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acharnement les hommes les plus distingués du parti de la Gironde, et les avoir sacrifiés sans s'apercevoir qu'il n'était que l'instrument d'hommes plus puissans que lui, Hébert s'attacha à perdre les chefs du parti opposé, espérant, dans sa folle présomption, succéder à leur pouvoir et à leur popularité. Il attaqua avec la même fureur Fabre-d'Eglantine, Bazire, Chabot, et enfin Danton. Bientôt són audace s'accrut au point que comptant sur les forces de la faction dont il était devenu le chef, il fit, lors de l'arrestation de Vincent, voiler, à la société même des Jacobins, la statue de la Liberté et les tables des Droits de l'homme, et appela hautement le peuple à l'insurrection contre la convention et le comité de salut public. Robespierre se voyant si violemment menacé, résolut de perdre sans retard son imprudent et faible antagoniste. Il le dénonça à la tribune de la convention, et sur un ordre de Fouquier-Tinville, on arrêta Hébert et quelques-uns de ses partisans: aucun d'eux n'opposa de résistance. Celui-ci, qui par son caractère public et son audace naturelle commandait, en quelque sorte, au tribunal révolutionnaire, quelques heures auparavant, n'en reçut que des marques du plus profond mépris lorsqu'il y parut; on affecta même, dans le réquisitoire dirigé contre lui, de rappeler sa vie privée, et de le flétrir comme un vil escroc, comme un voleur public. Dans ce moment terrible, cet homme violent se montra sans courage. Il perdit plusieurs fois connaissance

devant le tribunal et dans la prison, et il était presque mourant en arrivant à l'échafaud. Le peuple l'accablait de huées sur son passage, et lui rendait, avec une sorte d'inhumanité, les plaisanteries atroces qu'il avait tant de fois prodiguées aux malheureux traînés au supplice. On lui criait de toutes parts, et nous ne rapportons ces mots populaires que parce qu'ils sont historiques : « Va,co» quin, va jouer à la main-chaude; » va mettre la tête à la fenêtre; va » éternuer dans le sac; il est... en » colère aujourd'hui le père Du» chêne! » et autres propos pareils mêlés des plus violentes imprécations. Il fut exécuté le 4 germinal an 2 (24 mars 1794). Son supplice fut affreux, mais digne de sa vie.

HEBERT (FRANÇOIS-LOUIS), supérieur-général des Eudistes, fut confesseur de Louis XVI après M. Poupart, curé de Saint-Eustache, à Paris. Il resta constamment avec le roi pendant la nuit du gan 10 août. Ce prince, peu de jours avant, lui disait dans une de ses lettres : « Je n'attends plus rien » des hommes, apportez-moi des consolations célestes. » M. Hébert, dénoncé lui-même pour s'être obstiné à porter l'habit de son ordre, fut arrêté, renfermé dans la maison des Carmes, et massacré le 2 septembre.

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HEBERT (L. G.), à l'époque de la révolution, était officier dans un régiment de cavalerie, et décoré de la croix de Saint-Louis. Il fut d'abord administrateur du département de l'Eure, et ce même département le nomma député à l'assemblée législative, en 1791.

Le 22 août 1792, il offrit sa croix de Saint-Louis à l'assemblée, et voulut que le prix qui en provien drait, fût destiné au soulagement des veuves et des orphelins des citoyens pauvres, morts dans cet te journée.

HEBRARD (N.), député aux éfats-généraux, exerçait à Aurillac la profession d'avocat,au commencement de la révolution. Le bailliage de Saint-Flour l'élut député du tiers-état aux états-généraux de 1789. Il se prononça contre le veto royal, et opina pour que la peine de mort fût appliquée au délit de l'exportation des grains. Après la session, il quitta ses fonctions législatives, et retourna dans sa province. On ne le revit que le 20 novembre 1795; il parut à la barre de la convention nationale, et annonça, en qualité d'orateur d'une députation du Cantal, qu'un comité central et » une armée révolutionnaire ve»naient d'être établis dans ce dé»partement; que les aristocrates » et les égoïstes sans distinction, » d'après cette maxime de Solon: » Qui n'est pas pour nous, est né» cessairement contre nous, atten» daient, dans des lieux de réclu»sion. les mesures que nécessi>> teraient les circonstances. » Malgré ce zèle exagéré, la commune d'Aurillac l'accusa de concussion; il fut traduit devant le tribunal criminel du Puy-de-Dôme, qui l'acquitta. Depuis cette époque, aucune fonction publique ne l'a mis en évidence.

