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apostolica vobis scripta mandamus, quatenus in fidelitate ac devotione Sacrosanctæ Romanæ Ecclesiæ ac nostra firmiter ac unanimiter persistentes, tales in omnibus et per omnia vos exhibere curetis quod, de die in diem, gratiam et benevolentiam Sedis Apostolicæ mereamini ampliorem, scituri quod nos de pace ac statu vestro et terræ vestræ sollicitudinem cupimus gerere diligentem.

Datum Laterani, nonis junii, pontificatus nostri anno quinto decimo.

Bibliographie.

col. 614;

Innocentii III epistolæ, éd. BALUZE, t. II, p. 637; éd. MIGNE, t. III, BOUQUET, Recueil, t. XIX, p. 552; - POTTHAST, no 4518; VAISSETE, Hist. gén. de Languedoc, t. VI, p. 382; GERMAIN, Étude historique sur les comtes de Maguelone et de Melgueil, p. 70.

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Innocent III ordonne à Marie de Montpellier de rendre à son frère Guillem IX ce qui lui revient de l'héritage paternel, ou de se présenter à Rome, soit par elle-même, soit par ses délégués, avant le premier novembre, pour justifier sa conduite.

Gravem dilecti filii, nobilis viri Willelmi de Montepessulano, fratris tui, filia regina, recepimus questionem quod possessionem villæ Montispessulani ac alterius terræ, jure ad ipsum hæreditario pertinentis, quam ipse pridem pacifice noscitur habuisse, contra justitiam detinetis et restituere denegatis eidem.

Cum igitur terræ ipsius jurisdictio ad nos spectare noscatur, volentes prædicto Willelmo in suo jure adesse, qui sumus omnibus in justitia. debitores, discretioni vestræ per apostolica scripta mandamus quatenus vel dictam possessionem restituatis eidem, vel usque ad festivitatem Omnium Sanctorum proxime venturam, per responsales idoneos, nostro vos conspectui præsentetis, exhibituri et recepturi justitiæ complementum. Alioquin ex tunc in ipso negotio, quantum de jure poterimus, auctore Domino, procedemus.

Datum Laterani, vin idus junii, pontificatus nostri anno quinto decimo.

Bibliographie. · Innocentii III epistolæ, éd. BALUZE, t. II, p. 637; éd. MIGNE, t. III, col. 615; - BOUQUET, Recueil, t. XIX, p. 553; POTTHAST, no 4521; VAISSETE, Hist. gén.

-

de Languedoc, t. VI, pp. 382 et 411;

GERMAIN, Hist. de la commune de Montpellier, t. I, p. 258; F. FABREGE, Hist. de Maguelone, t. I, p. 387; D'ACHERY, Spicilegium, t. X,

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p. 178.

Nous connaissons la conduite de Pierre d'Aragon envers la pauvre Marie de Montpellier. Nous avons vu avec quel sans-gêne il avait disposé des biens de sa femme pour constituer une dot à Sancie, leur fille, qui mourut peu après. Nous savons aussi que le procès en divorce était, à cette époque, pendant en cour romaine, et que Pierre vivait séparé depuis longtemps de sa femme. Le roi d'Aragon mit le comble à l'infàmie de sa conduite envers elle, en disposant de ses domaines en faveur de Guillem IX, déshéritant ainsi son propre fils, Jacques le Conquérant.

Pierre s'était déclaré ouvertement pour le comte de Toulouse. Or au moment où Innocent III, par sa lettre à l'archevêque de Narbonne, venait de suspendre la croisade, Louis, fils de Philippe-Auguste, s'était croisé du consentement de son père. Cet événement était fâcheux pour le roi d'Aragon; le prince entraînerait sûrement à sa suite une partie de la noblesse du Nord. D'un autre côté, il croyait que la cour de Rome prononcerait la nullité de son mariage avec Marie. C'était pour lui la perte de Montpellier, mais aussi l'occasion de convoler en troisièmes noces.

