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de bois donnait également accès dans l'île Notre-Dame; il fut construit en 1371.

En 1370, on pava la rue Pute-y-muce et les ruelles de la Mortellerie, et la porte Bordelle, située à l'emplacement qu'occupe aujourd'hui le carrefour des rues Mouffetard, Lacépède et des Fossés-Saint-Victor, fut réparée ou renforcée.

Quant aux travaux de fortification, ils continuèrent avec une activité plus grande, car dans ce laps de temps, mars 1369 à juin 1371, on bâtit les murs de Paris, depuis « le faubourg << Saint-Antoine jusqu'au Louvre; ceux du devant du Louvre et << les nouveaux murs entre la bastide Saint-Anthoine et la tour « de l'écluse des Barres », y compris la construction de la bastide ou bastille dont nous avons parlé à la fin du précédent chapitre.

Les conduites et les regards des fontaines appartenant à la Ville furent réparés et l'on y employa environ trois cent soixante-dix tombereaux de pierres, six muids de plâtre; et les tuyaux de la nouvelle fontaine dite de Saint-Nicolas, au-dessus du MesnilMautemps, furent posés en décembre 1370.

Parmi les autres travaux accomplis dans la même période, citons encore la construction de la bastide et de l'écluse des Tuileries, celle de la tour Loriaux ou « tour quarrée» de l'île Notre-Dame, l'érection de murs, de tournelles, la plantation d'ormeaux sur le quai de la Mortellerie en novembre 1370, et, comme ouvrages moins importants, mais qui ont cependant leur intérêt le nettoyage « des grosses chaînes du travers de la << rivière de Seine en 1369, l'érection de deux muttes neuves » et la réparation de deux autres muttes en l'île Notre-Dame, pour servir de but aux exercices des archers et des arbalétriers, en juin 1371, enfin la peinture du Parloir aux bourgeois faite par un certain Jean de Blois dès 1368, moyennant vingt-six livres parisis, et oubliée ou omise au compte précédent.

CONCLUSION.

Pour faire face aux travaux et à tous les détails d'administration et de police qui lui incombaient, la Ville de Paris n'avait pas

1. C'est la rue dite aujourd'hui du Petit-Musc.

toujours alors des ressources suffisantes. Les revenus dont elle jouissait aux XIIIe, XIVe et xve siècles étaient restreints.

L'exposé, aussi complet qu'il est possible de le faire, de cette partie intéressante de l'histoire de la Municipalité parisienne mérite une étude spéciale dont nous préparons les éléments. Disons sommairement ici que ses recettes se composaient :

1° Du produit de la moitié des amendes et des confiscations prononcées par le tribunal du Parloir aux bourgeois.

2o Des revenus de la ferme du criage concédée par PhilippeAuguste, en 1220, pour une redevance annuelle fixe qui laissa une différence de plus en plus notable dans les bénéfices.

3o D'une partie de la ferme des chaussées.

4o De coutumes et de fausses coutumes, temporaires ou permanentes, telles que la coutume de grève généralement affermée moyennant une redevance annuelle'.

5o Des libéralités royales ou concessions dont nous avons déjà parlé, notamment celle du tiers des aides et quelquefois même d'aides temporaires dont le produit recevait une affectation spéciale. Citons comme exemple une ordonnance du mois d'avril 1407 qui établit pour trois ans une aide dont les recettes devaient être employées à la réparation de la chaussée de Paris.

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«Lesquelles chaucées, dit le texte de cette ordonnance, sont « cheues en tres grant ruine et demolicion, et cherront encore « plus se briefment par nous n'y est pourveu, pour ce que l'aide qui, ou temps passé a couru pour soustenir les dites chaucées « est petit et de petite revenue, au regart de ce qui est de present « à faire de necessité et ne pourroit souffire. » Suit un tarif détaillé avec les exceptions d'usage en faveur des

gens de

1. Ainsi, sous la date du 1er décembre 1293, nous trouvons dans le registre du Parloir aux Bourgeois dont les renseignements sont si précieux :

« L'an de grace mil deus cenz quatre vinz et treze, le mercredi après la S. Andre, Guillaume de S. Foi, borjois de Paris, se fit envers nous par « Jehan Mulot, Guillaume Guerat et Jehan Depre (ses cautions) coustumiers de la Coustume de Greve de xc et LX liv. parisis à paier le quart à la < Chandeleur, le quart a l'Ascension, le quart a la mi-aoust et le quart à la Touz Sainz. »

Suivent les signatures des membres du Parloir parmi lesquels nous remarquons Estiene Barbete, alors échevin (Ms. des Coutumes de la Ville. Arch. nat., reg. KK 1008, fol. XLIII гo). En 1305 le prix de cet affermage atteint seize cents livres (Id., fol. LXI Vo).

<< nostre grant Conseil, gens de nostre Parlement, maistres << des requestes de nostre hostel, gens de nostre Chambre des « Comptes, tresoriers generaulx, gens des enquestes de nostre << dit Parlement et des requestes de nostre Palais, generaulx << maistres de nos monnoies, nos secretaires et notaires, les esleus, << tous vrais escolliers en l'Université de Paris, chevaliers, nobles « et gens d'église, et les bourgeois de Paris ».

Ces diverses personnes ne sont exemptées, il est vrai, que pour les «< choses qui croitront en leurs héritages ou qu'ilz << feront venir pour leur user tant seulement »>'; mais que de facilités données ainsi à la fraude et aux abus, et des taxes, que le commerce loyal et les petites gens payaient seuls, devaient en réalité peu produire.

