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princesse avait pu emmener avec elle ses deux enfans, elle n'aurait pas reculé devant les dangers de l'évasion. Elle fit tenir à M. de Jarjayes la lettre suivante, qu'on dit écrite de sa main : « Nous » avons fait un beau rêve, voilà »>tout : mais nous avons beaucoup » gagné en trouvant dans cette >>occasion une nouvelle preuve » de votre entier dévouement. Ma » confiance en vous est sans bor»nes. Vous trouverez dans toutes »les occasions en moi, du caractère et du courage: mais l'intéwrêt de mon fils est le seul qui me » guide; quelque bonheur que » j'eusse éprouvé à être hors d'ici, »je ne peux consentir à me sépa »rer de lui: je ne pourrais jouir » de rien sans mes enfans, et cette » idée ne me laisse pas même un » regret. » L'ordonnance qui a donné à M. de Jarjayes le titre de lieutenant-général, est du 4 février 1814.

JARNOWICK (N.), dont le véritable nom est GIORNOVICHI, virtuose célèbre, naquit à Paris, de parens originaires d'Italie. Elève d'Antonio Lolli, un des premiers violons de son temps, il commença sa carrière musicale au concert spirituel, par le 6 concerto de son maître, et n'obtint d'abord que de médiocres succès. Cependant, comme il avait un mérite réel, il parvint bientôt à attirer et à fixer l'attention, et tout Paris jouit de ses talens pendant plus de 10 années. Il fut appelé en Prusse par le prince royal, qui l'attacha à sa chapelle. Jarnowick était du caractère le plus original. S'étant rendu à Lyon, il y fit annoncer

un concert au prix de 6 francs par personne. Le prix parut trop élevé, et la salle resta vide. Le lendemain, il fait annoncer le même concert à 5 francs : la salle était pleine. Mais Jarnowick, piqué, avait disparu; l'argent fut fidèlement rendu aux auditeurs désappointés, qui finirent par rire de cette plaisante vengeance. Un jour, il casse par mégarde un carreau de la valeur de 30 sols chez un marchand de musique. Le marchand n'ayant pas à rendre sur un petit écu, Jarnowick lui dit froidement : « Il est inutile »d'en aller chercher; >> et en achevant ces mots, il casse un second carreau. Dans un concert où se trouvait Saint-Georges, connu par son habileté et sa force dans l'art de l'escrime, ainsi que par ses talens comme musicien, Jarnowick, emporté par sa vivacité, donne un soufflet au célèbre tireur. « J'aime trop son talent, dit »Saint-Georges avecla plus grande modération, pour me battre avec »lui. » C'est à Saint-Pétersbourg que Jarnowick mourut, en 1804, en faisant une partie de billard. Cet habile artiste avait un jeu pur et une vigueur d'archet étonnante. On lui reprochait de se complaire trop à l'exécution des plus grandes difficultés, et d'avoir plus de force que de grâce. Jarnowick excita à Vienne, en luttant avec Lamotte, célèbre violoniste allemand, à Berlin et à Saint-Péters> bourg, le même enthousiasme qu'à Paris. Pendant son séjour & Berlin, le maitre de chapelle Wolf se lia avec lui; et il parle, dans ses ouvrages, de l'admiration qu'il excitait toutes les fois qu'il

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se faisait entendre. Jarnowick a composé à Paris, et l'on a gravé, 7 symphonies ct 9 concertos de violon.

