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et Werwich feurent victorieux, et y fust prins le roy Henry, et moururent de son costel, le duc de Buckingham, le comte de Hasembrery (Shrewsbury), le vicomte de Beaumont et le baron d'Egremont; et fut mené le roy à Londres, en la garde du comte de la Marche. Lequel roy commanda au sieur de Scales qu'il rendist la tour de Londres, comme il feit, sa vie sauve. Mais assez tost après, en passant par la Tamise, une rivière ainsi nommée, par aucuns qu'il avoit rudement traictiés il fust tué en ung batteau sur ladite Tamise ; de quoi les comtes de la Marche et Werwich feurent fort courroucés. Ce fait, fut ordonné ung parlement à Londres. Auquel parlement vint le duc d'Yorck, et proposa en plain parlement que la couronne d'Angleterre lui devoit appartenir, et devoit estre roy; et fust par ledit parlement accordé audit duc d'Yorck le royaume et la couronne moyennant que le roy Henry en possesseroit sa vie durante, et porteroit la couronne. Et après son trespas, ladite couronne appartiendroit au duc d'Yorck et à ses hoirs ; et par cest accord le roy payeroit chacun an, sa vie durante, au duc d'Yorck ou à ses enfants, vingt mille escus ou florins d'Angleterre ; et le duc d'Yorck lui promeit d'estre léal, à lui et à la couronne. Après lequel appoinctement faict, le roy pria au duc d'Yorck qu'il voulsist mectre paix entre la royne et le pays. Laquelle royne estoit lors à Yorck. Lequel duc feit assembler vingt mille combattants, et manda à la royne qu'elle

envoya

voulsist venir à Londres pour tenir le susdit appoinctement, laquelle royne, de ce advertie, et que son fils Edouart, fils du roy Henry, estoit privé de la couronne, ne voullut en riens tenir ne obtempérer audit appoinctement; mais au contraire défier le duc d'Yorck et toute sa puissance, et approcha le duc d'Yorck pour le combattre et sa puissance; et y olt jour de bataille entre eux, le trentiesme jour de décembre, l'an soixante; et fut la royne victorieuse; et y moururent lesdits d'Yorck, son fils, comte de Ruteland, le comte de Salesbury et autres ; de laquelle bataille j'ai fait mention ci-après, en notre quart livre; et là pourra-t-on veoir le fait de la bataille.

CHAPITRE VI.

Comment la royne olt le gouvernement d'Angleterre, et feit bannir Édouard, fils du duc d'Yorck; comment ledit Édouard, comte de la Marche, desconfist la royne et appréhenda le

royaume.

APRÈS Ce que le duc d'Yorck olt esté desconfit et mort par les gens de la royne, accompagnié de son fils, le prince de Galles, le duc de Liestre, le duc de Sombreset, le comte de Buisquio, le comte de Nortomberland, le frère du comte de Wesmorlande, le sieur de Cliffort, le sieur de Wellien, le

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sieur de Willeby et bien cent mille combattants, allèrent à Londres où le roy estoit. Quand le comte de Werwich le sceut, il assembla ce qu'il peut de gens; et vuida avecques lui le roy pour combattre la royne; et n'estoit point avec lui le duc d'Yorck. comte de la Marche, fils du dernier duc; ains estoit allé vers occident ou pays d'Angleterrre, où il avoit combattu le sieur de Penneboac ( Pembroke), frère du roy Henry. Et trouva le comte de Werwich l'ost de la royne à Saint-Albin; et qnand le roy Henry fust si près de la royne, il dict au comte qu'il ne se combattroit point contre sa femme et son fils, pour laquelle cause le comte de Werwich se partit de lui, et s'en alla vers le nouvel duc d'Yorck, comte de la Marche. Incontinent qu'il fust parti, les gens de la royne combattirent à l'ost du roy et les déconfirent, et y moururent les sieurs de Bonneville, messire Thomas Kiriel et autre grand nombre de nobles gens; et après ce, le roy, avec nombre de nobles gens, et la royne, retournèrent à Yorck, et feirent desclarer le nouyel duc d'Yorck, comte de la Marche et tous ses alliés, traîtres; et annulla l'appoinctement faict avec le duc d'Yorck, son père, et ses alliés. Ce venu à la cognoissance de Edouard, duc d'Yorck, environ l'entrée de mars, en l'an dessusdit soixante, accompagnié du comte de Werwick et autres sieurs, avecques bien trente mille combattants, envoya à Londres et print la possession du royaume; et incontinent après, s'achemina avec toute sa puis

sance, vers le roy d'Angleterre et la royne, pour les combattre, et feit tant que le jour de PasquesFlories ensuivant, il olt bataille contre la royne et ses gens. Et pour tant que de cette journée et battaille, en mondit quatriesme livre de ce présent volume, est fait mention, et des choses depuis advenues en Angleterre, venues en nolre cognoissance, j'en ai escript comme il m'a esté certifié, en ordre, selon les ans que les cas sont advenus, comme plus à plain on pourra veoir, qui regarder y voldra, je ferai cy fin de ceste matière. Et n'ai seulement mis ces choses dessusdites, au commenchement de ce présent livre, fors pour ce que, en compilant mondit livre, je n'en peux oncques sçavoir le vrai, que mondit volume n'ait esté clos; sy l'ai mis à ce commenchement, adfin que l'on puisse entendre et sçavoir la cause et le commenchement desdites divisions.

NOTICE

D'UN MANUSCRIT DE LA BIBLIOTHÈQue du roi de france, coté no 445, PUIS 8551, ET INTITULÉ :

TOURNOIS DE LA GRUTHUSE,

Grand in fol., marge rouge,

PAR M. VAN PRAET;

Extraite de l'Esprit des Journaux, du mois d'octobre, 1780, p. 214 et suiv.

CE manuscrit est écrit sur vélin en anciennes lettres de formes et à longues lignes. Il a des capitales peintes en or, et il est enrichi de miniatures d'une beauté parfaite. Elles sont de plusieurs grandeurs; les plus petites ont environ 10 pouces et demi de hauteur sur autant de lar geur. Les plus grandes en portent 13 et demi de hauteur sur 20 et demi de largeur. Il commence au fol. côté 1, et finit au verso lxxiiij.

Ce MS. est sans date, mais il paraît avoir été exécuté à Bruges vers l'an 1489 : les noms de l'écrivain et du peintre ne s'y trouvent pas. Wlson de la Colombière se trompe; lorsqu'il dit que ces miniatures sont de la main même de René d'Anjou, roi de Sicile (1). Quelque talent pour la peinture qu'ait eu ce prince, on peut assurer qu'il ne l'a jamais possédé au degré de perfection auquel elles sont portées.

On peut les attribuer avec plus de certitude à Jean

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