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de lire ce livre reconnaîtra tout d'abord combien

peu j'ai puisé chez nos historiens, tandis que j'ai largement moissonné dans les pièces manuscrites. C'est là surtout qu'il m'a fallu une persévérance à toute épreuve et mon immense désir d'arriver à la vérité, pour rechercher avec tant de soin et de patience, dans la prodigieuse quantité de chartes que j'ai lues, une phrase, une ligne, un mot qui pussent m'éclairer dans mes investigations. Mais aussi, je me hâte de le dire, c'est à ce soin minutieux que je dois, non-seulement la connaissance de plusieurs faits nouveaux, mais encore la rectification de quelques actes peu connus, et sur lesquels je puis enfin donner de nouveaux éclaircissements.

En recueillant ainsi partout les traces écrites d'une église détruite depuis plusieurs siècles, on comprend que je devais nécessairement rassembler les actes relatifs aux évêques d'Alby. Je n'ai donc jamais manqué de signaler les erreurs que j'ai reconnues dans les actes, et mes indications pourront servir à corriger en certains points la liste des évêques de ce diocèse, dont je donne au surplus la chronologie rectifiée depuis saint Clair jusqu'à Bernard de Castanet.

J'ai scrupuleusement évité de me laisser entraîner dans l'histoire du diocèse, qui m'aurait trop éloigné de Sainte-Cécile; mais j'ai touché plus souvent à

l'administration municipale, parce que les droits des anciens évêques comme seigneurs temporels m'en faisaient une loi. Sobre de réflexions dans l'examen des choses que de longs siècles séparent de nous, j'ai recueilli les moindres faits; je me suis presque toujours borné à les enregistrer, et je laisse à d'autres le soin de les commenter ou de les compléter par de nouvelles découvertes.

Les actes que j'ai signalés, les faits que j'ai relatés n'ont été admis dans cet ouvrage que parce que j'ai cru leur reconnaître quelque importance. Peutêtre mon goût pour les recherches m'aura-t-il entraîné trop loin aux yeux de certaines personnes; mais je répondrai tout d'abord qu'aucun renseignement ne doit être négligé par l'historien; puis je ferai remarquer à mes lecteurs que l'attention toute particulière que j'ai mise à rechercher les moindres détails m'a seule permis de révéler des actes de désordre accomplis pendant le schisme d'Anaclet et jusqu'à ce jour ignorés des historiens. J'ai pu ainsi inscrire un nouveau nom dans la chronologie des abbés de Gaillac et rectifier la liste des abbés de Castres, ainsi que celle des évêques d'Alby. J'ai donné ensuite quelques détails intéressants sur le Castel-nau de la ville et jeté un nouveau jour sur les circonstances de la démission d'un prélat qui avait occupé le siége épiscopal pendant plus d'un

demi-siècle. J'ai constaté, en outre, quels étaient les droits du souverain et ceux de l'évêque à cette époque, comment s'exerçait la justice, de quelle manière on procédait aux élections consulaires; enfin, j'ai précieusement recueilli les moindres vestiges des constructions entreprises à la fin du xme siècle, et j'ai montré par combien de peines et de tribulations les chanoines avaient dû passer, avant d'obtenir de la cour de Rome la sécularisation du chapitre.

Parmi les ouvrages que j'ai consultés pour ce travail, je dois citer la dernière édition du Gallia Christiana, qui donne quelques actes importants; l'admirable Histoire du Languedoc, cette œuvre de conscience accomplie comme un devoir religieux par deux bénédictins, dans laquelle l'historien du Midi puisera toujours avec fruit, et que l'on peut regarder encore aujourd'hui comme le plus beau monument de l'histoire provinciale; l'Ordonnance de monseigneur Charles Legoux de la Berchère, en conséquence de sa visite de l'église métropolitaine du 25 avril 1701, volume in-8° assez rare, à la suite duquel se trouvent rassemblés toutes les bulles et les statuts relatifs à

l'église d'Alby; enfin, les Études historiques et documents inédits sur l'Albigeois, le Castrais et l'ancien diocèse de Lavaur, publiés par M. Cl. Compayré. L'auteur de ce dernier ouvrage a rendu un véritable service à la science historique, et, pour ma part, j'ai

été heureux de puiser à cette riche source, créée récemment avec tant d'intelligence, de courage et de patience au moyen de titres manuscrits renfermés jusqu'alors dans les dépôts publics ou les archives particulières, et désormais préservés de la destruction. Sans doute j'ai relevé quelques erreurs de M. Compayré; mais cette sévérité ne prouve que mon soin scrupuleux à tout examiner et ne doit rien enlever à ce livre, qui conserve d'ailleurs tout son mérite et son incontestable utilité.

On remarquera à la suite de mon travail un choix de pièces destinées à servir de preuves. La plupart de ces pièces sont totalement inconnues, et toutes sont inédites. Peut-être me reprochera-t-on d'en avoir donné un trop grand nombre; et cependant, je le déclare, je crois n'avoir choisi que celles qui sont indispensables. Du reste, j'espère que cette publication appellera un jour l'attention sur les richesses possédées par la Bibliothèque impériale, et nous verrons sans doute entreprendre l'impression du magnifique cartulaire rassemblé par le président de Doat sur la ville, l'église et le diocèse d'Alby: Toutefois, en puisant dans ce cartulaire, souvent consulté par mes devanciers, j'ai eu soin, je le répète, de ne rapporter que des actes inédits, et j'ai porté toute mon attention à éviter de reproduire un seul des documents déjà cités dans les livres impri

més. Si j'avais voulu signaler tous ceux qui m'ont paru dignes d'intérêt, pour l'époque seule dont je parle, il m'eût certainement fallu tripler mon travail, et alors je n'aurais plus écrit seulement l'histoire de l'ancienne cathédrale, mais celle du diocèse tout entier.

Un mot encore sur les documents que je publie d'après les manuscrits du président de Doat. On y remarquera certaines fautes de style, d'orthographe et de ponctuation; mais j'ai voulu pousser l'exactitude aux dernières limites, et j'ai conservé, autant que possible, la couleur de la pièce originale, soit aux chartes latines, soit aux actes écrits en langue romane. J'avais d'abord eu l'intention de publier ces dernières pièces sans explication; mais j'ai songé que ces souvenirs de notre vieux langage pourraient ne pas être toujours facilement compris, et je donne à la suite de chaque pièce une traduction française, qui pourra d'ailleurs servir aux personnes qui s'occupent de l'étude de l'ancien idiome du midi de la France.

Et maintenant, au moment de livrer au public ce volume, qui rencontrera probablement bon nombre d'indifférents, je dois déclarer que c'est principalement à M. de Rémusat, membre de l'Institut et ancien député, que je dois le courage qui m'a soutenu dans cette entreprise, si pénible pour moi. Grâce

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