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par lequel Frotard-Raymond constitue une dot à sa fille Bérengère, épouse de Raymond-Adémar1. On le retrouve cité deux ans plus tard, dans le traité de paix conclu entre Alphonse, comte de Toulouse, et Roger, vicomte de Carcassonne, d'Ambialet et d'Alby. Le comte s'y désiste de toute prétention sur cette forteresse, qui était, dit-on, estimée mille livres tournois et plus en l'an 12523.

Où était placé ce château dont on ne retrouve plus de traces? Était-il situé loin de la ville ou bien se trouvait-il à Alby même? C'est là un point que nous ne saurions résoudre avec certitude en présence des renseignements que nous possédons. Cependant, si nous en croyons un manuscrit de M. Combettes-Labourelie, il devait être sur le territoire même de la cité, puisqu'il y est nommé Châteauneuf-lès-Alby. Si nous examinons ensuite l'acte de 1140 que nous venons de citer, nous serons porté à croire que le Castel nau était situé du côté du village de Vigan, formant aujourd'hui le faubourg de ce nom. Puis enfin, marchant d'hypothèse en hypothèse, nous supposerons encore que ce Castel nau n'était autre que le château possédé par l'évêque au com

1 Archives de l'évêché d'Alby, fol. 50, ms. 105.

2 Ambialet ou Ambilet appartenait alors aux vicomtes d'Alby, qui prenaient aussi le titre de vicomtes d'Ambialet. Ces seigneurs y avaient un château fort qui passait pour l'un des plus importants de la contrée, et qui leur servit souvent de résidence jusqu'au jour où Simon de Montfort le soumit à son obéissance. Nous connaissons la charte des coutumes d'Ambialet concédée en 1136 par le vicomte Roger I aux habitants. Cette pièce, dont on doit la conservation à M. le docteur Delbosc, a été publiée par M. Compayré, Études histor. sur l'Albigeois, p. 332.

3 Hist. gén. de Languedoc, t. III; pr. p. 492. --- Compayré, Études historiques sur l'Albigeois, p. 6.

mencement du xi° siècle, et placé auprès d'une ancienne habitation de Pons, comte de Toulouse, non loin des champs de las Bacconas, s'étendant jusqu'au ruisseau de la Barrière.

Quoi qu'il en soit de ces suppositions, que nous émettons sans pouvoir les expliquer et dans le seul but d'appeler l'attention des investigateurs, nous déclarons ici que nous serions heureux si des découvertes ultérieures pouvaient donner la clef des chartes que nous avons sous les

yeux.

On ne devrait pas inférer cependant de ce que nous venons de dire que le Castel nau fut dans notre pensée le palais épiscopal. Tout au contraire nous croyons qu'il n'y eut point alors, ni longtemps après, de demeure spéciale pour les évêques. Cette opinion est basée dans notre esprit sur un acte du 7 des ides de janvier 1236 (7 janvier 1237), par lequel le prévôt et le chapitre de SainteCécile accordent à Durand, évêque, les maisons situées sur le Tarn, où il habitait, pour en jouir durant sa vie seulement1. Il est évident, d'après ce titre, où l'évêque se reconnaît possesseur usufruitier desdites maisons, qu'il n'y avait point alors de palais épiscopal à Alby. Et ce qui nous confirme dans notre pensée, c'est un autre acte déjà cité2, daté de l'an 1202, et dans lequel on voit que Guillaume Petri habitait alors une maison située le long du portail de l'église Saint-Salvi, en la sala ou jats lo bisbes de long lo portal de la gleisa de Sant-Salvi. Nous verrons plus

Preuves, n° IX.
Preuves, n° VII.

loin à quelle époque on doit faire remonter la construction de la résidence particulière des évêques.

Arrivé à ce point de notre histoire, nous aurions à parler de cette déplorable guerre qui porta le ravage et la mort parmi les malheureux peuples de la Langue d'oc et de la Provence. On comprend que nous voulons parler des croisades contre les Albigeois; mais le récit de ce drame si effrayant et si digne de pitié nous éloignerait trop de notre sujet, et nous laissons à d'autres le soin de raconter ces horribles guerres, où l'on voit à chaque pas étinceler la flamme et ruisseler le sang. A l'aide des documents manuscrits que l'on possède aujourd'hui, il est permis d'espérer que l'on retracera un jour fidèlement à nos yeux ce terrible spectacle, et que l'on pourra tout à la fois faire ressortir les puissants intérêts qui amenèrent tant de calamités et signaler les hautes leçons que l'humanité peut en tirer.