En dehors de ces revenus variables, la Ville de Paris jouissait des rentes de ses propriétés particulières et de certains autres fonds dont le manuscrit des Coutumes de la Ville, publié en partie par Leroux de Lincy 2 sous le titre de Livre des sentences du Parloir aux bourgeois, nous a conservé une précieuse nomenclature pour la fin du XIIIe siècle.

Mais ces ressources assemblées n'étaient pas toujours en rapport suffisant avec les causes incessantes de dépenses et l'on faisait à peine le nécessaire. Cela paraît surtout relativement aux constructions édilitaires et aux monuments publics. Sauf les édifices religieux, dus à la piété des fidèles et aux grands revenus du clergé, les palais de la royauté et les hôtels des princes ou des seigneurs, nous n'avons pas de grandes constructions à signaler dans cette période de l'histoire de Paris où nous nous renfermons. Jusqu'au règne de François Ier, les magistrats municipaux se contentèrent d'une maison ordinaire pour y tenir leurs séances. Ce lieu de réunion, où l'on discutait les intérêts de la Ville et de la Marchandise, se distinguait si peu de la masse des autres maisons qu'il règne beaucoup d'incertitude au sujet de l'emplacement du premier Parloir aux bourgeois 3. Ce n'est qu'au milieu du xive siècle que nous voyons la municipalité parisienne

1. Ordonnances des rois de France, t. IX, p. 708-709.

2. Leroux de Lincy, Histoire de l'Hôtel-de-Ville de Paris. Appendice II. 3. La question vient d'être élucidée au moyen de documents nouveaux dans le premier chapitre, dû à la plume élégante de M. Edouard Fournier, de Paris à travers les Ages, la luxueuse publication de la maison Didot.

s'installer définitivement sur la place de Grève dans un bâtiment connu sous les noms de domus ad piloria (maison aux piliers) et de maison du Dauphin, et qui, en 1357, avait été vendu à la Ville que représentait Etienne Marcel le célèbre prévôt des marchands, par Jean d'Auxerre, receveur des gabelles de la vicomté et prévôté de Paris, lequel la tenait lui-même de Charles V alors dauphin. L'Hôtel-de-Ville qui remplaça la Maison aux Piliers ne fut commencé qu'en 1533.

Avec d'aussi faibles revenus, obligée de pourvoir, comme chefs de la municipalité, à l'entretien de la ville dans la mesure que nous avons indiquée et, comme chefs de la hanse ou Marchandise, aux besoins du commerce et à la réparation des ports, quais, chemins de halage, etc., le prévôt et les échevins de Paris. ne pouvaient sans doute mieux faire. A plus forte raison, ne leur était-il possible d'aborder cette voie d'embellissements et de constructions qui fut tentée à partir du xvIe siècle par leurs successeurs, ces magistrats municipaux intègres et dévoués dont beaucoup ont laissé une glorieuse renommée dans les annales de la ville. Par l'ordre et avec l'aide de souverains tels que François Ier, Henri IV et Louis XIV, de ministres tels que Sully, Richelieu, Mazarin et Colbert, on ouvrit de nouveaux quartiers qui se couvrirent bientôt de maisons et d'hôtels mieux aménagés, mieux décorés; le système des ponts fut amélioré et complété; de grands monuments, l'Hôtel-de-Ville, le Louvre, les Tuileries, le Palais Mazarin, les Invalides, le Val-de-Grâce, etc., s'élevèrent.

Mais ici le sujet devient plus vaste, les documents abondent et l'histoire des travaux publics à Paris dans les temps modernes formerait la matière d'un grand ouvrage qui dépasse les bornes que nous nous sommes imposées et la limite du moyen âge qui est celle de la présente étude.

Frédéric LECARON.

RECHERCHES HISTORIQUES

SUR

LA MAISON DE SAINT-LAZARE DE PARIS

DEPUIS SA FONDATION JUSQU'A LA CESSION

QUI EN FUT FAITE EN 1632 AUX PRÊTRES DE LA MISSION'.

Comme mon titre l'indique, ce n'est point une histoire de la maison de Saint-Lazare que j'ai prétendu faire; j'ai voulu seulement, en m'appuyant sur les documents originaux, en étudiant aussi les auteurs qui ont parlé de cette maison, éclairer quelques points douteux, rectifier les erreurs, compléter les données défectueuses, et, dans ce qui ne pouvait être établi d'une manière absolument certaine et incontestable, apporter des conjectures aussi probables que possibles.

En traitant de la maison de Saint-Lazare, je ne puis me dispenser de dire quelques mots de la maladie à laquelle elle servait d'asile; cependant je ne le ferai point à la manière des médecins, en cherchant les phénomènes par lesquels elle se signale, mais à la manière des historiens en recherchant l'époque de son introduction en France, et celle de l'établissement des premières maisons qui furent ouvertes pour servir de refuge aux malades qui en étaient attaqués.

Suivant quelques historiens, la lèpre fut apportée en France seulement à l'époque des Croisades; suivant quelques autres, ce

1. Les Recherches historiques sur la maison de Saint-Lazare de Paris ont été présentées, en 1854, comme thèse de l'Ecole des chartes, par M. Jules Boullé. Une mort prématurée a enlevé l'auteur à sa famille et à ses amis, le 16 décembre 1869, avant qu'il eût pu mettre la dernière main à ce travail, qu'il se proposait de publier en tête du Cartulaire de la maison de Saint-Lazare, conservé aux Archives nationales sous la cote MM, 210. (Note du comité de publication.)

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