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teau, d'où il culbute les Autrichiens dans le Bas-Adige, après leur avoir enlevé plusieurs pièces de canon. Ce coup de main décide de la victoire: Alvinzi voulut opérer sa retraite; mais le général Joubert avait déjà dirigé une colonne pour le tourner et le prévenir sur Corona, en suivant le revers de Montebaldo. Alors les Autrichiens, voyant leur retraite coupée, se mirent en déroute; 6,000 d'entre eux mirent bas les armes la reddition de Mantoue, et l'entrée de l'Allemagne par l'Istrie et la Carinthie, furent le résultat de cette bataille. Le 4 pluviôse suivant, le général Joubert reçut l'ordre de marcher sur Trente. L'ennemi, retranché dans des gorges et des redoutes, interceptait la route; mais rien ne put arrêter Joubert. Il culbuta les Autrichiens à Avice, Lavis, Turgoli, Mori et Trente, et fit 2,000 prisonniers dans ces différens combats. Cette expédition glorieuse lui valut une lettre du directoire conçue en ces termes « Le directoire-exécu>>tif vous invite, citoyen général, wà recevoir le témoignage de sa>> satisfaction pour les services précieux que vous avez rendus » à la république dans les glorieu» ses journées des 25 et 26 à Ri>> voli. Vos opérations récentes » dans le Trentin vous donnent >>de nouveaux droits à la recon» naissance nationale. Continuez, » brave et heureux général, volez » à de nouveaux succès; ils sont >> dus à votre courage et à vos ta› lens militaires. » Le 29 ventôse, le général Joubert reçut l'ordre de pénétrer dans le Tyrol autri

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chien, et il dirigea sa marche sur Botzen et Brixen. Il commandait 5 divisions, dont 2 étaient sous les ordres des généraux Baraguay-d'Hilliers et Dumas. Il pénétra dans Brixen, après une affaire générale contre les généraux Kerpen et Laudon, qu'il coupa d'avec l'armée du prince Charles, alors dans la Carinthie; mais il était loin d'avoir écarté tous les dangers. Les Tyroliens s'étaient levés en masse contre l'armée française; et l'armée autrichienne, qui s'était portée sur ses derrières, avait intercepté ses communications avec le général Bonaparte. Il était instant de se. réunir au général en chef. Joubert se met en mouvement; il attaque l'ennemi partout où il se présente, et livre 7 combats, dans lesquels il fait mordre la poussière à 2,000 Tyroliens, fait 9,000 prisonniers, et enlève à l'ennemi 12 pièces de canon et ses magasins, et opère sa jonction. Le général Joubert déploya les plus grands talens dans cette campagne, que Carnot qualifie si justement de campagne de géans. La confiance qu'il avait inspirée aux Tyroliens par sa probité et par la simplicité de ses mœurs, aussibien que par son désintéressement personnel (il consacra aux besoins de ses troupes, les sommes destinées à son traitement ) contribua autant que son courage au succès de cette expédition, tellement difficile, que les Autrichiens avaient cru ses troupes anéanties, et avaient fait chanter, à Vienne, un Te Deum pour leur destruction. L'armée française elle-même le croyait

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senta pour entrer dans la tente du général en chef, força la sentinelle, qui avait la consigne de ne laisser entrer personne. Aux cris qu'il entend, le général Bonaparte sort, voit Joubert, se jette dans ses bras,et dit au soldat : « Va,

