Imágenes de páginas
PDF
EPUB

communales nous montrent constamment leur administration sage et paternelle, leur sollicitude constante pour leurs concitoyens; mais l'autorité épiscopale dominait les pouvoirs de ces magistrats, et son influence, consacrée par les siècles, se fait sentir dans presque tous les actes consulaires. Il suffit de parcourir les archives de la mairie d'Alby pour y trouver de nombreuses preuves de la puissance des évêques.

Nous savons encore que les évêques avaient jadis le droit de faire battre monnaie, puisqu'il existe un acte de l'an 1248, rapporté dans l'Histoire générale du Languedoc, qui prouve que la fabrication des raymondins d'Alby appartenait en tiers au comte de Toulouse, à l'évêque d'Alby et à Sicard d'Alaman, favori de Raymond VII et lieutenant général des derniers comtes de Toulouse. Cette monnaie avait cours dans toutes les terres dépendantes des diocèses d'Alby, de Rhodez et de Cahors, et elle fut d'abord fondue et fabriquée à Castelnau (château neuf) de Bonafous, lequel château Sicard d'Alaman tenait en fief du seigneur comte, et le comte le tenait lui-même en fief de l'évêque d'Alby. En 1278, la fabrication de cette monnaie fut confiée à des entrepreneurs, qui la faisaient fondre, non plus à Castelnau, mais à Alby.

Je ne vous parlerai pas, Monsieur le Ministre, de toutes les pièces que j'ai cru devoir recueillir aux archives de la préfecture; je me bornerai à vous mentionner un recueil qui a été retrouvé, il y a quelques années, et auquel on n'a pas attaché assez d'importance jusqu'à ce jour : c'est l'inventaire des titres de la cathédrale d'Alby, fait en 1787 (série 2 G, chapitre métropolitain). Ce relevé, formant trois volumes in

Hist. gen. de Languedoc, t. III, Pr. p. 469.

:

folio, porte pour titre Inventaire raisonné des titres du véné– rable chapitre métropolitain de Sainte-Cécile d'Alby, contenus aux rayons, fait et dressé par Me Serres, feudiste dudit chapitre. Il donne l'indication sommaire de tous les actes relatifs à la cathédrale qui furent conservés dans la salle capitulaire jusqu'en 1793, et il complète ainsi, du moins en partie, le choix des documents recueillis par le président Doat. Sans doute ce ne sont pas là les actes eux-mêmes, mais puisqu'un aveugle besoin de destruction les a anéantis, nous devons nous estimer heureux d'en retrouver l'indication.

Quoi qu'il en soit, on remarque dans cet inventaire la liste des bulles et statuts de l'église d'Alby, les amortissements, priviléges ou dîmes, le rachat des biens aliénés pour les affaires de l'État, les commanderies et congrégations relevant du chapitre, les hommages et dénombrements rendus au chapitre et par le chapitre, enfin quelques procès-verbaux et délibérations des États d'Albigeois; car, je ne dois pas oublier cette particularité, l'Albigeois, comme le Gévaudan et le Velay, avait ses assemblées particulières, que l'on nommait petits États.

Cette dernière partie n'est pas la moins curieuse : elle nous montre la composition de ces États. Ainsi l'archevêque d'Alby en était le président né. Il y avait ensuite le syndic de l'église métropolitaine, l'abbé de Gaillac, l'abbé de Candeil et le prévôt ou le syndic de l'église collégiale d'Alby, qui représentaient le clergé. Le vicomte d'Ambialet, le vicomte de Paulin, le baron de Pierrebourg, le baron de Lescure, le baron de Cestayrols, le baron de Salvagnac et le baron de la Guépie y assistaient pour la noblesse; enfin, cent quarantecinq consuls ou députés des villes et lieux du diocèse composaient le tiers état. On y voyait, en outre, un corps de

commissaires et un commissaire principal n'ayant aucune voix, un syndic et un greffier.

Le répertoire que j'analyse très-sommairement ici contient encore les titres féodaux et censuels d'Alby, plusieurs actes de fondations et testaments, les baux à cens, ainsi que les titres des bénéfices de Carlus, de Vieux, de Cahusac, Cordes, Sainte-Croix, Monestier, Lescure, Castelvieil, Gaillac, etc.

On y remarque enfin une table des prix du setier de blé 1 (mesure de Paris), depuis l'an 1202 jusqu'à 1747, avec la valeur du marc d'argent fin de 12 deniers, sous chaque règne. A la suite, se trouve un tableau du prix des grains vendus sur la place publique d'Alby, depuis 1754 jusqu'en 1782.

