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faire oublier les rigueurs, autant par les qualités de son cœur et de son esprit, que par le fruit même de ses talens. L'une de ses productions les plus remarquables et les plus patriotiques, est une << urne à moitié couverte d'un »crêpe funèbre, enveloppée de guirlandes de fleurs, et sur la » quelle on lit ces mots touchans: » Aux braves morts pour la patrie!» Cette composition, échappée au cœur inspiré par le génie, a été exposée avec le plus grand succès au salon de Bruxelles; on croit qu'elle a été achetée par un Français, dont le goût et les sentimens étaient dignes de seconder une si noble pensée, et d'apprécier un si excellent ouvrage.

JOUFFROI (LE MARQUIS DE), hydraulicien et mécanicien distingué, mais qui, cependant, était peu connu avant 1815, quoiqu'il eût, rapporte-t-on, fait construire à Lyon, en 1782, un bateau à vapeur de 130 pieds de long sur 14 de large, et qu'il mit en action, au moyen de la machine à vapeur de Newcomen, perfectionnée par Glascow. Robert FULTON (voy. ce nom) ayant fait construire des bateaux de ce genre, M. de Jouffroi prétendit, dans une espèce de factum, publié en 1815, sous le titre des Bateaux à vapeur, que cet Américain lui avait dérobé le mérite de son invention, et n'avait fait que reproduire le bateau à vapeur construit à Lyon. L'accusation, en termes trop peu modérés, n'était pas juste, et M. de Jouffroi n'était pas plus que Fulton inventeur du bateau à vapeur auquel ils n'avaient fait, tous les deux, qu'appliquer un

T. IX.

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nouveau moteur. Tel fut, principalement, l'objet de plusieurs écrits publiés à cette occasion. M. de Jouffroi fit construire un second bateau à vapeur, qui fut lancé au chantier du Petit-Bercy, près Paris, le 20 août 1816. Monsieur, comte d'Artois, donna au bâtiment, en qualité de parrain, les noms de Charles-Philippe.

JOUFFROY DE GÖNSSANS (FRANÇOIS-GEOFFROY DE), évêque du Mans, naquit au château de Gonssans, près Besançon, département du Doubs, le 15. août 1723. Destiné, par sa famille, à l'état ecclésiastique, il fit des études analogues, et parvint successivement à la dignité épiscopale. Il fut sacré évêque de Gap, le 20 mars 1777, et passa quelques années après à l'évêché du Mans. Les principes de la révolution furent toujours violemment désapprouvés par ce prélat. Député, en 1789, aux états-généraux, par le clergé de la sénéchaussée du Maine, il y montra les sentimens les moins conciliateurs, et il fut un des premiers à signer les protestations des 12.et 15 septembre 1791, contre les actes de l'assemblée constituante. Il émigra ensuite, et mourut bientôt en Allemagne, où il s'était fixé.

JOUNEAU (J. J.) était, au commencement de la révolution, officier de gendarmerie. Quoique ses sentimens parussent assez équivoques, il fut nommé administrateur du département de la Charente, et par ce département député à l'assemblée législative, en 1791. Il s'opposa fortement à l'adoption du pro

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et-Vilaine, fut, en 1798, nommé, par ce département, député au conseil des anciens, dont il devint secrétaire dans le mois de juillet de l'année suivante. Lorsque les habitans de Grenoble dénoncèrent, en 1799, la conduite du général Schérer en Italie, il appuya fortement l'impression de l'adresse dans laquelle ces griefs étaient contenus. Il défendit avec énergie les sociétés populaires attaquées, et se prononça en faveur de la mesure des otages à prendre dans les pays que parcouraient des bandes organisées sous le nom de Chouans. Lorsque dans la séance du 2 août, on mit en discussion le rappel de Barère, M. Jourdain essaya de justifier quelques-uns des actes de cet ex-membre du comité de salut public; mais surtout, en rappelant qu'il avait été lui-même une des victimes de la terreur, il engagea ses collègues à l'oubli du passé, les conjura de rester unis et de n'écouter d'autre voix que celle de la concorde. La révolution

