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1230, une bulle qui le confirmait dans la possession de toutes les acquisitions faites par son prédécesseur1.

Deux jours avant le don de cette bulle, le 12 mai, l'évêque d'Alby avait confirmé l'élection d'Adémar à l'abbaye de Castres, en présence de l'archevêque d'Arles ainsi que des évêques de Béziers et de Carcassonne, et le nouvel abbé lui prêta serment dans la basilique de Saint-Nicolas-de-l'Hôpital, située près de la porte de Latran2.

1 Archives de l'évêché, fol. 316, ms. 105.

2 Ibid. fol. 312.

CHAPITRE VI.

Mort de Guillaume Petri: contestations entre les chapitres de SainteCécile et de Saint-Salvi au sujet de sa sépulture. Conduite épouvantable des inquisiteurs à Alby. Castelnau de Bonafous et les Raymondins d'Albigeois. L'évêque Durand au siége de Montségur. Prétentions des officiers du roi contre les droits

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- de l'évêque. Serment des habitants. Mort de Durand. Élection immédiate de son successeur.

Pendant que Durand était à Rome, il arriva à Alby un événement qui porta un instant le trouble dans la ville: l'ancien évêque venait de mourir. Or, peu de temps avant de rendre le dernier soupir, Guillaume Petri avait appelé auprès de lui le prévôt, les chanoines de SainteCécile et son chapelain, et, en présence de tous, il avait déclaré qu'il choisissait la cathédrale pour le lieu de sa sépulture. Aussitôt après la mort du prélat, les chanoines s'occupèrent donc de remplir ses dernières volontés; mais le jour des funérailles, au moment où ils allaient porter corps du défunt dans l'église, le prévôt et les chanoines de Saint-Salvi survinrent et s'opposèrent, par tous les moyens, à la sépulture de l'évêque, dont ils réclamaient corps. En présence d'un pareil acte, on dut suspendre la cérémonie et en appeler à des juges. R....., official

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1 On lit dans le nécrologe manuscrit de la bibliothèque d'Alby : x1 kal. junii 1230, obiit dominus Guillelmus Petri episcopus; et sunt pro ejus anniversario centum solidi. Jacet ante majus altare ecclesie veteris.

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d'Alby, et Simon, archiprêtre de Cordes, furent choisis pour arbitres et se mirent sur-le-champ en devoir d'entendre les deux parties. D'abord les chanoines de SaintSalvi affirmèrent que de tout temps les sépultures des évêques s'étaient faites dans leur église; puis ils alléguèrent que Guillaume, ayant été chanoine régulier parmi eux, n'avait pu librement choisir sa tombe autre part qu'à

Saint-Salvi. Mais les chanoines de la cathédrale nièrent la prétention de leurs adversaires; ils dirent ensuite que le jour où le chanoine avait été élu évêque, il était devenu majeur, c'est-à-dire libre de toute tutelle; enfin, ils déclarèrent que Guillaume avait, de vive voix, demandé à être enterré à Sainte-Cécile.

L'official d'Alby et l'archiprêtre de Cordes, ayant ainsi entendu les parties adverses, décidèrent que Guillaume avait eu le droit de choisir sa sépulture, non-seulement comme évêque, mais encore comme simple paroissien. Cette sentence ayant été publiquement prononcée par les arbitres, le pauvre trépassé dont on se disputait ainsi les restes mortels fut revêtu de ses ornements pontificaux, parce qu'il n'avait pas perdu la dignité épiscopale; on le transporta ensuite à Sainte-Cécile, où la messe et l'office des funérailles furent célébrés sans opposition; puis il fut enseveli dans le chapitre du cloître de la cathédrale, en présence de tout le clergé et des habitants de la cité d'Alby, le 22 mai 12301.

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Au mois de septembre suivant, l'évêque Durand était

1 Archives de l'évêché, fol. 318, ms. 105. Gallia Christ. t. I, p. 17; instr. p. 6.

de retour à Alby, et il put, quelque temps après, recevoir dans sa cathédrale l'évêque de Tournay, Gautier de Marnes, légat du saint-siége, qui, le 24 mars 1231, rendit une ordonnance portant que les légats faisant leur entrée dans Alby seraient d'abord conduits processionnellement dans l'église de Saint-Salvi, pour la vénération que l'on devait au saint, et ensuite à l'église de Sainte-Cécile, à cause de l'honneur et de la dignité de la cathédrale1.

Le 13 octobre de la même année, l'évêque d'Alby était à Gaillac, où il fut l'un des médiateurs entre le comte de Toulouse et les abbés de Montauban et de Gaillac2; le 8. décembre suivant, il signait, auprès de Lombers, une transaction avec Philippe de Montfort au sujet de quelques forteresses de l'Albigeois3; puis, au mois d'avril 1232, il recevait le serment d'Olivier et de Bernard, seigneurs de Penne, et, le 11 du mois suivant, il concluait à Cordes, avec le comte de Toulouse, une transaction par laquelle Raymond VII cédait à l'évêque d'Alby le château de Montirat, avec réserve de l'hommage. Ce dernier accord avait été signé d'après le jugement rendu par Pierre, évêque de

Rodez, qui avait été choisi pour arbitre par les deux

parties, afin de mettre un terme à leurs contestations au sujet des droits seigneuriaux de Monestier, Virac et Montirat 5.

1 Preuves, no XI.

2 Hist. gén. de Languedoc, t. III, p. 391; pr. p. 357.

3 Archives de l'évêché, fol. 332, ms. 105.

4 Ibid. fol. 338.

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↳ Hist. gén. de Languedoc, t. III, p. 393. — Compayré, Études histor. sur l'Albigeois, p. 322.

Le 20 du même mois de mai, Durand était chargé par le légat du saint-siége, Gautier, de remettre les chanoines de Saint-Vincent de Castres dans la possession de leur église, dont ils avaient été chassés par l'abbé et les religieux, qui prétendaient qu'elle leur appartenait; mais Durand ne put y parvenir malgré tous ses efforts. Ayant d'abord réinstallé les chanoines dans leur possession légitime, il les vit bientôt chassés de nouveau par l'abbé et les moines, qui, non contents de s'établir dans l'église de Saint-Vincent et d'y célébrer l'office divin, en dépit de la sentence d'excommunication de l'évêque, s'emparèrent encore violemment des églises de Sainte-Marie de Platea et de Saint-Jean de Bordellis. Durand dut alors dénoncer les religieux de Castres dans tout le diocèse d'Alby; mais ceux-ci ne tinrent aucun compte des menaces de l'évêque, qui renouvela son excommunication et la signifia quatre ans après, aux diocèses voisins, par lettres datées de Castres, le 28 mai 12361. Ce prélat termina enfin l'année 1232, en signant, le 20 juillet, une transaction avec Raymond de Falgar, nouvel évêque de Toulouse, au sujet des limites de leurs diocèses, qui n'étaient pas très-nettement établies depuis le temps des croisades, c'est-à-dire depuis vingt-trois ans2.

Il existait aussi, vers ce temps, une contestation entre les chapitres de Sainte-Cécile et de Saint-Salvi au sujet de l'honneur ou des biens de Sainte-Martianne, sur lequel chacun prétendait avoir des droits. Une enquête eut lieu

par

1 D. Martène et D. Durand, Thesaurus novus anecdotorum, t. I, p. 996. 2 Archives de l'évêché, fol. 343, ms. 105.

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