Dès lors son plan fut vite arrêté. Il envoya des ambassadeurs à PhilippeAuguste pour lui faire connaitre la cessation de la croisade, et, en même temps, lui demander la main de sa fille; puis, pour avoir un allié fidèle à Montpellier, il reconnut à Guillem IX, frère de Marie, tous les droits que son père lui avait laissés par son testament. Il céda donc à ce dernier Montpellier, les châteaux de Lattes, d'Omelas et de Paulhan, en un mot, tout ce que possédait la famille des Guillems.

Ce dernier point seul nous intéresse. Il n'y a pas de doute que les ambassadeurs du roi d'Aragon appuyèrent fortement auprès de Philippe-Auguste en faveur de Guillem IX (Cf. DELISLE, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, no 1472 A, p. 335,- et dom VAISSETE, Hist. gén. de Languedoc, t. VIII, col. 462, qui cite un acte de l'évêque de Maguelone, s'engageant à faire respecter la sentence rendue par le roi de France en faveur de Guillem IX).

Appuyé par deux rois, Guillem IX écrivit au Pape, et se plaignit de ce que sa sœur détenait injustement à son préjudice les biens paternels. Nous avons ici la réponse d'Innocent III, qui est loin d'être favorable à Marie. En vérité, c'était s'apercevoir bien tard de l'injustice commise par la pauvre reine, et on choisissait, pour l'accuser et la dépouiller, le moment où le procès en divorce se plaidait en cour de Rome.

Un passage de cette lettre mérite notre attention. Montpellier appartient à Guillem IX par droit d'héritage, jure hereditario. Ce passage confirme ce que nous avons dit: que le Souverain Pontife n'avait pas prononcé, en 1202, une sentence définitive au sujet du mariage de Guillem VIII avec Agnès de Castille.

Cette lettre dut être bien sensible à Marie, abandonnée de tous et blâmée dans son malheur même par le Pape. Elle quitta Montpellier, où elle aimait tant aller prier dans le sanctuaire de Notre-Dame des Tables, qu'elle ne devait plus revoir, et alla à Rome plaider elle-même sa cause et celle de son fils, et faire valoir ses droits sur la ville de Montpellier.

Les registres d'Innocent III ne nous ont pas conservé la sentence qu'il prononça à cette occasion, et très probablement avant de déclarer valide son mariage avec Pierre d'Aragon (Voir N° 189). Nul doute cependant qu'il ne lui fut favorable. Sur ce point, d'ailleurs, nous avons les mémoires de son fils, Jacques le Conquérant. Il nous apprend que le Pape donna gain de cause à sa mère, rejeta les demandes de Guillem IX, et déclara que les biens des Guillems de Montpellier devaient tous appartenir à Marie et à ses descendants. En même temps, Innocent III prononça que le mariage de Guillem VIII avec Agnès de Castille était nul, et que les enfants nés de cette union étaient adultérins.

Si ces deux documents pontificaux ont disparu, un autre a survécu qui confirme les dires de Jacques d'Aragon: c'est la bulle adressée le 8 avril 1213 à l'archevêque de Narbonne pour obliger les habitants de Montpellier à payer à Marie une part de ses revenus.

Un mot encore sur cette bulle. C'est comme suzerain, c'est-à-dire comme comte de Melgueil, que le Pape appelle cette affaire à son tribunal. Nul doute que Innocent III, en cette qualité, ne fut suzerain des seigneurs de Montpellier pour leurs possessions de Castries, Castelnau, etc., mais non pour la ville de Montpellier. Cette question, nous la traiterons plus au long, quand nous tâcherons de délimiter le comté de Melgueil à propos de la bulle d'inféodation du comté.

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Innocent III répond à l'évêque de Maguelone, qui avait offert 500 marcs, plus un cens annuel de 20 marcs pour le comté de Melgueil, de s'entendre sur ce point avec Pierre Marc: le Pape approuvera ce qu'ils

décideront.

Dilectus filius frater Constantinus, conversus Carthusiensis, nobis proposuit quod tu quingentas marcas pro comitatu Melgoriensi, tibi et Ecclesiæ tuæ a nobis sub annua pensione viginti marcarum locando, ei nostro nomine obtulisti.

