Imágenes de páginas
PDF
EPUB

gne la conclusion et délibéracion que y auroit esté faicte et prinse; et, pour ce que la première institucion dudit ordre a esté faicte et mise sus par le duc de Bourgoingne, ainsi que dit est, le duc de Bourgoingne précéderoit tousjours le chief d'Austriche, se ledit chief n'estoit roy: ouquel cas il précéderoit le duc de Bourgoingne, chief d'icellui ordre. Sur lesquelles choses ne fut lors, audit conseil d'Anvers, plus avant procédé, conclu ne délibéré.

A laquelle cause, et que trouvons ceste chose estre bien faisable, très-honnorable et prouffitable, tant pour lesdites deux maisons d'Austriche et de Bourgoingne, comme pour ladite sainte foy catholicque, comme cy-devant est plus amplement déclairé, par quoy l'on en pourra facilement et légièrement obtenir dispense de nostre saint-père, veu que par tout droit divin et autre il est permis de povoir et accroistre et augmenter en bien toutes manières d'ordres, quelles qu'elles soient, nous sommes encoires du meisme avis, oppinion et voulonté; et, à ceste occasion, vous en escripvons présentement, affin que, au premier chappitre que tendrez prouchainement, vous vueillez mettre fin et conclusion en ceste matière, selon que dit est, et prestement nous en faire advertir.

Très-chier et très-amé filz, et chiers et féaulx confrères, Nostre-Seigneur soit garde de vous. Donné à Ysbrouck, le xxi jour d'aoust, l'an ** et dix-sept.

DE WAUDRIPONT.

MAXIUS.

Suscription: A nostre très-chier et très-amé filz l'Archiduc d'Austriche, duc de Bourgoingne, de Brabant, etc., conte de Flandres, de Thirol, de Habsbourch, d'Artois, de Bourgoingne, etc., chief et souverain, et à noz amez et féaulx les chevaliers et confrères de l'ordre de la Thoison d'Or.

Original, aux archives du département du Nord registre aux lettres missives de 1480 à 1500, fol. 105.

CXVII.

MAXIMILIEN AUX ÉTATS GÉNÉRAUX DES PAYS-BAS (1).

Après leur avoir exposé longuement tout ce qu'il a fait, depuis son mariage avec Marie de Bourgogne, dans l'intérêt du pays et de l'Archiduc, son fils, leur prince naturel, il leur demande conseil et assistance contre les Français et les Gueldrois, afin de les forcer à conclure une paix qu'il puisse accepter, et qu'ensuite il soit libre d'entreprendre l'expédition projetée par lui contre les Turcs.

Grave, 26 janvier 1498 (1499, n. st.).

DE PAR LE ROY.

Chiers et bien amez, afin que puissez sentir, cognoistre et entendre parfaictement le grand zèle et amour cordiale et paternèle que avons à nostre très-chier et très-amé fils l'Archiduc, et le grant désir et entière affection que avons aussi au bien, honneur, prospérité et exaltation de sa personne, et à la resource (2) de la très-noble et très-renommée maison de Bourgoingne, nous vous faisons remonstrer, bien au long, les grandes et incomparables peines, labeurs, travaulx et dangiers que, depuis nostre advénement èsdis pays de par deçà, après le décès et trespas de feu de très-noble et recommandée mémoire monsieur le duc Charles, nostre beau-père (que Dieu absoille), avons incessam

(1) Cette lettre fut aussi adressée aux principales villes; au moins, les échevins de Mons la reçurent, ainsi que cela résulte des registres du conseil de ville (séance du 16 février 1499).

(2) Resource, restauration.

ment eu, souffert et supporté, pour garder, deffendre et préserver ladite maison de Bourgoingne et lesdis pays de par deçà des grandes et insupportables guerres, envahissemens et persécutions que les François, anciens et mortels ennemis de la maison de Bourgoingne, se sont continuellement parforcez et travailliez de faire, par toutes les forces, cautelleuses subtilitez, trafficques et autres mauvaises inventions et déceptions dont ilz se povoient et sçavoient aviser, pour la destruire, annichiler et du tout subjuguer en leur obéissance, contre Dieu, et sans couleur de nul tiltre, droit, raison ne action.

Faisons aussi remonstrer les inextimables labeurs et diligences que avons faictes et supportées, en nostre personne, en Bourgoingne et par deçà, tant pour ravoir, des mains desdis François, les pays, terres, places, villes et seigneuries appartenantes à ladite maison de Bourgoingne, que, avant nostre venue èsdis pays de par deçà, ilz avoient prinses et mises à leurdite obéissance, par les façons et manières dessusdites, qui sont à un chascun notoires, comme aussi pour destruire la principaulté desdis pays.

