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en vient d'autres de Tours; il est important que cette ville soit bien gardée, pour soutenir d'une part les patriotes qui y sont, et, de l'autre, écraser l'aristocratie.

Notre comité révolutionnaire a fait arrêter tous les membres du comité des brigands. Nous allons vous en envoyer une partie à Paris, les plus coupables, pour être jugés par le tribunal révolutionnaire. Minier, notre collègue, a été nommé président du comité révolutionnaire par les représentans du peuple, et notre collègue Damesme, membre de ce comité. Je vous avais marqué qu'on m'avait fait président de ce comité; mais, comme je veux suivre les opérations de l'armée, et qu'elle quitte Saumur pour se rendre à Angers et de là à Nantes, j'ai désiré ne pas m'éloigner du foyer des opérations. Les représentans du peuple m'ont requis avec Lachevardière de rester auprès d'eux et de les accompagner partout; ils suivent l'armée: par ce moyen, mes désirs sont satisfaits. Nous allons demain à Angers.

Les citoyens de Paris commencent-ils à exécuter votre arrêté pour l'inscription de ces mots unité, indivisibilité, etc., sur la façade de leurs maisons? Nous apprenons à l'instant par des lettres particulières qu'on se dispose de l'exécuter. Nous vous avouerons que cela peut faire un bien infini. Nous sommes vainqueurs de tous côtés, il faut que la république une et indivisible soit reconnue par le ciel et la terre.

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Nous apprenons que Paris a accepté la constitution démocrate républicaine, présentée en juin 1793, par la Convention Nationale, et l'a acceptée au son du canon; nous aurions bien désiré nous trouver alors dans nos assemblées primaires, pour partager le vœu de nos concitoyens; mais nous déclarons formellement, au

milieu des camps, que nous l'acceptons comme un bienfait de la Divinité, et que nous la défendrons envers et contre tous, jusqu'au dernier soupir, comme nous avons jusqu'ici défendu la liberté et l'égalité. Tous les départemens l'auront bientôt acceptée; nous ne croyons pas qu'on sera assez insensé pour ne pas se hâter même de l'accepter.

Faites part aussitôt de notre lettre au Conseil exécutif à qui nous avons écrit également hier, à la Commune et à tous nos concitoyens, par la publicité.

MOMORO, commissaire national; A. MINIER, officier municipal et commissaire national; DAMESME, commissaire du Conseil exécutif national; LACHEVARDIÈRE, administrateur du Département de Paris et

commissaire national.

Nous apprenons, au moment de fermer notre lettre, que Westermann, après la victoire, a été surpris par l'ennemi et a essuyé un échec. Quoique cette nouvelle soit consignée dans une lettre écrite par des officiers municipaux, elle demande confirmation; quoi qu'il en soit, l'armée rejoint celle de Westermann, qui est de très peu de conséquence. Au prochain courrier autres détails.

Lachevardière va vous en donner là-dessus quelques-uns par ce même courrier. Cela doit nous apprendre à ne pas attaquer en détail. Avis au général.

MOMORO, Commissaire national.

(La suite à un prochain numéro.)

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J'ai l'honneur de vous envoyer le mémoire ou certificat qui concerne votre famille. M. de Malesherbes s'est fait un grand plaisir d'acquiescer au désir bien légitime que vous avez d'avoir cette pièce entre vos mains. Il souhaite qu'elle puisse vous être utile et qu'elle vous procure les avantages que mérite la descendante du grand Corneille. Je souhaite aussi que vous trouviez dans votre nouvel asile toute la satisfaction que vous pouvez désirer. Je suis très fâché de ne pouvoir aller vous présenter mes adieux avec l'hommage du respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, Mademoiselle, votre très humble et très obéissant serviteur.

BEAUFRE

Secrétaire de M. de Malesherbes).

(1) Archives de la Comédie-Française. Communiqué par M. Regnier, so

ciétaire.

B. VIII.

8

MÉMOIRE.

Voici ce que ma mémoire me rappelle sur la naissance de mademoiselle Corneille :

J'ai su, dès ma première jeunesse, vers 1735 ou 1737, qu'il existait à Nevers un petit-fils du grand Corneille, dont le père avait été au service, et que ce Corneille, petit-fils du grand, avait quelques biens dans ce pays, et d'ailleurs faisait commerce de bois, qui est, dans cette province, un commerce considérable.

Celui par qui je le sus était un ecclésiastique de Nevers, nommé l'abbé de Pâris, qui, depuis long-temps, n'avait pas été dans son pays, mais y avait conservé des relations.

Cet abbé demeurait chez mon père, et c'était l'homme avec qui je causais le plus souvent dans le temps dont je parle, qui est celui où je sortis du collége. Il était homme de lettres, et je commençais à avoir pour la littérature un goût qu'il a peut-être contribué à m'inspirer. La littérature et les anecdotes relatives aux gens de lettres étaient le sujet principal de nos entretiens. Je rappelle cette circonstance, qui prouve que ma mémoire ne peut pas me tromper sur ce qu'il m'a dit de la famille du grand Corneille.

J'étais passionné pour la mémoire des grands hommes, et, avec la vivacité de mon caractère et la légèreté de mon âge, je trouvais honteux pour la nation qu'on laissât le petit-fils du grand Corneille dans une profession mercantile, qui, suivant le préjugé du temps, ne me paraissait pas assez honorable pour l'héritier d'un si grand nom.

Je me souviens aussi que l'abbé Pàris ne m'a jamais dit qu'il y eût du doute sur la légitimité de la naissance de ce Corneille, marchand de bois; et il est mort sans le savoir. On m'a dit depuis que bien des gens de Nevers le savaient. Mais l'abbé, qui avait quitté depuis long-temps son pays, l'ignorait entièrement. S'il l'avait su, il me l'aurait sûrement dit, lorsque nous parlions de l'honneur que se ferait un roi comme Louis XIV ou un ministre comme Colbert, en tirant cette famille de l'ordre plébéien, et lui faisant jouer un plus grand rôle.

Lorsque M. de Voltaire a adopté la nièce de Corneille, qui est à présent madame Dupuis, ce fut pendant quelque temps le sujet de la conversation de tout Paris : les uns la disaient petite-fille, les autres petitenièce; pour moi, je ne doutais pas que ce ne fût la fille du Corneille de Nevers. Cependant, pour m'en assurer, et par pure curiosité, j'allai trouver l'abbé Pâris, qui vivait encore, mais ne demeurait plus chez mon père il était vieux, infirme et très retiré. Ce fut moi qui lui appris la fortune d'une héritière du nom de Corneille, et je le priai d'écrire à Nevers pour savoir ce qui en était.

On lui manda que M. Corneille, qu'il avait connu, était mort depuis assez long-temps, absolument ruiné; qu'il avait laissé un fils et une fille d'autant plus malheureux, qu'ils n'avaient point de parens; que le père avait pris si peu de soin de leur éducation, que l'un et l'autre n'étaient capables que des emplois remplis par les gens du peuple qui ont été le plus mal élevés.

On lui dit que le fils s'était engagé, ce qui est la ressource de tous les enfans mâles d'une famille honnête, et qu'on ne savait pas où il était. C'est le père de ma

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