Cum igitur dilecto filio magistro Petro Marco, subdiacono nostro, correctori litterarum nostrarum super hoc mandatum dederimus speciale, volumus ut cum ipso tractatum super eo habeas diligentem. Quidquid enim idem, secundum mandatum nostrum, provide tecum duxerit faciendum, nos ratum habentes, volumus firmiter observari.

Datum Signiæ, I idus septembris, pontificatus nostri anno quinto decimo.

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Bibliographie. Innocent III epistolæ, éd. BALUZE, t. II, p. 683; éd. MIGNE, t. III, col. 693; BOUQUET, Recueil, t. XIX, p. 560; POTTHAST, no 1594; GERMAIN. Étude historique sur les comtes de Melgueil, p. 71.

Nous avons déjà dit, et nous le constaterons encore, que Montpellier fut, pendant la croisade dirigée contre les Albigeois, le quartier général des Croisés. Ce fut dans ses murs que se tinrent plusieurs réunions ou conciles, et c'est de cette ville catholique, remarquable parmi les villes du Midi par la pureté de la foi, que Dominique sortit pieds nus pour aller prêcher aux hérétiques. Il est remarquable que le rôle de l'évêque apparaisse si effacé pendant toute cette époque; il n'apparaît sur la scène que le jour où il faut tirer profit des dépouilles du comte de Toulouse.

Nous savons déjà quelle avait été la situation faite au comté de Melgueil depuis le jour où Innocent III avait ordonné à ses légats de le confisquer : il fut affermé à Jean Bocados (Voir no 184). Nous savons aussi que les habitants furent heureux et satisfaits de se trouver désormais placés directement sous la suzeraineté pontificale, et qu'ils demandèrent au Pape de ne plus aliéner le comté pour l'inféoder à aucune autre personne, désir bien légitime sans doute, mais qui était bien difficile à satisfaire (Voir No 185).

Si Guillaume d'Autignac était resté dans l'ombre pendant les premières années de la guerre albigeoise, il crut le moment opportun d'en sortir quand le comte de Toulouse fut dépossédé de ses États. Il semblait impossible que le Pape gardât par devers lui le comté confisqué : il devait l'inféoder. L'évêque de Maguelone paraissait l'homme le plus apte à recevoir cette inféodation. De tout temps n'avait-il pas été le représentant officiel du Saint-Siège pour le comté, chargé de par ses fonctions d'en défendre les intérêts? Depuis deux ans et plus, n'avait-il pas la garde du château de Montferrand? La population de Montpellier, les plus puissants seigneurs du voisinage, ainsi que nous le dirons, faisaient des vœux pour que le Pape posàt sur la tête de l'évêque la couronne de comte. Enfin c'était à lui que Innocent III avait confié le soin de faire justice à Bocados, et de lui rendre facile la perception des revenus du comté.

Bien des raisons, on le voit, militaient en faveur de Guillaume d'Autignac; mais, il y avait plus, l'évêque avait déjà pris en main l'administration du comté; et, de fait, depuis 1211, il s'en attribuait les prérogatives.

Nous ne pouvons, dans une note, analyser tous les actes de cet évêque, depuis 1211 jusqu'en 1215, ni dire longuement comment il s'acquitta des fonctions que lui attribuaient les bulles pontificales. Nous ne citerons qu'un fait: Guillaume d'Autignac s'empara tout d'abord de l'atelier monétaire, et la frappe de cette monnaie, si répandue dans la province, continua, comme par le passé, pendant cette période de quatre ans; et il le fit avec grande hâte, car ce fut au mois de mai 1211 qu'il commença à battre monnaie. Or la bulle ordonnant la saisie du comté est du 15 avril de cette même année.

