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comte de Toulouse et les lettres du même comte, du mois de décembre de la même année, déchargeant les habitants d'Alby du serment et des obligations auxquels ils étaient

tenus.

Dans cette enquête de 1229, il est encore dit que l'évêque d'Alby concourait jadis avec les chanoines de Sainte-Cécile et les hommes notables de la ville à l'élection de l'évêque. L'intervention du peuple dans les élections épiscopales était en effet de vieille date, ainsi que le prouve la Chronique des évêques d'Alby, dans laquelle on lit, à propos de Citruin, qui gouverna l'église vers l'an 690 Antistes factus judicio est populi. Mais les usurpations successives des seigneurs portèrent d'abord une rude atteinte à ce droit du peuple, et, à l'époque où nous sommes arrivés, il était complétement tombé en désuétude, à ce point même que l'élection de Durand avait été faite par trois chanoines seulement, d'après l'ordre formel du pape et sous l'inspiration de l'archevêque de Bourges.

:

Pendant que Guillaume de Pian adressait son mémoire à la reine Blanche, il assemblait un corps de troupes et se disposait à assiéger la ville d'Alby. L'évêque, voulant se mettre en mesure de résister efficacement à ces attaques, vendit aux habitants de Gaillac, moyennant la somme de dix-neuf mille sous cahorciens, le droit de pezade qu'il avait dans leur ville'. Il signa cet acte dans l'église Saint-Pierre de Gaillac, le 6 des nones de mars 1251 2 mars 1252); puis, avec son chapitre, les abbés, les

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1 Hist. gén. de Languedoc, t. III; pr. p. 495. Archives de l'évêché, fol. 68, ms. 106.

prieurs et autres ecclésiastiques de son diocèse, il exposa de nouveau au pape la situation dans laquelle il se trouvait, et, le 18 mai 1252, Innocent IV enjoignit à l'archevêque d'Auch d'employer les censures ecclésiastiques pour mettre les officiers du roi à la raison1. Mais l'excommunication elle-même n'eut aucun effet sur les commissaires royaux, qui continuèrent leurs vexations envers l'évêque; ils parvinrent même à détourner du parti du prélat plusieurs chevaliers et habitants d'Alby, qui ne craignirent pas d'injurier les membres du chapitre de la cathédrale, et en vinrent au point de se porter à des violences coupables envers les chanoines2. Le prévôt de Sainte-Cécile, Bernard de Combret, signala ces actes au pape, qui chargea le prieur de Sainte-Marie des Tables, au diocèse de Montpellier, d'en informer et de punir au besoin les coupables. Celui-ci, en vertu de la bulle d'Innocent IV, ordonna au prieur de Sainte-Martianne et au chapelain de Saint-Salvi de citer à son tribunal, pour le 20 juin, Guillaume du Puy, Aimeric Raynaldi, chevaliers; Maurice Guinon, Guillaume Augier, ainsi que Fulbert et Guibert Ichard, chevaliers du Castel-Viel; mais tous refusèrent de comparaître, et une nouvelle assignation, fixée au 19 octobre, n'eut pas plus d'effet3.

La guerre existait donc toujours entre le sénéchal de Carcassonne et l'évêque Durand, lorsque ce dernier vint à mourir le vendredi avant la Saint-Laurent de l'an 1254.

1 Hist. gén. de Languedoc, t. III, p. 476. 2 Archives du chapitre, fol. 103, ms. 106. 3 Preuves, n° XII.

Dans les tristes circonstances où se trouvait l'église d'Alby, la perte de l'évêque était un immense malheur qu'il fallait se hâter de réparer. Le chapitre de Sainte-Cécile se rappelait, en outre, ce qui était arrivé lors de la démission ou destitution de Guillaume Petri, et, pour conserver ses droits, il résolut de procéder sur-le-champ à l'élection d'un nouvel évêque. En conséquence, le lendemain de la mort de Durand, c'est-à-dire le samedi, aussitôt après avoir rendu les derniers devoirs au prélat, les chanoines se rassemblèrent dans la salle du chapitre et procédèrent à son remplacement. Bernard de Combret, prévôt de la cathédrale, y fut élu à l'unanimité. Le procès-verbal de cette nomination fut ensuite adressé à l'archevêque de Bourges, qui l'approuva à la fin du mois d'octobre de la

même année1.

