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Innocent III approuve deux habitants de Montpellier qui ont voulu fonder un lit funèbre.

Innocentius (') episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Johanni Luciano et Deodato de Fans, civibus Montispessulani, salutem et apostolicam benedictionem.

Devotioni vestre auctoritate presentium (2) indulgemus ut, pro remissione peccatorum vestrorum, duos lectos deinceps constituere valeatis apud ecclesias terre vestre, in quibus, sine pretio (") et ecclesiarum prejudicio, ad sepulturam defunctorum corpora deferantur.

Datum Laterani, x1 kalendas februarii, pontificatus nostri anno octavo decimo.

Bibliographie.

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Archives municipales de Montpellier, arm. B, cass. 3, no 606; original sur parchemin; sceau disparu; on voit encore des traces de cordons de chanvre; Grand Thalamus, fol. 56 v°; GERMAIN, Hist. de la commune de Montpellier, t. III, p. 492.

Date. GERMAIN a donné à cette bulle la date du 22 janvier 1215. C'est une erreur. Si Innocent III fut élu le 8 janvier 1198, il ne fut sacré que le 22 février 1198, et c'est de ce jour que nous devons dater les années de son pontificat.

L'usage de porter les morts sur un lit, et non sur des brancards, était très commun, non seulement dans le diocèse de Maguelone, mais encore dans la province ecclésiastique de Narbonne. C'était une grande source de revenus pour la paroisse de Saint-Firmin. Les familles riches fournissaient en effet leur lit, qui restait la propriété du prieur, comme les cierges; les pauvres avaient un lit commun. De bonne heure aussi, l'église mit à la disposition des fidèles un lit funèbre moyennant une redevance (Cf. sur le lit funèbre, GERMAIN, Hist. de la commune de Montpellier, t. III, p. 241, et La Paroisse à Montpellier, p. 18).

Ce ne fut que deux ans plus tard, le 17 des kalendes d'avril (16 mai 1216) que Jean Lucien fit son testament. Voici la partie de cet acte qui concerne le lit funèbre:

Et volo quod ipsi (fratres ejus) et heredes eorum inperpetuum teneant lectum munitum, quem ego constitui in ecclesia Beate Marie ad defferendum corpora mortuorum, a domino Papa michi concessum. Pro hoc obligo clausum meum, scilicet vineam et

(1) Original: Innocentius; Grand Thalamus: Innocencius.

(2) Original: presentium; Grand Thalamus: presencium.

(3) Original : pretio ; Gr. Thal.: precio,

ortum (= hortum) quem emi de Bernardo... ita quod quicumque ex heredibus meis illum honorem habuerit, teneatur de munitione illius lecti inperpetuum facienda, necnon et omnes illi qui post heredes meos illum honorem possederint ex quacumque causa; et populus Montispessulani possit compellere possessores dicti honoris ad hoc complendum. Et preterea quicumque dictum honorem possederit, teneatur dare pro anima mea, et parentum meorum, et omnium fidelium, in unoquoque anno, karitati Montispessulani cc panes comunals rationabiles ad donandum cum alio pane karitatis. Verumptamen propter hoc in dicto honore nullum dominium vel laudimium peti possit; ymo semper remaneat dictus honor alodium heredum meorum, ut semper sit obligatus ad munitionem lecti et ad dandos cc panes (Arch. mun. de Montpellier, arm. B, cass. 3, no 605 de l'Inventaire LOUVET; copie sur parchemin).

C'est donc à Notre-Dame des Tables que Jean Lucien destina ce lit funèbre. Depuis quelques temps, en effet, cette église avait le droit de faire des enterrements, mais à condition de verser, entre les mains du prieur de Saint-Firmin, tout le casuel en provenant, même les lits funèbres dans lesquels les fidèles se faisaient porter à l'église. Cette situation dura longtemps encore, puisque les héritiers de Jean Lucien n'avaient pas exécuté ses volontés quarante ans après sa mort (Voir Bulle du 25 février 1268).

206. 22 février 1215-16 juillet 1216

Innocent Il écrit aux nobles d'Aragon et de Catalogne en faveur de Jacques d'Aragon.

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Cette bulle et les trois suivantes ne nous sont connues que par le sommaire que nous trouvons dans POTTHAST, et que lui-même a emprunté à THEINER. Nous les mentionnons parce qu'elles intéressent Jacques d'Aragon, fils de Marie de Montpellier (Voir Note historique placée après le N° 209).

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Innocent III écrit aux habitants de l'Aragon et de la Catalogne en faveur de Jacques d'Aragon.

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Innocent III demande aux habitants de vouloir s'imposer un subside pour le rachat de quelques biens donnés en gage, appartenant à Jacques d'Aragon.