HÉCART (GABRIEL-ANTOINEJOSEPH), naquit à Valenciennes, le 24 mars 1755. Lors du bombardement de cette ville, en 1793,

il était officier municipal, et fut mis en arrestation quand la place eut capitulé. La révolution du 9 thermidor, en lui procurant sa liberté, lui sauva infailliblement la vie. Il remplit ensuite, pendant plusieurs années, les fonctions de secrétaire de l'administration municipale de Valenciennes. Il était membre de la société royale des antiquaires de France. Parmi plusieurs ouvrages dont il est l'auteur, nous citerons: 1° Traité de perspective linéaire, l'usage des jeunes gens. On remarque une particularité au sujet de cette production: c'est que le manuscrit fut volé, et qu'il fut imprimé à Charleville, sous le nom supposé d'Autun. 2° Le Temple des sciences, in-8°, 1791, Paris, Valenciennes; 3° Essai sur les propriétés et les qualités des arbres et arbustes du département du Nord, an 3, in-4°, Valenciennes; 4° les Bosquets d'agrément, poëme, in4°, 1808, ibid. ; 5o la Vaccine, poëme, ibid., in-16, 1812; 6o Journal central des Académies et Sociétés savantes, in-8°, 1811, ibid.; 7* Recherches historiques et bibliographiques sur le théâtre de Valenciennes, in-8", 1816, ibid. Il a encore publié un roman, traduit de l'arabe, intitulé Rominaf.

HECOURT (DENULLY D'), né d'une famille,distinguée dans la magistrature, fut nommé maire de Beauvais, en 1802. Cette ville lui est redevable des promenades agréables et des belles plantations qui ont remplacé les anciens remparts et les fossés infects d'où s'exhalaient en été des vapeurs malfaisantes. Il fut du nombre des députés qui composèrent la

chambre des cent jours, mais il s'y fit peu remarquer et ne parut point à la tribune. Il a présidé le collége électoral de l'Oise, pour les élections de 1817.

HECQUET, député à la convention nationale, par le département de la Seine-Inférieure. Il vota, dans le procès de Louis XVI, pour la réclusion et le bannissement. Il signa, le 6 juin 1793, la protestation qui fut faite contre les événemens des 31 mai et 2 juin, et se trouva au nombre des 73 députés dont on ordonna illégalement l'arrestation. Après le g thermidor an 2, il rentra dans la convention, et passa ensuite au conseil des anciens. Il est mort à Paris, le 30 novembre 1796.

HECTOR (LE COMTE D'), était commandant de la marine à Brest, à l'époque de la révolution. Pendant une émeute qui eut lieu en cette ville, il courut de grands dangers, donna bientôt sa démission, et passa en Angleterre, où il leva, au compte du gouvernement, un corps composé en grande partie d'officiers de marine émigrés. Ce corps fut presque entièrement détruit lors de l'expédition de Quiberon. Le comte d'Hector avait servi avec distinction pendant la guerre qui donna la liberté à l'Amérique septentrionale.

