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les termes en latin et en italien, afin que son livre pût être utile aux nations les plus éclairées de l'Europe.

ANTONIUS ( MARCUS PRIMUS), célèbre général Romain, naquit à Toulouse vers l'an 20 de J. C. Il descendait d'une famille illustre dans les Gaules, et plusieurs auteurs pensent que Marcus Primus, gouverneur de la Macédoine sous Auguste, était son père. Antonius, corrompu dans sa jeunesse par le spectacle de la cour, lors des règnes de Caligula, de Claude et de Néron, parvint, tandis que ce dernier prince déshonorait le trône, à la dignité de sénateur, qu'il acheta au prix des plus basses intrigues, et d'une adulation toujours puissante auprès des souverains. Il ne conserva pas long-temps cette charge, qui encore était environnée de quelque éclat. Antonius fut convaincu de faux témoignage, et de s'être laissé suborner à prix d'argent, pour soutenir en justice un testament supposé : les censeurs, en conséquence d'une telle conduite, le chassèrent honteusement du sénat. Cette punition l'eût obligé à passer le reste de ses jours dans l'obscurité, si Galba qui voulait se créer des partisans dans le commencement de son règne, ne l'eût rétabli dans sa dignité. Ce prince démêlant dans Antonius les talens qu'il pouvait avoir pour la guerre, lui donna le commandement de la septième légion nouvellement levée, qui pour se distinguer de

celle qui existait déjà sous ce nu-· méro, prit le nom de Galbienne. A la mort tragique de Galba, Antonius qui se trouvait pour lors dans la Pannonie, ne chercha pas à venger son bienfaiteur; il offrit ses services au nouvel empereur Othon; mais voyant que ce dernier ne répondait pas à ses avances, comme il eut dû le faire, Antonius se hâta de profiter des troubles qui survinrent à l'époque où Vitellius disputa l'empire à Othon, et où Vespasien fut également proclamé empereur. Plusieurs légions s'étant déclarées pour ce dernier prince, Antonius ne balança pas à se mettre à leur tête, et sans avoir reçn d'autorisation de Vespasien, il persuada aux troupes d'aller porter la guerre en Italie contre Vitellius. Il s'avança aussitôt vers Aquilée, qui lui ouvrit ses portes, et de là ses armes victorieuses le conduisirent jusqu'à Padoue. Le général avait soin de faire rétablir dans chaque ville où il passait, les statues de Galba son bienfaiteur, pour montrer combien il conservait le souvenir des bontés dont l'avait comblé cet infortuné prince. Vespasien instruit des mouvemens d'Antonius, lui manda de s'arrêter à Aquilée jusqu'à la venue de Mucien qu'il lui envoyait; mais Antonius pressé par le désir de tout faire lui seul, ne tint nul compte de cet ordre, et marcha droit à Véronne, qui lui ouvrit ses portes. La défection s'étant mise daus l'armée de Vitellius par suite de

la trahison de Cécinna, Antonius ne voulut point perdre l'occasion d'en profiter; il partit en toute hâte de Véronne, et sa diligence fut si extrême, qu'en moins de deux jours il arriva à Bédriac, lieu déjà fameux par la défaite d'Othon. Là étaient campées les troupes ennemies. Antonius les attaqua; mais l'imprudence d'un de ses officiers, Arrius Varrus, fut sur le point de lui enlever la victoire. Le génie d'Antonius le secourut en cette occasion, et unissant tout son courage à son habileté militaire, payant de sa personne comme un simple soldat, il ramena la fortune, et mit en pleine déroute l'armée de Vitellius, qu'il mena toujours battant jusque sous les murs de Crémone. De nouvelles troupes vinrent ici l'attaquer, lorsque les siennes étaient accablées par la fatigue: ce fut sans succès; Antonius, avant le coucher du soleil, eut la gloire de triompher deux fois. Content d'avoir obtenu de pareils avantages, il cherchait à modérer l'ardeur des siens, qui voulaient sur le champ escalader Crémone dont ils espéraient le pillage; la nuit même était déjà venue, lorsqu'il fallut recommencer le combat. Six légions venaient d'accourir pour soutenir celles qu'Antonius avait mises en déroute dans la journée précédente; elles ne tardèrent pas à engager le combat, et la mêlée eut lieu durant les ténèbres. Antonius ne négligea aucun des moyens de s'assurer de la vic

