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iv

he thought of giving a new setting to this terrible picture.

This setting he found in our history: St. Louis, Lusignan, the Crusades ;-our greatest names, our most chivalrous recollections.

Although Voltaire never reached the heights to which Shakespeare's genius took its flight, yet Zaïre, la douce, la tendre Zaïre, will always awaken the interest and sympathy of the true worshipper of art.

PAUL DE BUSSY.

ÉPITRE DÉDICATOIRE.

À M. LE CHEVALIER FALKENER,

AMBASSADEUR D'ANGLETERRE À LA PORTE OTTOMANE.

MON

(1736.)

ON CHER AMI: car votre nouvelle dignité d'ambassadeur rend seulement notre amitié plus respectable, et ne m'empêche pas de me servir ici d'un titre plus sacré que le titre de ministre ; le nom d'ami est bien au-dessus de celui d'excellence.

Je dédie à l'ambassadeur d'un grand roi et d'une nation libre le même ouvrage que j'ai dédié au simple citoyen, au négociant anglais.*

Ceux qui savent combien le commerce est honoré dans votre patrie n'ignorent pas aussi qu'un négociant y est quelquefois un législateur, un bon officier, un ministre public.

Quelques personnes corrompues par l'indigne usage de ne rendre hommage qu'à la grandeur ont essayé de jeter un ridicule sur la nouveauté d'une dédicace faite à

* Ce que M. de Voltaire avait prévu dans sa dédicace de "Zaïre"

est arrivé: M. Falkener a été un des meilleurs ministres, et est devenu un des hommes les plus considérables de l'Angleterre. C'est ainsi que les auteurs devraient dédier leurs ouvrages, au lieu d'écrire des lettres d'esclave à des gens dignes de l'être.

B

un homme qui n'avait alors que du mérite. On a osé, sur un théâtre consacré au mauvais goût et à la médisance, insulter à l'auteur de cette dédicace, et à celui qui l'avait reçue on a osé lui reprocher d'être un négociant.* Il ne faut point imputer à notre nation une grossièreté si honteuse, dont les peuples les moins civilisés rougiraient. Les magistrats qui veillent parmi nous sur les mœurs, et qui sont continuellement occupés à réprimer le scandale, furent surpris alors; mais le mépris et l'horreur du public pour l'auteur connu de cette indignité sont une nouvelle preuve de la politesse des Français.

Les vertus qui forment le caractère d'un peuple sont souvent démenties par les vices d'un particulier. Il y a eu quelques hommes voluptueux à Lacédémone. Il y a eu des esprits légers et bas en Angleterre. Il y a eu dans Athènes des hommes sans goût, impolis et grossiers; et on en trouve dans Paris.

Oublions-les, comme ils sont oubliés du public; et recevez ce second hommage: je le dois d'autant plus à un Anglais, que cette tragédie vient d'être embellie à Londres. Elle y a été traduite et jouée avec tant de succès, on a parlé de moi sur votre théâtre avec tant de politesse et de bonté, que j'en dois ici un remercîment public à votre nation.

Je ne peux mieux faire, je crois, pour l'honneur des lettres, que d'apprendre ici à mes compatriotes les singularités de la traduction et de la représentation de "Zaïre" sur le théâtre de Londres.

On joua une mauvaise farce à la comédie italienne de Paris, dans laquelle on insultait grossièrement plusieurs personnes de mérite, et entre autres M. Falkener. Le sieur Hérault, lieutenant de police, permit cette indignité, et le public siffla.

M. Hill, homme de lettres, qui paraît connaître le théâtre mieux qu'aucun auteur anglais, me fit l'honneur de traduire ma pièce, dans le dessein d'introduire sur votre scène quelques nouveautés, et pour la manière d'écrire les tragédies, et pour celle de les réciter. Je parlerai d'abord de la représentation.

L'art de déclamer était chez vous un peu hors de la nature: la plupart de vos acteurs tragiques s'exprimaient souvent plus en poëtes saisis d'enthousiasme, qu'en hommes que la passion inspire. Beaucoup de comédiens avaient encore outré ce défaut; ils déclamaient des vers ampoulés, avec une fureur et une impétuosité qui est au beau naturel ce que les convulsions sont à l'égard d'une démarche noble et aisée.

Cet air d'emportement semblait étranger à votre nation; car elle est naturellement sage, et cette sagesse est quelquefois prise pour de la froideur par les étrangers. Vos prédicateurs ne se permettent jamais un ton de déclamateur. On rirait chez vous d'un avocat qui s'échaufferait dans son plaidoyer. Les seuls comédiens étaient outrés. Nos acteurs, et surtout nos actrices de Paris, avaient ce défaut, il y a quelques années: ce fut Mlle. Le Couvreur qui les en corrigea. Voyez ce qu'en dit un auteur italien de beaucoup d'esprit et de sens : La leggiadra Couvreur sola non trotta Per quella strada dove i suoi compagni Van di galoppo tutti quanti in frotta; Se avvien ch' ella pianga, o che si lagni Senza quegli urli spaventosi loro,

Ti muove sì che in pianger l'accompagni.

Ce même changement que Mlle. Le Couvreur avait fait sur notre scène, Mlle. Cibber vient de l'introduire sur le théâtre anglais, dans le rôle de Zaïre. Chose étrange, que dans tous les arts ce ne soit qu'après bien du temps qu'on vienne enfin au naturel et au simple!

S

Une nouveauté qui va paraître plus singulière aux Français, c'est qu'un gentilhomme de votre pays,* qui a de la fortune et de la considération, n'a pas dédaigné de jouer sur votre théâtre le rôle d'Orosmane. C'était un spectacle assez intéressant de voir les deux principaux personnages remplis, l'un par un homme de condition, et l'autre par une jeune actrice de dix-huit ans, qui n'avait pas encore récité un vers en sa vie.

Cet exemple d'un citoyen qui a fait usage de son talent pour la déclamation n'est pas le premier parmi vous. Tout ce qu'il y a de surprenant en cela, c'est que nous nous en étonnions.

Nous devrions faire réflexion que toutes les choses de ce monde dépendent de l'usage et de l'opinion. La cour de France a dansé sur le théâtre avec les acteurs de l'Opéra, et on n'a rien trouvé en cela d'étrange, sinon que la mode de ces divertissements ait fini. Pourquoi sera-t-il plus étonnant de réciter que de danser en public? Y a-t-il d'autre différence entre ces deux arts, sinon que l'un est autant au-dessus de l'autre, que les talents où l'esprit a quelque part sont au-dessus de ceux du corps? Je le répète encore, et je le dirai toujours: aucun des beaux-arts n'est méprisable; et il n'est véritablement honteux que d'attacher de la honte aux talents.

Venons à présent à la traduction de "Zaïre," et au changement qui vient de se faire chez vous dans l'art dramatique.

Vous aviez une coutume à laquelle M. Addison, le plus sage de vos écrivains, s'est asservi lui-même, tant l'usage tient lieu de raison et de loi. Cette coutume peu

*M. Bond. (ED.)

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