Imágenes de páginas
PDF
EPUB

peu trop étendues sur quelques points; mais vous m'excuserez, j'ose l'espérer, en songeant que j'ai parcouru un pays dans lequel je vis par l'étude depuis plusieurs années, et que l'on se plaît à parler de ce qu'on aime.

D'ici à peu de temps, je pense avoir l'honneur de vous offrir une Histoire de l'ancienne cathédrale et de l'évêché d'Alby, à laquelle je mets la dernière main. Vous y retrouverez une partie des pièces que votre bienveillance m'a permis de consulter, et j'ai la conviction que vous y reconnaîtrez, à défaut de talent, le désir le plus grand d'arriver, par tous les moyens possibles, à la connaissance de la vérité.

Veuillez me permettre, Monsieur le Ministre, en terminant ce rapport, d'offrir mes sincères remercîments à Mgr l'archevêque d'Alby, à M. le préfet du département du Tarn et à M. l'abbé Berbié, chanoine de la cathédrale, pour l'extrême bonté avec laquelle ils m'ont facilité les moyens de remplir la mission que vous m'aviez confiée. C'est principalement à leur obligeance que je dois d'avoir pu effectuer mes recherches et atteindre, autant que possible, le but de vos instructions.

J'ai l'honneur d'être, etc.

[blocks in formation]

à

L'origine de la première cathédrale d'Alby est assez incertaine. Cette église n'est point signalée dans les historiens anciens, et nos écrivains modernes n'hésitent pas en faire remonter la construction aux premiers temps du christianisme dans l'Albigeois. Mais cette opinion ne repose sur aucune preuve, et, quoiqu'elle soit généralement acceptée, nous pensons qu'on ne doit pas lui accorder plus de confiance qu'à celle qui reconnaît saint Clair pour premier évêque de ce pays.

Malgré l'antique légende qui veut que saint Firmin, disciple de saint Honest et de saint Honorat, deuxième évêque de Toulouse, ait fait connaître les vérités de la religion chrétienne aux peuples de l'Albigeois1, une tradition plus accréditée dans le pays en attribue la gloire à saint 1 Histoire littéraire de France, t. I, p. 307.

Clair, dont on ne connaît pas bien l'origine, et que l'on nomme tantôt évêque, apôtre, prêtre ou simple laïque1. Les auteurs de la vie de ce saint le font venir d'Afrique à Rome; puis ils disent qu'il fut envoyé dans les Gaules pour y porter la lumière de l'Évangile et qu'il convertit les peuples de la Narbonnaise avant d'entrer dans l'Albigeois. On affirme encore, d'après les actes de saint Clair, qu'il he borna pas là sa mission, et on pense que, toujours poussé par l'esprit de Dieu, il parcourut successivement les villes de Bourges, Limoges, Périgueux, Bordeaux, Auch et enfin Lectoure, où il trouva le martyre 2.

Doit-on croire qu'un même homme ait pu prêcher dans tous les lieux que nous venons de citer? C'est une question assez difficile à résoudre. Les Bollandistes et Le Nain de Tillemont avouent qu'il n'y a rien de certain dans la vie de saint Clair, et nous pouvons ajouter qu'on ne trouve aucun document qui justifie les prétentions de l'église d'Alby à le considérer comme son premier évêque. Cependant on peut croire que cette église eut pour fondateur quelque élève de saint Saturnin ou de ses disciples. Saint Firmin, qui avait été instruit par saint Honest, se fit probablement accompagner de saint Clair, qui avait déjà commencé ses prédications à Cologne, petite ville à quelques lieues de Toulouse; puis il dut le laisser à Alby pour continuer son œuvre. Si maintenant on admet que ce saint personnage, ne renonçant pas à ses courses aposto

y

1 Baillet, Vies des Saints, nouv. édit. Paris, 1739, t. VII,

---

p. 535.

2 Du Saussay, Martyrologium gallicanum, p. 1124. Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, t. IV, p. 503.

liques, ait été chercher le martyre à Lectoure, nous pensons qu'il doit être regardé, moins comme le premier évêque d'Alby que comme l'apôtre de l'Aquitaine.

Nous venons de dire que l'on ignorait l'époque précise de la fondation de Sainte-Cécile. En effet, on ne trouve pas dans les historiens anciens un seul mot qui puisse guider pour une semblable recherche1. Mais, si l'origine de cette première cathédrale reste couverte d'un voile, l'emplacement qu'elle occupait in declivo ripa Tarni 2 n'a pu échapper aux recherches d'un savant pour lequel le midi de la France n'a peut-être plus rien de caché. M. Du Mège a découvert les substructions de cet édifice auprès de l'évêché, dans le jardin des frères de la Doctrine chrétienne; il a aussi retrouvé quelques arcs de l'ancien cloître dans une maison particulière : — ces arcs sont à plein cintre; enfin, guidé par des traces certaines qui lui ont permis de constater qu'une porte latérale s'ouvrait au nord-est, et par des colonnes extérieures qui devaient servir à la décoration des contre-forts, cet infatigable antiquaire a pu reconnaître avec quelque certitude l'emplacément de l'ancienne cathédrale.

Ce monument avait environ 57 mètres de longueur, et il était situé entre l'emplacement du palais archiépiscopal et la métropole actuelle 3.

1 Un seul manuscrit, sans aucune valeur historique, dont on trouve de nombreuses copies à Alby, nous dit formellement que l'ancienne église avait été bâtie par saint Clair l'an 112.

2 Gallia Christiana nova, t. I, col. 22.

3 Vues pittoresques de la cathédrale d'Alby, par Chapuy, avec un texte his torique et descriptif par Alex. Du Mège. Paris, 1829.

« AnteriorContinuar »