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LETTRES INÉDITES

DE

MAXIMILIEN, DUC D'AUTRICHE,

ROI DES ROMAINS ET EMPEREUR,

SUR LES AFFAIRES DES PAYS-BAS.

DEUXIÈME PARTIE.

(1489-1508.)

1.

Cette seconde partie de notre Recueil se compose de cinquante-cinq lettres, savoir: 25 de Maximilien; 6 écrites, en son nom et en celui de l'archiduc Philippe, son fils, par le conseil des Pays-Bas; 14 du duc Albert de Saxe, son lieutenant général; 4 de l'archiduc Philippe; 4 de Philippe de Clèves; 1 du sieur de Tinteville, capitaine de Bruges, avec la réponse qu'y fit le fameux tribun gantois Coppenholle.

Notre publication précédente comprenait soixante-seize lettres. Ce sont donc cent trente et un documents que nous aurons mis en lumière.

Avant nous, M. le baron DE SAINT-GENOIS avait fait connaître trente-sept lettres de Maximilien à Philippe Conrault, abbé de St-Pierre (1); M. KERVYN DE LETTENHOVE en avait donné dix-huit, avec beaucoup d'autres documents de la même époque, à la suite des Mémoires de Dadizeele (2).

Les écrivains qui s'occuperont de nos annales, depuis la mort de Charles le Téméraire jusqu'à l'avénement au trône de Charles-Quint, pourront puiser, dans ces sources diverses, une foule de faits qu'on cherche en vain dans les chroniques du temps.

Ils y trouveront aussi des éléments certains pour l'appréciation des hommes et des choses, pendant cette époque si agitée de notre histoire.

II.

Jetons un rapide coup d'œil sur les cinquante-cinq lettres dont nous révélons l'existence aujourd'hui.

Parmi celles qui portent la signature de Maximilien, sept sont antérieures à l'émancipation de Philippe le Beau. Retenu en Allemagne par les différends qui s'étaient élevés entre les princes de l'Empire, et le soin des intérêts de sa maison, le roi des Romains donne aux états de Hai

(1) Trente-trois sont des années 1477 à 1482, et quatre de l'année 1487. Voy. le Messager des sciences historiques de 1845, pp. 193-205 el 368398.

(2) Mémoires de Jean de Dadizeele, souverain bailli de Flandre, haut bailli de Gand, etc., publiés d'après le manuscrit original. Bruges, Vandecasteele-Werbrouck, 1850, in-4o, de vi et 198 pages. Les lettres de Maximilien sont des années 1477, 1478, 1479, 1480; elles sont presque toutes adressées à Jean de Dadizeele.

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naut (1), aux magistrats de Mons (2) et d'Ypres (3), à son conseil des Pays-Bas (4), des nouvelles de ses affaires ; il leur fait espérer son prochain retour, leur promet son assistance dans la guerre qu'ils soutiennent contre les Flamands et les Français, les exhorte à « continuer en leur » bonne et léale obéissance envers lui et son filz, » etc. Il écrit au magistrat d'Ypres, peu après son arrivée aux Pays-Bas, pour réclamer certaines pièces d'artillerie qu'il avait laissées en cette ville (5).

Des dix-huit autres lettres, cinq sont adressées à Philippe le Beau. Une de celles-ci est des plus curieuses: Maximilien y demande à son fils de pouvoir instituer, dans les États de la maison d'Autriche, un nombre de chevaliers de la Toison d'or égal à celui qu'il y avait dans les États de la maison de Bourgogne, et dont le chef serait celui de la dynastie de Habsbourg (6). Deux autres lettres concernent les assemblées du chapitre de la Toison d'or (7). Dans la quatrième, l'Empereur fait savoir à son fils qu'il remet en ses mains le comté de Bourgogne, dont il venait de s'emparer sur les Français (8). La dernière est relative au voyage que Philippe le Beau fit, pour la seconde fois, en Espagne, dans l'année 1506 (9).

Il y a deux lettres de Maximilien à sa fille, l'archidu

(1) LXXXV, 17 avril 1489; CX, 26 août 1493.

(2) CI, 17 août 1491.

(3) CV, 25 mai 1492; CXIII, 15 décembre 1494.

(4) XCI, 23 juillet 1489; XCIX, 14 juillet 1490.