Je ne veux pas abandonner cet inventaire, Monsieur le Ministre, sans vous dire qu'on y trouve l'analyse de quelques testaments, parmi lesquels je citerai celui de Me Cueysse, chanoine qui fonda, en 1521, la chapelle de ce nom, détruite à la révolution, et celui de Mer Gaspard de Daillon du Lude, daté du 7 octobre 1675, par lequel, entre autres legs, il donna l'hôtel et le jardin du petit Lude à ses successeurs.

J'ai déjà parlé de la puissance des évêques; permettez-moi de vous signaler encore deux actes, pris à des époques assez éloignées l'une de l'autre, qui vous montreront combien était grande aussi l'autorité des chanoines de la cathédrale. C'est d'abord une Permission donnée, en 1294, par le chapitre aux consuls d'Alby de faire construire un mur le long du Tarn, au-dessous du moulin; ensuite ce sont les coutumes accordées, le 21 octobre 1500, aux habitants de Carlus, par le chapitre, en sa qualité de seigneur du lieu. Mais, il faut le dire, les droits des consuls furent souvent opposés au pouvoir du chapitre dans des cas semblables, et il en résulta une rivalité

qui occasionna quelquefois des luttes, et souvent aussi des actes sur lesquels le parlement de Toulouse fut appelé à pro

noncer.

Après les archives de la préfecture, j'ai visité la bibliothèque publique d'Alby.

Cet établissement, formé en grande partie de l'ancienne bibliothèque de l'archevêché, et encore aujourd'hui établi dans la partie septentrionale du palais archiepiscopal, possède peu de manuscrits relatifs à l'histoire du diocèse.

J'ai consulté le Martyrologium ad usum ecclesiæ Albiensis (catalogue no 7) sans y trouver rien de nouveau. Le Necrologium ecclesiæ Albiensis (no 8), manuscrit du xive siècle placé à la tête d'un recueil in-folio, m'a paru plus curieux : il contient quelques notes dignes d'intérêt, écrites par les chanoines, et que j'ai cru devoir recueillir.

Je profiterai de l'examen que je fais de ces volumes pour signaler une erreur qui se trouve dans le Catalogue des ma-· nuscrits des bibliothèques des départements. A la suite d'un volume in-4o, d'une belle écriture du x° siècle, porté sous le n° 20 et intitulé, Enchiridion Augustini, on a mentionné ainsi une bulle concernant le chapitre d'Alby: Bulla Innocenti an. 1313... Or, à cette époque, le pape n'avait pas nom Innocent: Clément V occupait le siége de saint Pierre. Cette bulle n'est donc pas de l'année 1313, mais bien de l'an 1136, et elle est d'Innocent II, qui prend le chapitre de la cathédrale sous sa protection. On en trouve une copie dans les manuscrits du fonds Doat, à la Bibliothèque impériale, et j'ai déjà eu l'occasion d'expliquer, dans un Mémoire publié récemment, le motif pour lequel elle fut écrite 1.

1 Document inédit du x11' siècle émané d'un évêque d'Angoulême et relatif au diocèse d'Alby. Angoulême, 1850.

Le manuscrit n° 97, intitulé, Description naïve et sensible de la fameuse église de Sainte-Cécile d'Alby, est la copie exacte d'un ouvrage fort curieux dont l'original appartenait à M. de Rochegude. Je l'ai lu en entier, et j'ai pu ainsi m'en rendre un compte fort exact : c'est un examen imparfait de la cathédrale; mais, malgré cette imperfection, c'est la description la plus complète qui existe des peintures de Sainte-Cécile. L'auteur, Mc Bernard de Boissonnade, avocat au parlement de Toulouse, après avoir fait connaître le portique, l'escalier, le portail et les peintures de la voûte, s'arrête pour donner quelques détails sur les évêques d'Alby... Malheureusement l'ouvrage, écrit en 1684, se termine là, et l'auteur laisse ainsi son œuvre inachevée, sans nous décrire les chapelles avec leurs peintures, le cœur et le jubé.

Cependant, je le répète, la Description naïve de SainteCécile est pleine d'intérêt, et je pense qu'il serait bon de la publier1.

J'ai terminé mes recherches à la bibliothèque par l'examen du Bullarium sanctæ ecclesiæ Albiensis (n° 1). Ce manuscrit, donné en 1772 par le pape Clément XIV au cardinal de Bernis, archevêque d'Alby, est fort précieux pour l'histoire de l'ancien évêché il contient un grand nombre d'actes presque inconnus, car aucun d'eux n'est rapporté ni dans le Gallia Christiana, ni dans l'Histoire générale de Languedoc. Le cardinal le fit déposer dans sa bibliothèque, où il est fort heureusement resté, et j'ai pu y recueillir plusieurs titres importants.

1 Depuis la publication de ce rapport, j'ai fait paraître cette curieuse description, à laquelle j'ai cru devoir ajouter de nombreuses notes destinées à expliquer certains faits ou à rectifier quelques erreurs de Mo Bernard de Boissonnade.

« AnteriorContinuar »