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et en admettant qu'il faut lire dans la charte la xx® au lieu de la XXIV année du règne de Charles1. S'il nous est. permis d'émettre une opinion après d'aussi célèbres autorités, nous ajouterons que, d'après nos calculs et nos observations, le jeudi 12 octobre de la vingt-quatrième année du règne de Charles le Simple se rapporte, soit à l'année 915, soit à l'année 920. Dans le premier cas, il faudrait compter depuis l'an 892, époque à laquelle Charles fit la guerre à son compétiteur et recouvra une partie du patrimoine de ses ancêtres; et dans le second, on devrait se conformer à l'ancienne manière de compter les années du règne de ce prince en Aquitaine. Mais alors la correction proposée par D. Vaissette ne pourrait être admise, et l'on ferait remonter la reconnaissance de Charles le Simple par les seigneurs et les prélats de l'Aquitaine à l'an 897.

Quoi qu'il en soit de sa date précise, cette charte du commencement du x° siècle, la première du cartulaire de la cathédrale d'Alby, est bien précieuse à nos yeux, car elle vient corroborer notre opinion sur le nom de cette ancienne église et prouver encore une fois qu'elle se nomma de tout temps Sainte-Cécile.

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Saint-Salvi.

CHAPITRE III.

Sainte-Martianne. Saint-Eugène de Vioux. Élection des évêques. - Droits des comtes d'Albigeois sur le siége d'Alby.-Vente de l'évêché. - Construction d'un pont sur le Tarn. Désordres et conduite scandaleuse des chanoines. Ancienne coutume des seigneurs de s'emparer du bien des évêques décédés.

On a vu dans le chapitre précédent quel était le véritable nom de l'ancienne cathédrale d'Alby, et on a pu s'assurer que cette église n'avait jamais été située dans un lieu appelé Montagnac. Jetons maintenant un coup d'œil rapide sur quelques points de l'histoire épiscopale d'Alby, et nous recueillerons ainsi certains faits inconnus ou que l'on a trop négligé de consigner jusqu'à ce jour.

Sans remonter aux temps incertains, nous pouvons signaler d'abord la donation d'un alleu faite, vers l'an 942, à Gausbert, abbé, et aux clercs de Saint-Salvi, entre les mains de l'évêque Miron, successeur d'Angelvin, pour y construire une église. C'est le plus ancien monument que nous ayons de l'abbaye de Saint-Salvi1. A cette époque, elle était desservie par des clercs qui vivaient en commun,

1 Cartul. de Saint-Salvi.— Gallia Christ. t. I, col. 8; instrum. p. 3.-- C'est, en effet, au milieu du x° siècle que dut être construite cette abbaye. La première église avait été fondée, suivant D. Vaissette, vers la fin du vi* siècle. M. Du Mège pense que l'architecture de ce temple annonce une construction du XIII° siècle; cependant, il remarque au dos de l'église quelques chapelles qui appartiennent à une époque bien antérieure.

et elle fut gouvernée par des abbés, sous l'autorité des évêques d'Alby, jusqu'au commencement du xr° siècle, où elle n'eut plus que des prévôts1. Cet acte nous signale en outre, pour la première fois, l'existence de la paroisse de Sainte-Martianne qui fut condamnée, en 1167, par Raymond-Trencavel, à donner, le jour de la fête de sa sainte patronne, le repas ordinaire aux clercs de Saint-Salvi, et qui, en 1202, fut réunie à la cathédrale par l'évêque Guillaume Petri 2.

Vers le milieu du x° siècle, l'ancien monastère de SaintEugène de Vioux était également habité par une communauté de clercs ou de chanoines, sous l'autorité d'un abbé nommé Adalard. C'est ce qui résulte d'un échange daté de la sixième année du règne de Louis, c'est-à-dire de la même année que l'acte précédent (942), fait avec le consentement de l'évêque Miron. Adalard était déjà abbé de Vioux, la deuxième année du règne du roi Raoul en 9253. Cette abbaye est encore signalée dans le testament de Raymond, comte de Rouergue; mais en 987 elle fut donnée par Pons, comte d'Albigeois, à l'évêque Amelius I, ainsi qu'aux chanoines de la cathédrale d'Alby, et

1 Hist. gén. de Languedoc, t. II, p. 72.--Les religieux de Saint-Salvi, de l'ordre de Saint-Augustin, furent sécularisés par le pape Clément VII, le 23 mars 1523. Au milieu du siècle dernier, le chapitre de cette église était composé d'un prévôt, de douze chanoines, quatre hebdomadiers et vingt prébendés.

