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advertissons, vous requérant continuer en vostre léaulté envers nous et nostre très-chier et très-amé filz, vostre prince et seigneur naturel, ainsi que avez fait jusques à ores, et que en vous en avons la fiance. Chiers et bien amez, Nostre-Seigneur soit garde de vous. Donné en nostre ville de Noremberg, le xviro jour d'aoust, l'an ** xi.

DE GONDEBAULT.

PER REGEM.

Suscription: A noz bien amez les mayeur, eschevins et conseil de nostre ville de Mons.

Original, aux archives de la ville de Mons.

CII.

LE SEIGNEUR DE TINTEVILLE AUX ÉCHEVINS ET DOYENS

DE GAND.

Il leur reproche leurs mensonges, leur déloyauté, leur alliance avec le roi de France. Il les engage à faire la paix, s'ils ne veulent à la fin être punis comme traîtres et mutins.

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Messieurs, je me recommande à vous. Je vous advertiz que j'ay receu les lettres que escripvez à ceulx de la loy de Bruges, et me donne merveille que vous aultres escripvez si grand tas de bourdes et de mensonges, veu que ne debvez escripre que

y avait laissé le duc de Saxe, pour les gouverner : ce passage donnerait à croire que, depuis, ce dernier prince était retourné en Allemagne.

vérité. Et, au regard de la mort de monseigneur de Nassau (1), vous sçavez bien que avez menti, car il n'est pas vray; et, quant il seroit vray, si sont ceulx de Bruges délibérez de demourer avec leur prince, et non pas estre faulx et desloyaulx, comme estes vous aultres. Il me semble, du mariaige que vous avez fait avec le roy de France (2), n'est point venu du bien, et a espousé la fille de Bretaigne; et des choses que vous feistes, oncques n'en vient point du bien. Et me semble que vostre paix de Tours, de quoy vous parlez tant, à ceste heure-icy est rompue, ensemble celle de met 1. Et, si vous estes saiges, vous achapterez la paix, et ne vous meslerez de monseigneur Phelippe (3); car ilz feront bien sans vous, comme aultrefois ilz ont fait. Et à la fin serez puniz comme faulx traistres et faulx mutins. Escript à Bruges, le xxre de décembre.

Celluy qui est vostre ennemi, tant que

serez contre vostre prince,

DE TINTEVILLE.

Suscription: Aux eschevins des deux bancqz et les deux doyens

de Gand.

Archives du royaume: conseil d'État et audience,

reg. no 34 2o, p. 337.

(1) Voy. la note à la lettre XCI.

(2) Charles VIII.

(3) Philippe de Clèves.

CIII.

COPPENHOLLE AU SEIGNEUR DE TINTEVILLE (1).

Réponse à la lettre précédente.

Gand, 1er janvier 1491 (1492, n. st.).

Capitaine, j'ay veu vostre lettre qu'il vous a pleu escripre à messieurs les eschevins des deux bancqz et deux doyens de ceste ville, très-villaine et fort injurieuse, responsive à une trèsraisonnable et gratieuse lettre qu'ilz avoient envoyez par leur trompette à ceulx de Bruges. Et laquelle vostredite lettre, comme gens saiges, rassiz et de bon entendement, leur a semblé si mal fondée que ne vous ont voulu réplicquer, estans bien esmerveillez, selon la charge, honneur et crédit que on vous donne, tant pour la conduite de vostre office que pour la garde de la bonne ville de Bruges, qu'il vous a pleu ainsi escripre à une si notable loy pensant, néantmoins, que estiés courrouchié ou passionné pour le trespas de feu de très-noble mémoire le conte de Nassau, cuy Dieu pardoint, ou pour quelque desplaisir que povez avoir, etc.

Mais moy, que ne suis pas le plus saige ne toujours attempré (2), par indiscrète passion que je prins, en oyant lire vostre

(1) Peu de temps après avoir écrit cette lettre, Coppenholle fut exécuté, ainsi que son frère jumeau François, à la suite d'une sédition excitée par les paysans flamands qui s'étaient retirés à Gand. Voy. MOLINET, ch. ccxxxvi et CCXLIII, et le Dagboek der Gentsche collatie, publié par M. SCHAYES,

p. 503.

