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CHAPITRE X.

Sécularisation du chapitre. — Informations prises par Nicolas III. Requête de plusieurs évêques en faveur des chanoines. Nouvelle enquête ordonnée par le pape. - Bulle de Boniface VIII. - Statuts de Bernard de Castanet et du chapitre. — Époque de la construction d'une nouvelle église Sainte-Cécile. Dernières traces de l'ancienne cathédrale d'Alby.

Revenons à un point intéressant de l'histoire de SainteCécile d'Alby nous voulons parler de l'époque de la sécularisation du chapitre de la cathédrale. Ce fait est trop important dans les annales de l'église pour ne pas être mentionné, et nous allons le rapporter avec quelques détails nécessaires.

On se rappelle sans doute que la première demande des chanoines à ce sujet avait été faite le 21 février 12681. Nous avons dit aussi que, neuf ans plus tard, le prévôt rédigea, du consentement du chapitre, et présenta à Bernard de Castanet des statuts faits en prévision d'un changement de condition. Ces statuts furent approuvés par l'évêque le 3 février 12772.

Or, depuis le jour où Guillaume de Amiana avait été envoyé en cour de Rome pour y présenter et soutenir, au besoin, la requête adressée au pape par les chanoines de la cathédrale, le saint-siége avait été occupé par plusieurs

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pontifes qui ne paraissent pas s'être occupés de cette affaire. Clément IV avait été remplacé par Grégoire X, auquel avaient succédé, dans la même année, Innocent V et Adrien V. Les membres du chapitre espéraient enfin en Jean XXI, le protecteur de leur évêque, qui promettait de les appuyer de son influence et de son crédit, lorsqu'un malheur épouvantable vint encore ajourner leurs espérances: le pape mourut écrasé dans son palais.

Cependant le prévôt et les chanoines d'Alby ne perdirent pas courage dans cette circonstance. Le 14 des calendes de février 1277 (19 janvier 1278), ils adressèrent une nouvelle supplique au successeur de Jean XXI, en rappelant leur première demande de sécularisation, et ils donnèrent encore une fois leur procuration à Guillaume de · Amiana1.

Nicolas III, par une bulle datée du 8 décembre suivant, ordonna alors à trois prélats de prendre des informations précises sur l'état et le revenu de la cathédrale d'Alby, qui demandait à être sécularisée. Ces trois délégués étaient Raymond de Calmont, évêque de Rodez; Étienne, évêque de Mende, et Pierre Coral, abbé de Tulle au diocèse de Limoges; mais l'abbé de Tulle écrivit le 1er février 1279 à ses collègues pour s'excuser de ne pouvoir exécuter les ordres du pape, et il ne ne put ainsi prendre aucune part à cette enquête, à cause de l'état de sa santé

et de quelques affaires indispensables2.

Les deux évêques se rendirent donc seuls à Alby, où

I Preuves, n° XXVI.

* Steph. Baluzii Hist. Tutelensis, p. 584 et 175.

er

ils arrivèrent le jour des calendes de mars (1 mars), et ils citèrent à comparaître devant eux, le lendemain 2 mars, dans l'église cathédrale, l'évêque, le prévôt et les chanoines, pour y être interrogés au sujet de leur demande en sécularisation.

Tous les chanoines comparurent, à l'exception de deux, dont l'un était malade et l'autre à Paris pour ses études. Les députés, les ayant interrogés successivement, reconnurent que, d'après les conventions faites entre l'évêque et le chapitre, dans le cas d'une sécularisation, les prébendes seraient portées à trente et une, et que chacune d'elles pourrait alors valoir environ cinquante livres de revenu; que le prévôt et les quatre archidiacres auraient en outre cent livres; le trésorier, le chantre et le souschantre, soixante livres. Ils s'assurèrent aussi que les cha-'. noines ayant voix au chapitre étaient au nombre de vingt et un; que depuis longtemps ils étaient en procès entre eux, et que ces dissensions avaient déjà causé une foule de maux et de désordres préjudiciables à l'église et aux personnes; qu'il existait un cloître assez convenable, mais que bien peu de chanoines vivaient de la vie commune et mangeaient au réfectoire; qu'ils couchaient tous dans des chambres ou demeures qui leur étaient particulières, ou dans les maisons de leurs parents; que la religion et les mœurs souffraient d'un tel état de choses; enfin les que chanoines étaient pour la plupart assez ignorants.