2 Hist. gen. de Languedoc, t. III, p. 17. Archives du chapitre, fol. 136, ms. 105.

3 Archives du chapitre, fol. 35, ms. 105. instrum. p. 3.

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Cartulaire de Saint-Salvi.

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Gallia Christ. t. I, col. 47;

le titre abbatial fut dès lors supprimé. Plus tard, cette donation fut confirmée par Raymond V, comte de Toulouse, en présence de Robert II, abbé de Gaillac'.

Le testament de Garsinde, comtesse de Toulouse, que nous avons déjà mentionné, nous fait encore connaître, en l'an 974, outre les églises citées plus haut, celles de Saint-Pierre et de Saint-Afrique d'Alby 2. A cette époque le siége épiscopal était occupé par Froterius3. Il avait succédé à Bernard et consacra, en 972, l'abbaye de Saint-Michel de Gaillac, à laquelle il donna à cette occasion plusieurs terres ou villages dans l'Albigeois, avec leurs églises ".

Jusqu'à ce prélat les évêques paraissent avoir été nommés par le concours du clergé et du peuple, clero et populo, selon la coutume des premiers temps de l'Église; mais, au x siècle, les seigneurs cherchèrent à s'agrandir aux dépens des biens ecclésiastiques, sous prétexte du droit de patronat qu'ils prétendaient sur eux, et l'on en vit plusieurs s'ériger en abbés-laïques. Divers monastères eurent ainsi en même temps deux abbés, l'un séculier, l'autre régulier.

Du reste,

il y avait peu

de seigneurs alors qui ne pos

Hist. gén. de Languedoc, t. II, p. 73 et 120.

fol. 342, fonds Doat, ms. 106.

2 Hist. gén. de Languedoc, t. II; pr. p. 126.

Archives du chapitre,

3 Ce nom, fort commun dans l'histoire d'Alby, et que l'on écrit tantôt Froterius, Frotard, Frotier ou Frotaire, appartenait alors à une riche et puissante famille dite des Frotiers, qui possédait la plus grande partie du territoire d'Alby.

"Hist. gen. de Languedoc, t. II, p. 102; pr. p. 123.

sédassent plusieurs églises ou paroisses avec les dîmes, les prémices, les oblations et même le droit de sépulture dont ils disposaient comme de leur patrimoine. Quelquesuns restituèrent plus tard, à la vérité, aux cathédrales et aux abbayes les églises dont ils les avaient dépouillées; mais le plus grand nombre les conserva longtemps encore, sans s'inquiéter des décrets des conciles ou des excommunications des papes et des évêques qui voulaient les forcer à les rendre. Les ducs, les comtes et les vicomtes se mê lèrent en outre de l'élection des évêques et des abbés dans l'étendue de leurs domaines, et il ne leur fut pas difficile de faire tomber souvent le choix sur leurs proches : c'est ce qui arriva pour Frotaire, fils d'Aton II, vicomte d'Alby et de Nîmes, qui fut successivement évêque de ces deux diocèses. Les grands vassaux firent bien plus dans la suite: ils ne craignirent pas de trafiquer publiquement des dignités ecclésiastiques, ils en disposèrent par leurs testaments, et nous savons aussi qu'ils s'attribuèrent longtemps la dépouille des évêques de leur diocèse, lorsque ceux-ci venaient à décéder.

On reconnaissait là un désordre, un vice d'organisation qui ne pouvaient, qui ne devaient ne devaient pas exister, et cependant cet état de choses dura en quelques points jusqu'au milieu du xır° siècle. L'histoire du diocèse d'Alby, pendant cette époque, va nous en fournir la preuve.

En l'an 1037, Pons, comte de Toulouse et d'Albigeois, donne pour douaire à sa femme Majore quelques châteaux, plusieurs églises et abbayes, la moitié de l'évêché de Nîmes, et, avant tout, la moitié de l'évêché d'Alby avec la

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