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Innocent III écrit aux habitants de Montpellier en faveur de Jacques d'Aragon.

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Innocent III demande aux habitants de Montpellier de vouloir bien prendre sur les revenus de leur ville la part qui revient au jeune roi d'Aragon, et de les envoyer au maître de la milice du Temple en Espagne, chargé de l'éducation du jeune prince.

209. 22 février 1215-16 juillet 1216

Innocent III écrit à Philippe-Auguste en faveur de Jacques d'Aragon.

Ut Jacobum, natum regis et reginæ Aragonum, et heredem super dominio Montispessulani non impediat seu molestet, nec ab aliis molestari permittat.

Bibliographie.

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POTTHAST, no 5220, d'après THEINER (Vet. mon. slav. merid., t. I, no 123; BOUQUET, Recueil, t. XIX. p. 607; MIGNE, Innocentii III opera, t. III, col. 993.

Nous ne pouvons que regretter la perte de ces quatre dernières bulles dont nous ne connaissons qu'un bien court abrégé, et qui nous montrent les sollicitudes d'Innocent III pour sauvegarder les droits de Jacques d'Aragon, que sa mère, en mourant, avait confié aux soins du Souverain Pontife. Ce n'est pas sans motif que le Pape dut écrire cette lettre à Philippe-Auguste en faveur du jeune orphelin devenu, à six ans, roi d'Aragon et seigneur de Montpellier. De graves événements avaient eu lieu dans cette dernière seigneurie depuis la bataille de Muret.

Pierre d'Aragon avait donné son fils Jacques en otage à Simon de Montfort au commencement de l'année 1211, et avant la tenue du concile d'Arles. Il donnait, en même temps, sa sœur en mariage au fils de Raymond VI, tandis qu'il fiançait son propre fils à une fille de Simon. Celui-ci, heureux de posséder un tel otage, l'emmena à Carcassonne avec lui, ce jeune prince n'avait que trois ans et se chargea de son éducation.

Après la bataille de Muret, Jacques demeura au pouvoir du chef de la croisade; mais quelque temps après, vers la fin de cette année 1213, un corps d'Aragonais alla ravager les domaines que Montfort venait de conquérir, et s'avança même jusqu'à Béziers «sous prétexte, dit dom VAISSETE (Hist. gén. de Languedoc, t. VI, p. 434) —, qu'il refusoit de leur remettre le jeune Jacques leur roi, qu'ils lui avoient

fait demander par une ambassade solennelle après la bataille de Muret ». Les Aragonais ne se découragèrent pas. Ils firent solliciter auprès du Pape, par l'évèque de Ségovie, ambassadeur d'Aragon à Rome, la délivrance de Jacques; et, par une lettre, en date du 22 janvier 1214 (Cf. POTTHAST, N° 4890), Innocent III ordonna à Simon de livrer le jeune roi à son légat, Pierre de Bénévent. Le chef des Croisés dut s'exécuter; Jacques, âgé de six ans et demi, fut rendu à ses sujets, et conduit au château de Mouzon, où il fut confié à la garde de Guillaume de Montredon, maître du Temple en Aragon (Cf. DE TOURTOULON, Hist. de Jacme Ior, t. I, pp. 141 et sq.).

Pendant ce temps que se passait-il à Montpellier? Ici, nous avons deux récits, ou, si l'on préfère, deux interprétations des mêmes actes. Voici celui de dom VAISSETE (Hist. gén. de Languedoc, t. VI, p. 440): « Les habitants de Montpellier refusèrent de reconnoître Jacques pour leur seigneur, et sous prétexte de se maintenir dans la liberté qu'ils s'étoient acquise par l'engagement que le feu roi Pierre leur avoit fait du domaine de cette ville et de ses dépendances, ils s'érigèrent en république; mais appréhendant enfin de tomber au pouvoir de Simon de Montfort, ils eurent recours au roi Philippe-Auguste, qui les prit sous sa sauvegarde avec leur ville et leurs biens au mois d'avril de l'an 1214. »

Le récit de GERMAIN ne concorde pas de tout point avec celui du savant bénédictin (Hist. de la commune de Montpellier, t. II, pp. 2 et 3). « Quelle ne fut pas la satisfaction des bourgeois de la Commune de Montpellier, entre autres, lorsque, en 1213, après la mort du roi Pierre à la sanglante bataille de Muret, son fils Jacques se trouva appelé à jouir de tous ses domaines..... Nos bons et catholiques bourgeois furent ravis d'avoir pour chef un enfant si pieusement élevé. Jacques était le fils de leur chère Marie, le rejeton de leurs vénérés Guillems; ils l'avaient vu naître, ils l'aimaient comme un compatriote, comme un frère. L'envie ne lui viendrait pas de longtemps de s'ingérer dans leurs affaires; et la Commune, libre dans ses mouvements, continuerait ainsi à se gouverner par elle-même sous le double patronage du Pape et du roi de France. Ils lui prêtèrent sans difficulté le serment habituel. Prêter un pareil serment, ce n'était pas beaucoup s'engager; ils n'en demeuraient pas moins les maîtres. >>

