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Je ne saurais dédier ce volume à personne plus convenablement qu'à vous. Le tableau des douleurs et des larmes du noble et généreux clergé de France, et de la lutte qu'il dut soutenir contre l'impiété triomphante vers la fin du dix-huitième siècle, n'est pas pour vous chose nouvelle. Tous, plus ou moins, vous avez payé votre tribut de souffrances à l'Église, et lui avez acquis une riche moisson de gloire dans des pays sauvages et lointains, où tous les jours

vi. AU SUPÉRIEUR DES MISSIONS ÉTRANGÈRES.

encore vous envoyez les enfants que votre exemple engendre et que vos conseils dirigent dans la grande mission d'annoncer aux infidèles la parole du Dieu vivant.

C'est pour moi une gloire de pouvoir vous offrir cet humble travail, en témoignage sincère de mon admiration pour vos travaux apostoliques non moins que pour les vertus modestes que j'ai pu contempler lorsque je fus assez heureux pour jouir de votre fraternelle et cordiale hospitalité à une époque encore bien près de nous. Votre souvenir, qui m'a plus d'une fois consolé aux heures de l'orage, demeurera pour jamais profondément gravé dans mon cœur.

Veuillez donc croire, Messieurs, aux sentiments de tendre affection, avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Votre très-humble et très-dévoué serviteur,

Augustin Cheiner.

Rome, ce 27 juillet 1857.

PRÉFACE.

La constitution civile du clergé avait ébranlé, en France, jusque dans ses fondements l'édifice social de l'Église. Le serment civique, et la loi sauvage de la déportation, qui en était la conséquence nécessaire, avaient privé l'Église de ses ministres les plus fidèles et de ses légitimes pasteurs. Ceux d'entre eux qui avaient été assez heureux pour échapper à l'échafaud avaient dû prendre la fuite et chercher un asile chez les nations voisines, dont la haute civilisation aurait dû faire rougir ces nouveaux barbares du dix-huitième siècle. Le sort de cet admirable clergé avait profondément attendri en les effrayant, non sans cause, tous les gouvernements d'Europe; et tous, sans avoir égard à la différence de croyances, rivalisèrent de zèle pour recevoir chez eux ces nobles confesseurs de la foi, et traiter avec les égards dus à leurs malheurs ces saintes et innocentes victimes de l'impiété triomphante.

L'Angleterre, dans ces jours terribles, se distingua d'abord par une admirable bienfaisance envers les glorieux fugitifs qui s'étaient réfugiés chez elle; et il est digne de remarque que ce ne furent pas seulement des particuliers, mais encore le gouvernement, les membres les plus distingués des deux parlements et le clergé anglican lui-même, qui ouvrirent spontanément les trésors de leur générosité à ces intrépides confesseurs de Jésus-Christ. L'abbé Barruel, qui nous a transmis des détails très-touchants à ce sujet, crut devoir leur en témoi

gner sa reconnaissance et son admiration en dédiant à la nation anglaise son ouvrage de l'Histoire du Clergé dans le temps de la révolution française, ouvrage sans doute hâtif et imparfait, mais précieux pourtant à cause des renseignements qu'il nous fournit sur cette douloureuse époque. Pie VI, lui aussi, n'hésita pas à distribuer au roi d'Angleterre et à son peuple de justes éloges, et à leur témoigner publiquement sa reconnaissance pour la manière dont le clergé français émigré avait été accueilli et traité pendant son séjour en Angleterre (1).

La Suisse, toute pauvre qu'elle fût, vint aussi généreusement au secours de ces respectables exilés. L'Espagne et l'Allemagne ne restèrent pas en arrière, et l'impératrice de Russie elle-même s'associa noblement à cette belle œuvre, œuvre, faisant ser des secours d'argent assez considérables aux ecclésiastiques émigrés en Suisse, et autorisant une quête faite en leur faveur dans l'étendue de son vaste empire (2).

pas

Mais rien n'égala la charité de Pie VI envers ces infortunés et vénérables ministres du Seigneur, et, s'il est juste de reconnaître et de redire ce que les nations européennes firent en faveur de ces grandes victimes d'une des plus sinistres persécutions qui aient affligé l'Église de Dieu, nous croyons accomplir comme un devoir sacré en manifestant au monde, quoique en traits généraux et dans un récit rapide, le tableau du zèle et de la charité paternelle que déploya ce grand et immortel pontife pour les soulager dans leur extrême indigence. Nous nous acquittons de cette tâche d'autant plus volontiers que ce côté de la gloire de Pie VI n'a jamais été mis en lumière jusqu'à ce jour, sans doute parce que, par un sentiment d'humilité chrétienne, les documents que nous avons retrouvés aux archives secrètes du Vatican n'ont jamais été rendus publics par le Saint-Siége.

(1) Voir, dans le 1er volume, les pièces no 51, 53, 61, 65.

(2) Voir, dans ce 2o volume, le n° 186.

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