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HEDENSTROM, voyageur russe, né de parens suédois, visité les côtes de la mer Glaciale, et a pénétré plus avant au nord qu'aucun de ceux qui avaient entrepris ce voyage avant lui. Après avoir parcouru toute la Sibérie, il a découvert, au nord de cet immense pays, une terre fort

étendue. Ses recherches, dans les deux îles inhabitées des Saintes, lui ont fait trouver des amas d'ossemens, et des restes de quadrupèdes d'une grandeur prodigieuse, dont les races ont été perdues et sont entièrement inconnues de nos jours. Il a aussi trouvé les serres désséchées d'un oiseau qui, selon toutes les apparences, devait être d'une grosseur trois fois plus considérable que celle du condor de l'Amérique méridionale. Ces pays, dit-il lui-même, semblent être le cimetière de générations absolument inconnues. M. Hedenstrom croit à l'existence d'un continent arctique, dont la découverte reste encore à faire. Ce savant doit publier incessamment, à Pétersbourg, une relation détaillée de ses intéressans voyages.

HEDOUIN (JEAN-BAPTISTE), littérateur, ancien religieux de l'ordre des prémontrés, naquit à Reims, département de la Marne, en 1749. Après avoir terminé ses humanités, et s'être livré à l'étu- . de des mathématiques dans cette ville, il vint à Paris pour s'y perfectionner sous d'habiles maîtres; mais le tumulte du monde convenait peu à ses goûts simples et paisibles; il prétéra la paix du cloître, et il fut admis dans la congrégation de Sainte-Geneviève. Néanmoins, il ne prononça de vœux que dans l'ordre des prémontrés. A vide de s'instruire,tout en s'occupant de son cours de théologie, il lisait l'Histoire philosophique de l'abbéRaynal. Il médita cet ouvrage, et fut en quelque sorte entraîné, par le vifintérêt que sa lecture lui inspirait, à

en faire de nombreux extraits. Les ayant réunis, il en forma l'Esprit et génie de Raynal. Ce genre de travail, assez singulier pour un jeune théologien, ne fut nullement du goût du prieur de son collége, qui cependant se borna à lui conseiller de le brûler. L'avis ne fut pas suivi, et l'Esprit et génie de Raynal parut imprimé quelque temps après, mais sans nom d'auteur. L'autorité ordonna des poursuites contre le libraire. Le secret d'Hédouin allait être connu, lorsqu'il apprit qu'un de ses parens, Hédouin de PonsLudon (voy. l'article suivant), officier d'infanterie, était enfermé au château de Ham, en vertu d'une lettre de cachet; il se rendit près de lui, et l'informa de l'embarras dans lequel il se trouvait. Hédouin de Pons - Ludon, dans l'intention de rendre un bon of

fice à son parent, se déclara l'auteur de l'Esprit et génie de Raynal, en envoya même la déclaration au censeur de police de cette époque, et aussitôt les auteurs des Mémoires secrets (année 1777) firent hon neur à cet officier de l'ouvrage incriminé. Lefsecret fut long-temps et fidèlement gardé; mais ne vou. lant point ravir à son parent le mérite de son travail, cet officier déclara qu'il n'avait pas composé l'ouvrage qu'on lui attribuait, et qu'il ne l'avait reconnu que pour obliger le véritable auteur. Hédouin, sauvé par cette innocente supercherie du courroux de ses supérieurs, put tranquillement se livrer aux travaux de son état; il professa les belles-lettres dans son abbaye, et fut nommé, vers 1785, en récompense des services qu'il

avait rendus à son ordre, prieurcuré de Retonvillers, département de la Somme. Il y vivait paisiblement lorsque la révolution éclata. Ses principes sages et modérés lui firent adopter ceux que le nouvel ordre de choses consacrait; et ses paroissiens, pour lui témoigner leur reconnaissance et leur attachement, le nommèrent maire de Retonvillers. Il occupa cette magistrature, ainsi que sa cure, jusqu'à sa mort, arrivée, non au mois d'octobre 1792, comme le prétendent par erreur les auteurs de la Biographie universelle, mais au mois d'octobre 1802. On lui doit : 1o Esprit et génie de Raynal (Paris, 1777, in-8°). Cet ouvrage a été imprimé plusieurs fois en 1782, à Londres (Paris, Cazin); et à Genève, dans la même année, in-8°. 2° Principes de l'éloquence sacrée, mêlés d'exemples puisés principalement dans l'Ecriture sainte, dans les SS. PP. et dans les plus célèbres orateurs chrétiens, à l'usage des cours d'étude établis dans l'ordre des prémontrés (Soissons, 1787, in-12). L'évêque de Nantes, l'abbé DUVOISIN (voyez ce nom), estimait assez cet ouvrage, pour désirer qu'il fût réimprimé dans toute la France, et mis dans les mains des jeunes gens qui se destinaient à l'état ecclésiastique; il l'avait adopté pour l'instruction de ses séminaristes. 3o Fragmens historiques et critiques sur la révolution. Cet ouvrage n'a point été imprimé: il est mentionné dans le Dictionnaire des anonymes, no 1835.