Dès le commencement de cette guerre impie, après les massacres de Béziers et de Carcassonne, quand Simon de Montfort s'empara de Raymond-Roger, vicomte d'Alby, Béziers, Carcassonne et Rasez, qu'il fit mourir en prison, a tort et sans causa et aysso per aver sa terra, dit l'historien de la guerre des Albigeois, il ne lui fut pas difficile de se mettre en possession des domaines de ce prince. Dès qu'il se présenta, vers la fin de l'an 1209, l'évêque lui fit un excellent accueil, le reçut gracieusement, dit Pierre de Vaux-Sernai, et lui ouvrit les portes de la ville1. Non content d'avoir fait acte de soumission, aussitôt après que le

Petri Vallis Sarnensis Historia Albigensium, cap. xxv.

pape eut confirmé Simon de Montfort dans la possession de cette cité (8 juin 1210), Guillaume se joignit à l'armée des croisés, et, par son entremise, en 1211, les châteaux de Montaigu, Gaillac, Cahusac, la Garde, Puy-Celse, Saint-Marcel, la Guépie et Saint-Antoine se soumirent à Simon de Montfort1. L'année suivante, Arnaud, abbé de Câteaux, étant à Alby, ce légat engage Simon de Montfort à entreprendre le siége de Saint-Marcel, qui était retombé au pouvoir du comte de Toulouse; mais le chef des croisés est obligé de lever le siége de cette place le 24 mars, et il se retire à Alby, où il célèbre la fête de Pâques dans l'église de Sainte-Cécile, et où il donne en fief, le 3 avril 1212, à Guillaume Petri et à ses successeurs, les châteaux de Roffiac et de Marsac avec leurs dépendances2.

Quelques jours après cette donation, l'évêque d'Alby conduisait l'avant-garde de l'armée des croisés, et il assistait à la prise et au pillage de Saint-Antonin3. Puis, au

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Hist. gén. de Languedoc, t. III, p. 213.

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› Archives du chapitre de la cathédrale, fol. 183, ms. 105.— Gallia Christ. t. I; instr. p. 10. — Compayré, Archives histor. de l'Albigeois, p. 228. Pour ne rien négliger de ce qui regarde la cathédrale et les évêques d'Alby, je dois dire ici, d'après notre manuscrit albigeois, que « Guillaume Petri «logea par trois fois saint Dominique à Alby et eut de grandes conférences avec lui pendant son séjour.» Personne n'ignore aujourd'hui que ce saint personnage travailla seulement à prêcher la foi et à convertir les hérétiques par la parole. Pendant que Simon de Montfort les exterminait par le fer, Dominique les ramenait dans le sein de l'église par la persuasion, et jamais il ne prit aucune part à la guerre. On peut donc raisonnablement admettre qu'il dut aller à Alby vers cette époque; mais je dois déclarer que je n'ai trouvé nulle trace de son passage dans cette ville.

3 Hist. gén. de Languedoc, t. III, p. 227.

mois d'août 1212, il se trouvait encore au siége de Moissac, où, pendant que les soldats montaient à l'assaut, l'archevêque de Reims, les évêques de Carcassonne, de Toul et d'Alby, l'abbé de Moissac avec une partie de ses religieux, et le reste du clergé de l'armée, pieds nus et revêtus d'aubes, chantaient des hymnes et des cantiques pour appeler «les bénédictions du Ciel sur les saintes armes des << croisés 1. >>

Devenu l'ennemi du comte de Toulouse, par suite de sa soumission à Montfort, Guillaume Petri assista au concile de Lavaur, et il fut du nombre de ceux qui refusèrent de recevoir le comte Raymond VI à se justifier2. Aussi Simon de Montfort crut-il devoir lui donner une nouvelle preuve de sa satisfaction en accordant au chapitre de SainteCécile une dotation annuelle de viginti libratas terræ prises sur les châteaux de Saint-Georges et de Marcail. Cette donation fut faite à Lavaur, où se tenait le concile3, des calendes de février 1212 (24 janvier 1213).

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Le 26 juillet de la même année, l'évêque d'Alby était rentré dans sa ville épiscopale, et nous savons qu'à cette époque, de l'avis des prud'hommes, ab cosseil et ab volontat dels pros homes de la vila d'Alby, il céda l'hôpital du Vigan à Pierre Bertlam, qui devait le posséder durant sa viea. Enfin, l'année suivante, il faisait partie des prélats qui

1 Petri Vallis Sarn. Hist. Albigens. cap. LXIII.

2 Hist. gén. de Languedoc, t. III, p. 237. Petri Vallis Sarn. Hist. Albigens. cap. LXVI.

3 Archives de l'évêché, fol. 185, ms. 105.

Archives du chapitre, fol. 189, ms. 105.

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