jet tendant à armer les citoyens avec des piques. Comme ce fut la seule occasion où il occupa la tribune, son nom serait à peu près resté inconnu, si le 14 juin 1792, à la suite de quelque discussion avec son collègue Grangeneuve, il ne lui eût proposé un rendez-vous au bois de Boulogne. Quoique brave, Grangeneuve, qui ne croyait pas qu'un coup d'épée fat un argument parlementaire, envoya promener le legislateur spadassin, qui tomba sur lui à coups de bâton. L'assemblée, justement indignée de cette violence, envoya M. Jouneau à la prison de l'Abbaye: c'était le 16 août; les massacres des 2 et 3 septembre lui fournirent les moyens de s'échapper. Il rentra à l'assemblée, et déclara à la barre, que le peuple avait respecté en lui le caractère de député. Comme le temps fixé pour sa détention n'était point expiré, plusieurs membres demandèrent sa réintégration en prison. On décida qu'il resterait, sur parole, dans la salle d'un comité, jusqu'à l'époque détermi-du 18 brumaire l'ayant fait sortir née pour sa mise en liberté. Après la session de l'assemblée législative, M. Jouneau rentra dans ses foyers, et, peu de temps après, reprit du service dans la gendarmerie, en 1795. Sơn patriotisme étant devenu bien plus - équivoque qu'il ne l'avait encore été, à la sollicitation des habi- JOURDAIN (ANSELME-LOUIStans de Rochefort, il fut destitué BERNARD BRECHILLET), chirurgiende son emploi, et rentra dans ú- dentiste célèbre, naquit à Paris, -ne obscurité où, depuis, il est res- le 28 novembre 1734, et mourut té entièrement plongé. le 7 janvier 1816. Après avoir `JOURDAIN (N.), juge au tri-fait de bonnes études, commen-bunal civil du département d'Ille- cées au collège d'Harcourt, et

du corps-législatif,il fut, en 1800, nommé juge au tribunal d'appel d'Ille-et-Vilaine, et peu de temps après président. Une ordonnance royale du 3 janvier 1816, appela M. Jourdain à remplir les mêmes fonctions près de la cour royale de Rennes.

terminées chez les jésuites de Rouen, il revint dans la capitale, où son père le plaça chez un procureur. Cette profession n'était pas celle qui lui convenait, et ses dispositions lui faisaient désirer ardemment celle de chirurgien. La mort de M. Jourdain père le laissa entièrement libre de suivre

le penchant qui le dominait. I se livra au travail avec une ardeur infatigable, qui le fit distinguer des autres élèves, par Moreau, chirurgien en chef de 'Hôtel-Dieu. Ce chirurgien habile se chargea spécialement de l'instruire, et le jeune Jourdain protita des leçons qu'il reçut d'un si excellent maître. Il avait acquis les connaissances les plus étendues sur la chirurgie en général, quand il se décida, après 6 ans d'étude, pour l'art du dentiste, et entra, pour s'y perfectionner, chez le fameux Lécluse. Reçu dentiste en 1755, il ajouta bientôt à la réputation qu'il s'était déjà acquise dans les autres branches de l'art de guérir, celle du plus habile dentiste de Paris. Jourdain a publié les ouvrage suivans: ›1° Nouveaux élémens d'odontalgie, 1756, in-12; 2° Traité des dépôts

dans le sinus maxillaire, des fractures et des caries de l'une et l'autre mâchoires, 1760, in- 12; 5o Essais sur la formation des dents, comparée avec celle des os, 1766, in-12; 4° le Médecin des dames, ou l'Art de les conserver en santé, 1771, in-12; 5° le Médecin des hommes, depuis la puberté jusqu'à l'extrême vieillesse, 1772, in-12; 6° Préceptes de santé, ou Introduction au Dictionnaire de santé, 1772, in-8°; 7o Traité des maladies et des opérations réellement chirurgicales, de la bouche et des parties qui y correspondent, 1778, 2 vol. in-8°. Jourdain a aussi fait insérer plusieurs articles dans le Journal de médecine et dans l'Année littéraire, il a fourni à M. Portal des notes pour son Histoire de l'anatomie, et a fait une traduction, non publiée, du Traité du scorbut de Bachstrom. On lui doit l'invention de quelques instrumens, dont un pour l'extirpation des polypes dans l'arrière-bouche, et un pour l'opération de la pierre. Une Notice historique sur la vie et les ou vrages de M. Jourdain, a été pu→ bliée en 1816 par M. Duval.

FIN.

DEUXIÈME VOLUME.

turelle, et de faire de bonnes observations. En 1782, M. Barral publia, à Paris, un Mémoire sur l'histoire naturelle de la Corse, qui mérita l'approbation, el fut imprimé aux frais de l'académie. En 1789, M. Dupuget, sous-gouverneur du dauphin, le chargea d'envoyer à ce prince une collection de minéraux de l'île d'Elbe, et plusieurs productions de la Corse. Il reçut en échange le portrait du prince et un néces

