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extrait assez étendu de ce chroniqueur, extrait reproduit sans changement dans la nouvelle édition; mais M. de Reiffenberg est le premier qui ait fait des recherches scrupuleuses pour le retrouver et le reproduire en entier. L'édition qu'il en a donnée à Bruxelles, en 4 vol. in-8°, a été faite sur une copie communiquée par M. Van Hulthen. J'ai suivi textuellement l'édition de M. de Reiffenberg, en la collationnant avec une autre copie, que le marquis Levert a fait faire sur le manuscrit de J. du Clercq, de la bibliothèque de Saint-Vaast d'Arras, et qu'il a bien voulu me communiquer.

J. du Clercq est, de tous les chroniqueurs, celui qui donne les plus nombreux détails sur la vie domestique des classes moyennes de la société. Ses mémoires s'étendent de 1448 à 1467.

11 nous apprend lui-même qu'il naquit en 1424, et qu'il fut escuyer, sieur de Beauvoir, en Ternois, licencié és droits, conseiller de

Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, en sa chastellenie de Douay, Lille et Orchies. Il épousa, en 1446, la fille de Baldoin de la Chérie, écuyer, de Lille.

La partie la plus intéressante des mémoires de J. du Clercq, est incontestablement celle dans laquelle il rapporte en détail les horribles persécutions des Vaudois d'Arras.

J'ai joint à ces Mémoires deux pièces qui font connaitre la magnificence de la cour de Philippe-le-Bon, et son étiquette toute royale. L'une est un état des officiers et domestiques de sa maison, l'autre est un petit traité d'Aliénor de Poitiers, sur l'étiquette suivie à sa cour. On aura ainsi un tableau complet de la société telle qu'elle existait alors. Ceux qui voudront la connaître dans ses habitudes les plus secrètes, pourront lire les cent Nouvelles nouvelles composées à cette époque.

M de Reiffenberg, dans un mémoire fort bien fait, a, ça et là, recueilli les divers dé

tails, donnés par J. du Clercq, sur les mœurs, les lois, les arts et les lettres; à cette époque on les a réunis de manière à présenter un tableau, aussi vrai qu'intéressant, du quinzième siècle. C'est un préliminaire utile à la lecture de J. du Clercq, et on le lira avec plaisir en tête de cette Chronique.

J.-A. BUCHON.

DE

JACQUES DU CLERCQ

ET DU FRUIT QU'ON EN PEUT TIRER,

PAR FR. BARON DE REIFFENBERG.

LES personnes habituées à la lecture des anciens conçoivent difficilement l'intérêt que présentent nos gothiques annales. Chez les historiens grecs et latins, les événements se pressent, s'accumulent, se rapportent tous à un centre commun. Dans les beaux temps de leurs républiques, les Romains et les Grecs étaient des factieux qui conspiraient pour le salut ou la prospérité de la patrie. On dirait qu'il n'y avait d'intéressant dans le monde que Rome, Athènes ou Sparte, et que le reste était fait pour servir d'ornement à leur gloire. Qu'était-ce que l'Afrique, auprès des projets ambitieux d'un tribun? A côté de Périclès ou de César, l'Asie se monMONSTRELET. T. XII.— Mém. De J. DU CLERCQ.

b

trait bien petite. Il paraîtrait que l'histoire a suivi la distribution maintenue dans notre littérature, partagée en classique et en romantique. Là, les unités de temps, d'action et de lieu sont observées, parfois, aux dépens de la vérité; ici on les viole sans scrupule, on se laisse entraîner par les événements qui prescrivent impérativement les règles au lieu de s'y soumettre. D'un côté il y a plus d'art, de l'autre plus de conscience; et comme nous courons après la franchise en littérature, faute d'en mettre dans nos transactions sociales, nous oublions parfois les mensonges pompeux des TiteLive et des Hérodote, pour les récits grossiers, mais fidèles de nos chroniqueurs. Les historiens, dit Montaigne, sont ma droite balle. Mais il semble qu'il préférait la causerie des mémoires à l'ensemble imposant de ces grands tableaux, qui représentent toute une époque. Celle où nous vivons aurait pu le satisfaire de tous côtés les mémoires abondent; chacun se croit obligé d'accumuler les matériaux : quand se montrera l'architecte?

Les Mémoires de Du Clercq ne sont ni un plaidoyer ni un acte d'accusation; il écrit simplement ce qu'il a vu, ce qu'on lui a conté. Son style est incorrect et diffus, ses phrases interminables, surchargées de répétitions, s'enchaînent au moyen des pronoms relatifs; et souvent même restent suspendues comme un roc. Le dialecte de sa province

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