1 Je n'ai pas donné le procès-verbal de l'élection de Durand qui se trouve dans l'Histoire de Tulle de Baluze, p. 529 et suiv. mais je crois devoir publier ici celui de la nomination de Bernard de Combret, qui est resté inédit jusqu'à ce jour et ne manque cependant pas d'intérêt historique. (Voyez Preuves, n° XIII.)

CHAPITRE VII.

Bernard de Combret se met sous la protection de l'archevêque de Bourges. A recours aux armes pour combattre le sénéchal de Carcassonne. Transige avec le roi au sujet de la justice temporelle. Règlement sur l'administration consulaire. Origine du jury. — Mort de Bernard de Combret. Vacance du siége épiscopal.

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Dès les premiers jours de son administration, Bernard de Combret montra l'intention de suivre la pensée de son prédécesseur et de soutenir les mêmes droits. Voulant donc se mettre à l'abri des poursuites des officiers du roi, il implora la protection de Philippe, archevêque de Bourges, son métropolitain, dont il se déclara vassal, et il lui fit hommage, au mois de mars 1254 (1255), pour sa ville épiscopale, ainsi que pour les châteaux, terres et autres droits qui en dépendaient1. Le mardi après Pâques de l'an 1255, l'évêque d'Alby reçut les lettres d'attestation de son hommage contenant les promesses de l'archevêque. Elles lui furent délivrées le doyen et le chapitre de Bourges 2, et peu de temps après il

1 D. Martène, Thesaurus anecdot. t. I, instr. p. 8.

p.

1057.

par

Gallia Christ. t. I,

2 L'acte d'hommage se trouve rapporté dans le Thesaurus anecdotorum de D. Martène, et l'acceptation de l'hommage a été également publiée dans les Instrumenta du Gallia Christiana. Je complète la série de ces documents en donnant aux Preuves (n° XIV) les lettres d'attestation du chapitre de Bourges.

était de retour dans son diocèse où, avec plusieurs évêques et prélats des provinces de Narbonne, Bourges et Bordeaux, il assistait en l'église de Sainte-Cécile à un concile présidé par Zoen, évêque d'Avignon, légat du saint-siége, dans lequel on dressa soixante et onze canons, principalement pour arriver à l'entière extirpation de l'hérésie en Languedoc1.

Sans doute aucun acte ne vient ici corroborer notre affirmation sur la présence de l'évêque au concile tenu à Alby; et cependant tout nous porte à le croire. Le troisième dimanche de carême, il se trouvait, à la vérité, à Bourges, et le lendemain lundi, l'archevêque métropolitain décłarait avoir accepté son hommage pour la ville d'Alby; mais quelques jours après avoir reçu les lettres d'attestation du .chapitre, il dut certainement quitter Bourges et put ainsi se trouver à Alby pour l'ouverture du concile. Et cette probabilité deviendra une certitude pour tout le monde, si on admet, avec D. Vaissette, que le concile tenu par Zoen eut lieu en 1255 et non en 1254, puisque Innocent IV, mort au mois de décembre 1254, y est qualifié (can. xxxv) pape de bonne mémoire. Citons enfin, comme dernière preuve à l'appui de la présence de l'évêque dans son diocèse, un acte de Bernard donné à Gaillac l'an 1255, rapporté par M. Compayré d'après un manuscrit de Carcassonne, et dans lequel l'évêque concède aux inquisiteurs dans l'Albigeois le droit d'accorder des indulgences de vingt et même de quarante jours2.

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