BARRAL (PIERRE), colonel du génie, né à Seyssein, près de Grenoble, département de l'Isère, le 12 juin 1742. A la suite de ses premières études, il entra dans une école d'élèves pour les pontset-chaussées, établies par l'ingénieur en chef de la province, M. Bouchet, qui le prit en affection et lui servit de père. Il passa ensuite à Lyon, chez le célèbre architecte Morand, qui l'employa dans la construction de ses bâtimens et de ses travaux des Brot-saire chimique. En 1791, la réteaux. Lejeune Barral resta 5 ans avec cet homme d'un génie supérieur, et s'étant rendu à Paris, il entra à l'école des ponts-et-chaussées. En 1769, nommé ingénieur en Corse, avec le grade de lieutenant, il fut attaché à l'état-major, et envoyé à Corté, qui venait d'être pris par M. le comte de Vaux. Ce général obtint de M. de Choiseul plusieurs ingénieurs, dont M. Barral fut nommé chef, et ensuite inspecteur - général. Des communications à ouvrir sur les points principaux de la Corse, furent confiées à ses soins; il bâtit des ponts, creusa des ports, et construisit à Bastia une salle de spectacle d'une forme nouvelle, éclairée par un réverbère invisible, dont la lumière sortait du plafond invention qu'on a voulu imiter ensuite à Paris. Tous ces travaux le mirent à même de cul tiver son goût pour l'histoire na

volution s'était annoncée à Bastia d'une manière effrayante pour les Français; et Paoli, de retour. d'Angleterre, ne tarda pas à montrer sa haine pour eux. Il fit cependant à M. Barral l'accueil le plus obligeant, et voulut se l'attacher. Arrivé à Paris, M. Barral, au lieu d'obtenir sa retraite, qu'il demandait, et la croix de SaintLouis qui lui était due, ne put être placé comme inspecteur-général des ponts-et-chaussées, quoique son brevet eût été signé par le roi. Il lui fallut, en attendant, prendre la place d'ingénieur en chef des Bouches-du-Rhône, à Aix. Nommé président de sa section, il empêcha d'émettre le vœu de la mort du roi, et fut ensuite mis hors la loi et incarcéré. En 1794, il prit la fuite, et des amis corses le firent embarquer pour Gènes, dont le gouverneinent l'employa à de grands ou

vrages, et voulut lui donner la place du colonel du génie Médicis, mis à la grande tour, qu'il refusa. C'est à Gènes qu'il rejeta avec indignation la proposition que lui fit faire le gouvernement anglais, par Drack, d'accepter du service et un grade supérieur dans ses armées, s'il voulait employer pour lui son savoir et l'influence qu'il avait en Corse. Mis en réquisition, en 1796, pour l'armée d'Italie, le général en chef Bonaparte le chargea d'organiser un corps d'ingénieurs, et le nomma chef de brigade, directeur des ponts de l'armée. Il en construisit plusieurs sur le Pô, le Tésin et l'Adige, avec une célérité surprenante. Celui de Séga, sur l'Adige, où était en position la division Victor, fut établi en 4 jours; et la cavalerie napolitaine, qui devait quitter les Autrichiens, passa dessus pour prendre ses cantonnemens auprès de Brescia. C'est encore lui qui fut chargé de la reconnaissance du Simplon, pour le rapport à faire sur la route qu'on y voulait construire. A la retraite de Schérer, le général Moreau, qui avait sauvé l'armée et l'avait ralliée entre Acqui et Gènes, voulut rendre à M. Barral le service des ponts; mais sa santé l'empêcha d'accepter, et il ne put que donner un mémoire sur l'organisation du nouveau service. Rentré en France après sa radiation, qui éprouva des difficultés, il se rendit à Paris pour prendre sa retraite; et l'année suivante, le ministre Chaptal lui écrivit que le premier consul l'avait nommé préfet de la Corse, en réunissant les deux départemens. Il refusa, disant qu'il ne

se croyait pas administrateur. Peu de temps après, il reçut l'ordre du même ministre de se rendre à Paris auprès du premier consul, qui lui demanda un mémoire sur une administration particulière qu'il voulait donner à la Corse, conforme aux localités et au caractère connu des habitans, ainsi que les moyens d'utiliser 5 ou 6,000 colons venus de Saint-Domingue. Il satisfit à ces demandes, et de nouveau, il lui fut of fert des places. Il les refusa, préférant les jouissances du repos au sein de sa famille. A la suite de ce travail donné au premier consul, M. Barral joignit des observations sur l'île d'Elbe, conseillant de diriger les mines de fer de cette île sur la Corse, afin de tirer parti de ses vieilles forêts nonexploitées, en établissant des fourpaux à la catalanne, mieux perfectionnés que ceux qui existaient. Il fit connaître la belle madrague de Porto-Ferrajo, les salines; il parla avec tant d'avantages de l'ia le d'Elbe et de la Pianosa (île Plate), que 10 ans plus tard, son mémoire vu dans les mains de Napoléon, à l'île d'Elbe, put faire penser qu'il l'avait peut-être décidé à la choisir pour lieu de sa retraite. Dans le cours de sa vie, M. Barral se lia d'amitié avec beaucoup de savans. Son cœur plaça au nombre de ses amis, le commandeur Dolomieu, qui le regardait comme un des meilleurs observateurs en géologie. M. Barral est auteur 1° d'un Mémoire sur l'histoire naturelle de Corse, publié en 1783; 2° d'un Mémoire sur les trapps et les roches volcanixetques, 1789; 3° d'un Mémojournal le

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