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toire; elle lui fut disputée jusqu'au lever du soleil ; mais alors s'étant avisé de faire courir le bruit que Mucien, général de Vespasien, venait d'arriver avec des forces considérables, cette nouvelle, tout en ranimant ses soldats, jeta un tel découragement dans les rangs ennemis qu'ils se débandèrent, et prirent la fuite. Le camp et la ville de Crémone furent le fruit de cet avantage; la cité, livrée durant quatre jours aux flammes et au pillage, éprouva toutes les horreurs de la guerre. Antonius essaya vainement de la soustraire à l'avidité des soldats. Il continua sa route vers Rome, assiégea cette capitale de l'empire, et s'en rendit maître le 20 Décembre de l'an 69; il y entra avec Domitien, fils de Vespasien, qui prit sur le champ le titre de César, et laissa à Antonius la principale direction des affaires. Le sénat décerna à ce dernier les honneurs consulaires en récompense de ses services : mais une telle distinction ne le détourna pas de chercher dans le pillage les moyens d'augmenter sa fortune; on l'accusa du moins d'avoir détourné à son profit une partie des richesses accumulées dans le palais impérial. Antonius eut la facilité de se livrer à de tels excès; car durant quel que temps sa puissance fut la seule qui existait dans Rome. Mais la jalousie de ses ennemis ne tarda. pas à détruire la fortune de ce héros; Mucien se plaça à leur tête, et chercha de toutes façons

à perdre un rival qui par ses brillantes victoires lui avait enlevé le mérite de porter Vespasien sur le trône des Césars. Il commença d'abord par lui nuire auprès de Domitien; et quand Antonius, fatigué de lutter contre ses envieux, eut pris le parti d'aller trouver l'empereur, il n'obtint pas de ce dernier, déjà prévenu par Mucien, tout l'accueil qu'il était en droit d'en attendre. Dès ce moment Antonius ne fut plus employé; ses récompenses furent bornées à de stériles éloges, et lui aussi éprouva combien les princes sont ingrats envers ceux qui leur ont rendu les plus imminens services. Antonius se consola de ses disgraces, en cultivant les belles-lettres; il protégea les littérateurs de son siècle. Martial fut son ami, et lui adressa plusieurs de ses épigrammes: c'est par elles qu'on voit qu'Antonius était son véritable nom, Marcus son prénom, et Primus son surnom. II fut également surnommé Becco par les Gaulois, ce qui veut dire bec de coq. Il poussa sa carrière au moins jusqu'à sa soixantième année. Ce général eut de grands défauts, mais il les effaça par l'éclat de ses talens. On l'accusa, sans en fournir la preuve, d'avoir aspiré à la pourpre impériale. Ce qu'il y a de vrai, c'est qu'Antonius fit un honneur infini à sa patrie par l'élévation de son génie; qu'il fut l'un des plus grands capitaines de son temps, et que s'il n'eut pas la gloire de parvenir à l'empire, il eut du

moins celle de la procurer au meil leur et au plus digne des empereurs. Le buste d'Antonius Primus est placé au Capitole de Toulouse, dans la salle des illustres citoyens de cette ville.

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ARAILH (PAUL D'), conseiller et doyen du présidial de Toulouse, naquit dans cette ville vers l'an 1650. Il fut membre de l'Académie des Lanternistes société savante qui subsista pendant long-temps, et qui était avantageusement connue par ses travaux. D'Arailh cultiva la poésie latine avec quelque succès : il nous reste de lui, I. De Virgina Maria sine labe concepta, carmen, in-8. Tolosæ 1676; II. Maria, carmen, in-4.°; III. Naïs Ardanensis ad Garumnam, in-12, Tolosa 1684; IV. Nympha quæ platea Tolosane, in-12, Tolosa 1686. On a encore du même auteur plusieurs pièces répandues dans divers recueils. Un autre d'Arailh, de la même famille, a, selon les notes manuscrites de M. de Meja, publié, pendant les premières années de la révolution, quelques pamflets peu connus aujourd'hui. *

ARBORIUS (EMILIUS MAGNUS), quoique né à Aquæ-Augustæ-Tarbellica, aujourd'hui Dax, appartient à l'histoire littéraire de Toulouse. Ce rhéteur célèbre fut d'abord professeur à Narbonne, et ses talens lui valurent les éloges des habitans de cette ancienne colonie, où les lettres grecques et latines étaient encore cultivées

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avec succès. Arborius vint ensuite à Toulouse, et l'on eroit qu'il y fut chargé de l'éducation de Dalmace, Constance et Annibalien, frères puînés de Constantin. Il est au moins certain que ces trois princes conçurent une vive affection pour Arborius, qui, à la même époque, consacrait aussi ses soins au jeune Ausone son neveu, devenu, peu de temps après, l'un des plus grands poëtes dont l'empire romain, prêt à succomber sous les efforts des Barbares, pût encore s'honorer. Constantin appela le savant Arborius près de lui pour donner des leçons à Constance son fils et son successeur. Arborius mourut peu de temps après à Constantinople, et l'empereur cherchant à honorer la mémoire de l'illustre rhéteur, fit transporter son corps à Aquæ-Augustæ il y fut enseveli près de ses pères. La ville de Toulouse a placé le buste d'Arborius parmi ceux des grands hommes dont elle a voulu consacrer le souvenir. *