JARRY (L'ABBÉ THEOPHILE), l'un des plus ardens antagonistes de la révolution française, était, en 1791, vicaire-général de la cathédrale d'Auxerre, et ayant émigré, devint chanoine de Liége. Lorsque le danger fut passé, M. l'abbé Jarry revint en France, où il a publié les ouvrages suivans. 1° Lettres à Claude Fauchet, évêque constitutionnel du Calvados, in-8°, 1791. La prudence ne permit pas cependant à M. l'abbé Jarry d'honorer de son nom cette correspondance; il lui imprimale nom inconnu de Valmeron. 2° Question sur le serment décrété par l'assemblée nationale, in-8°, 1791; 3° Instruction aux catholiques sur les causes de la rẻvolution et les moyens d'en arrêter les progrès, 1792. Cette publication fut encore prudemment datée de Burgos. 4° Discours sur la délivrance de la ville de Maestricht, 1793; 5° Oraison funèbre du cardinal de La Rochefoucauld, Munster, 1801; 6o Oraison funèbre de la comtesse Antoinette de Kaunitz, Rittberg, Munster, 1805; 7° Dissertation sur l'épiscopat de saint Pierre à Antioche, avec la défense de l'authenticité des écrits des SS. PP., Paris, 1807; 8° Examen de l'opinion de feu M. Emery, touchant la mitigation de la peine des damnés, Leipsick, 1810; 9° du Rẻtablissement de l'empire germanique tel qu'il était avant 1792, Paris, 1814; 10° Discours sur la catastrophe du 20 mars 1815, et le retour du roi, 1815; 11° ad SS.

D. N. Pium VII epistola gratulatoria cum responsione sanctissimi in formâ brevis, 1816; 12° Discours prononcé le jour de la SaintLouis à Saint-Ouin de Rouen, 1817, in-8°, Falaise.

JARRY (LE BARON ETIENNE-ANASTASE - GÉDÉON), maréchal-decamp, commandant de la légiond'honneur et chevalier de SaintLouis, né le 10 octobre 1764. Il servit dès le commencement de la révolution, fut adjudant-général en 1804, puis employé en cette qualité, pendant la campagne de 1805 en Allemagne. Sa conduite à la bataille d'Austerlitz lui valut le titre de commandant de la légion-d'honneur. En 1807, il se distingua à la bataille d'Eylau, et obtint de nouveau des éloges et des faveurs du gouvernement impérial. Le 5 octobre 1814, il fut créé par le roi chevalier de Saint-Louis, et nommé commandant du département du Jura, ce qui, dans le mois de mars 1815, le mit en relation avec le maréchal Ney. Ce dernier l'ayant désigné pour prendre, au nom de Napoléon, le commandement de Besançon, il s'y refusa, et se retira au sein de sa famille. Après la seconde restauration, il reprit le commandement que lui avait confié le roi, et dans le mois de novembre de la même année, il parut comme témoin à charge dans le procès de son ancien chef le maréchal Ney.

JARRY, député aux états-généraux, à la convention nationale et au conseil des cinq-cents; fut, pour ainsi dire, enlevé à la charrue et au milieu des champs qu'il cultivait, en 1789, pour repré

senler aux états-généraux le tiersétat de la sénéchaussée de Mantes. Il ne s'y fit pas remarquer à la tribune, mais fut constamment employé dans le comité des impositions. I marqua davantage dans la convention nationale, où l'appelèrent les suffrages des électeurs du département de la Loire-Inférieure. Dans le procès de Louis XVI, il s'abstint de voter comme juge; mais il demanda comme législateur, la détention et le bannissement à la paix. Sa nomination au comité de sûreté générale, au commencement de janvier 1793, le rendit odieux au parti dit de la Montagne. Il en fut persécuté, et après le 31 mai, ayant protesté contre cette journée, il fut arrêté et enfermé au Temple avec les 73 députés opposans; après le 9 thermidor, il rentra avec ses compagnons d'infortune dans la convention. En 1795, il fut porté par son département au conseil des cinq cents, d'où il sortit en 1798. Depuis cette époque il n'a plus rempli de fonctions publiques.

