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roient bourgeois, touts scellés; et sy quicteroient touts ceux de la ville, tant gens d'église, marchands et autres, qui leur debvoient, sans rien leur en faire payer, et sans encoires et sans encoires que pour ce ils leur ostassent rien du leur, quant ils se partiroient de la ville; et avecques ce, laisseroient toute artillerie, grosse et menue, réservés arcqs et arbalestres et coullevrines en main. Et pour entretenir les choses dessusdites sans faillir, bailleroient les Anglois pour hostaiges, douze Anglois d'Angleterre, deux chevalliers de Normandie, et quatre bourgeois de la ville de Caen. Et le premier jour de juillet ensuivant, mil quatre cent cinquante, rendirent les ville, chastel et donjon de Caen, pource qu'ils ne feurent point secourus. Et en apporta les clefs aux champs pour le dessusdit donjon, le dessus nommé bailly, et les meit ès mains du connestable de Franche, en présence du comte de Dunois, lieutenant général du roy de Franche, auquel incontinent les livra icelluy connestable, comme le capitaine et gouverneur d'icelle ville et chastel pour le roy de Franche. Et demeura le connestable aux champs, pour faire vuider les Anglois et leur faire tenir chemin droit à Caen ; et au plus tost après, le comte de Dunois, accompagnié du mareschal de Franche, seigneur de Jalloingnes, debvant lui deux cents archiers à pied, et entre deux les héraux et trompettes du roy de Franche, après lui joignant trois escuyers d'escurie, portants les bannières du roy de Franche, et derrière cent hommes d'armes à

pied, entra par le donjon à pied dedans la ville et chastel, et feit mectre les bannières du roy sur le donjon et sur les portes d'icelle ville.

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CHAPITRE XXX.

de Franche se partist de l'abbaye d'Ardaine et entra en la ville de Caen.

LE sixiesme jour de juillet, l'an mil quatre cent cinquante, se partist le roy de Franche de l'abbaye d'Ardaine pour entrer en la ville de Caen; et monta à cheval accompagné du roy de Cécille, du duc de Calabre son fils, du duc d'Allenchon, des comtes du Maine, de Clermont, de Dunois, de Nevers, de Saint-Pol et de Tancarville; des sieurs de Roy, de Coetivy, admiral de Franche; des mareschaux de Franche et de Bretaigne, et de plusieurs autres grands seigneurs, chevalliers, escuyers, très grandement et richement habilliés et vestus; et chevaucha jusques auprès de la ville, atout deux cents archiers devant lui, avecques ses héraux et trompettes, et derrière lui cent lanches. Et là vindrent au-debvant de luihors de la ville, avecques le comte de Dunois, les bourgeois de la ville, avecques grande multitude de gens; lesquels, après qu'ils eurent fait la révérence au roy, lui présentèrent les clefs de la ville de Caen, et il les receut bénignement.

Après, vindrent les gens d'église revestus, à grandes processions, ainsy qu'il est accoutumé de faire; puis entra le roy en ladite cité de Caen; et portèrent le ciel sur lui quatre gentilshommes, chevalliers et escuyers demourants en icelle ville. Les rues où le roy passoit estoient tendues et couvertes à ciel bravement, et y avoit foison de peuple criant Noël !

CHAPITRE XXXI.

Du siége qui fust mis devant Fallaise, et des assauts que les Anglois feirent, mais enfin feurent rebouttés.

le

LE propre jour que roy entra dedans la ville de Caen, fust mis le siége devant Falaise, de touts costés, et s'y trouva premier, Poton de Saint-Treille, bailly de Berry, et le lundi après y arriva sire Jehan Bureau, thrésorier de Franche, avec lui les francs archiers et artillerie. Quant les Anglois de la place

les apperceurent, ils allèrent au-devant d'eux, et les assaillirent très asprement; mais en la fin feurent rebouttés jusques aux portes de leur forteresse ; et s'y gouverna le thrésorier grandement, et aussi feit icelui Poton.

;

CHAPITRE XXXII.

Comment le roy de Franche alla en personne au siége de Fallaise, et avecques lui plusieurs seigneurs, et comment ils se logèrent.

LE huitiesme jour, l'an susdit, Charles, roy de Franche, se parteit de la ville de Caen, et alla le soir au giste à Saint-Severin, et le lendemain se logea du costel devers Argentan, à une lieue près de Falaise, à une abbaye nommée Saint-Andrieu; avec lui le roy de Cécille, le duc de Calabre son fils, les comtes de Maine, de Saint-Pol et de Tancarville, le vicomte de Lymaigne, messire Ferry de Loheraine et plusieurs autres ; et le duc d'Allenchon fust logié à Sainte-Marguerite, du costé devers Paris, et demi-lieue près de ladite abbaye, en ung lieu dict Laguebray. Et fust logié au plus près de lui le comte de Dunois, et le sieur de la Forest, gouverneur des gens du comte de Maine. Au-dessoubs de Laguebraye, estoient logiés, en une abbaye, deux mille francs archiers, du costé devers le Maine. Au droict de la porte, près du chastel, feurent logiés le sieur de Beaujeu, le sieur de Beauvoir, messire Jehan de Lorraine et Poton de Sainte-Treille, bailly de Berry ; et de l'autre costel devers Caen, feurent logiés les comtes de Nevers

et d'Eu, le sieur de Cullant, grand maistre d'hostel, d'Orval et de Blanville, de Montenay, et plusieurs

autres.

CHAPITRE XXXIII.

Comment le siége fust mis par les Franchois devant Chierbourg; et comment Fallaise fust rendue et mise en la main du roy de Franche.

En ce temps, le comte de Richemont, connestable de Franche; les comtes de Clermont, de Laval; le sieur de Loheach, son frère, mareschal de Franche; les sieurs de Raix, de Cotigny (Coetivy), admiral, le sieur de Mongorou, le mareschal de Jalloingnes, le séneschal de Poitou, le sieur de Montauban, mareschal de Bretaigne; les seigneurs d'Estouteville, de Moy en Beauvoisin ; le séneschal de Bourbonnois, messire Geoffroy de Couvran, Pierre de Louvain, Jennet de Tillay, et Robert de Connyngham, et les gens du sieur de Saint-Severe, avecq deux mille francs archiers, allèrent mectre le siége devant Chierbourg, qui est la plus forte place de Normandie, et y feurent longuement. Cependant le onziesme jour de juillet, les Anglois de Fallaise traictièrent tant avecques le comte de Dunois, que par le commandement du roy il leur bailla jour jusques au vingt-uniesme jour dudit mois, en dedans lequel jour ils promeirent ren

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