(5) CXIII, 15 décembre 1494.

(6) CXVI, 22 août 1497.

(7) CXIV, 19 décembre 1496; CXVIII, 15 avril 1499.

(8) CXIX, 19 avril 1499.

(9) CXXV, .. juin 1506.

chesse Marguerite. Tirées toutes deux des archives de Lille, elles n'auraient pas échappé aux investigations du savant conservateur de ce dépôt, si, dans la publication qu'il a faite de la Correspondance de Maximilien et de Marguerite, il n'avait fixé son point de départ à l'année 1507. La première concerne le désir que l'archiduchesse, après la mort de son mari, l'infant don Juan de Castille, éprouvait de revenir aux Pays-Bas (1); l'autre a trait à la naissance d'un des enfants de Philippe le Beau (2).

Maximilien écrit: au comte Engelbert de Nassau, sur une assemblée du chapitre de la Toison d'or, où il le charge de le représenter, à défaut du duc de Saxe (3); au roi d'Angleterre Henri VII, au sujet des traités qui avaient été conclus entre lui et Philippe le Beau, pendant le séjour forcé de l'Archiduc en Angleterre (4); à Charles VIII et au cardinal d'Amboise, touchant la ratification et l'exécution du traité de Cambrai (5).

Depuis que, à la demande des états généraux, Maximilien avait consenti à l'émancipation de l'Archiduc, son fils (6), il n'avait plus aucun droit à s'immiscer dans le gouvernement des Pays-Bas. On le vit pourtant, en 1498 et 1499, agir avec une extrême ardeur auprès de l'Archiduc et des états généraux, afin qu'ils ne ratifiassent pas le traité que ce prince avait récemment conclu avec la France, en confirmation de la paix de Senlis, mais qu'au contraire, ils

(1) CXX, 10 septembre 1499.

(2) CXXI, sans date.

(3) CXV, 17 juillet 1497.

(4) CXXVI, 20 juillet 1506.

(5) CXXX et CXXXI, 2 janvier 1508 (v. st.).

(6) Voir la note sur la lettre du duc de Saxe, du 14 juin 1495, no CVIII.

l'aidassent à faire la guerre aux Français et aux Gueldrois. La lettre qu'il écrivit à ce sujet aux états généraux, et que nous avons recueillie (1), est un des monuments les plus instructifs de sa politique.

L'insuccès de cette tentative ne l'empêcha pas de solliciter, plus tard, des états généraux, un don gratuit de 100,000 florins, en récompense des « grandes peines, la>> beurs et diligences qu'il avait eus et soutenus depuis le › commencement de son premier advénement ès pays de » par deçà, pour la garde, seurté et deffence d'iceulx et » de la personne de son très-cher et très-amé fils l'Archi» duc. » On trouvera, dans notre Recueil, trois lettres de Maximilien relatives à cette demande : une qu'il écrit aux états généraux (2), et deux au magistrat de Bruges (5). Si Maximilien était incessamment court de finances, les états n'avaient pas l'habitude de prodiguer les deniers du peuple: sa pétition fut donc assez mal accueillie (4). Ce qu'il y a de particulier, c'est que, n'ayant pu avoir les 100,000 florins réclamés à titre de don, il s'adressa aux bourgmestre et échevins de Bruges, afin d'obtenir un prêt de 200 livres (5)! A la mort de Marie de Bourgogne, la prétention de

(1) CXVII, 26 janvier 1499. (2) CXXIII, 14 février 1503.

(3) CXXII, 11 novembre 1502; CXXIV, 18 mars 1503.

(4) Il fut plus heureux après la paix de Cambrai. Dans une assemblée des états généraux qui eut lieu à Bruxelles, au mois de janvier 1509, il fit demander, en reconnaissance de cette paix, un don gratuit de 500,000 écus. Les états, ayant pris retraite, s'assemblèrent de nouveau à Anvers, au mois de mars: là les députés de Flandre déclarèrent que leurs principaux accordaient les 500,000 écus. Toutes les autres provinces votèrent 300,000 écus seulement. (4o registre du conseil de ville de Mons. Archives des états de

Brabant Rootboeck, fol. 25 et 26.)

(5) Voir sa lettre du 18 mars 1505, no CXXIV.

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