On nous permettra de nous arrêter sur ce point, car l'acte du Cartulaire de Maguelone (reg. Ç., fol. 228 r) que nous allons analyser, expliquera peut-être là conduite de l'évêque, et pourquoi, enchanté des recettes que lui a procurées l'atelier monétaire, ne s'apercevant pas que les temps sont changés, il achètera assez cher la couronne de comte. De mai 1211 à Pâques 1212, il fit frapper 8.060 livres melgoires, sur lesquelles il perçut 5 deniers par livre, soit, d'après le Cartulaire, 3.333 sols et 4 deniers, erreur du copiste, en réalité il perçut 3.358 sols et 4 deniers. L'année suivante il fit frapper 13.740 livres, sur lesquelles il retint 4 deniers par livre ou 4.580 sols; la troisième année 17.550 livres, sur lesquelles il perçut, à raison de 2 deniers par livre, la somme de 4.387 sols et 6 deniers, soit, en trois ans, un total de 12.325 sols et 10 deniers.

Ainsi Guillaume d'Autignac avait pu faire son apprentissage, et, par lui-même, apprécier quelques-uns des principaux revenus du comté.

Cette conduite de l'évêque, et d'autres actes que nous pourrions citer, expliquent, nous semble-t-il, la démarche qu'il fit auprès du Pape, probablement dans le courant de l'été de 1212. Innocent III était tout disposé à l'écouter, ainsi qu'il ressort de sa lettre; mais, placé loin des lieux, ayant sur les bras assez de travaux, il le renvoya à Pierre Marc. Celui-ci était originaire de Nimes, et avait été chargé par le Pape de la mission de lever les cens dus à l'Église Romaine dans les provinces de Narbonne, d'Arles, d'Aix et d'Embrun et dans les diocèses d'Agen, de Cahors, de Rodez et d'Albi (Cf. sur ce personnage, POTTHAST, nos 4591 à 4593, 4596, 4606 et 4622; VAISSETE, Hist. gén. de Languedoc, t. VI, p. 392; et COMPAYRÉ, Études historiques sur l'Albigeois, p. 295).

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Il est probable que Pierre Marc trouva la somme insuffisante, car, dans les 500 marcs qu'il offrait, Guillaume d'Autignac devait comprendre tous les débours qu'il aurait à faire à la chancellerie pontificale. Nous verrons bientôt que cette somme fut plus que doublée.

Mais encore ici un point doit nous retenir aux yeux d'Innocent III le comté de Melgueil est confisqué, et pour toujours. Il établit, en effet, une grande différence entre le comté et les autres domaines de Raimond VI. En cette même année 1212, malgré les décrets du concile d'Arles, il ordonne à ses légats de recevoir la justification du comte de Toulouse, et refuse de donner ses États à ses compétiteurs. Cette conduite du Pape a été mise en relief par dom Vaissete d'abord, puis, de nos jours, par M. LUCHAIRE; et il importe de bien la souligner, pour apprécier sainement les faits et rétablir les responsabilités.

Cette modération du Chef de la chrétienté envers un homme que ses légats lui dépeignaient sous les plus noires couleurs, disparaît quand il s'agit du comté de Melgueil. Il n'oppose pas un refus à l'évêque; il accepte même ses conditions; mais auparavant les soumet à l'approbation de son envoyé. Il y a donc dans la conduite d'Innocent III au sujet des États de Raymond VI une différence notable. Bien que Chef de la chrétienté, ayant, d'après le droit de l'époque, le pouvoir de délier les sujets de leur serment de fidélité envers leur souverain, même de détrôner ce dernier et de donner ses domaines au premier occupant, il n'use de son autorité que pour le seul comté de Melgueil, et Philippe-Auguste ne proteste pas. C'est que, fidèle à la conduite de ses prédécesseurs, il considère ce comté comme appartenant en toute suzeraineté à l'Église Romaine.

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Innocent III écrit à ses légats de continuer l'enquête, commencée par Pierre de Castelnau, sur la validité du mariage de Pierre d'Aragon avec Marie de Montpellier.

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Cette bulle d'Innocent III est perdue. POTTHAST ne la mentionne pas, et elle ne se trouve dans aucune collection de ses lettres. Cependant son existence est

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