Nous arrêtons là notre citation: il paraît bien ressortir de ces lignes que le loyalisme des bourgeois de Montpellier envers leur jeune seigneur était sincère, et, dans sa table des matières, GERMAIN a résumé toutes ces pages sous cette rubrique Popularité de Jayme Ier en arrivant à la seigneurie de Montpellier. Cependant il est obligé d'avouer (page 5 de ce même volume) que «en fait de maître, les bourgeois de Montpellier n'en reconnaissaient sérieusement aucun : ils s'administraient par eux-mêmes comme ils l'entendaient, librement, républicainement, sous l'autorité illusoire d'un seigneur absent.»

Les deux récits diffèrent sur un point d'une grave importance. Dom VAISSETE dit que les bourgeois de Montpellier refusèrent de reconnaitre Jacques; GERMAIN assure qu'ils lui prêtèrent le serment de fidélité. Sur quel acte s'appuie ce dernier historien? Nous l'ignorons. Et lui, qui d'ordinaire est si bien documenté, a oublié de nous donner la référence. Comme nous, il est plein d'admiration pour la pauvre Marie de Montpellier; mais n'attribue-t-il pas ses propres sentiments aux bourgeois du commencement du XIIIe siècle? Ces bourgeois ont été assez insolents envers «<leur chère Marie », qui a dû quitter leur ville pour aller à Rome défendre ses droits héréditaires (voir N° 186), et ces mêmes bourgeois laissèrent mourir dans la misère « leur chère Marie » (Voir N° 195). Il nous semble que ces derniers,

qui faisaient l'apprentissage de la liberté, étaient comme les enfants: et l'enfance est sans pitié.

Aussi nous rangeons-nous à l'opinion de dom VAISSETE. Pourquoi, en effet, les consuls de Montpellier firent-ils appel à la sauvegarde de Philippe-Auguste? Avaient-ils besoin de cette protection ? Nous ne le croyons pas. Celle du Pape, et ils n'ignoraient pas qu'elle leur était assurée, leur suffisait amplement pour protéger leurs libertés contre Simon de Montfort. De plus, il semble bien ressortir de l'acte de Philippe-Auguste que celui-ci, pour des raisons que nous n'avons pas à apprécier, ne voulut pas répondre entièrement aux désirs de nos bourgeois. Comme le fait remarquer cet historien (Hist. gén. de Languedoc, t. VI, p. 441), il met certaines restrictions à la protection qu'il accorde pour cinq ans : « Si le Pape durant cette intervalle nous fait savoir par ses lettres que Jacques, fils du feu roi d'Aragon, doit hériter du domaine de Montpellier, les habitants de cette ville jouiront toujours de la même protection et de la même sauvegarde. Que s'il arrive que Pierre, qui est maintenant légat du Pape dans ces provinces, enjoigne à Louis notre fils aîné, de soumettre la ville de Montpellier, au nom des Croisés, nous serons alors entièrement libres des conventions que nous venons de faire avec les députés de la commune de cette ville » (Cf pour l'original, Hist. gén. de Languedoc, t. VIII, col. 642).

La protection de Philippe-Auguste était donc conditionnelle, et dans la mesure où le Pape voudrait y consentir, et voudrait bien défendre les droits du roi d'Aragon. En conséquence les bourgeois de Montpellier n'avaient pas, comme l'indique GERMAIN, prêté serment à Jacques. En effet, en quel endroit et quand l'auraientils fait? De Carcassonne, le jeune roi partit pour Monzon.

De fait, Innocent III, qui connaissait certainement les clauses de l'accord, le toléra puisque les droits de Jacques étaient sauvegardés; mais nous verrons que, en son temps, Honorius III saura rappeler l'engagement pris par PhilippeAuguste.

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Innocent III se plaint à l'évêque de Maguelone au sujet des droits que certains prieurs ont mis sur les enterrements.

Bibliographie. Voir bulle d'Honorius III du 29 mars 1217.

Nous considérons ce décret d'Innocent III comme apocryphe. En ce moment nous ne nous arrêterons pas à discuter les assertions de quelques historiens, nous réservant d'y revenir à propos des bulles d'Honorius III et de Grégoire IX sur ce sujet.

nous

Avec cette bulle, que nous considérons comme apocryphe terminons le premier volume du Bullaire de l'Église de Maguelone.

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