(2) Attempré, tempéré, modéré.

lettre, j'en allay escripre une responsive, par manière de réplicque à la vostre, comme povez veoir par la mynute cy-enclose, et dont, en la chaleur, vous avoy intention d'envoyer la principale lettre, contenant de mot à aultre le contenu de cestedite minute. Toutesfois, quant je avois dormy dessus, et pensé à ma indiscrète folie, et que ung homme saige ne debvoit respondre au contenu d'une telle lettre qu'est la vostre, je m'en repantiz, et pour ce ne le vous ay point voulu envoyer. De quoy, et par charité, je vous advertiz, afin que, quant ung aultresfois vous plaira à escripre, ne le faites estant passionné ou courroussé, mais dormez-y premièrement dessus et vous refroidez, comme j'ay fait sur ladite lettre, laquelle, comme mal advisé, vous avois intention de envoyer, et de quoy vous n'envoye que ladite minute. Et, combien que mesdits seigneurs ont eu la discrétion de considérer vostre fragilité, il vous pourroit nuyre ailleurs, là où vous pourroit ou vouldroit faire plus grand dangier, ou reffuser plus grand estat ou bénéfice, soit en spirituel ou temporel dont de tous deux en avez eu l'expérience, plus que de beaucoup d'aultres, qui ne se cognoissent plus en l'ung ou en l'aultre.

Et, si d'aventure eussiez oublié le contenu de vostredite lettre, par l'impacience dont estiez lors empesché, je vous renvoye le double, afin que l'estudiez et incorporez en mémoire de vostredite discrétion. Et à tant, capitaine, je prie à Dieu qu'il vous ait en sa saincte garde. Escript à Gand, le premier jour de l'an M. [H THI XI,

Par le bien vostre, selon le temps,

JEHAN DE COPPENHOLLE,

Conseiller et maistre d'hostel du Roy, grand

doyen et chaussetier à Gand.

Suscription: A monsieur le capitaine de Bruges, de Tinteville.

Copie de la minute cy-dessus mentionnée.

Capitaine, je me recommande à Dieu, et vous à la guernison de Quesnoy.

Capitaine, j'ai veu la lettre que avez escript à messieurs des deux bancqz et deux doyens de ceste ville, et, pour ce qu'ilz ne vous y deingnent respondre, à cause que leur a samblé estre escript d'ung homme forcené, folastre ou du moings de peu de sens, plustost que d'ung homme de bien, toutesfois, pour ce qu'il y chiet quelque responce, j'ay mesmes advisé vous escripre, et vous monstrer vostre indiscrétion et publicque folie.

Premièrement, vous dites, de feu le conte de Nassau, de sa mort, que nous en avons menti: dont vous-mesmes mentez par la gorge, car nous en sommes véritablement advertiz par lettres auctenticques et aultrement. Et, quant il vivroit encoires, si nous en chaut-il (1), mais vous et vos complices, ausquelz en pendent les oreilles, en peult chaloir et en estre descouragez.

Secondement, vous dites que ceulx de Bruges sont délibérez de demourer avec leur prince : c'est ce que nous à eulx avons requis, et que ilz se joingnent avec nous, comme ilz feront bien bref, s'ilz veullent estre saiges, en faveur d'icelluy nostre prince; ayant en mémoire les tortz et grandes vilainnies que l'on leur a faictz, soubz umbre des belles parolles, enchasseront aux gibetz vous et aultres meschans garsons, qui ne faites que gaster, perdre et destruire ces povres pays, subjectz et bonnes villes, comme avez fait en ladite ville de Bruges, où vous vous vantez estre capitaine, laquelle souloit estre, devant vostre venue, la plus renommée ville marchande de chrestièneté, et laquelle, au contraire, est maintenant la plus povre et diffamée.

Tiercement, vous dites et fatroillez (2) tant, que du mariaige

(1) Il faut lire: Si ne nous en chaut-il, il ne nous importe. (2) Fatroillez, du verbe fatroiller, fatrouiller, s'occuper de bagatelles.

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