CLITANDRE. Ceci n'est point du tout un trait d'esprit, madame, Je vois où doucement veut aller la demande, Et que, sans rien prétendre, il faut brûler pour elle. CLITANDRE. Eh! madame, à quoi bon un pareil embarras? Et pourquoi voulez-vous penser ce qui n'est pas? 3. BÉLISE. Mon Dieu! point de façons. Cessez de vous défendre Dont s'est adroitement avisé votre amour, Mais.... CLITANDRE. BÉLISE. Adieu. Pour ce coup, ceci doit vous suffire, Et je vous ai plus dit que je ne voulois dire. Mais votre erreur........ CLITANDRE. BÉLISE. Laissez. Je rougis maintenant, Et ma pudeur s'est fait un effort surprenant. CLITANDRE. Je veux être pendu, si je vous aime; et sage.... BÉLISE. Non, non, je ne veux rien entendre davantage. Diantre soit de la folle avec ses visions! l'on me donne, ACTE DEUXIÈME. SCÈNE I. ARISTE, quittant Clitandre, et lui parlant encore. Oui, je vous porterai la réponse au plus tôt; No; mais, si vous voulez, je suis prêt à l'entendre. ARISTE. Depuis assez longtemps vous connoissez Clitandre? CHRYSALE. Sans doute, et je le vois qui fréquente chez nous. ARISTE. En quelle estime est-il, mon frère, auprès de vous? CHRYSALE. D'homme d'honneur, d'esprit, de cœur et de conduite, Et je vois peu de gens qui soient de son mérite. ARISTE. Certain désir qu'il a, conduit ici mes pas, réjouis que vous en fassiez cas. Et je me CHRYSALE. Je connus feu son père en mon voyage à Rome. Fort bien. On le dit. ARISTE. CHRYSALE. C'étoit, mon frère, un fort bon gentilhomme. ARISTE. CHRYSALE. Nous n'avions alors que vingt-huit ans, Et nous étions, ma foi, tous deux de verts galans. CHRYSALE. Nous donnions chez les dames romaines, Et tout le monde, là, parloit de nos fredaines: ARISTE. Voilà qui va des mieux; venons au sujet qui m'amène en ces lieux. Mais BÉLISE, entrant doucement, et écoutant, CHRYSALE, ARISTE. ARISTE. Clitandre auprès de vous me fait son interprète, Et son cœur est épris des grâces d'Henriette. Quoi de ma fille? CHRYSALE. ARISTE. Oui; Clitandre en est charme, Et je ne vis jamais amant plus enflammé. BÉLISE, à Ariste. Non, non; je vous entends. Vous ignorez l'histoire, ARISTE. BÉLISE. Comment, ma sœur? Clitandre abuse vos esprits, Et c'est d'un autre objet que son cœur est épris. ARISTE. Vous raillez. Ce n'est pas Henriette qu'il aime? Et son amour même m'a fait instance De presser les moments d'une telle alliance. BÉLISE. Encor mieux. On ne peut tromper plus galamment. Un voile ingénieux, un prétexte, mon frère, A couvrir d'autres feux dont je sais le mystère; Et je veux bien, tous deux, vous mettre hors d'erreur. ARISTE. Mais, puisque vous savez tant de choses, ma sœur, Dites-nous, s'il vous plaît, cet autre objet qu'il aime. Qu'est-ce donc que veut dire ce hai? Et qu'a de surprenant le discours que je fai? Peuvent bien faire voir qu'on a quelques appas.. Aucun n'a pris cette licence; Ils m'ont su révérer si fort jusqu'à ce jour, Qu'ils ne m'ont jamais dit un mot de leur amour. ARISTE. On ne voit presque point céans venir Damis BÉLISE. C'est pour me faire voir un respect plus soumis. ARISTE. De mots piquans, partout, Dorante vous outrage. |