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perdu, lorsqu'il revint triom- »ria, vous précipiter sur l'ennemi, phant. A son arrivée, il se pré» à la tête des carabiniers d'infan»terie légère, et préparer par vo» tre intrépidité, les fameuses victoires de Castiglione et de Rivoli. >> Ils vous verront à Roveredo, cul»buter l'Autrichien, briser les bar»rières qui fermaient à l'armée française les avenues de Trente, >> et forcer les défilés du Tyrol. Ils » vous suivront aux combats de La>> vis et de Clausen. Ils assisteront » à votre entrée triomphante dans » les villes de Botzen et de Brixen. »Ils compteront ces prisonniers, >>ces canons, ces drapeaux, pris >> dans les gorges d'Inspruck; et frappés de tant de services ren»dus à la patrie, ils reconnaîtront » à la mission dent vous vous ac»>quittez, que vos frères d'armes, >> contens de vos travaux, vous en >> devaient cette honorable récom»pense.» Le général Joubert obtint le commandement en chef des troupes françaises dans la Hollande, et fut spécialement chargé de favoriser un changement de gouvernement dans cette république. A son retour, il fut nommé général en chef de l'armée de Mayence, et ensuite de celle d'Italie, en remplacement du général Brune. A son arrivée, dans le mois de vendémiaire an 7, il réorganisa l'armée, et se porta sur le Piémont, dont il fit la conquête entière dans l'espace de 3 jours. Cette expédition donna à la France l'arsenal de Turin, un des plus beaux de l'Europe; 100,000 fusils de munition, 1800 pièces de canon, et des approvisionnemens de guerre immenses. Joubert, que, 6 ans plus tôt, le roi Emmanuel a

le brave Joubert, qui a forcé le » Tyrol, a bien pu forcer ta consi"gne. » Cette jonction donna au gé. néral en chef les moyens d'exécuter ses projets; elle avait étonné les Autrichiens, qui bientôt se déterminèrent à la paix. Les préliminaires en furent signés à Léoben, le 29 germinal an 5. Le général Joubert assista à ce traité; et dans le mois de vendémiaire, il alla à Pont-de-Vaux, prendre un repos nécessaire à sa santé. Il retourna au mois de brumaire en Italie, d'où le général Bonaparte le députa à Paris, pour porter au directoire-exécutif le drapeau de l'armée d'Italie. Présenté an directoire, le général Joubert fit l'éloge de l'armée, dans un discours où règne toute l'énergie d'un citoyen libre, d'un républicain. Les grandes actions, l'expression des grands sentimens, appartiennent à certaines époques: ces époques sont celles de la liberté; et lorsqu'elle règne, son charme triomphe même desdépositaires du pouvoir. Rien ne le prouve mieux que la réponse du président du directoire à Joubert: « Et » Vous, brave général, dit-il, dépo»sez dans le sein de la patrie le >> drapeau qui a embrasé tous nos >> cœurs. Tous les républicains y puiseront le souvenir de vos exploits. Ils vous verront à Cossa

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vait plongé dans les cachots de sa forteresse, eut pour ce prince les procédés les plus généreux; il put se convaincre du désintéressement du général français. Un jour qu'il lui offrait des tableaux précieux: « Nous serions tous » deux coupables, lui dit Joubert, » vous en les donnant, moi en les » acceptant. » Cependant un orage grondait sur la tête de Joubert; il ne voulait pas la liberté pour les vainqueurs seulement, il vou lait qu'elle fût l'apanage de tous les peuples. La manière dont il s'éleva contre les usurpations du directoire, et contre les déprédations de ses agens, décida sa disgrâce, et il fut contraint de donner sa démission. Toutefois il ne quitta l'armée qu'après avoir pourvu à ses besoins, et en avoir remis le commandement au général Moreau, qui ne fut pas confirmé par le directoire. Il retourna alors dans son pays, et se trouva à Paris, à l'époque du 30 prairial an 7. On sentait le besoin de placer à la tête des armées, des généraux connus par leurs talens; Joubert, que les vœux de l'armée d'Italie réclamaient, en fut nommé de nouveau général en chef. Il se mit en route le 28 messidor, se maria le 30 avec mademoiselle de Montholon, et arriva avec elle à Pont-de-Vaux. Le 6, Joubert s'arracha des bras de sa jeune épouse, et arriva le 15 à Gènes. Son premier soin fut de visiter quelques postes avec le général Moreau, d'organiser l'armée, et de faire reprendre les positions occupées par les Russes en avant de Gènes. Il se porta aussitôt vers les montagnes de Montferrat,