JARRY (PHILIPPE-PIERRE-HENRI), ancien avocat consultant de Monsieur, n'a figuré qu'un instant dans la révolution; c'est en 1797. Après avoir été nommé député au conseil des cinq-cents par le département de la Loire, il vit annuler sa nomination par suite de la journée du 18 fructidor. En 1816, le roi, pour récompenser ses anciens services, lui a accordé des lettres de noblesse. JARRY DESLOGES, nommé député au conseil des anciens, 1797, par le département de la Mayenne, vit également annuler

en

son élection la même année. JASINSKI, général polonais, etc.; après avoir servi, en 1794, à la tête d'un corps contre les Russes, il profita des intelligences qu'il avait dans Wilna, pour faire lever dans cette capitale de la Lithuanie l'étendard de l'insurrection. I usa de tant d'adresse et de tant de prudence, que les Russes qui occupaient cette place avec une forte garnison, y furent tous faits prisonniers sans effusion de sang; mais il fit un exemple de l'hetman Kossakowski, qui avait commis de grandes cruautés, et le fit condamner à mort par une commission militaire. Le succès de l'insurrection de Wilna opéra le soulèvement de toute la province, ce qui mit plusieurs fois Jasinski aux prises avec les Russes, contre lesquels il se défendit toujours avec intrépidité. Il se soutint vaillamment à la tête de 6,000 Polonais contre 17,000 Russes, et donna le temps au général Michel Wielhorski d'arriver à son secours. Le géné ral Jasinski prit ensuite le commandement d'une division enfermée dans Varsovie, où il perdit glorieusement la vie, en défendant contre Suwarow le faubourg de Prague.

JAUBERT (LE COMTE FRANçors), était, à l'époque de la révolution, avocat au parlement de Bordeaux et professeur en droit. Il fut successivement, depuis 1789, membre de la 1 municipalité constitutionnelle, et commissaire auprès du tribunal civil. Il faisait partie de la commission populaire établie à Bordeaux après le 31 mai 1793, pour s'op

poser au despotisme de la Montagne; il fut mis hors laloi, par le décret du 6 août 1793. Le g ther midor an 2, en mettant fin aux proscriptions, le rendit à ses fonc. tions d'avocat; et en 1799, il fut élu membre du conseil général du département de la Gironde. Les talens qu'il développa dans cette place, lui ouvrirent les portes du tribunat en 1802. Ce poste le mit à même d'être apprécié par le premier consul, dont il sut-méris ter et conserver la faveur par une adhésion constante à toutes ses volontés. Il fut nommé président du tribunat le 24 janvier 1804, et le 14 juin suivant, il fut décoré de l'aigle de commandant de la légion d'honneur. Membre de la section de législation, il fut chargé de faire le rapport des différens projets de loi soumis alors à la discussion, et d'en proposer l'adoption au corps-législatif, au nom du tribuuat. Il fit partie du comité de consultation, dès qu'il fut institué, et obtint aussitôt la place de premier inspece teur-général des écoles de droit. Entré au conseil-d'état, section des finances, en février 1806, ce fut encore lui qui porta la parole au corps-législatif, pour faire adopter les lois relatives à cette branche essentielle de l'administration. M. Jaubert réunit depuis à tous ces titres, celui de membre du comité contentieux de la liste civile, et enfin il fut créé comte et commandeur de l'ordre de la Réunion. Deux fois président du collége électoral du Gers, il fut deux fois élu candidat au sénat, par le collége électoral de la Gironde. Le 9 août