En conséquence les deux évêques adressèrent, le 8 mars, un rapport au pape, dans lequel ils lui exposèrent les faits qu'ils avaient vus ou entendus, et ils conclurent en de

mandant la sécularisation du chapitre, dans l'intérêt même et pour le soutien de la foi dans un pays encore infecté d'hérésie. Ils insistèrent surtout pour que le chapitre fût composé à l'avenir d'hommes pieux, honnêtes, vertueux, versés dans l'étude et propres, par leur science et leur sagesse, à défendre les droits de l'église d'Alby1.

Cette enquête n'eut pas tout l'effet qu'en avaient peutêtre espéré les chanoines, car le chapitre recommença ses supplications et s'adressa à l'archevêque métropolitain. Nous savons, en effet, que le 8 des calendes de mars 1283 (22 février 1284) l'archevêque de Bourges, Simon de Beaulieu, primat d'Aquitaine; Guy de la Tour, évêque de Clermont, et Gilbert de Malemort, évêque de Limoges, implorèrent Martin IV en faveur du chapitre et demandèrent aussi sa sécularisation2.

A cette époque, ou peu de temps après, dut arriver la mort de Guillaume de Amiana, chargé de poursuivre l'affaire du chapitre en cour de Rome. C'est ce qui résulte pour nous d'un acte prouvant que ce fondé de pouvoirs avait été remplacé par un autre procureur. La pièce qui le constate porte la date du 21 mars 1289 (12 kal. april. 1288). C'est une procuration donnée par le prévôt de l'église, Raymond de Canals, et les membres du chapitre, à deux chanoines de Sainte-Cécile, Bernard d'Olivier et Guillaume de Calvet, pour aller auprès de Sa Sainteté savoir si elle voulait qu'ils persistassent à vivre dans l'état régulier, ou si elle consentait à les laisser passer à l'état

'Preuves, n° XXVII. Preuves, n° XXVIII.

séculier1. Dans ce document, on voit qu'il est question d'une réponse que l'on dit avoir été faite par le pape au représentant de l'église d'Alby, Guillaume de Montjoux, super responsione quam dicitur fecisse Dominus noster summus Pontifex magistro Guillelmo de Montejovis præposito Manci procuratori nostro. On doit remarquer aussi que cette procuration ne révoque pas les droits concédés précédemment à ce même Guillaume de Montjoux. Elle les confirme au contraire; mais elle adjoint ainsi deux chanoines au nouveau représentant de l'église, pour l'aider dans ses actes et ses démarches, afin de soutenir les demandes du chapitre.

Le 20 janvier 1290, Nicolas IV, étant à Rome, parut enfin vouloir songer sérieusement à la réformation de l'église d'Alby, et il écrivit à ce sujet à l'évêque, afin de l'engager à conférer sans délai les ordres à certains cha➡ noines nouvellement élus par le chapitre 2. Déjà, trois mois auparavant, le 9 novembre 1289, le pape avait montré quelque affection pour l'église d'Alby en autorisant le prévôt et le chapitre à conférer à l'avenir l'office de camérier. Il leur avait même concédé le droit de nommer à quelques paroisses du diocèse dont la collation était depuis longtemps réservée au saint-siége. Ces paroisses étaient Saint-Etienne, Saint-Julien, Sainte-Marie de Castel-Viel, Saint-Pierre de Buxo, Saint-Claude de Carlus, SaintVincent de Causat, Saint-Médard d'Audiblac, Saint-Pierre de Lior et Sainte-Marie de la Drèche3.

1 Preuves, n° XXIX.

2 Preuves, n° XXX.

3 Bullarium sanctæ ecclesiæ Albiensis. Notre-Dame de la Drèche a été

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