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qu'il traversa avec 20,000 hommes; s'empara d'Acqui, cù il trouva les magasins de vivres de l'ennemi, et opéra sa jonction avec les restes de l'armée de Naples Son objet était de déblo quer Tortone, et d'entrer dans les plaines du Piémont, pour faire subsister l'armée qui manquait de vivres dans le territoire de Gènes; car malgré les ordres positifs du directoire d'attaquer, Joubert, d'après l'avis d'un conseil de guerre, où assistèrent les généraux Moreau, Gouvion-SaintCyr, Pérignon et Dessolles, avait résolu, après avoir débloqué Tortone, de manœuvrer pour contenir autant que possible le général Suwarow, jusqu'à l'arrivée du général Championnet qui commandait l'armée de réserve. Cependant la ville de Mantoue venait de capituler, et le général Kray, qui commandait les troupes du blocus, venait de se réunir au général russe. Joubert l'ignorait; le 28 thermidor, il se trouva dans les champs de Novi en face de l'ennemi. Il apprend l'arrivée du corps qui avait formé le blocus de Mantoue, et veut se retirer; mais il est trop tard. Il est attaqué, et prend alors de nouvelles dispositions. Joubert était placé à l'aile gauche; il voit plusieurs bataillons chanceler, il court se mettre à leur tête, et les ramène au combat. Tous les efforts de l'ennemi tombent sur cette partie de l'armée. Joubert était à cheval; le bras droit levé et le sabre à la main, il criait : «En avant. » A l'instant une balle le frappe au-dessous de l'aisselle, et est reportée vers le cœur. Jou

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bert tombe mort, en proférant ces mots : «Camarades, marchez » toujours. » Un de ses aides-decamp, le colonel Drave, qui était à ses côtés lorsqu'il tomba de cheval, rapporte que le général lui dit: « Prenez mon sabre, tirez>> moi par les jambes et cachezmoi. » Pour honorer la mémoire de Joubert, on décréta que tous les membres du corps-législatif porteraient le deuil pendant 5 jours, et qu'une fête funèbre serait célébrée en son honneur. Ses cendres, transportées à Toulon, ont été déposées par ordre du premier consul dans le fort Lamalgue, qui prit depuis le nom de Joubert. Sa statue avait été placée dans le grand escalier de la chambre du sénat; mais elle en a été retirée depuis. Le monument que les habitans du département de l'Ain Jui avaient élevé sur une des places de Bourg, a éprouvé le même sort. I offusquait la vue des ennemis de notre gloire nationale. Joubert réunissait aux plus.grands talens militaires, toutes les vertus du citoyen. Simple et sans faste, plein de douceur et de bonté, il était bienfaisant et désintéressé autant que brave. Admiré de tous les partis, il ne s'était lié à aucun. La gloire et le bonheur de sa patrie étaient son unique but, et tous ses efforts tendaient à établir la république sur des bases inébranlables. Il est mort comme GustaveAdolphe à Lutzen, l'épée à la main, le commandement à la bouche et la victoire devant les yeux.

JOUBERT (PIERRE-MARIE), fut un des membres de l'assemblée constituante, qui se prononcèrent avec le plus de franchise et de dé

sintéressement en faveur des principes du nouvel ordre de choses. Le clergé du baillinge de SaintMartin-d'Angoulême dont il était curé, le nomma, en 1789, député aux états-généraux. Le 16 juillet de cette année, il se réunit au tiers-état, et dans un discours où il montra les opinions les plus énergiques, il attaqua les préientions du haut clergé. Dans la séance du 27 décembre 1790, il fut élu évêque constitutionnel d'Angoulême. Il devint ensuite président de l'administration du département de la Seine, puis administrateur-général de l'octroi de Paris. Appelé, en 1800,'à remplir les fonctions de préfet dans un département, il fut rappelé l'année suivante. Nommé peu de temps après conseiller de la préfecture de la Seine, il conserva cet emploi jusqu'à l'époque de sa mort, arrivée en 1815.