HÉDOUIN DE PONS-LUDON (JOSEPH-ANTOINE), Coùsin-germain du précédent, naquit à

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Reims, le 5 février 1739, d'une famille ancienne, qui, dans le 17 siècle, s'allia à la famille du célèbre ministre Colbert. Hédouin de Pons-Ludon, après avoir terminé ses études à l'uuiversité de Reims, prit du service sur mer, et partit comme volontaire, en 1757, avec le capitaine Thurot. Il était officier dans le régiment d'Eu lors de la bataille de Crevelt, en 1758, à laquelle il prit une part honorable. Aide-major, en 1763, au régiment de Bourges; lieutenant au régiment provincial de Champagne, en 1771, puis capitaine, il fut, quelques années après, enfermé au château de Ham, en vertu d'une lettre de cachet. On a toujours ignoré les causes d'une détention qui parut généralement arbitraire, et que, dans l'impuissance de justifier, les auteurs d'une Biographie tout orthodoxe (v. l'article HEDOUIN, dans le supplément du Dictionnaire de l'abbé Feller), disent négligemment motivée par quelque étourderie. Ce brave militaire, enfermé dans un château fort pour étourderie, apprenant l'embarras où se trouvait son parent J. B. HÉDouin (voy. l'article précédent), à l'occasion de la publication de l'Esprit et génie de l'abbé Raynal, voulut lui rendre service, et prit encore, disent les mêmes religieux écrivains, cette étourderie sur son compte; c'est-à-dire, en se déclarant généreusement l'auteur d'un livre proscrit. Il eut le bonheur de réussir dans son acte de dévouement, dont on connut par la suite toute la générosité. En 1778, Hédouin de Pons-Ludon acheta la charge de conseiller

rapporteur du point d'honneur au tribunal des maréchaux de France. Il perdit cet emploi à la révolution, dont il adopta avec modération les principes. Lors des massacres de septembre, en 1792, il eut le bonheur de sauver une femme nommée Gonel. Incarcéré lui-même en 1794, et au moment d'être traduit au tribunal révolutionnaire, il dut la liberté à la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794). Il a composé quelques ouvrages; ce sont: 1o Essai sur les grands hommes d'une partie de la Champagne, par un homme du pays (1768, 1 vol. in-8");

2° Lettre d'un Rémois à un Parisien sur ce qui doit payer les corvées en France (1776, in-8°); 5° Mèo moire d'un militaire au roi, sur ce qu'il a éprouvé de contradiction en son état (1776); 4o un grand nombre de poésies diverses, telles que satires, épigrammes, madrigaux, sonnets, épithalames, chansons, etc. 11 mourut à Reims, le 27 octobre 1817. Aubin-Louis HEDOUIN DE PONS-LUDON, son fils anique, né en 1783, est élève de l'école militaire de Brienne. Il paraît s'être exclusivement occupé de géographie, et il est plusieurs fois question de lui dans les Annales des voyages de M. MalteBrun. M. A. L. Hédouin de PonsLudon a été une des victimes de la réaction de 1815: ce ne fut qu'après 152 jours de détention qu'il recouvra la liberté.

HÉDOUVILLE (GABRIEL-MARIE-THÉODORE-JOSEPH, COMTE D'), lieutenant-général, pair de France, etc., naquit à Laon, département de l'Aisne, en 1755, d'une famille noble, mais peu favorisée

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