advertis. Sv ordonnèrent le sieur Destalles et Mathieu Goughe, capitaines, avecques grand nombre de gens pour les prendre subitement. De quoi icellui capitaine fust adverti, et feit guet autour de son hostel; lequel guet cria alarmes à la venue du sieur Destalles et Mathieu Goughe. Et fust icellui sieur recullé jusques au plus près du mont qui est au plus près de Londres; mais enfin, le sieur Destalles feit le capitaine reculler jusques à l'autre pied du pont, et en ce faisant, Mathieu Goughe entra en une maison pour dormir, cuidant avoir recullé ses adversaires du tout; mais ledit capitaine les reculla derechief comme debvant; et comme ledit Mathieu eust ung peu dormi, il issit dehors, criant son enseigne, cuidant estre avecques ses gens ; et là fust tué par les gens du capitaine. Quant le capitaine veit que ceux de Londres estoient multipliés, il feit ardoir le pont qui y avalle, adfin que nul luy approchast; mais les archiers ne laissèrent à les assaillir toute la nuict, jusqu'au lendemain, que l'archevesque de Cantorbéry et l'archevesque d'Yorck feirent tant, que les gens du capitaine s'en rallèrent en leur pays; et demoura le capitaine seul à privée maisnie (suite) et lors s'enffuit en la terre de Tanet ; mais ceux de Londres envoyèrent après pour le prendre. Et ainsi qu'il estoit assis au disner, un Gallois entra en la maison pour le prendre; lequel, si tost qu'il le veit, entra en ung jardin, auquel jardin ledit Gallois lui donna ung coulp dont il mourut; et fust son corps porté en la ville de

Londres, et la teste mise sur le pont de Londres. Et assez tost après, le roy Henry d'Angleterre print grande punition de touts les plus grands qui estoient avecques icelluy capitaine, et qui auroient esté consentants de faire ce qu'il avoit fait.

CHAPITRE III.

Comment le duc d'Yorck fust rappellé et fust régent d'Angleterre, et eust le gouvernement du royaume, et de la mort du duc de Sombreset.

ASSEZ tost après la mort du capitaine dessusdit, le duc de Sombreset retourna du pays de Normandie, et fust le principal du conseil du roy d'Angleterre, avecques la royne. Le duc d'Yorck, voyant le duc de Sombreset, qui avoit esté cause de la perte de Normandie, estre principal du conseil du roy; entre lequel le duc de Sombreset et le duc d'Yorck il y avoit grande haine, icellui duc d'York assembla grand nombre de gens de guerre, et, arrivé à Londres, alla devers le roy Henry, et feit tant, que le duc de Sombreset, qui estoit logié aux Jocobins, fust fait prisonnier, et mis dans la tour de Londres; lequel duc de Sombreset la royne soustenoit; et estoient eux deux si fort alliez ensemble, qu'on ne pouvoit avoir raison de lui. Et à ceste cause fallut que le duc d'Yorck partist, car il n'osoit plus converser avecques le roy. Après lequel son

partement il revint jusques à cinq mille près de Londres, et avecques lui et en sa compagnie, le comte de Brenbre etle sieur deCobham, avecques bien vingt mille combattants. Pour lesquels combattre le roy vuida de Londres, avecques lui le duc de Presse, le duc de Norffort (Norfolk), le duc de Benguignam (Buckingham) et le duc de Sombreset, et des autres seigneurs, desquels la plus grande partie aimoient bien le duc d'Yorck; à laquelle cause la paix fust faite. Et alla le duc d'Yorck avecques le roy, à Londres; mais icelle paix ne dura guerre. Il faillit le duc d'Yorck se partist de la cour du roy par le duc de Sombreset qui le haioit.

que

de

Et en l'an mil quatre cent cinquante-six ou environ, retourna le duc d'Yorck devers le roy, avecques lui le comte de Werwick et le comte de Salleburry, et bien douze mille combattants; et rencontra le roy en une ville nommée Saint-Albain, lequel avoit avecques lui grand nombre de gens guerre, et estoit avec lui le duc de Sombreset, qui conseilla au roy de combattre le duc d'Yorck; et illecquesse combattirent l'ung contre l'autre; et perdeit le roy la journée'; et y fust tué du costé du roy le comte de Northombellant, le duc de Sombreset, le sieur de Cliffort et plusieurs autres gentilshommes. Et après ceste bataille, le duc d'Yorck gouverna tout le royaume d'Angleterre paisiblement, et fust fait protecteur et régent d'Angleterre ; mais ce ne dura mye longuement.

CHAPITRE IV.

et

Comment le roy d'Angleterre rentra au gouvernement du royaume, comment le duc d'Yorck et touts ses alliés feurent bannis d'Angleterre, et leurs terres saisies.

NE demoura guères après ce que le duc d'Yorck eut mys à mort le duc de Sombreset, lequel on dict qu'il tua de sa propre main, que la royne d'Angleterre, laquelle estoit alliée au duc de Sombreset, ne feit tant que le duc d'Yorck fust mis hors de tout le gouvernement du royaume, et icellui baillié à la royne; laquelle, incontinent qu'elle eust le gouvernement, feit ajourner le duc d'Yorck, le comte Delbavinch (Waivick) et le comte de Salebourg (Salisbury), comme traistres; lesquels seigneurs assemblèrent grand nombre de gens pour venir en leur compagnie, eux excuser vers le roy, roy, Mais le roy qui estoit hors en Galles, en un chastel appellé Ludlou, et avecq lui.........1 combattants, leur manda qu'ils ne vinssent pas vers lui sçavoir à telle advanture. Nonobstaut ce, le duc d'Yorck se combattist aux gens de la royne; et fust la journée pour les gens de la royne; et s'en retourna le duc d'Yorck, en Irlande; et son fils, le comte de la Marche, le comte de Werwich, le comte de Sa

Lacune de mauuscrit.

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lesbury allèrent à Calais; mais le comte de Salesburg, en venant vers le duc d'Yorck, rencontra une armée de gens du costé de la royne, desquels le capitaine estoit le sieur Daldely, lequel il combattist; et fust le sieur Daldely tué, et messire Thomas Criel (Kiriel), et plusieurs autres nobles hommes; et après que le duc d'Yorck eust été vaincu, le roy d'Angleterre feit mectre toutes ses terres en sa main et de ceux de sa compagnie, et les feit bannir du

royaume.

CHAPITRE V.

Comment le duc d'Yorck, par bataille, olt le gouvernement d'Angle terre, et comme il mourut en bataille.

APRÈS toutes ces choses, en l'an mil quatre cent soixante, au mois de juing, le comte de la Marche, fils du duc d'Yorck; le comte de Werwich, le comte de Salesburg, assemblèrent bien cent mille combattants, et allèrent à Londres où estoit le sieur de Scales, qui se boutta à garand dedans la tour de Londres ; et là fust sommé du comte de la Marche. Sine voulut-il rendre la tour; parquoi le comte de la Marche et le comte de Werwich, avecques un légat de par le pape, allèrent devers le roy, qui estoit à Northampton, pour traiter de paix; mais ceux du costé du roy ne voulurent entendre ; et y eust bataille, de laquelle lesdits de la Marche