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ÉTAT

DES MONASTERES FRANC-COMTOIS

DE L'ORDRE DE CLUNY

AUX XIII-XV SIÈCLES

D'APRÈS LES ACTES DE VISITES ET DES CHAPITRES GÉNÉRAUX

Par ULYSSE ROBERT,

ATTACHÉ AU DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.

DES MONASTÈRES FRANC-COMTOIS

DE L'ORDRE DE CLUNY

AUX XIII-XVa SIÈCLES

D'APRÈS LES ACTES DE VISITES ET DES CHAPITRES GÉNÉRAUX.

Les monastères de l'ordre de Cluny étaient soumis à des visites qui se succédaient à des intervalles assez rapprochés. Elles avaient lieu généralement pendant le carême et après Pâques; elles embrassaient, à moins d'impossibilité absolue, toutes les maisons de la même circonscription ou province religieuse. Parfois cependant ces visites se bornaient à un seul monastère ; elles étaient alors motivées par des causes graves sur lesquelles il y avait lieu de faire une enquête. Les visiteurs, choisis d'ordinaire parmi les prieurs, presque toujours au nombre de deux, il y en avait rarement un seul, avaient pour mission de s'informer de la quantité des religieux qui vivaient dans chaque monastère,de la manière dont l'office divin était célébré, dont l'aumône était faite et l'hospitalité pratiquée. Ils devaient s'assurer si les bâtiments conventuels et les églises étaient en bon état, les biens administrés convenablement, si le silence était bien observé et la discipline conforme aux règlements de l'ordre. Les observations auxquelles donnaient lieu ces visites, étaient soigneusement consignées dans des procès-verbaux, écrits la plupart du temps sur des rouleaux et destinés à être mis sous les yeux de l'abbé de

Cluny ou des définiteurs des chapitres généraux. C'est d'après ces documents qu'étaient édictées les peines encourues pour les infractions à la règle et résolues les questions litigieuses qui pouvaient se présenter, etc. Il est facile de voir le parti qu'on peut en tirer pour apprendre à connaître l'état matériel et moral de l'ordre de Cluny à la fin du moyen-âge, surtout l'utilité qu'ils offrent pour la monographie des monastères. L'archéologue y trouvera souvent la mention de constructions ou de restaurations d'églises, l'historien des faits qu'il ne rencontrera nulle part ailleurs.

Malheureusement beaucoup de ces précieux procès-verbaux ont péri. La Bibliothèque nationale en possède de trop rares débris dans la collection de Bourgogne (1); il en reste un petit nombre dans les épaves des archives municipales de Cluny ; c'est à peine si l'ensemble de ceux qui sont conservés atteint le chiffre de cinquante. Il y en avait autrefois des centaines dont on peut voir la liste sommaire dans le ms. latin 13873 de la Bibliothèque nationale.

MM. Luce et Bruel ont, les premiers (2), fait ressortir l'importance de pareils documents. Suivant leur exemple, je crois faire œuvre utile en publiant des extraits des procès-verbaux des visites des monastères franc-comtois qui dépendaient de Cluny. Ils sont tirés des rouleaux concernant la province d'Allemagne et Lorraine à laquelle appartenaient les monastères comtois du diocèse de Besançon ; des rouleaux de la province de Lyon j'ai extrait ce qui est relatif à Gigny.

(1) T. 82.

(2) Visite par les prieurs de Barbezieux et de Saint-Sauveur de Nevers des monastères de la congrégation de Cluni, situés dans la province de Poitou, en 1292, dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 1859, p. 237-246; Visites des monastères de l'ordre de Cluny de la province d'Auvergne, en 1286 et 1310, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, 1877, p. 114-127.

Les monastères franc-comtois, dont les noms apparaissent dans les actes de visites, sont pour le Jura: Gigny, Vauxsur-Poligny, Mièges, Saint-Nicolas de Salins, Frontenay et Château-sur-Salins; pour le Doubs, Vaucluse, Hautepierre, Morteau, Chaux-les-Clerval et Lieu-Dieu; pour la HauteSaône, Port-sur-Saône. A cette liste, conforme d'ailleurs à celle qui figure dans la Bibliotheca Cluniacensis (1), se trouve plus d'une fois mêlé, non dans les procès-verbaux de visites, mais dans les définitions des chapitres généraux, le nom de l'abbaye de Baume-les-Messieurs, qui faisait aussi partie de l'ordre de Cluny.

Parmi les renseignements intéressants que fournissent ces actes compris entre 1263 et 1454, je me contenterai de signaler ceux qui ont trait au nombre des religieux, à l'absence des prieurs ou des moines, à la célébration des offices, à la discipline, aux punitions, aux plaintes des moines, à l'état des bâtiments et des églises, aux travaux qui y étaient faits, aux livres, aux faits historiques divers et aux causes qui empêchaient les visites.

Nombre des religieux. Gigny: minimum, 25; maximum, 34; à diverses époques, 26, 28, 30, 31, 32 et 33.--Vaux : minimum, 8; maximum, 16; à diverses époques, 10, 12, 13 et 14.- Mièges en 1336, 1; en d'autres temps, 2. -Saint-Nicolas de Salins et Frontenay: 1, avec le prieur.Château-sur-Salins: une fois mentionné, 5.-Vaucluse: minimum, 4; maximum, 6; le plus souvent, 5. Hautepierre: minimum, 3; maximum, 6; une fois 5, souvent 4. -Morteau: minimum, 1; maximum, 6; le plus souvent, 5. -Chaux minimum, 1; maximum, 2, avec le prieur. Lieu-Dieu: 1, avec le prieur. - Port-sur-Saône: minimum, 2; maximum, 4.

Absences. Gigny: cause non indiquée (2); absence

(1) Col. 1741-1744.

(2) XXXV.

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