ARCIS (MARC), né en 1655 à Moussens près de Lavaur, selon quelques auteurs, et au Cabanial dans le Lauraguais, suivant Raynal, historien de Toulouse, vint dans cette ville étant encore très-jeune, et fut admis dans l'école de J. P. Rivals, peintre et architecte bien connu par ses travaux et par l'amitié qu'il sut inspirer à Nicolas Poussin. Arcis acquit dans l'école de Rivals une manière grandiose, et un style de dessin plein de no

blesse et de grâce. L'étude de la peinture lui offrant des obstacles qu'il croyait insurmontables, il entra dans l'atelier d'Ambroise Fredeau, religieux augustin, qui modelait avec facilité. Fredeau était élève de Simon Vouet, et a laissé un grand nombre de tableaux; mais il mérite beaucoup plus d'estime comme sculpteur que comme peintre. Arcis commença la longue et glorieuse carrière qu'il a fournie, en faisant quelques statues destinées à orner des églises voisines de Toulouse. Les ouvrages de Bachelier étaient les seuls objets que Marc Arcis pouvait considérer avec quelque fruit dans cette ville pour perfectionner ses talens, il résolut d'aller à Paris, et se présenta au nombre de ceux qui aspiraient aux prix de l'académie de Sculpture; il les obtint, et fut admis dans cette compagnie, qui n'accordait cette flatteuse distinction qu'au vrai mérite. Bientôt il fut chargé de grands travaux pour les édifices religieux et les maisons royales. On voyait dans les jardins de Versailles plusieurs beaux vases en marbre chargés de basreliefs dus au ciseau de d'Arcis. Il travailla avec Vanclève à la décoration de l'église de la Sorbonne, et fit un grand nombre de mau. solées, de statues et de bustes en marbre blanc. Toulouse venait de dédier un

monument aux

grands hommes nés dans ses murs, ou qui l'ont illustrée par leur séjour et leurs travaux les images. de ces nobles soutiens de

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la gloire de la cité devaient orner l'enceinte qui leur était consacrée. Marc Arcis fut appelé pour sculpter une trentaine de bustes que l'on voulait mettre dans cette galerie. A la même époque l'administration municipale délibéra d'ériger la statue équestre de Louis XIV sur une place publique, en face de l'hôtel de ville. Cette statue devait être coulée en bronze; aux quatre angles du socle on aurait représenté les nations vaincues par Louis le Grand, et le socle lui-même eût contenu plusieurs bas-reliefs et des inscriptions analogues. Des motifs particuliers empêchèrent l'exécution de ce projet. Le modèle de la statue, conservé dans le musée de Toulouse, honore le talent de d'Arcis, et fait regretter que ce monument n'ait pas été élevé. Un magistrat très-riche qui cultivait les sciences et les lettres, M. de Vandages de Malepeyre, conseiller au présidial et membre de l'académie des Jeux Floraux, (voyez Malepeyre) avait conçu le dessein de faire construire dans Toulouse une chapelle destinée au culte de la Vierge. Il offrit aux religieux bénédictins de la faire batir dans l'une des parties de leur monastère. Cette proposition fut rejetée; mais les grands carmes recherchèrent cette faveur, et M. de Vandages fonda dans leur couvent la chapelle de N. D. du Mont-Carmel, édifice dont les murs étaient entièrement revêtus de marbre incarnat de Caunes. Lafosse et Houasse, élè

ves de Lebrun, peignirent les tableaux qui devaient la décorer. Arcis fut chargé de sculpter les nombreuses statues destinées à l'ornement de ce sacellum. Pressé par le temps, il ne put les exécuter en marbre, ainsi qu'on l'avait d'abord résolu. Celles qui étaient placées dans la partie la plus élevée, formées en plâtre ou en stuc, avaient plus de douze pieds de haut; à droite et à gauche des gradins qui conduisaient à l'autel, on en voyait quatre autres moins grandes, mais dignes de l'artiste qui les avait modelées; elles sont en terre cuite, et représentent les prophètes Elie et Elisée, saint Simon Stokc et saint Albert. La façade de la cathédrale de Montauban, bâtie à peu près dans le même temps, fut ornée par Arcis de dix statues colossales qui subsistent encore. L'église des Pénitens-Bleus de Toulouse obtint de cet auteur quelques sculptures d'une exécution savante. La salle de Concert, dans la même ville, possède un magnifique bas-relief qui représente Apollon et les Muses. Ce morceau, l'un des derniers que Marc Arcis ait terminé, offre une touche gracieuse et spirituelle, des contours purs et délicats, et des caractères de têtes bien appropriés. Plusieurs villes du royaume demandèrent à d'Arcis quelques-uns de ses ouvrages. Il fit pour celle de Pau la statue en bronze de Louis XIV, le médaillon de ce monarque et le monument des évêques pour celle de Rieux, le mausolée du marquis

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