A l'exécution desquelles choses nous avons tousjours, hardiement et libéralement, exposé nostre très-noble personne, sans nous estre feint, espargné, ne avoir eu crainte ou doubte de mort ne de dangier qui nous en peult advenir, en délaissant nostre très-redoubté seigneur et père monseigneur l'Empereur, et nostre patrimoine, tellement que souvent nous nous en sommes trouvez en très-grande adventure et péril, et y avons usé, perdu et consommé la fleur et vertu de nostre jeune eaige; et, par les travaulx et dérompemens de sompne (1), avec aultres peines que nostre corps a si souvent souffert, oultre mesure, et plus que nostre nature ne pouvoit porter et endurer, nous nous sommes trouvez en telle extrémité de maladie comme jusques à

(1) Dérompemens de sompne, privations de sommeil.

l'agonisement de la mort; néantmoins, nous nous sommes, en tous nos maulx, adversitez et tribulations, tellement conduit et gouverné que, par la grâce de Dieu et l'ayde de nos bons et loiaulx subjects et serviteurs, lesdis François n'ont rien peu ne sceu gaigner plus avant sur nous, mais avons reconquis sur eux, par force et par appointement, partie de ce qu'ilz avoient prins et usurpé, et rebouté toutes les machinations qu'ils avoient dedans lesdis pays.

Par quoy, et aussi par ce que aultre fois en avons dit de bouche à nostredit fils, nous tenons qu'il a très-bonne mémoire et congnoissance du très-affectueux et ardent désir et voulenté que avons d'augmenter, resourdre et remectre en estre, honneur et prospérité ladite maison de Bourgoingne, de laquelle nostredit fils est seul chief et vray héritier, et avons déclairé par cidevant, et déclarons encore à présent que ne voulons ne entendons point que aucune division ou séparation soit de nos biens ou des pays des deux maisons d'Austriche et de Bourgoingne, ou qu'elles soient à jamais séparées l'une de l'aultre, attendu qu'elles sont escheues et venues sur ung rang et lignée.

En après, à temps que feu le roi Matthias de Hunguerie faisoit et menoit la guerre contre nostre très-redoubté seigneur et père monseigneur l'Empereur (cui Dieu pardoint), et avoit conquis partie du duché de Basse-Austriche, qu'est le principal tiltre et le plus beau et riche pays de tous les autres d'icelle nostre maison d'Austriche, nostredit seigneur et père, et les bons subjects dudit pays qui résistoient contre ledit feu roy Matthias, nous désiroient et requéroient d'avoir près d'eulx, pour les garder, préserver et observer. Et, combien que raison et nature inclinassent nostre désir et courage à garder et deffendre nostredit seigneur et père et nostre héritage et patrimoine, toutesfois, pour démonstrer, par effect et au besoin, le grand amour qu'avons à nostredit fils, et aussi à la maison de Bourgoingne, aimasmes mieux laisser perdre nostredit pays d'Austriche, que de laisser nostredit fils comme prisonnier, et nos bons subjects de

par deçà ès adversitez et tribulations dont ils estoient journellement travaillez et persécutez, jaçoit, toutesfois, que cognoissions et considérions bien, en nostre couraige, que ne povions tousjours demeurer èsdis pays de par deçà, et que, la plus grand part de nostre eaige, mesmement en nos anciens jours, il fauldroit que viquissions de nostredit pays d'Austriche et de nostre patrimoine. Aussi tous les différends, guerres et hostilités qu'avons contre ledit roy de France, ne procèdent que pour les pays, terres et seigneuries qu'il détient et occupe à nostredit fils l'Archiduc, à cause du grand amour que lui portons, et aussi à ladite maison de Bourgoingne, et du très-affectueux désir qu'avons de la resourdre et remectre en honneur et prospérité. Et, tant que ledit roy de France ne rendra à nostredit fils l'Archiduc sesdis pays, nous ne serons avec lui en bonne paix, union ne amitié, ains en suspicion, l'ung à l'encontre de l'aultre.

En oultre, il est venu à nostre congnoissance qu'aucuns ont semé qu'avons gasté lesdits pays de par deçà. Pour quoy nous en voulons ici dire aucune chose, pour donner à entendre le contraire.

Vous sçavez et congnoissez assez qu'aucuns des subjects de nosdis pays de par deçà se sont gastez d'eulx-mesmes, dont avons eu très-grand regret et desplaisir, et nous sommes tousjours parforcé d'y obvier, et les appaiser par doulce voie, mais nous n'en avons aucune fois sceu venir à bout: à laquelle cause, aussi pour nostre honneur garder, et pour le bien, utilité et préservation de nous, nostredit fils et des aultres pays et bons et loiaulx subjects et serviteurs de ladite maison de Bourgoingne, nous avons esté constraint d'y obvier par la force, car il vaut mieulx pays gasté que pays perdu; et, sans ce, tout le remenant (1) desdis pays de par decà et bons subjects estoient entièrement perdus et destruits, et sans jamais nulle rescousse.

(1) Le remenant, le reste.

« AnteriorContinuar »