JOUENNE LONGCHAMP(N.), né le 30 novembre 1761, à Beuvron, département du Calvados, était inédecin à Lisieux, au commencement de la révolution. Il adopta avec modération les nouveaux principes, et fut nommé, en 1791, officier municipal, puis, au mois de septembre 1792, député par le département du Calvados à la convention nationale. L'éloquence de la tribune n'était pas celle que M. Jouenne-Longchamp avait cultivée : aussi ne se fit-il point remarquer parmi les orateurs de cette assemblée; mais il était laborieux, plein de zèle; et les comités, principalement celui des secours publics, lui durent beaucoup. Il fit souvent des rapports au nom de ce comité,

dont la principale attribution semblait être de réparer les erreurs et les fantes de cette époque. On doit à M. Jouenne-Longchamp, parmi plusieurs rapports d'un haut intérêt, celui de l'organisation de l'institution, déjà si célèbre, des sourds-muets ce fut l'ouvrage d'un philantrope éclairé. Quoiqu'il fût loin de partager l'opinion de la majorité, dans le procès du roi, il fut entraîné à la partager par son vote; cependant il vota l'appel au peuple. M. Jouenne-Longchamp, subjugué par la force des choses, résistait quelquefois au torrent, et le 16 avril 1793, il vota le décret d'accusation contre l'exécrable Marat, présent funeste de la Suisse sa patrie. Cet acte de courage manqua de lui être fatal. Quand la convention nationale, touchant au moment de sa dissolution, s'occupait de la réélection d'une partie de ses membres, en vertu des décrets des 5 et 13 fructidor, il demanda que le renouvellement s'opérât par les colléges électoraux. Il fut réélu en l'an 3 (1795) au conseil des cinq-cents, et en l'an 5 (1797) nommé administrateur des hospices civils de Paris. Le directoire-exécutif le désigna pour remplir les fonctions de résident près des ville et sénat de Francfort. Il refusa ces fonctions diplomatiques, et reparut en l'an 6 au conseil des cinq cents, où le département du Calvados l'avait nommé de nouveau. Un rapport remarquable sur les hospices et les abus qui y régnaient, rapport qui fut accueilli avec faveur, rendit témoignage de l'humanité, de la sagesse et du zèle de son auteur.

Républicain sincère, M. Jouenne-Longchamp vit avec douleur les événemens du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), et tenta, sans succès, de s'y opposer.. Son énergie en cette circonstance fut particulièrement remarquée, et il fut un des 60 proscrits de cette journée. Le dictatoriat consulaire et l'empire ne purent ni l'intimider ni le séduire; il se tint éloigné de la carrière politique, conduite généreuse dont il ne lui fut tenu aucun compte sous le gouvernement royal. Il fut compris dans la loi d'amnistie du 12 janvier 1816, et · obligé de s'expatrier; il s'est retiré à Bruxelles, où il exerce, avec beaucoup de distinction, la profession de médecin.

JOUENNE-LONGCHAMP (VICTOIRE A DÉLAÏDE BOESSEY, FEMME). Née à Lisieux, mais fixée à Paris depuis sa jeunesse, M. Boessey reçut de sa mère, qui cultivait ellemême les beaux-arts avec succès, les premières leçons de dessin et de musique. Me Boessey fut élève de Van Spaëndonck, peintre de fleurs, et de Nadermann, compositeur de musique; elle épousa ensuite M. Jouenne-Longchamp, Cette dame a fait remarquer son talent distingué pour la peinture, dans le genre où son maître a acquis tant de célébrité; et aux expositions du Louvre, ainsi qu'à celles du musée de Bruxelles, par la plus flatteuse illusion: on a souvent confondu ses compositions avec celles de Vani Spaendonck. Elle n'est pas moins estimée comme musicienne. Elle a suivi son mari dans l'exil, et cherche, chaque jour, à lui en

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