1807, il reçut de l'empereur une nouvelle marque de confiance, et fut nommé gouverneur de la banque de France, avec un traitement de 60,000 fr. Mais à son retour de Dresde, Napoléon fit de vifs reproches au comte Jaubert, sur l'administration et le conseil de régence de cet établissement. En janvier 1814, il fut nommé chef de la 2 légion de la garde nationale parisienne. Des ordres supérieurs l'obligèrent à quitter Paris, le 30 mars au soir, après la capitulation; mais le 12 avril il reparut à la tête de sa légion, pour recevoir le comte d'Artois, et n'en perdit pas moins la place de gouverneur de la banque. Le 6 janvier 1815, il fut nommé grand-officier de la légion-d'honneur, et au mois de février suivant, il obtint la place de conseiller en la cour de cassation, avec le titre de conseiller-d'état honoraire. Il signa l'adresse présentée au roi par la Cour de cassation, au moment qu'elle apprit le débarquement de Napoléon, et reprit néanmoins, le 24 mars, ses fonctions de conseiller-d'état, et eut encore la direction - générale des contributions indirectes. En novembre 1815, M. Jaubert perdit le commandement de la 2e légion. Mais en conservant le titre de conseiller en la cour de cassation, il joignit le titre de colomelhonoraire à celui de conseiller d'état honoraire qu'il avait déjà, Il est mort il y a quelque temps.

JAUCOURT (ARNAIL-FRANÇOIS, MARQUIS DE), pair de France, lieutenant-général et commandant de la légion d'honneur, était co

lonel du régiment de Condé-dragons au commencement de la révolution. Sincère ami de son pays et de la liberté, il embrassa avec chaleur les généreux principes d'une sage réforme politi que. M. Jaucourt se montra tou jours au premier rang de cette courageuse minorité de la noblesse française, qui se prononça avec énergie contre le pouvoir arbitraire, et qui voulait assurer å la France les bienfaits d'un régime constitutionnel, mais qui fut aussi, dès 1789, en butte aux sarcasmes et aux injures de l'aristocratie et de l'émigration. Après avoir contribué à la chute du despotisme, il eut bientôt à combattre la dangereuse exagé ration des hommes qui se prétendaient les seuls soutiens de la cause nationale, et qui en proclamant hautement la liberté et l'égalité, aspiraient à être les

député à l'assemblée législative, où il devint aussitôt membre du comité militaire. M. de Jaucourt honora sa carrière législative, comme il avait fait son administration départementale, par une conduite noble et courageuse dans les circonstances les plus dillicites. Franchement royaliste constitutionnel, il eut long-temps à lutter avec un parti déjà puissant, et qui acquit enfin une immense majorité dans l'assemblée. S'il ne put empêcher le triomphe de ce parti, il ne sortit pas sans quelque gloire du combat. Il s'opposa constamment aux lois que l'assemblée législative porta contre les émigrés, qui ne lui surent aucun gré de ses efforts; parla contre l'admission à la barre de l'assemblée des soldats suisses du régiment de Château-Vieux, condamnés aux galères pour leur révolte à Nanci; combattit le projet de la formation d'un camp de 24,000 hommes sous les murs de Paris; et le 20 août 1792, il fut un des 7 membres qui votèrent contre la déclaration de guerre à l'empe

maîtres de l'état et les arbitres da sort des citoyens. Nommé, en 1790, président de l'administra tion de son département ( Seine, et-Marne), il adressa, le 4 juillet de l'année suivante, une lettre au président de l'assemblée na-reur d'Allemagne. Il défendit le tionale, par laquelle il le priait ministre des affaires étrangères de recevoir son serment, comme de Lessart, et demanda le renadministrateur et comme soldat, voi au comité diplomatique du jurant de rester toujours fidèle décret d'accusation porté contre aux lois constitutionnelles. Une lui. Reprochant un jour à l'exdangereuse émeute ayant éclaté capucin Chabot, les moyens dans la ville de Brie-Comte-Ro- scandaleux qu'il mettait en œubert, où elle fut excitée par une vre pour soulever le peuple, et compagnie dite du bon Dieu Chabot lui ayant répondu d'une M. de Jaucourt s'y rendit, et par- manière injurieuse, M. de Janvint, par sa fermeté et la sagesse court mit fin à la dispute en mede ses mesures, à rétablir l'ordre. naçant son adversaire, s'il lui éLe département de Seine - et - chappait encore un mot, de le Marne l'élut, en septembre 1791, rouer de coups de bâton. Celui-ci

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