrés de nos saints temples dans la ville de Pierre, se souvenir de leurs anciens qui les foulaient jadis, l'âme si pleine de reconnaissance et de respect!

AFFAIRES RELIGIEUSES

DE

LA FRANCE.

I

CORRESPONDANCE

DES

ÉVÊQUES ÉMIGRÉS.

I.

LETTRE DE L'ÉVÊQUE D'ORENSE, EN ESPAGNE,

AU VICAIRE GÉNÉRAL D'ANGERS.

Orense, 21 octobre 1792;

Clarissimo, et in christiana militia bene merito viro, Cæsari Scipioni a Villanova, vicario generali, ac decano Andegavensi, Petrus, episcopus Auriensis, salutem in Domino plurimam deprecatur.

Labores, tribulationes, ærumnas, certamina usque ad mortem ipsam, Gallorum episcoporum, presbyterorum et inferioris reliqui cleri, nulla in Europa Christi Ecclesia, imo pars nulla

T. II.

1

orbis ignorat. Paucis illis exceptis quos humanus timor, vitæve, fortunarum aut vanæ gloriæ cupido, in sacrilega et impia juramenta pertraxerunt, cæteri, pro virili certantes, partes suas, gratia Domini Nostri Jesu Christi, strenuissimi fortissimique Salvatoris ac ducis nostri, fideles milites tenuere.

Suscipimus itaque, veneramur, ac debitis, si tempus pateretur, prosequeremur laudibus, illustres tot confessores, qui in hisce rerum angustiis et post tot elapsa sæcula, primitivæ Ecclesiæ fervorem non adumbrant solum, sed referunt, et ad vivum expressis coloribus repræsentant. Gratulamur igitur vobis qui e numero fidelium Christi confessorum, tam præclare in christianæ militiæ castris meruistis ; qui spectaculum facti estis mundo, et angelis, et hominibus; quibusque pretiosissimum illud donum datum est pro Christo, ut non solum in Christum credatis, sed etiam ut pro illo patiamini.

Non solum ergo duodecim illos presbyteros quos ad nos mittere decrevisti, sed et reliquos octo viros quorum meministi, et quoscumque alios, quocumque sint numero, sint numero, libentissime in domum nostram recipiemus, omnique charitatis officio fovebimus hoc ipso felicissimos nos existimantes, quod si passionibus et coronis vestris consortes nos esse reipsa non licuit, sub catholico piissimoque rege, profunda pace fruentes, saltem hoc pacto sortis vestræ utcumque simus, nec enim id fugere nos potest, quod, « Qui recipit prophetam, in nomine prophetæ, « mercedem prophetæ accipiet; et qui recipit justum in nomine justi, mercedem justi accipiet. » — Quidni etiam et illud addiderim, quod qui vos, ut Christi confessores recipit, recipit et Christum ipsum ?

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Huc ergo, quotquot volueritis, advolate; celeres et quidem vos hac in re desidero : nec hospitio solum, sed pecuniis, auxiliisque cujusvis generis necessariis omnibus adero. Etenim et Christi . charitas urget nos, et, adjuvante ipso, quæ cogitavimus perficiemus.

Finem litteris nostris imponere decet, imo et necessarium est. Te, clarissime vir, si videre liceat, non parva nobis lætitiæ pars accrescet. Interim illud te scire volumus, quod paratos nos invenies ad quæcumque charitatis officia, ad auxilia quælibet, sive erga te, sive erga cæteros ecclesiasticos quos eadem causa, et

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